"Composition inhibitrice de La polymérisation radicalaire de monomères insaturés éthyléniquement ainsi que procédé d ' inhibition de la polymérisation radicalaire desdits monomères .
L'invention concerne une composition utilisable comme inhibiteur de la polymérisation radicalaire de monomères à msaturation éthylénique et un procédé destiné à empêcher la polymérisation radicalaire de tels monomères insaturés. 5 Les monomères à insaturation éthylénique sont enclins à polyméπser spontanément sous l'action de la chaleur. Or, une polymérisation prématurée doit être évitée lors de la fabrication, de la purification et du stockage desdits monomères. En cours de fabrication ou de purification, une polymérisation précoce est préjudiciable puisqu'elle provoque une chute des rendements de production et un encrassement des installations rendant souvent nécessaire l'arrêt momentané de la production pour des raisons de maintenance. Du fait de l'exothermicité de la réaction de polymérisation, des explosions et incendies sont également à craindre.
La distillation de certains monomères à insaturation éthylénique est particulièrement problématique lorsqu'elle nécessite la mise en oeuvre de températures élevées : c'est notamment le cas de la distillation des dérivés vinylaromatiques tels que le styrène, l'α-méthylstyrène et autres vinylbenzènes.
De façon à empêcher la polymérisation des monomères à msaturation éthylénique, il est connu dans la technique d'ajouter un ou plusieurs inhibiteurs ou retardateurs de polymérisation, soit de façon préventive en cours de fabrication, soit encore directement auxdits monomères avant leur utilisation.
Ainsi, pour l'inhibition de la polymérisation du styrène à haute température, US 4 086 147 et US 4 252 615 préconisent l'utilisation de dérivés nitroaromatiques; US 3 988 212 indique la possibilité d'utiliser la N- πitrosodiphénylamine en combinaison avec du dinitrocrésol; US 5 510 547 enseigne l'association de phénylènediamine et d'hydroxyiamiπe; et SU 1 027 150, JP-1-165 534 et SU 1 139 722 signalent la possibilité d'utiliser des dérivés nitroxydes en tant qu'inhibiteurs de polymérisation radicalaire.
Le plus connu des dérivés nitroxydes décrits dans la littérature est la 2,2,6, 6-tétraméthylpιpéπdine-1 -oxyl. Ce composé est cependant très toxique et peu soluble dans de nombreux monomères, à tel point que son utilisation à l'échelle industrielle n'a pas même été envisagée.
De manière générale les inhibiteurs de l'état de la technique sont toxiques, peu stables et/ou présentent une trop faible efficacité.
Ainsi, malgré les nombreuses variantes proposées dans la littérature, la mise au point d'un inhibiteur efficace, stable et économique serait d'une grande utilité dans la technique.
L'invention a pour objet de fournir une composition destinée à empêcher la polymérisation prématurée de monomères à msaturation éthylénique.
Plus précisément, la composition de l'invention comprend : un dérivé nitroxyde de formule (I') :
^^(R)n
I
Om
(!') dans laquelle :
- le point sur l'atome d'oxygène de la fonction nitroxyle désigne un électron non apparié,
- C représente avec la fonction nitroxyle un hétérocycle à cinq sommets, saturé ou insaturé et comprenant en position 3 par rapport à la fonction nitroxyle un hétéroatome choisi parmi l'azote, le soufre et l'oxygène, étant entendu que lorsque l'hétéroatome est un atome d'azote il porte le cas échéant un atome d'hydrogène ou un groupe (d-C22)alkyle;
- n représente un entier compris entre 1 et 7 et
- R représente un radical hydrocarboné qui peut être un radical aliphatique acyclique ou cycloaliphatique saturé ou insaturé ou aromatique ou un radical aryialkyle éventuellement substitué ; ou bien deux groupes R portés par un même carbone de l'heterocycle constituent avec celui-ci un radical cycloalkyle éventuellement substitué.
Au sens de l'invention, la chaîne hydrocarbonée symbolisée par C est un hydrocarbyle substitué comme indiqué ci-dessus. Hormis l'hétéroatome et l'azote de la fonction nitroxyle, elle n'incorpore que des atomes de carbone et
d'hydrogène au niveau de son squelette. C'est ainsi qu'aucune fonction cétonique n'est présente dans le squelette dudit hétérocycle.
En ce qui concerne les substituants dudit hétérocycle représentés par R, ils peuvent eux-mêmes être substitués par une fonction hydroxyle, un groupe (Cι-22)alkyle ou (Cι.22)alkoxy.
Plus particulièrement, la composition revendiquée comprend:
(i) un ou plusieurs nitroxydes de formule (I) :
dans laquelle A représente 0, S ou N; les pointillés désignent la présence éventuelle d'une seule double liaison entre les sommets 2 et 3, 3 et 4 ou 4 et 5 ou bien la présence de deux doubles liaisons entre les sommets 2 et 3 et 4 et 5; étant entendu que lorsque A représente 0 ou S, une simple liaison est présente entre les sommets 2 et 3 et 4 et 5; le point sur l'atome d'oxygène de la fonction nitroxyle désigne un électron non apparié;
Ri et R2 représentent indépendamment l'un de l'autre un atome d'hydrogène, un groupe (Ci-C∑∑Jalkylθ éventuellement substitué par hydroxy ou (C1-C22)alkyle, un groupe (C6-Cι4)aryle ou un groupe (C6-Cι4)aryl-(Cι-C22)alkyle, le noyau aryle des groupes aryle et aryialkyle pouvant être substitué par un ou plusieurs groupes (Cι-C22)alkyle, (Cι-C22)alkoxy ou hydroxy; ou bien Ri et R2 représentent ensemble avec l'atome de carbone auquel ils sont liés un radical (C3-Cβ)cycloalkyle éventuellement substitué par un ou plusieurs groupes (Cι-C 2)alkyle, étant entendu que lorsqu'une double liaison est présente entre les sommets 3 et 4 ou, 4 et 5, l'un au moins de Ri et R2 ne représente rien;
R3 et R4 représentent indépendamment l'un de l'autre un groupe (Cι-Cι2)alkyle, (C6-Cι4)aryle, ou bien R3 et R4 représentent ensemble avec l'atome de carbone auquel ils sont liés un groupe (C3-C8)cycloalkyle éventuellement substitué par un ou plusieurs groupes (Cι-C22)alkyie, étant entendu que lorsqu'une double liaison est présente entre les sommets 4 et 5, l'un au moins de R3 et R4 ne représente rien;
R
5 et Rβ représentent indépendamment l'un de l'autre un groupe (Cι-Cι
2)alkyle,
ou bien R
5 et R
6 représentent ensemble avec l'atome de carbone auquel ils sont liés un groupe (C
3-C
8)cycloalkyle
IO éventuellement substitué par un ou plusieurs groupes (Cι-C22)alkyle; étant entendu que lorsqu'une double liaison est présente entre les sommets 2 et 3, l'un au moins de R5 et Rβ ne représente rien;
R7 représente un atome d'hydrogène ou un groupe (Cι-C22)alkyle; étant entendu que R7 ne représente rien lorsque A représente 0
15 ou S ou bien lorsqu'une double liaison est présente entre les sommets 2 et 3 ou 3 et 4;
(ii) éventuellement en association avec un ou plusieurs véhicules compatibles avec ledit monomère et avec chacun des constituants de la composition. 0 Les monomères à insaturation éthylénique comprennent plus précisément les hydrocarbures oléfiπiques tels que styrène, α-méthylstyrène, divmylbenzène, vinyltoluène et les acides styrènesulfoπiques mais également les diènes du type de l'isoprène et du butadiène; les monomères halogènes du type du chlorure de vinyle, du chloroprènβ, du chlorure de vinylidene, du fluorure de
25 vinylidene et du fluorure de vinyle; les acides insaturés du type de l'acide acrylique, l'acide méthacrylique et l'acide crotonique; les esters insaturés du type de l'acétate de vinyle, du méthacrylate de méthyle, de l'acrylate d'éthyle, de l'acrylate de méthyle, de l'acrylate ou méthacrylate de 2-hydroxyéthyle, du bisméthacrylate d'éthylène, du triacrylate de tπméthylolpropane, des résines ) époxy acrylees et du diacrylate de polyéthylèneglycol, les amides msaturés tels que l'acrylamide, le N,N-diméthylacrylamιde, le méthylèπebisacrylamide et la N- vinylpyrrolidone, les πitriles msaturés du type de l'acryloπitrile, les éthers
insaturés tels que l'éther de vinyle et de méthyle, les v ylpyridines, le vmyiphosphonate de diéthyle et le styrènesulfonate de sodium II doit être entendu que cette liste n'est nullement exhaustive, l'invention concernant de manière générale la stabilisation de tout type de monomère à msaturation éthylénique.
Néanmoins, les compositions de l'invention sont particulièrement efficaces dans le cas de la stabilisation des monomères vinylaromatiques du type du styrène, de l'α-méthylstyrène, du vinyltoluène, du divmylbenzène et des acides styrènesulfoniques. Par groupe alkyle on entend un radical hydrocarboné saturé linéaire ou ramifié tels que méthyle, éthyle, propyle, isopropyle, butyle et sec- butyle.
Le groupe cycloalkyle désigne un radical hydrocarboné mono- ou bicyclique saturé. Des exemples en sont cyclopropyle, cyclohexyle, cyclopentyle et cycloheptyle.
Le terme aryle désigne par ailleurs un groupe aromatique mono- ou polycyclique tel que phényle, naphtyle ou anthryle.
Les tailles respectives de ces groupements sont précisées entre parenthèses dans chaque cas. Ainsi, un groupe (Cι-Cι2)alkyle comporte de 1 à 12 atomes de carbone alors qu'un groupe (Cι-C22) comporte de 1 à 22 atomes de carbone. De même, (C3-Cβ)cycloalkyle désigne un radical cycloalkyle de 3 à 8 atomes de carbone et (C6-Ci4)aryle désigne les groupes aryle comprenant de 6 à 14 atomes de carbone. Les pointillés dans la formule (I) des nitroxydes utilisables selon l'invention désignent la présence éventuelle d'une ou deux doubles liaisons.
Lorsque le composé de formule (I) comprend une seule double liaison, celle-ci peut être située entre les sommets 2 et 3 ou 3 et 4 ou 4 et 5.
Lorsque le composé de formule (I) comprend deux doubles liaisons, celles-ci sont respectivement situées entre les sommets 2 et 3 et 4 et 5
6
Dans la formule générale ci-dessus, l'un de R, et R2, l'un de R3 et R4 ou/et l'un de Rs et Rs peuvent ne pas exister. De même, R7 peut ne rien représenter.
Dans la mesure où dans la formule (I) chaque atome de carbone est tétravalent, on comprend facilement que lorsqu'une double liaison est présente entre les sommets 2 et 3, l'un de R5 et R6 ne représente rien.
De même, lorsqu'une double liaison est présente entre les sommets 4 et 5, l'un de Ri et R2 ne représente rien et l'un de R3 et R4 ne représente rien. La situation est analogue lorsqu'une double liaison est présente entre les sommets 3 et 4, auquel cas l'un de Ri et R2 ne représente rien et R7 ne représente rien.
Etant donné que l'oxygène et le soufre sont des atomes divalents dans la formule (I) ci-dessus, il va sans dire que lorsque A représente O ou S, R7 ne représente rien et une simple liaison est respectivement présente entre les sommets 2 et 3 et 3 et 4.
En d'autres termes, les composés de formule (I) ou (I') englobent les composés de formule (IA), (IB), (IC), (ID) et (IE) ci-dessous :
(ID) (E)
98/ 5
7
Dans les formules ci-dessus et dans la formule (I), le point accolé à l'atome d'oxygène de la fonction nitroxyl -NO* désigne un électron non apparié. Rappelons que la fonction nitroxyl est la caractéristique des dérivés nitroxydes.
Parmi les nitroxydes de formule I, certains sont particulièrement préférés.
Sont notamment préférés, les nitroxydes de formule (IA)
(IA) dans laquelle : - les pointillés désignent la présence éventuelle d'une seule double liaison entre les sommets 3 et 4 ,
- A représente N;
- R3, R4, Rs et Rβ sont indépendamment un atome d'hydrogène ou un groupe (Cι-Cι2)alkyle;
- R7 représente (Cι-C22)alkyle; - Ri et R2 étant tels que définis à la revendication 2, étant entendu que lorsqu'une double liaison est présente entre les sommets 3 et 4, l'un au moins de Ri et R2 ne représente rien et R7 ne représente rien.
Parmi ces composés, on peut plus particulièrement citer ceux dans lesquels au moins quatre des substituants R3, R4, R5| Rβ et R7 représentent un groupe (Cι-Cι2)alkyle.
De préférence, parmi ce sous-groupe de composés, ceux pour lesquels R3, R4, Rs, Rβ et R7 représentent méthyle sont tout particulièrement préférés. A titre représentatif des composés pouvant être utilisés dans la composition revendiquée, on peut notamment citer :
- la 2,2,3,4,5,5-hexaméthylimidazolidine-l -oxyle,
- la 2,2,4,5,5-pentaméthyl-3-imidazoiine-1-oxyle,
- la 2,2,5, 5-tétraméthyl-4-phényl-3-ιmidazolιne-1 -oxyle,
- la 2,4,5,5-tétraméthyl-2-octyl-3-imidazoline-1 -oxyle,
- la 2,2,3,5,5-pentaméthyl-4-phénylimidazolidine-1 -oxyle. Ainsi, les compositions de l'invention comprenant au moins un nitroxyde de formule (IA) constituent un mode de réalisation particulièrement préféré de l'invention.
Les compositions de l'invention forment soit des solutions vraies, c'est-à-dire qu'elles sont constituées d'ingrédients parfaitement miscibles, soit des émulsions, soit encore des suspensions. Selon un mode de réalisation préféré toutefois, les compositions sont sous la forme de solutions vraies.
La présence dans la composition d'un ou plusieurs véhicules est facultative. Elle peut s'avérer nécessaire cependant lorsque la solubilité des constituants nitroxydes de la composition dans le monomère à stabiliser est faible, voire insuffisante. En ce cas en effet, il est préférable d'incorporer à la composition un ou plusieurs véhicules compatibles d'une part avec le monomère à stabiliser, et d'autre part avec chacun des autres constituants de la composition. Par « compatible » on entend selon l'invention un véhicule qui soit chimiquement inerte vis-à-vis des différents ingrédients de la composition et du monomère. La nature du véhicule dépend donc des différents constituants en présence ainsi que de la nature même du monomère.
Lorsque le monomère est un dérivé vinylaromatique, des véhicules particulièrement appropriés sont le benzène, le toluène, le xylène, l'éthylbenzène, le styrène, l'acétophénonβ, le méthylphénylcarbinol ou des mélanges de ces solvants. On préfère utiliser en ce cas l'éthylbenzène. On remarquera néanmoins que ces solvants conviennent dans le cas d'un grand nombre des monomères à insaturation éthylénique.
Suivant la nature du monomère à stabiliser, l'homme du métier déterminera facilement la meilleure combinaison de nitroxydes et de solvants conduisant aux meilleurs résultats. Par exemple, dans le cas de nitroxydes particulièrement insolubles dans le monomère considéré, on peut soit incorporer à la composition le solvant approprié, soit changer le constituant nitroxyde ou lui
9 additionner un nitroxyde présentant au niveau des substituants R,, R2 et R7 , des groupes lipophiles, par exemple des groupes (C6-C22)alkyle, (C3-C8)cycioalkyle substitué par un ou plusieurs (C6-C22)alkyle, (C6-Cι4)aryle ou (Cβ-Cι4)aryl-(Cι- C22)alkyle. De manière préférée, les compositions de l'invention renferment en outre un ou plusieurs dérivés nitroaromatiques. De tels composés sont connus dans la technique en tant que retardateur de polymérisation. Il est également connu de les associer à des inhibiteurs de polymérisation. Précisons que l'inhibiteur de polymérisation empêche la polymérisation jusqu'à un certain temps au-delà duquel la réaction de polymérisation démarre normalement. Ce temps est le temps d'induction. Plus le temps d'induction est long, plus l'inhibition est efficace. Le rôle du retardateur est différent. Il n'empêche pas la polymérisation mais ralentit la cinétique de polymérisation. On observe une synergie plus ou moins importante par association d'un inhibiteur et d'un retardateur. Ainsi, les compositions de l'invention contenant au moins un retardateur de polymérisation et au moins un inhibiteur de polymérisation forment un objet préféré de l'invention.
Le dérivé nitroaromatique est avantageusement choisi parmi les 1 ,3-dinitrobenzène, 1 ,4-dinitrobenzène, 2,6-dinitro-4-méthylphéπol, 2-nιtro-4- méthyiphénol, 2,4-dinitro-1 -naphthol, 2,4,6-trinotrophénol (acide picπque), 2,4- dinitro-6-méthylphénol, 2,4-dinitrochlorobenzène, 2,4-dinitrophénol, 2,4-dιnιtro-6- sec-butylphéπol, 4-cyano-2-nitrophénol, et 3-iodo-4-cyano-5-nitrophénol.
On préfère utiliser les 2,6-dinitro-4-méthyiphénol, 2,4-dιnιtro-6- méthylphénol, 2,4-dinitrophénol et 2,4-dinitro-6-sec-butylρhénol, le 2,4-dinιtro-6- sec-butylphénol étant particulièrement avantageux.
Les dérivés nitroaromatiques sont ajoutés à la composition de telle sorte que le rapport de la masse totale des constituants de type nitroxyde de formule I à la masse totale des constituants de type nitroaromatique est compris entre 90/10 et 10/90, de préférence entre 80/20 et 20/80, mieux encore entre 60/40 et 40/60. Ce rapport pondéral est calculé en faisant le rapport de la quantité totale (en poids) des nitroxydes de formule I présents dans la
composition à la quantité totale (en poids) des dérivés nitroaromatiques de la composition.
Les compositions de l'invention peuvent contenir d'autres inhibiteurs de polymérisation tels que des hydroquinones; des catéchols du type du tert-butyl-catéchol; des phénols alkylés; des nitrosophenols et des mtrosophénylhydroxylamines ou tout autre inhibiteur connu dans la technique à condition que ceux-ci soient compatibles avec les autres ingrédients de la composition dans les conditions opératoires auxquelles est soumis le monomère à stabiliser. Certains nitroxydes de formule (I') et (I) sont commerciaux. Les autres sont facilement préparés par l'homme du métier à partir de produits commerciaux.
De façon générale, les composés de formule (I') et (I) dans lesquels
A est O ou N sont obtenus par mise en oeuvre d'un procédé comprenant I' oxydation d'un composé de formule (II) :
dans laquelle Ri, R
2l R
3, R4, Rs et R
β sont tels que définis ci-dessus et P est un groupe protecteur de l'azote, lorsque A représente N, ou bien P ne représente rien, lorsque A représente O. En tant qu'agent oxydant, on préfère utiliser un hydroperoxyde tel que l' hydroperoxyde de tert-butylβ ou un peracide tel que l'acide m- chloroperbenzoique, l'acide monopβrphtalique ou le sel de magnésium de monoperoxyphtalate (MMPP).
La réaction d'oxydation est de préférence réalisée en présence de 1 à 3 équivalents molaires d'agent oxydant par rapport à la quantité totale d'amme cyclique de formule (II), dans un solvant, par exemple un solvant aprotique polaire tel qu'un hydrocarbure halogène du type du dichloroméihane
La température réactioπnelle peut être ajustée entre -10 et +30° C De manière avantageuse, l'oxydation a lieu à température ambiante dans le dichlorométhane.
Le groupe protecteur P est un groupe protecteur de fonction aminé, non oxydable dans les conditions d'oxydation mises en jeu.
L'homme du métier sélectionnera facilement ce groupe en fonction de la réactivité de la fonction aminé que l'on souhaite oxyder. Pour cela, il pourra s'inspirer de Protective Groups in Organic Chemistry, 2nd Edition, T.W. Green et P.G.M. Wuts, Wiley, 1991. De façon préférée, le groupe P est une fonction formyle.
Lorsque A est protégé par P, l'oxydation du composé de formule (II) ne conduit pas directement à un composé de formule (I). C'est la déprotection de l'atome d'azote porteur de la fonction P qui permettra d'isoler un -nposé de formule (I) dans lequel R7 représente un atome d'hydrogène. Les conditions de déprotection dépendent naturellement de la nature du groupe protecteur et sont facilement déterminées par l'homme du métier. Lorsque P est un groupe formyle celui-ci peut être hydrolyse par action d'une base telle que la potasse. Des conditions optimales pour cette réaction d'hydrolyse sont une température de 30 à 60° C, de préférence de 40 à 50e C et un milieu méthaπol/eau, par exemple constitué de 2 à 5 parties en volume de méthanol pour une partie en volume d'eau.
Les composés de formule (I) dans lesquels R7 représente (d- C22)alkyle sont facilement obtenus par alkylation des composés de formule (I) correspondants dans lesquels R7 représente hydrogène. Cette réaction d'alkylation peut être réalisée de façon conventionnelle par action d'un agent alkylant tel qu'un sulfate de dialkyle en présence d'une base telle que la potasse et au reflux d'un solvant protique polaire tel que le méthanol. D'autres agents d'alkylation sont utilisables tels qu'un halogénure d'alkyle.
Les composés de formule II sont facilement accessibles soit parce qu'ils sont commerciaux, soit parce qu'ils sont facilement synthétisés à partir de produits commerciaux selon des méthodes connues.
Pour la synthèse de ces différents composés de formule II on pourra s'inspirer des publications suivantes J F W Keana, J Am Chem Soc 100 (3), 1978, 934-937; J.F W. Keana, J. Org. Chem , 53, 1988, 2365-2367.
Les dérivés nitroaromatiques sont par ailleurs des produits disponibles dans le commerce.
Les compositions de l'invention sont facilement préparées par mélange des différents constituants. Un chauffage du mélange réactionnel sous agitation peut être envisagé dans certains cas pour dissoudre le(s) dérιvé(s) nιtroaromatιque(s) et/ou le(s) constituant(s) de type nitroxyde. L'invention a par ailleurs pour objet un procédé permettant d'empêcher la polymérisation radicalaire d'un monomère à msaturation éthylénique. Ce procédé comprend, par exemple, l'addition audit monomère, d'une quantité efficace d'une composition de l'invention telle que définie ci- dessus. De manière plus générale le procédé de l'invention comprend l'addition à un monomère à insaturatioπ éthylénique, d'une quantité efficace d'un ou plusieurs nitroxydes de formule (I1) :
— (R)n
(I*) dans laquelle :
- le point sur l'atome d'oxygène de la fonction nitroxyle désigne un électron non apparié,
- C représente avec la fonction nitroxyle un hétérocycle à cinq sommets, saturé ou insaturé et comprenant en position 3 par rapport à la fonction nitroxyle un hétéroatome choisi parmi l'azote, le soufre et l'oxygène, étant entendu que lorsque l'hétéroatome est un atome d'azote il porte le cas échéant un atome d'hydrogène ou un groupe (Cι-C22)alkyle;
- π représente un entier compris entre 1 et 7 et
- R représente un radical hydrocarboné qui peut être un radical aliphatique acyclique ou cycloaliphatique saturé ou iπsaturé ou aromatique ou un radical aryialkyle éventuellement substitué ; ou bien deux groupes R portés par un même carbone de l'heterocycle constituent avec celui-ci un radical cycloalkyle éventuellement substitué.
Plus particulièrement, le procédé de l'invention comprend l'addition d'au moins un nitroxyde de formule (I) :
A représente O, S ou N; les pointillés désignent la présence éventuelle d'une seule double liaison entre les sommets 2 et 3, 3 et 4 ou 4 et 5 ou bien la présence de deux doubles liaisons entre les sommets 2 et 3 et 4 et 5; étant entendu que lorsque A représente O ou S, une simple liaison est présente entre les sommets 2 et 3 et 4 et 5; le point sur l'atome d'oxygène de la fonction nitroxyle désigne un électron non apparié;
R, et R2 représentent indépendamment l'un de l'autre un atome d'hydrogène, un groupe (Cι-C22)alkyle éventuellement substitué par hydroxy ou
(Cι-C22)alkyle, un groupe (Cβ-Cι4)aryle ou un groupe (C6-Cι4)aryl-(Cι-C22)alkyle, le noyau aryle des groupes aryle et aryialkyle pouvant être substitué par un ou plusieurs groupes (Cι-C22)alkyle, (Cι-C22)alkoxy ou hydroxy; ou bien Ri et R2 représentent ensemble avec l'atome de carbone auquel ils sont liés un radical (C3-Cβ)cycloalkyle éventuellement substitué par un ou plusieurs groupes (Cι-C22)alkyle, étant entendu que lorsqu'une double liaison est présente entre les sommets 3 et 4 ou 4 et 5, l'un au moins de Ri et R2 ne représente rien;
R3 et R4 représentent indépendamment l'un de l'autre un groupe (C,-C,2)alkyle, (C6-Cι4)aryle, ou bien R3 et R4 représentent ensemble avec l'atome de carbone auquel ils sont liés un groupe (C3-C8)cycioalkyle éventuellement substitué par un ou plusieurs groupes (CrC22)alkyle; étant entendu que lorsqu'une double liaison est présente entre les sommets 4 et 5, l'un au moins de R3 et R4 ne représente rien;
R
5 et R
6 représentent indépendamment l'un de l'autre un groupe (Cι-Ci
2)alkyle,
ou bien R
s et R
6 représentent ensemble avec l'atome de carbone auquel ils sont liés un groupe (C
3-C
8)cycloalkyle éventuellement substitué par un ou plusieurs groupes (Cι-C
22)alkyle; étant entendu que lorsqu'une double liaison est présente entre les sommets 2 et 3, l'un au moins de R
5 et R
β ne représente rien;
R7 représente un atome d'hydrogène ou un groupe (d-C22)alkyle; étant entendu que R7 ne représente rien lorsque A représente O ou S ou bien lorsqu'une double liaison est présente entre les sommets 2 et 3 ou 3 et 4.
Il va sans dire que ce procédé est préféré lorsqu'il implique l'addition audit monomère d'au moins un nitroxyde préféré selon l'invention, c'est-à-dire l'addition d'au moins un nitroxyde de formule (IA), mieux encore d'au moins un nitroxyde de formule (IA) dans laquelle au moins quatre des substituants R3, R , Rs, Rβ et R7 représentent un groupe (Cι-Cι2)alkyle et plus préférentiellement d'au moins un nitroxyde de formule (IA) dans laquelle R3, R4, Rβ, Rβ et R7 représentent méthyle.
Une manière préférée de stabiliser le monomère est de lui ajouter un dérivé nitroxyde choisi parmi :
- la 2,2,3,4, 5,5-hexaméthylimidazolidine-1-oxyle,
- la 2,2,4,5,5-pentaméthyl-3-imidazoline-1 -oxyle,
- la 2,2,5,5-tétraméthyl-4-phényl-3-imidazoline-1-oxyle,
- la 2,4,5,5-tétraméthyl-2-octyl-3-imidazoline-1 -oxyle, - 'a 2,2,3,5,5-pentaméthyl-4-phénylimιdazolidine-1 -oxyle, et plus préférentiellement, la 2,2,3,4,5,5-hexaméthylιmιdazolιdιne- 1 -oxyle.
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La quantité de nitroxyde à ajouter pour obtenir une inhibition efficace de la polymérisation varie dans une large mesure. Elle est fonction du monomère à stabiliser et des conditions opératoires auxquelles est soumis ce monomère. Il est clair qu'à des températures élevées, la quantité d'inhibiteur sera plus importante. Le procédé de l'invention est en effet applicable pour la stabilisation du monomère, en cours de fabrication et de purification. Or, il n'est pas rare que la purification soit réalisée par distillation du monomère, la température au niveau du rebouilleur pouvant dépasser les 150° C.
Ainsi, la quantité idéale d'inhibiteur devra être évaluée au cas par cas.
Quoi qu'il en soit, à titre indicatif, une quantité totale de dérivé nitroxyde de formule (I) comprise entre 1 et 2000 ppm, de préférence entre 5 et 1000 ppm suffit généralement, cette quantité étant exprimée par rapport au poids total du monomère à stabiliser. II doit être entendu que la quantité totale de dérivé nitroxyde de formule (I) désigne la somme des teneurs en chaque nitroxyde de formule (I).
Ainsi qu'indiqué précédemment, il est souhaitable d'ajouter au monomère une quantité efficace d'un ou plusieurs dérivés nitroaromatiques en tant que retardateur de polymérisation. En tant que retardateur préféré, on peut mentionner à nouveau les 2,6-dinitro-4-méthyiphénol, 2,4-dinιtro-6- méthylphénol, et 2,4-dinitrophénol, mais surtout le 2,4-dinitro-6-sec-butylphénol.
La proportion du ou des retardateurs de type nitroaromatique est de préférence telle que le rapport de la masse totale de constituants de type nitroxyde de formule I à la masse totale des constituants de type nitroaromatique est comprise entre 90/10 et 10/90, mieux encore entre 80/20 et 20/80.
L'inhibiteur de polymérisation radicalaire et le dérivé nitroaromatique peuvent être additionnés au monomère de façon tout-à-fait conventionnelle. Le point d'introduction, dans le cas d'une distillation, est très variable : on peut envisager d'ajouter chacun de ces composés au niveau de l'échangeur de chaleur, des conduites, des pompes, du rebouilleur, des compresseurs ou plus généralement de containers. Il doit être entendu que
l'addition peut être réalisée en continu ou bien répétée dans le temps en un ou différents sites particuliers
Selon l'invention, il est possible d'envisager l'addition simultanée ou séparée de l'inhibiteur de type nitroxyde et du dérivé de type nitroaromatique De façon à augmenter l'efficacité de l'inhibition, il est recommandé d'incorporer au monomère à stabiliser de l'oxygène ou de l'air, en quantité efficace, en même temps qu'on lui ajoute l'inhibiteur de formule (I). Cet ajout d'air permet de renforcer l'activité d'inhibition du composé nitroxyde.
Le procédé de l'invention est particulièrement avantageux en termes d'efficacité de l'inhibition mais aussi en raison de la stabilité des nitroxydes de formule (I).
Les exemples suivants sont donnés à titre d'illustration et concernent des modes de réalisation préférés de l'invention.
EXEMPLE 1
Procédé de préparation de la 2,2.3,4,5, 5-hexamethylimi- dazolidiπe-1-oxyle
a) 2-méthyl-2,3-diaminobutane
Ce composé est préparé en utilisant le procédé décrit dans US 4 681 948 au départ d'isoprène. Le schéma réactionnel suivi est rappelé ci- dessous (schéma 1 ) :
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1 ) Na/πθuOH 2) HCI
SCHEMA 1
b) 2,2,3, 5,5-pentaméthylimidazoiidine
On introduit successivement dans un réacteur de 250 ml placé sous atmosphère d'azote : du toluène (100 ml), de l'acétone (33,8 g; 770 mmol, 10 éq.), du carbonate de potassium anhydre (10 g), de l'acide p-toluène- sulfonique monohydraté (40 mg) et du 2-méthyl-2,3-dιamιnobutane (7,86 g; 77 mmol; 1 éq.). On porte 24 heures au reflux sous bonne agitation. On chasse les solvants sous pression réduite puis l'imidazolidine attendue est distillée sous pression réduite (- 60e C / 12 mm Hg). On obtient 7,5 g de l'imidazolidine du titre sous forme d'une huile incolore qui a tendance à cristalliser à température ambiante.
c) 1 -formyl-2,2,4,4,5-pentaméthyl-lmidazolldiπe
On prépare de l'anhydride formique-acétique avec un mélange d'anhydride acétique (6 g; 59 mmol; 1 ,2 éq.) et d'acide formique (2,7 g; 59 mmol; 1 ,2 éq. ), agité 2 heures à 55° C.
Cette solution est ensuite refroidie puis additionnée lentement a une solution de 2,2,3,5,5-pentaméthylιmιdazolιdιne (7g; 49 mmol; 1 éq ) dans
CH CI2 (30 ml) maintenue à 0° C. On laisse revenir à 25° C puis on maintient l'agitation 12 heures. Le milieu reactionnel est lavé par une solution aqueuse saturée de Na2C03 (50 ml). La phase organique est concentrée à l'évaporateur rotatif. On obtient une huile jaune pâle. Après quelques heures à +4° C, cette huile cristallise, le solide est recristallisé dans un mélange hexane/acétate d'éthyle (1/1). L'imidazolidine attendue est obtenue sous forme de cristaux blancs (5,1 g).
d) 2,2,3,5,5-pentaméthyl-4-formyl-imidazolidinθ-1 -oxyle On prépare une solution contenant le produit obtenu à l'étape c)
(5g; 29 mmol; 1 éq.), Mo(CO)6 (50 mg) dans du 1 ,2-dichloroéthane (30 ml). On porte cette solution au reflux puis on ajoute, goutte à goutte, une solution 4M d'hydroperoxyde de tert-butyle (14,5 ml; 58 mmol; 2 éq.) dans du 1 ,2- dichloroéthane. On maintient au reflux et sous agitation pendant 4 heures. Le milieu reactionnel est ensuite lavé par une solution aqueuse à 5 % de sulfite de sodium (100 mi). La phase aqueuse est extraite au dichlorométhaπe (2 x 50 ml) puis les phases organiques rassemblées sont séchées sur MgS04 et concentrées sous pression réduite. Le résidu est cristalisé dans l'hexane. On obtient le nitroxyde attendu sous la forme de cristaux jaune-orangé (4,5 g).
e) 2,2,3,5,5-pentaméthyiimidazolidine-l -oxyle
Le nitroxyde obtenu à l'étape d) (4 g; 21 mmol; 1 éq.) est dissous dans une solution faite à partir de KOH (10 g), de méthanol (30 ml) et d'eau (8 ml). Cette solution est portée à 45° C et agitée 21 heures. Les solvants sont chassés à l'évaporateur rotatif puis le résidu est repris au CH2CI2 (30 ml) et filtré sur une colonne de célite. Le filtrat est séché sur K2C03 et concentré à l'évaporateur rotatif. Le produit attendu est ainsi obtenu sous forme d'un solide marron (3,1 g).
f) 2,2,3,4,5,5-hexaméthyllmidazolldlne-l -oxyle
Le nitroxyde obtenu à l'étape e) (3,0 g; 19 mmol; 1 éq.) est mis en solution dans du toluène (30 ml). On porte au reflux puis on ajoute goutte a
goutte une solution de diméthylsulfate (2,4 g; 19 mmol; 1 éq ) dans du toluène (30 ml). On maintient 1 heure au reflux et sous agitation Le milieu reactionnel est lavé par une solution aqueuse saturée de carbonate de sodium (2 x 50 ml) La phase organique est séchée sur K2C03 puis concentrée à l'évaporateur rotatif. Le résidu est cristallisé dans un mélange AcOEt/hexane. Le nitroxyde attendu est ainsi obtenu après filtration sous forme de cristaux orange (2,7 g; m.p. 43-45β C).
EXEMPLE 2
Afin d'évaluer les propriétés d'inhibition des produits en référence, vis-à-vis de la polymérisation radicalaire des monomères vinyliques, des tests d'inhibition avec le styrène ont été entrepris.
Avant chaque test, le styrène utilisé (commercialisé par la Société Merck) est préalablement déstabilisé par passage sur une colonne d'alumine activée (obtenu auprès de la Société Procatalyse) afin d'éliminer totalement le tertbutylcatéchol initialement présent à raison de 15-20 ppm.
Le styrène résultant (10 ml) est placé dans un tube à essai et la quantité adéquate d'inhibiteur est alors ajoutée. De l'argon est introduit dans le ciel du réacteur par bullage (5 min.) ainsi que dans la phase liquide par barbotage (5 min.). Le tube est fermé et placé dans un bain d'huile thermostaté à 100° C pendant 2 heures.
Le taux de polymère formé au bout de 2 heures est déterminé par la méthode de précipitation dans le méthanol. A cette fin, un échantillon refroidi de 10 ml de styrène est transvasé dans un flacon en verre contenant 50 ml de méthanol environ, afin de précipiter le polystyrène formé, insoluble dans le méthanol. Ce milieu est ensuite filtré sur filtre millipore puis le résidu (correspondant au polymère formé) est séché en étuve à 40° C avant d'être pesé. Les résultats des tests sont résumés dans le tableau I
TABLEAU I
HMIO = 2,2,3,4,5,5-hexaméthylimidazolidine-1 -oxyle DNBP = 2,4-dinitro-6-sec-butyl-phénol
DNP = 2,4-dinitrophénol.
Les résultats montrent que la 2,2,3,4,5,5-hexaméthyiimidazolidine- 1 -oxyle est un excellent inhibiteur de la polymérisation du styrène et qu'elle peut être utilisée soit seule, soit en combinaison avec des composés dinitrophénoliques.
EXEMPLE 3
En reproduisant le protocole décrit en exemple 2, il a été évalué les propriétés d'inhibition d'autres produits conformes à l'invention vis-à-vis de la polymérisation radicalaire du styrène.
Les résultats sont présente dans le Tableau II ci-après.
TABLEAU