Procédé de dégradation de la matière organique par voie mycélienne potentialisé par adjonction de micromycètes mésophiles ou thermophiles
L'invention concerne un procédé de traitement biologique pour la réduction du volume de boues de stations d'épuration et une installation convenant à la mise en œuvre d'un tel procédé. Plus spécialement, le domaine considéré est celui du traitement des eaux résiduaires à dominante urbaine.
Ce procédé est particulièrement adapté au traitement de boues issues du traitement d'effluents à dominante « urbaine », et dont l'épandage réglementé nécessite des solutions de traitement sans transfert du problème de pollution et dans le cadre du respect des écosystèmes.
On connaît déjà différents traitements d'épuration des eaux usées. Typiquement, les eaux usées subissent un traitement physique et/ou chimique (éventuellement en plusieurs étapes) conduisant à la production de boues. Ces boues subissent alors une activation par voie chimique et/ou enzymatique, ou tout mécanisme analogue, puis éventuellement une déshydratation, une centrifugation, un séchage (ou analogue), avant d'être évacuées de la station d'épuration.
En particulier, afin de réduire le volume de boues généré dans les procédés de traitement des eaux usées de type « boues activées » ou similaire, on cherche à favoriser le catabolisme des microorganismes endogènes. Ceci peut être réalisé en jouant sur l'âge des boues, ou encore en couplant des procédés associant la lyse cellulaire avec un traitement biologique aérobie (CO2) ou anaérobie (CH4).
Différents procédés de digestion anaérobie ou aérobie sont connus. Ils utilisent des biomasses transformantes constituées en grande partie de bactéries, telles que
Pseudomonas, dont le cycle de vie conduit à la transformation d'une fraction du carbone organique de la boue en gaz (CO2 ou méthane). Le processus est contrôlé par un temps de séjour des boues minimal, mais suffisamment long.
Malgré les différents procédés connus, la quantité de boues est souvent trop élevée et le besoin demeure de la réduire encore très fortement. Les traitements anaérobies thermophiles connus donnent des résultats meilleurs que les traitements aérobies, mais nécessitent des installations complexes.
Afin de pallier les inconvénients des procédés de l'art antérieur, un procédé de dégradation biologique de la matière organique par voie mycélienne a déjà été décrit dans la demande de brevet WO 03/076351 de la Demanderesse. Ce procédé permet de dégrader une fraction importante de la matière organique de la boue dans une gamme allant de 20 à 40 % en moyenne de la quantité de Matière Sèche (Matière Organique et Matière Minérale) des boues, afin de diminuer d'autant le volume. Un tel procédé permet en outre de pouvoir contrôler le rythme de cette dégradation, pour optimiser le rythme de traitement des effluents en fonction des contraintes amont et aval de l'installation. L'objet de la présente invention vise à améliorer la dégradation biologique de la matière organique par voie mycélienne telle que décrite dans WO 03/076351, et à réduire d'autant le volume des boues. Le procédé objet de la présente invention permet ainsi de dégrader une fraction importante de la matière organique de la boue dans une gamme allant de 20 à 75 %, avantageusement de 30 à 70 %, en moyenne de la quantité de Matière Sèche (Matière Organique et Matière Minérale) des boues, et d'engendrer ainsi une réduction élevée du volume de boues de stations d'épuration. Le procédé selon la présente invention permet également d'éliminer à la fois les pollutions d'origine carbonée et celles d'origine azotée selon un processus d'oxydation et de nitrification, voire de dénitrification, ledit processus dépendant des conditions d'aération.
A cet effet l'invention a pour objet selon un premier aspect un procédé de réduction du volume de boues de station d'épuration à dominante urbaine comprenant une étape de traitement de base des boues par des micromycètes, de préférence cultivés en parallèle de façon continue, ledit traitement par micromycètes étant potentialisé par adjonction de micromycètes mésophiles ou thermophiles placés dans des conditions de température appropriée pour générer une dégradation enzymatique, avantageusement comprise entre 15 et 75°C.
Par le terme de « micromycètes », on fait référence à des microorganismes, par opposition aux champignons supérieurs. On entend à la fois la notion de mycélium qui est l'appareil végétatif, et les spores. On entend de plus tout champignon inférieur, utilisé en quantité suffisante pour contribuer à la dégradation des boues, cette dégradation étant évaluée par des techniques appropriées à la portée de l'homme du
métier. Ainsi, les espèces citées plus loin sont à considérer comme des exemples non limitatifs, l'invention couvrant l'utilisation d'espèces dont l'activité de dégradation des boues est démontrée. Dans la description qui suit, on utilisera indifféremment le terme micromycète ou mycélium par souci de simplicité. Les micromycètes constituent essentiellement des micromycètes psychrophiles.
Par le terme de « psychrophile », on entend au sens de la présente invention tout microorganisme pouvant vivre et générer une dégradation enzymatique à des températures n'excédant pas 150C.
Par le terme de « mésophile », on entend au sens de la présente invention tout microorganisme pouvant vivre et générer une dégradation enzymatique à des températures variant de l'ordre de 15°C à 400C.
Dans le cadre de la présente invention, la limite de 15°C entre micromycètes psychrophiles et mésophiles peut varier, et peut ainsi aller jusqu'à 2O0C, voire légèrement plus. Par le terme de « thermophile », on entend au sens de la présente invention tout microorganisme pouvant vivre et générer une dégradation enzymatique à des températures variant de l'ordre de 40 à 75 0C.
De manière préférée, en ce qui concerne les micromycètes, et les micromycètes mésophiles ou thermophiles, on inclut tout particulièrement des espèces qui peuvent être sélectionnées par des protocoles de sélection appropriés. Cette sélection de souches ensuite mises en culture facilite la production en grande quantité d'une préparation mycélienne active contre les boues. Une fois la sélection de souches effectuée, une préparation d'au moins une de ces souches sera administrée aux boues à traiter.
Parmi les micromycètes efficaces pour dégrader les boues, certaines espèces peuvent être retrouvées dans des boues de station d'épuration. On parle de micromycètes endogènes. Mais, ces micromycètes sont présents en quantité insuffisante dans ces boues pour les dégrader de manière suffisante. Et, ils ne sont pas implantés dans des conditions favorisant le mode de métabolisme recherché pour une dégradation optimale de la matière. Certaines espèces peuvent être également obtenues à partir d'autres sources biologiques.
Avantageusement selon la présente invention, le procédé comprend, en parallèle du traitement de base des boues par les micromycètes, la culture en continu des
micromycètes dans un bioréacteur. De manière encore plus avantageuse selon la présente invention, les micromycètes sont injectés périodiquement aux boues à traiter dans le réacteur de traitement des boues, depuis ledit bioréacteur. Typiquement, la fréquence d'injection est d'une à deux fois par mois. Dans le cadre de la présente invention, le traitement de base des boues par des micromycètes est potentialisé par adjonction dans le milieu de micromycètes mésophiles ou thermophiles placés dans des conditions de température appropriée pour générer une dégradation enzymatique, et permet d'engendrer par conséquent une réduction supplémentaire du volume de boues de 5 à 40 % par rapport au traitement de base.
Les enzymes sont des protéines douées d'activité catalytique spécifique. Elles permettent aux réactions chimiques nécessaires à la vie et à la multiplication cellulaire de s'effectuer à vitesse élevée et avec une certaine spécificité. La spécificité est l'une des caractéristiques principales de l'action enzymatique. Elle permet d'éviter la formation de sous-produits qui a lieu avec les catalyseurs chimiques. La spécificité se manifeste d'une part vis-à-vis du type de réaction catalysée par l'enzyme, d'autre part vis-à-vis du substrat de la réaction constitué ici par les boues.
Le traitement complémentaire de la présente invention permet d'activer, le processus de dégradation de la matière organique par voie mycélienne, au moyen de stress mycélien généré par maintien ou élévation de température, et au moyen d'une sélection de biomasse spécifique permettant d'activer les cinétiques de dégradation des boues. Les micromycètes mésophiles ou thermophiles produisent en condition d'aérobiose des enzymes spécifiques, tels que des protéases, des amylases, des peptinases, des hemicellulases, des cellulases, des lignases et des chitinases, qui agissent sur les parois des organismes contenus dans les boues à traiter. Il en résulte une dégradation enzymatique des boues. Le milieu dans lequel sont ajoutés les micromycètes mésophiles ou thermophiles doit se trouver à une température appropriée pour générer une telle dégradation enzymatique.
Ainsi, en ce qui concerne les micromycètes mésophiles, le réacteur de traitement doit être maintenu à une température de l'ordre de 15 ou 20°C à 40 0C, de façon à permettre un développement optimal de la population mycélienne spécifique à la dégradation de la matière.
En ce qui concerne les micromycètes thermophiles, le réacteur de traitement doit être maintenu à une température de l'ordre de 40 à 75 °C, de façon à permettre un développement optimal de la population mycélienne spécifique à la dégradation de la matière. La régulation de température dans le réacteur de traitement peut être assurée par divers moyens de maintien et/ou élévation de la température, tels qu'un apport de vapeur chaude, un échangeur de chaleur à fluide caloporteur du type eau chaude ou huile, une résistance chauffante, un thermostat, ou encore un système de récupération d'énergie du type énergie éolienne, solaire ou hydro-électrique. Avantageusement selon la présente invention, les micromycètes mésophiles ou thermophiles sont injectés périodiquement aux boues à traiter. Typiquement, la fréquence d'injection est d'une à deux fois par mois.
Dans un mode de réalisation particulier selon la présente invention, les micromycètes mésophiles ou thermophiles sont des bioadditifs qui sont ensemencés régulièrement dans le réacteur de traitement. Les espèces mycéliennes sont dans ce cas injectées de préférence soit sous forme liquide (milieux concentrés, substrat de type malt ou mélasses), soit sous forme lyophilisée.
Selon une caractéristique particulière de la présente invention, les micromycètes mésophiles ou thermophiles sont cultivés en parallèle de façon continue dans un bioréacteur séparé, avantageusement thermostaté, dans lequel est régulé la température de l'air et du fluide. Dans ce cas, les micromycètes mésophiles ou thermophiles sont injectées dans le réacteur de traitement à partir dudit bioréacteur.
Le traitement des boues est avantageusement réalisé dans le réacteur sous agitation lente, en aérobie ou en anaérobie. De manière particulièrement préférée selon " la présente invention, le traitement des boues est réalisé en aérobie, avantageusement avec une oxygénation de l'ordre de 0,2 à 4 mg/1 d'oxygène dissous, encore plus avantageusement entre 0,5 et 2 mg/1, par exemple de l'ordre de 1 mg/1.
Le traitement des boues dans le réacteur peut être réalisé à pH neutre, avantageusement à un pH de l'ordre de 6 à 8. Il peut être également réalisé à pH acide, par exemple à un pH de l'ordre de 4 à 6, afin d'augmenter les performances épuratoires des micromycètes. Le pH du réacteur de traitement peut alors être régulé à l'aide d'un
acide minéral ou organique du type acide sulfurique, acide acétique, ou acide phosphorique.
Dans un exemple de réalisation particulier selon la présente invention, le traitement de base des boues par les micromycètes et le traitement complémentaire des boues par les micromycètes mésophiles ou thermophiles sont réalisés au sein d'un seul réacteur de traitement.
Le temps de traitement des boues par les micromycètes est alors typiquement compris entre 1 et 25 jours, avantageusement entre 5 et 25 jours, encore plus avantageusement entre 5 et 20 jours, encore plus avantageusement entre 7 et 15 jours, encore plus avantageusement entre 10 et 15 jours. Les flux de mycélium et de boues à traiter sont régulés dans l'installation en conséquence.
Dans un autre exemple de réalisation particulier selon la présente invention, le traitement de base des boues par les micromycètes et le traitement complémentaire des boues par les micromycètes mésophiles ou thermophiles sont réalisés au sein de deux réacteurs de traitement couplés entre eux de manière à autoriser une circulation entre le premier réacteur du traitement de base et le second réacteur du traitement complémentaire, de taille inférieure au premier.
Le premier réacteur du traitement de base des boues est alors alimenté avec des micromycètes, qui sont injectés périodiquement, soit par ensemencement régulier dans ledit réacteur, soit par transfert des micromycètes cultivés en parallèle dans un bioréacteur vers ledit réacteur. Le second réacteur du traitement complémentaire des boues est alors alimenté avec des micromycètes mésophiles ou thermophiles, qui sont injectés périodiquement, soit par ensemencement régulier dans ledit réacteur, soit par transfert des micromycètes cultivés en parallèle dans un bioréacteur séparé vers ledit réacteur. La circulation peut être continue ou discontinue (fonctionnement en batch) entre les deux réacteurs de traitement.
Le temps de traitement des boues est alors compris entre 5 et 25 jours, avantageusement entre 5 et 20 jours, typiquement entre 10 et 15 jours dans le premier réacteur, et le temps de traitement des boues est compris entre quelques heures et 5 jours, avantageusement entre 15 heures et 3 jours, typiquement entre 20 heures et 30 heures, dans le second réacteur.
Dans ce mode de réalisation selon la présente invention, on met en place un écosystème dans le second réacteur du traitement complémentaire des boues, en fixant un temps de séjour de l'ordre de quelques heures à quelques jours et un taux déterminé de circulation des boues entre les deux réacteurs, permettant ainsi aux espèces mésopbiles ou thermophiles de se développer et de sécréter des enzymes spécifiques à la dégradation de la matière, selon les conditions de stress auxquelles elles sont soumises.
Typiquement, ce mode de réalisation permet de prélever une fraction de l'ordre de 5 à 40 % du volume des boues traitées par micromycètes au sein du premier réacteur du traitement de base, et de transférer ladite fraction dans le second réacteur du traitement complémentaire où sont injectés les micromycètes mésophiles ou thermophiles, puis de renvoyer les boues issues du second réacteur vers le premier réacteur grâce à une boucle de recirculation. Ce mode de réalisation permet par ailleurs de prélever une fraction de l'ordre de 5 à 600 %, avantageusement de 70 à 150 %, du débit d'alimentation du premier réacteur du traitement de base. Ce mode de réalisation est particulièrement avantageux selon la présente invention, puisqu'il permet d'obtenir une stabilité de la population mésophile ou thermophile en utilisant un réacteur de traitement complémentaire de petite taille, ne nécessitant qu'un court temps de séjour des boues pour dégrader efficacement les boues. Le dimensionnement des deux réacteurs est déterminé en fonction du volume des boues à traiter, du débit d'alimentation de ces boues et du temps de séjour des boues dans les réacteurs respectifs. Le volume du second réacteur de traitement peut être environ 3 à 20 fois, avantageusement 4 à 10 fois, plus petit que le volume du premier réacteur du traitement de base, lorsque le second réacteur est maintenu à des températures de l'ordre de 15 à 40 0C. Le volume du second réacteur de traitement peut être environ 20 à 200 fois plus petit que le volume du premier réacteur du traitement de base, lorsque le second réacteur est maintenu à des températures de l'ordre de 40 à 75 °C. En outre, le temps de séjour des boues au sein du second réacteur peut être beaucoup moins élevé que le temps de séjour des boues dans le premier réacteur pour obtenir une dégradation efficace de la matière organique des boues. Par exemple, le volume du premier réacteur du traitement de base peut être de l'ordre de 1000 litres, avec un temps de séjour de l'ordre de 15 jours, et le volume du second réacteur du
traitement complémentaire peut être de l'ordre de 300 litres, avec un temps de séjour de l'ordre de 3 jours, pour un débit de recirculation entre les deux réacteurs de 100 litres par jour.
Par ailleurs, avantageusement dans ce mode de réalisation, seul le second réacteur de traitement peut être chauffé, afin que la population mésophile ou thermophile soit en mesure de générer une dégradation enzymatique des boues, le premier réacteur de traitement pouvant alors rester à température ambiante. Ainsi, avantageusement selon la présente invention, le second réacteur est. maintenu à une température supérieure à celle du premier réacteur, le premier réacteur étant avantageusement à température ambiante de l'ordre de 10 à 20 0C, et le second réacteur étant avantageusement maintenu à une température comprise entre 20 et 75 0C. Le fait de ne chauffer que le second réacteur de traitement, de petite taille, permet ainsi d'obtenir une dépense énergétique moindre, et donc un très bon bilan d'exploitation du procédé selon la présente invention. Avantageusement selon la présente invention, le traitement est réalisé à un pH de l'ordre de 5,5 à 8, avantageusement en aérobie et sous agitation lente, dans le premier réacteur, et le traitement est réalisé à un pH de l'ordre de 4 à 6,5, avantageusement en aérobie et sous agitation lente, dans le second réacteur. Le pH peut être ajusté selon la sélection du cocktail mycélien. Il peut notamment être abaissé à l'aide d'un acide minéral ou organique, tel que l'acide sulfurique, l'acide acétique, ou l'acide phosphorique. Le traitement des boues à pH acide dans le second réacteur permet d'augmenter les performances épuratoires des micromycètes mésophiles ou thermophiles.
Avantageusement selon la présente invention, le traitement des boues est réalisé en aérobie au sein des deux réacteurs, de préférence avec une oxygénation de l'ordre de 0,2 à 4 mg/1 d'oxygène dissous, encore plus avantageusement entre 0,5 et 2 mg/1, par exemple de l'ordre de 1 mg/1. Le traitement des boues peut également être réalisé en aérobie dans l'un deux réacteurs de traitement, et en anaérobie dans l'autre réacteur de traitement. Selon une réalisation, on utilise une seule souche de micromycètes. Selon une autre réalisation on associe plusieurs souches différentes, formant un mélange mycélien, éventuellement à effet synergique.
Selon des réalisations préférées, les micromycètes sont choisis parmi les genres Pénicillium, Trichoderma, Mucor, Galactomyces, Aspergillus, Fusarium, Geotricum, Phoma, Botrytis, Geomyces, et leurs mélanges.
En particulier, on pourra utiliser les moisissures Pénicillium roqueforti, Pénicillium chtysogenum, Pénicillium atramentosum, Trichoderma viride, Trichoderma reesei, Mucor hiemalis, Mucor racemosus, Mucor fusais, Mucor plumbeus, Galactomyces geotricum, Aspergillus phoenicis, Aspergillus niger, Fusarium equisetii, Geotricum candidum, Phoma glomerata, Botrytis Cinerea, Geomyces pannorum, et leurs mélanges. Selon une réalisation, on utilise une seule souche de micromycètes mésophiles ou thermophiles. Selon une autre réalisation, on associe plusieurs souches différentes, formant un mélange mycélien, éventuellement à effet synergique.
Selon des réalisations préférées, les micromycètes mésophiles ou thermophiles sont choisis parmi les genres Humicola, Mucor, Chaetomium, Thermoascus, Torula, et leurs mélanges.
En particulier, les micromycètes mésophiles ou thermophiles sont choisis parmi : Humicola stellata, Humicola insolens, Humicola grisea, Humicola lanuginosa, Mucor pusillus, Mucor miehel, Chaetomium thermophila, Chaetomium globosom, Chaetomium virescens, Thermoascus aurantiacus, Torula thermophila, et leurs mélanges. Selon un mode de réalisation particulier de la présente invention, d'autres microorganismes sélectionnés, non mycéliens, peuvent être associés éventuellement à la composante mycélienne pour vivre en synergie et développer les mêmes fonctions. Ces microorganismes sont notamment des bactéries, des levures, des protozoaires, des amibes. Selon un autre mode de réalisation avantageux selon la présente invention, le procédé de traitement comprend en outre une étape de filtration membranaire des boues ou des effluents. Avantageusement selon la présente invention, la filtration membranaire des boues est réalisée simultanément à la dégradation des boues par les micromycètes, à l'aide d'au moins une membrane, du type membrane plaque, immergée dans le réacteur de traitement.
Avantageusement, on dispose un dispositif d'aération sous la ou les membrane(s), de préférence à la base du ou des module(s) de membrane. L'aération des membranes
permet d'assurer d'une part l'apport d'oxygène nécessaire au bon développement de la biomasse, et d'autre part le passage de la liqueur mixte à travers le tissu membranaire, sans colmatage de cette surface filtrante.
Un système adapté de contre pression peut être utilisé pour permettre le décolmatage ponctuel des membranes. Un système de contre lavage peut aussi permettre ce décolmatage. La perméabilité des membranes assure la rétention des matières en suspension, aussi bien que de la majorité des bactéries à éliminer.
Avantageusement selon la présente invention, la surface membranaire est ' calculée par rapport au débit spécifique d'aspiration des effluents ou des boues au travers de la membrane, et est typiquement comprise entre 10 et 25 l/m2/h, de préférence de l'ordre de 15 Vm2Ih.
Avantageusement selon la présente invention, le volume d'air nécessaire pour le décolmatage est compris entre 0,5 et 1,5 Nm3 (Normaux m3)/h/m2, typiquement de l'ordre de 1 Nm3Mu2. Avantageusement selon la présente invention, lorsque le traitement des boues est réalisé au sein de deux réacteurs de traitement couplés entre eux de manière à autoriser une circulation entre le premier réacteur du traitement de base et le second réacteur du traitement complémentaire, de taille inférieure au premier, un (des) module(s) de filtration membranaire est (sont) avantageusement immergés soit dans le premier réacteur de traitement de base, soit dans le second réacteur de traitement complémentaire, soit dans les deux réacteurs.
Le fait de coupler un traitement biologique des boues à l'aide de micromycètes avec une filtration membranaire présente plusieurs avantages : les membranes de filtration permettent tout d'abord d'épaissir et de concentrer les boues, les boues pouvant alors atteindre des teneurs de l'ordre de 25 à 30 g/1 en partant de boues avec des teneurs initiales de l'ordre de 5 à 10 g/1. Les membranes permettent en effet d'augmenter l'âge de boues de la population mycélienne pour un volume de boues donné, les membranes permettent également d'obtenir une qualité optimisée de l'eau en produisant de l'eau filtrée, valorisable, de qualité industrielle, enfin, le fait de placer des membranes de filtration dans le réacteur de traitement des boues où sont injectées les micromycètes permet d'augmenter la réduction du
volume de boues, et d'extraire ainsi du réacteur de traitement un débit de boues moins important et plus concentré en MES et MVS. L'utilisation de membranes de filtration au sein d'un réacteur de traitement des boues, que l'on doit chauffer afin de stresser les espèces mycéliennes mésophiles ou thermophiles et d'engendrer les enzymes spécifiques à la dégradation des boues, est ainsi particulièrement avantageuse dans le cadre de la présente invention, puisqu'elle permet de chauffer un volume moins important de boues, pour un même âge de boues de la population mycélienne.
Selon une réalisation de l'invention, le procédé comprend en outre une étape préalable de pré-épaississement des boues à traiter. Un pré-épaississement peut être avantageusement utilisé lorsque le réacteur de traitement ne contient pas de module de filtration membranaire. L'étape d'épaississement permet de concentrer les boues, les boues pouvant alors atteindre des teneurs de l'ordre de 30 à 50 g/1 en partant de boues avec des teneurs initiales de l'ordre de 5 à 10 g/1. . Selon un exemple de réalisation de la présente invention, la culture des micromycètes et/ou la culture des micromycètes mésophiles ou thermophiles est (sont) aérobie. Cette (ces) culture(s) se fait (font) en continu, en bioréacteur. Les boues peuvent être traitées en continu ou en discontinu. Selon un mode de mise en œuvre, les micromycètes sont injectés mensuellement à un débit de l'ordre de 0,01 à 10%, avantageusement à un débit de l'ordre de 0,01 à 5%, avantageusement à un débit de l'ordre de 0,05 à 5%, encore plus avantageusement de l'ordre de 0,1 à 1%, du volume du réacteur de traitement. Les micromycètes sont administrés de préférence sous forme d'une culture en milieu liquide.
Les micromycètes mésophiles ou thermophiles sont injectés mensuellement à un débit de l'ordre de 0,01 à 5%, typiquement de l'ordre de 0,1%, du volume du réacteur de traitement. Les micromycètes mésophiles ou thermophiles sont administrés de préférence sous forme d'une culture en milieu liquide.
Selon un exemple de réalisation de la présente invention, les micromycètes sont au moins en partie endogènes, extraits des boues non encore traitées par les micromycètes. Les micromycètes mésophiles ou thermophiles peuvent être également au moins en partie endogènes, typiquement lorsque le réacteur de traitement est placé
sur une filière où subsiste déjà en amont des procédés thermophiles ou mésophiles, tels que la digestion thermophile.
Grâce à l'invention, la quantité de matière sèche des boues traitées par le procédé de traitement est réduite de l'ordre de 20 à 75%, typiquement de l'ordre de 45 à 55%, par rapport à celle des boues non traitées. Selon les paramètres de réglage cette dégradation peut être supérieure.
La présente invention concerne également une installation de traitement d'effluents de station d'épuration à dominante urbaine comprenant au moins un réacteur de traitement 8 de boues contenant : des moyens d'alimentation et d'extraction des boues, des moyens d'injection des micromycètes et/ou des micromycètes mésophiles ou thermophiles, des moyens de régulation et/ou d'élévation de la température, - avantageusement des moyens d'agitation et des moyens d'aération, avantageusement des moyens de régulation des débits d'alimentation et d'extraction des boues, avantageusement des moyens de régulation des débits d'injection des micromycètes et/ou des micromycètes mésophiles ou thermophiles, et - avantageusement des moyens de régulation du pH et/ou d'oxygénation.
Le réacteur de traitement 8 a une capacité adaptée à l'installation. La capacité est notamment fonction du temps de séjour des boues à traiter. A titre d'exemple, pour un temps de séjour des boues traitées de 20 jours et une concentration de 20 g/1 en MS en alimentation, le volume du réacteur de traitement est de l'ordre de 50 m3 par tranche de 1000 eq.hab (équivalents habitants). Pour une boue de 7 g/1 en MS et un volume d'alimentation de 1000 m3 par jour, avec un âge de boue de 20 jours, et un réacteur de traitement contenant des modules de filtration membranaire d'environ 2800 m2, le volume du réacteur de traitement est typiquement de l'ordre de 4000 m3.
Selon un exemple de réalisation de la présente invention, l'installation comprend en outre, en parallèle du réacteur de traitement 8, un bioréacteur 9 de culture en continu des micromycètes.
Selon un autre exemple de réalisation de la présente invention, l'installation comprend en outre, en parallèle du réacteur de traitement 8, un bioréacteur 9a de culture en continu des micromycètes mésophiles ou thermophiles, avantageusement thermostaté. Lorsque l'installation contient un bioréacteur 9 de culture en continu des micromycètes, ainsi qu'un bioréacteur 9a de culture en continu des micromycètes mésophiles ou thermophiles, les deux bioréacteurs sont distincts.
Avantageusement selon la présente invention, le bioréacteur 9 de culture en continu des micromycètes et/ou le bioréacteur 9a de culture en continu des micromycètes mésophiles ou thermophiles comprend (comprennent) : - des moyens d'injection de nutriments, d'oligo-éléments (micro-éléments), de substrat dilué et d'un inoculum à cultiver, des moyens de répartition homogène des micromycètes dans le bioréacteur, des moyens de transfert 10 des micromycètes cultivés vers le réacteur de traitement 8, - - une filtration de l'air circulant dans le bioréacteur.
Selon un exemple de réalisation de la présente invention, le réacteur de traitement 8 contient en outre des moyens de filtration membranaire 19, 31.
Selon un autre exemple de réalisation de la présente invention, l'installation contient en outre des moyens de pré-épaississement des boues, tels qu'une table d'égouttage, un filtre tambour et/ou un flottateur. Typiquement, on ne traite sur les tables d'égouttage que la moitié du débit d'alimentation des boues, puis on mélange en ligne les boues pré-épaissies avec les boues non traitées en amont du réacteur de traitement par micromycètes.
Avantageusement selon la présente invention, l'installation contient deux réacteurs de traitement 8, 8a des boues, les deux réacteurs étant couplés entre eux de sorte à former une boucle de circulation, le premier réacteur de traitement 8, destiné au traitement de base des boues, étant alimenté par des micromycètes, et étant avantageusement à une température comprise entre 10 à 20 0C, et le second réacteur de traitement 8a, de taille inférieure au premier, destiné au traitement complémentaire des boues, étant alimenté par des micromycètes mésophiles ou thermophiles, et étant avantageusement maintenu à une température comprise entre 20 et 75 °C.
Dans ce mode de réalisation avantageux selon la présente invention, le second réacteur de traitement 8a des boues contient notamment : des moyens d'alimentation et d'extraction des boues, des moyens d'injection des micromycètes mésophiles ou thermophiles, - des moyens de régulation et/ou d'élévation de la température, avantageusement des moyens d'agitation et des moyens d'aération, avantageusement des moyens de régulation des débits d'alimentation et d'extraction des boues, avantageusement des moyens de régulation des débits d'injection des micromycètes mésophiles ou thermophiles, et avantageusement des moyens de régulation du pH et/ou d'oxygénation.
De manière encore plus avantageuse selon la présente invention, le premier réacteur de traitement 8 et/ou le second réacteur de traitement 8a contien(nen)t en outre des moyens de filtration membranaire. Selon un mode de réalisation particulier de la présente invention, le réacteur de traitement 8 est placé sur la filière de traitement des boues.
Selon un mode de réalisation particulier de la présente invention, le réacteur de traitement 8 est placé sur la filière de traitement des eaux.
De manière générale, l'épuration d'un effluent tel qu'un effluent urbain peut mettre enjeu séparément ou conjointement : des ouvrages d'épuration physique (prétraitement, décantation), des ouvrages physico-chimiques, des ouvrages d'épuration biologique assurant une élimination plus ou moins complète des pollutions carbonées, azotées et phosphatées, - des ouvrages de traitement tertiaire.
Une station d'épuration ne peut fonctionner efficacement que si elle comprend une chaîne de traitement des boues bien adaptée, permettant un traitement et une évacuation régulière de celles-ci. Les chaînes de traitement d'eau et des boues sont interdépendantes. Le choix d'une filière de traitement des boues est fondamental, car il engage la continuité et la qualité du traitement des eaux.
Dans les filières de traitement des eaux, les eaux brutes sont traitées par une biomasse épuratrice, et l'eau extraite est alors l'eau traitée.
Dans les filières de traitement des boues, la biomasse épuratrice qui dégrade la pollution de l'eau brute génère une boue à dominante organique. Cette boue contient une fraction minérale.
D'autres objets et avantages de l'invention apparaîtront à la lecture de la description détaillée qui suit, illustrée par les figures 1, 2 et 3.
Typiquement, le réacteur de traitement 8 de boues est inséré dans une installation de traitement d'efïïuents de station d'épuration selon la présente invention, l'installation contenant par ailleurs d'amont en aval : -un bassin de stockage et/ou de prétraitement primaire 2 des effluents à traiter, dans lequel peuvent avoir eu lieu des prétraitements mécaniques et/ou chimiques, -en aval de ce bassin 2, au moins un bassin de boues activées 3, les boues n'étant pas encore exposées aux mycéliums,
-en aval de ce bassin de boues activées 3, un bassin de clarification ou similaire 4, l'eau clarifiée sortant de ce bassin 4 étant évacuée en surverse vers la sortie 5 de la station d'épuration.
La fraction de boues sortant du bassin 4 en souverse est reconduite, par des moyens de transfert 6, vers le bassin 3 de boues activées.
Le réacteur de traitement 8 de boues selon la présente invention peut être placé sur la filière de traitement des boues. Dans ce cas, les boues alimentant le réacteur de traitement 8 sont prélevées des boues recirculant vers le bassin de boues activées 3, et sont transférées vers le réacteur de traitement 8 par des moyens de conduite 7.
Selon une variante, le réacteur de traitement 8 selon la présente invention peut être placé sur la filière de traitement des eaux, à savoir directement sur la boucle de recirculation 6 de la boue vers le bassin de boues activées 3. Les boues peuvent également être prélevées directement du bassin 3 de boues activées pour être transférées vers le réacteur de traitement 8 par des moyens de conduite 7a.
Selon une réalisation, le traitement par les micromycètes s'effectue avec une recirculation sur la filière eau : des boues traitées par les micromycètes sont évacuées du réacteur 8, empruntent la conduite 17, puis une conduite 17a, pour revenir vers la conduite 6.
L'installation selon la présente invention contient avantageusement un bioréacteur 9 de culture des micromycètes, transférés par un conduit 10 jusqu'au réacteur de traitement 8.
L'installation selon la présente invention contient avantageusement un second réacteur de traitement 8a, alimenté par des micromycètes mésophiles ou thermophiles, qui constitue alors le réacteur du traitement complémentaire des boues. Les conduits 32 permettent une circulation entre les deux réacteurs 8 et 8a.
L'installation selon la présente invention contient en outre avantageusement un bioréacteur 9a, distinct du bioréacteur 9, ledit bioréacteur 9a étant un bioréacteur de culture des micromycètes mésophiles ou thermophiles, qui sont transférés jusqu'au réacteur de traitement 8a par un conduit 10a.
Les boues ainsi traitées par les micromycètes et les micromycètes mésophiles ou thermophiles sont évacuées du réacteur 8 par une conduite 17 vers une zone 11 de traitement des boues et de stockage. Les boues subissent le cas échéant un traitement ultime ou encore une association de traitements (déshydratation, centrifugation, séchage, thermolyse, incinération) des boues dans une zone avale 15.
Le réacteur de traitement 8 comprend une arrivée d'air 12. Le réacteur de traitement 8a comprend également avantageusement une arrivée d'air 12a.
L'installation comprend avantageusement un moyen de pré-épaississement 16 des boues, tel qu'une table d'égouttage ou un flottateur, en amont du réacteur de traitement 8, pouvant être positionné soit sur la ligne 7 d'alimentation des boues, soit encore sur la ligne de prélèvement 7a.
Par souci de clarté, on a représenté à chaque étape un seul élément de l'installation. Il est entendu que le nombre de chaque élément est susceptible d'être adapté en fonction du dimensionnement et du type d'installation.
Le bioréacteur 9 ou 9a fonctionne suivant le principe analogue au "lit à ruissellement", en utilisant un support à garnissage avantageusement lamellaire, ou encore un support plastique sous forme de bande, permettant le développement d'une biologie mycélienne. Ce bioréacteur 9 ou 9a, qui pourrait être nommé "lit mycélien" de faible volume dans une proportion allant de l/100ème à l/1000ème, de préférence de l/500ème à l/1000ème, du réacteur de traitement 8 ou 8a, est utilisé pour cultiver le cocktail mycélien sur support aéré après avoir été sélectionné pour chaque type de boue.
La taille du bioréacteur 9 ou 9a est dépendante du flux à traiter, mais aussi de la qualité et/ou de la composition des effluents à traiter. Une quantité appropriée de préparation mycélienne est transférée à l'aide de la conduite 10 dans le réacteur de traitement 8. Une quantité appropriée de préparation mycélienne mésophile ou thermophile est transférée à l'aide de la conduite 10a dans le second réacteur de traitement 8a. La préparation mycélienne produite dans le bioréacteur 9 ou 9a comprend des spores et des mycéliums. Le volume de boue traitées dans les réacteurs de traitement 8 et 8 a correspond à un temps de séjour déterminé, il est aéré et ensemencé par les spores et le mycélium produits in situ, et brassé avantageusement en continu à l'aide d'un agitateur 14. L'exploitation du système peut prendre les deux formes, continue ou par bâchée.
En site industriel, le fonctionnement continu sera privilégié afin d'obtenir un lissage des valeurs de dégradation de la matière et de favoriser les conditions de développement de la population mycélienne. Le fonctionnement par bâchée peut aussi trouver des applications lors de fonctionnements saisonniers. Dans un fonctionnement en continu, le procédé comprend une phase de pompage des boues extraites de la filière boues activées dans le bassin 3, ou sur la recirculation 6, permettant d'alimenter la phase de traitement aérobie dans le réacteur de traitement 8 . Ce réacteur de traitement 8 est sous la forme d'un ouvrage équipé de rampes d'aération 13 et, selon les conceptions, d'un système d'agitation 14. Les boues peuvent circuler entre les deux réacteurs 8 et 8a grâce à la boucle de recirculation 32. Le réacteur de traitement 8a contient avantageusement des rampes d'aération 13a, et peut contenir en outre des modules de filtration membranaire 19 (figure 1). La figure 2 est quasi-identique à la figure 1, sauf que dans la figure 2, le second réacteur de traitement 8a ne contient pas de moyens de filtration membranaires, ni de rampes d'aération. La biodigestion aérobie est alimentée en continu d'une part par les boues à dégrader venant du bassin de boues 3, et d'autre part par le mélange mycélien qui se développe de manière indépendante dans le bioréacteur 9 ou 9a.
La boue (également désignée effluent à traiter) alimente ce réacteur de traitement 8 par pompage avec un débit modéré, par exemple à l'aide d'une pompe principale et d'une pompe de secours en parallèle. Le remplissage du réacteur de traitement 8 peut ainsi être progressif, continu et régulé tout en respectant un temps de.
séjour dans ce bassin 8 d'au maximum 30 jours de l'effluent à traiter et d'au minimum quelques heures.
Selon les flux à traiter avec prise en compte de la gestion des volumes de stockage, cette durée peut être augmentée, l'efficacité du procédé n'en sera que très légèrement favorisée et le temps complémentaire ne correspondra pas à un optimum économique.
Les réacteurs de traitement 8 et 8 a sont dimensionnés en prenant en compte le temps de séjour et la concentration des boues exprimée en MS (g/1 : ceci impose un volume global classiquement doté des équipements nécessaires à son bon fonctionnement). Ces ouvrages sont de préférence aérés en fond de bassin. Des rampes d'aération type moyenne bulle peuvent être sélectionnées ou tout système similaire.
Une homogénéisation syncopée est éventuellement requise selon les périodes et le type d'effluents à traiter.
Les réacteurs de traitement 8 et 8a contiennent une population mycélienne sensiblement constante, car le système connecté de type bioréacteur 9 ou 9a permet de générer des populations continues à taux de croissance limité.
Une régulation automatisation simple connue de l'homme du métier permet d'agir à la fois sur l'aération et le brassage.
Des sondes de régulation et ou d'indication de température, d'oxygénation et de pH sont souhaitables afin de vérifier la bonne stabilité de ces paramètres : pH pouvant varier de 4 à 8, température de 15 à 75 0C, agitation lente, oxygénation de de 0,2 à 4 mg/1 d'oxygène dissous (dans certain cas ce paramètre peut être majoré), temps de séjour.
On décrit maintenant plus précisément le bioréacteur 9 ou 9a de production de mycéliums en continu. Celui-ci doit être capable de fournir à la biomasse microbienne qu'il contient et qui s'y développe, la quantité d'oxygène dont elle a besoin. Il s'agit de mélanger trois phases : une phase aqueuse (le milieu de culture), une phase gazeuse (le gaz d'oxygénation des mycéliums, typiquement de l'air), une phase biotique constituée par la biomasse microbienne à majorité mycélienne. Le bon déroulement du procédé est lié aux phénomènes de transferts entre les cellules (mycéliums et spores) et le milieu de culture. Il s'agit tout d'abord de transfert de matière, du milieu extérieur vers la cellule pour ce qui est du substrat et des
composés du milieu de culture nécessaires à la croissance cellulaire, en sens inverse pour les produits du métabolisme des cellules en culture. Pour que les transferts puissent s'effectuer correctement, la répartition des cellules dans le milieu de culture doit être la meilleure possible. En culture aérobie des mycéliums, c'est le gaz d'oxygénation qui crée la turbulence et permet le maintien des cellules en suspension homogène. La géométrie du bioréacteur est conçue pour que le transfert d'oxygène soit le plus efficace possible.
L'apport de nutriments permet de favoriser le développement des microorganismes micromycètes et exerce donc une influence sur le comportement cinétique de la population microbienne présente.
Pour que les microorganismes soient répartis de façon homogène, que l'oxygène nécessaire soit apporté et la température maintenue, on utilise des moyens de transfert appropriés. Au fur et à mesure que le développement microbien se poursuit, la concentration cellulaire augmente, la concentration en produits synthétisés par les microorganismes aussi, tandis que le milieu s'appauvrit en substrat. Le bioréacteur 9 comprend typiquement, à l'entrée d'air, un système de filtration de l'air, destiné à éviter une contamination par des microorganismes non souhaitée, levures notamment.
Durant le traitement des boues dans les réacteurs de traitement 8 et 8a, les caractéristiques rhéologiques et chimiques du milieu changent, ce qui entraîne des modifications de fonctionnement, les transferts ne s' effectuant plus de la même façon. Il est donc recommandé d'agir sur les modalités de fonctionnement pour faire en sorte que la population microbienne soit à tout moment dans les meilleures conditions et que son comportement cinétique soit optimal au sein des réacteurs de traitement 8 et 8a : puissance d'agitation, et/ou débit d'air, et/ou ajout de substrats, voire ajout de réactifs, et/ou la régulation de la température et du pH (toutes ces opérations étant facilement automatisables).
Les réacteurs de traitement 8 et 8a sont conçus en fonction du type de processus qui doit s'y dérouler. Quel que soit le microorganisme, le bioréacteur 9 ou 9a est conçu pour permettre un contact aussi bon que possible entre les deux phases biotique et abiotique du système. Le bioréacteur instaure le régime établi du procédé décrit.
Lorsque le régime établi est atteint (niveau de performance de réduction des boues maximum), l'apport régulier d'une quantité suffisante de boues (substrat pour la
flore) permet de maintenir la population microbienne à un degré de performance constant. L'obtention d'une station de traitement fonctionnant comme un fermenteur industriel (production de biomasse) c'est à dire le plus souvent en mode chemostat (une culture en milieu renouvelé) garantie la rusticité, simplicité et l'autonomie du système. Le traitement efficace des boues dans le réacteur de traitement 8 est obtenu en utilisant un apport de micromycètes, produits in situ dans le bioréacteur 9, dans le réacteur 8, et/ou une recirculation de boues ayant déjà séjourné dans le réacteur de traitement 8. Le choix dépend notamment du type d'effluents à traiter.
Afin de pallier les « accidents aléatoires » (variations non contrôlables ou prévisibles des boues), le concept de la bio-augmentation est intégré dans le procédé. On utilisera de préférence un système de culture et/ou d'injection afin d'apporter en permanence une forte charge de microorganismes. Cette culture est effectuée dans le bioréacteur 9 à partir de produits microbiens sélectionnés (inoculum de souches et son milieu de culture à base d'extrait de malte, d'amidon ...) et de nutriments spécifiques (source de carbone, d'azote, etc. ...) pour l'amplification de l'inoculum.
Selon une réalisation, des apports répétitifs de biocatalyseurs pourront être automatiquement réalisés au cours du process. Dans ce cas des boues chargées en micromycètes (application de l'inoculation au premier jour) servent elles-mêmes d'inoculum. Toutefois, dans certains cas, compte tenu de la richesse et de la complexité naturelle des boues en microorganismes, les cultures de micromycètes peuvent ne pas être suffisamment spécifiques (développement anarchique en présence des nutriments d'une flore non-spécifique et non-répétitive). On utilisera alors de préférence un mélange entre une flore de champignons « exogènes » sélectionnés et d'une autre flore « endogène » amplifiée et régulée par les nutriments. Le procédé permet alors de surdoser en permanence le « principe actif » et de maintenir la performance technique malgré des variations dans les flux ou la composition des boues. Le bioréacteur 9 ou 9a, permettant la production sur site et/ou l'injection en continu de microorganismes dans le bassin de contact 8 ou 8a, permet une colonisation permanente et optimale des boues. Par rapport à la définition du mode chemostat qui implique une seule inoculation au premier jour et ensuite une autosuffisance, il s'agit d'une sécurité supplémentaire.
Au démarrage de l'installation, le système est ensemencé par un cocktail sélectionné et adapté au type d'effluent à dégrader. Cette étape permet la mise en route de l'installation car elle génère le fonctionnement autonome de l'ensemble.
Le bioréacteur 9 ou 9a peut se présenter sous des formes très variées, telle qu'une colonne cylindrique, de hauteur variable selon les flux dimensionnants : air, surface du garnissage de contact. Il comprend par exemple trois parties : une partie basse permettant de collecter un liquide chargé de mycélium, pompé puis reversé dans la partie haute de la colonne qui forme un système de pulvérisation (rampe d'aspersion conçue de telle manière que les mycéliums ne soient pas morcelés). La partie centrale contient un garnissage de type structuré ou autre, permettant d'optimiser l'implantation de la population cultivée, sa fixation et son développement dans des conditions favorables. Ce garnissage peut être de différents types et de différents matériaux, l'essentiel étant de permettre la fixation des mycéliums.
Cette aspersion générée par une recirculation du liquide (via une pompe) permet son ruissellement sur le garnissage de la tour et humidifie ainsi les mycéliums qui adsorbent les composants du liquide.
Ce bioréacteur 9 ou 9a, d'une capacité de l'ordre de quelques litres ou dizaines de litres selon la taille de l'installation, est surmonté d'un couvercle de type toit laissant passer librement le flux d'air mais prévenant des chutes pluviales. Les échanges sont favorisés par un contre-courant entre l'air et le liquide concentré percolant sur le. garnissage. L'injection du flux via le bassin de dégradation de la matière est réalisée de préférence de manière gravitaire ou, à défaut, la technologie de pompage permet de conserver les microorganismes injectés dans un métabolisme favorable. Une thermorégulation peut-être nécessaire dans le cas où le bioréacteur 9 ou 9a ne serait pas protégé du gel. Avantageusement selon la présente invention, le bioréacteur 9a est chauffé et calorifuge.
Le bioréacteur 9 ou 9a est conçu de manière à obtenir une consommation très limitée d'inoculum à implanter, du fait de l'autonomie du système qui fonctionne en recirculation permanente, cette recirculation assurant un contact optimal pour la population mycélienne avec les constituants favorisant son développement.
Un suivi analytique biologique ponctuel permet de vérifier la croissance des différentes espèces de mycéliums constitutives du cocktail sélectionné.
Un suivi analytique chimique, existant sur les stations de traitement permet de se situer sur les performances du système. Le temps de dégradation est prédéfini selon les caractéristiques initiales mais peut varier selon les variations de flux traité en amont.
C'est un système qui s'adapte parfaitement à ce genre de fluctuation : les suivis analytiques permettent de s'assurer du bon rendement de dégradation.
On décrit maintenant un autre mode de réalisation de l'invention faisant intervenir un procédé de filtration membranaire des boues traitées par les micromycètes.
Dans ce procédé membranaire illustré par la figure 3, l'installation 1 ne comprend pas de réacteur de traitement propre ou cuve de digestion mycélienne 8 : la digestion des boues par micromycètes a lieu directement dans un réacteur de prétraitement 18 dans lequel sont plongés des moyens de filtration 19. Ce réacteur 18 est analogue au bassin 3 décrit précédemment, mais contient en plus les moyens de filtration 19. Dans ce réacteur 18 désigné réacteur de traitement mixte, combinant un traitement par les micromycètes et une filtration membranaire, les boues sont le cas échéant activées; le réacteur 18 est aérobie.
L'eau traitée issue des moyens de filtration 19 est évacuée par une conduite 20 vers une sortie 21; la pression d'eau de submersion du module, soutenue par une pompe d'aspiration en aval, permet le passage de l'eau traitée à travers les membranes. L'eau est directement rejetée ou même potentiellement utilisable pour un recyclage. En effet, les parois membranaires permettent de s'affranchir d'une étape de clarification et la qualité de l'eau est optimisée. On peut également prévoir un système de contrelavage 21a.
Les boues issues de la cuve 18 sont évacuées par une conduite 22 vers une filière boue 23, par exemple de déshydration.
En sortie de la filière 23, l'installation peut comprendre des moyens de séparation 24, des boues extraites. Les boues peuvent être évacuées par une sortie 25 ou recirculer par des moyens de circulation 26 du filtrat en entrée 27 du réacteur de traitement 18. L'installation selon la présente invention contient avantageusement un second réacteur de traitement 18 a, alimenté par des micromycètes mésophiles ou thermophiles, de préférence positionnée sur le conduit 26. Ce second réacteur 18a constitue alors le
réacteur du traitement complémentaire des boues. Le réacteur 18a est analogue au réacteur 8a décrit précédemment. Les conduits 30 permettent une circulation entre les deux réacteurs 18 et 18a.
Tout comme dans le mode de réalisation décrit précédemment, l'installation comprend un bioréacteur 28 de culture des micromycètes, analogue au bioréacteur 9 décrit précédemment. L'installation selon la présente invention contient en outre avantageusement un bioréacteur 28a, non représenté sur la figure 2, distinct du bioréacteur 28, ledit bioréacteur 28a étant un bioréacteur de culture des micromycètes mésophiles ou thermophiles, qui sont transférés jusqu'au réacteur de traitement 18a par un conduit. Le bioréacteur 28a est analogue au bioréacteur 9a décrit précédemment.
Les micromycètes produits dans le bioréacteur 28 sont conduits vers le réacteur de traitement mixte 18 par une conduite 29, ou sont transférés vers le conduit 26 par une conduite 29a.
Les moyens de filtration à membranes 19 se présentent typiquement sous la forme d'un ou plusieurs modules 31 immergés dans le réacteur de traitement mixte de traitement 18.
Le procédé associe un traitement biologique des eaux résiduaires par boues activées à forte concentration en MES à une séparation de la biomasse de l'eau traitée par les membranes. Les modules de membranes 31 peuvent comprendre une aération à leur base destinée à assurer, d'une part l'apport d'oxygène nécessaire au bon développement de la biomasse (air nécessaire à l'aération des boues : temps requis de contact avec l'oxygène pour l'oxygénation de la culture mixte bactérienne et mycélienne), et d'autre part le passage de la liqueur mixte à travers le tissu membranaire. Un système d'aération à grosses bulles peut parfois être associé à un système fines bulles additionnel afin de satisfaire les besoins.
Un système adapté de contre pression peut être utilisé pour permettre le décolmatage ponctuel des membranes. Un système de contre lavage peut aussi permettre ce décolmatage. La perméabilité des membranes assure la rétention des matières en suspension aussi bien que de la majorité des bactéries et des germes. On pourra utiliser par exemple des membranes fibres creuses hydrophiles ayant une perméabilité de l'ordre de 0,1 à 0,4 μm. Le besoin énergétique total du procédé est de
l'ordre de 2 à 3 kWh/m3 de perméat. Le rendement spécifique est de l'ordre de 0,4 à 0,5 m3 par m2/jour.
Grâce à une telle installation permettant aux espèces mycéliennes de travailler in situ dans la filière eau, l'association d'un procédé de traitement par micromycètes et d'un procédé membranaire rend optimales les conditions de traitement.
Plusieurs avantages sont constatés : ceux du procédé membranaire (qualité de l'eau optimisée ; absence de clarification (ouvrages importants)); dans ce procédé, la concentration en boue (en MES, MVS ....) est supérieure à celle classiquement rencontrée dans la filière boue activée seule. Cette concentration est favorable pour le procédé mycélien. grâce au couplage du procédé, il n'y a plus de "cuve mycélienne" puisque la digestion mycélienne se fait directement dans la boue activée.
Le procédé de réduction du volume de boue est compact et optimisé. Le procédé membranaire, en soi, est décrit par exemple dans des documents tels que Membrane bioreactors for municipal wastewater treatment -Husain et al — WQI March/April 1999.
Mais le couplage traitement aux micromycètes, procédé membranaire, optimise et améliore encore davantage le traitement. Par ailleurs, les membranes constituant un support des microorganismes lors du décolmatage à l'air, le film formé n'est pas totalement détaché du tissu membranaire, ceci est un avantage. En effet, le cocktail mycélien sélectionné se développe et dégrade la matière organique indépendamment de ce "contact intime" créé par la membrane entre la boue et les souches mycéliennes constitutives elles-mêmes de la boue. Néanmoins, ce film de contact accélère la réaction de dégradation. En outre, certaines espèces de mycètes à caractères spécifiques permettent de purifier les parasites éventuels. Ce procédé permet également avantageusement la recirculation du filtrat soit dans le réacteur 18 soit dans le bioréacteur 28 selon l'application : dans ce filtrat, des espèces sont encore préservées et recyclées. Par ailleurs, on peut sélectionner le cocktail mycélien en fonction de la texture de la membrane. On sélectionnera un cocktail adapté et qui favorisera le développement d'espèces, toujours selon un mode catabolique, qui n'endommagera pas les tissus
membranaires. Les critères de travail restent les mêmes sur les membranes, le débit de travail est très différent selon les installations en moyenne 20 à 30 l/m2/h pour des membranes réalisées sous forme de plaque par exemple.
On présente maintenant un exemple de réalisation de la présente invention.
La dégradation des boues est ici réalisée au sein de deux réacteurs de traitement couplés entre eux de manière à autoriser une circulation entre le premier réacteur du traitement de base et le second réacteur du traitement complémentaire, de taille inférieure au premier. Des vannes de circulation permettent de réguler le taux de circulation entre les deux réacteurs.
Le premier réacteur est alimenté périodiquement par des micromycètes et le second réacteur est alimenté périodiquement par des micromycètes thermophiles. Le premier réacteur est maintenu à l'aide d'un thermostat à une température de l'ordre de
20 °C et le second réacteur est maintenu à l'aide d'un thermostat à une température de l'ordre de 60 0C.
Le volume du premier réacteur est de l'ordre de 1000 litres, et le volume du second réacteur est de l'ordre de 300 litres.
Le premier réacteur est alimenté à l'aide de boues, avec un débit d'alimentation et d'extraction de 50 à 100 litres/jour. 100 litres de boues provenant de ce premier réacteur sont transférés dans le second réacteur avec un débit de recirculation de l'ordre de 100 litres/jour.
Les boues ont un temps de séjour de l'ordre de 3 jours au sein du second réacteur. Les boues ont un temps de séjour de l'ordre de 20 jours au sein du premier réacteur, lorsque le débit d'alimentation est de 50 litres/jour. Les boues ont un temps de séjour de l'ordre de 10 jours au sein du premier réacteur, lorsque le débit d'alimentation est de 100 litres/jour.
On constate alors des dégradations de la matière organique de l'ordre de 40 à 50 % en moyenne, qui correspondent à une différence de quantité entrante dans le système et d'une quantité sortante du système. ' Lorsque les vannes de la boucle de recirculation entre les deux réacteurs sont fermées, les performances de dégradation sont de l'ordre de 30% de réduction de la matière organique sous forme d'éléments gazeux (CO2 et H2O). Lorsque les vannes de
la boucle de recirculation entre les deux réacteurs sont ouvertes, la recirculation opère et les performances du procédé sont potentialisées de 10 à 20% de majoration de rendement.