MATERIAU FILABLE, COMPOSITION COSMÉTIQUE FILABLE, COMPOSITION DE MAQUILLAGE ET PROCÉDÉ DE
MAQUILLAGE
La présente invention est relative à un matériau filable, à une composition cosmétique comprenant ce matériau filable, et à un procédé de maquillage des matières kératiniques mettant en œuvre la composition cosmétique. En cosmétique, notamment pour le maquillage des matières kératiniques telles que la peau, les cheveux, les ongles, les cils et sourcils, les lèvres et toute autre zone du corps et du visage, et en décoration, il est intéressant de disposer d'un matériau suffisamment consistant, modelable et présentant un caractère filant qui . puisse être étalé puis étiré à la main ou à l'aide d'instruments habituellement utilisés, comme une brosse, un peigne, une spatule ou un couteau.
On cherche à obtenir des fils qui, après étirement, sont suffisamment consistants, c'est-à-dire qu'ils doivent conserver leur forme, ne pas se rétracter, ni s'affaisser sous l'action de leur propre poids, par exemple dans le cas des maquillages de scène, des cheveux ou des cils.
Une augmentation rapide de la consistance du matériau après son application peut être obtenue par un passage de l'état liquide à l'état solide par refroidissement, mais la mise en œuvre est difficile dans le domaine de la cosmétique.
En effet, ce changement d'état nécessite le chauffage du matériau au moment de son utilisation et une température de fusion supérieure à la température ambiante tout en restant suffisamment basse pour éviter tout risque de brûlure ou de sensation de brûlure lors de son application.
Pour augmenter la consistance, on peut aussi utiliser un ou plusieurs corps chimiques solides à température ambiante, dispersés,
solubilisés ou gonflés par des solvants volatils. Ces solvants s'evaporant ensuite, il se produit une augmentation de la concentration des corps chimiques solides. On peut alors obtenir une augmentation suffisante de la consistance. Cette utilisation de solvants organiques présente un inconvénient du fait qu'il faut avoir recours à des solvants inoffensifs, et en cosmétique le solvant préféré est l'eau, mais elle est très peu volatile à température ambiante.
Par ailleurs, les matériaux pouvant présenter un caractère filant connus sont les solutions de tensioactifs plus ou moins gélifiées, les polymères fondus, les gels, les sol-gels et les dérivés de produits pétroliers tels que les fibres de carbone, mais ils présentent des inconvénients tels que manque de consistance et rupture des fils, nécessité d'une vitesse de déformation élevée, d'une température élevée, d'un choc thermique pour filer puis figer les fils obtenus ou d'un traitement de stabilisation des fibres.
La demanderesse a trouvé de manière surprenante que certains matériaux comportant une certaine organisation de phases étaient consistants et modelables à température ambiante, et permettaient de former des fils par simple étirement à la main ou à l'aide d'un instrument tel qu'une brosse, un peigne, une spatule ou un couteau. Ces matériaux filables comprennent, à température ambiante, 1) au moins une phase mésomorphe de type hexagonal direct ou lamellaire fluide, et 2) au moins une phase solide cristalline ou amorphe, et/ou une phase mésomorphe de type cubique ou lamellaire gel.
Par "température ambiante", on entend une température d'environ 25 °C.
La consistance de ces matériaux filables est évaluée par la mesure des propriétés rhéologiques en mode oscillations dans leur domaine viscoélastique linéaire. Ils présentent alors un module complexe G* compris entre 102 et 106 Pa, de préférence entre 103 et
105 Pa, et un angle de perte δ compris entre 0° et 45°, de préférence
entre 10° et 40°, à 25 °C et pour des fréquences allant de 10'2 Hz à 1 Hz.
En outre, en cosmétique, après application sur les cheveux, les cils ou les sourcils, le matériau filable présente l'avantage de n'adhérer ni sur lui-même, ni sur d'autres surfaces et il peut être facilement éliminé par lavage à l'eau ou par utilisation d'un produit démaquillant tel qu'une lotion à base d'une solution de tensioactifs.
La présente invention a donc pour objet un matériau filable comportant, à température ambiante, au moins une phase mésomorphe de type hexagonale directe ou lamellaire fluide, et au moins une phase solide cristalline ou amorphe, et/ou une phase mésomorphe de type cubique ou lamellaire gel, et présentant en mode oscillations dans son domaine viscoélastique linéaire, un module complexe G* compris entre 102 et 106 Pa, de préférence entre 103 et 105 Pa, et un angle de perte δ compris entre 0° et 45°, de préférence entre 10° et 40°, à 25 °C et pour des fréquences allant de 10'2 Hz à 1 Hz.
Un autre objet de l'invention consiste en une composition cosmétique filable comprenant ledit matériau filable.
La présente invention a également pour objet une composition de maquillage.
La présente invention a encore pour objet un procédé de maquillage des matières kératiniques mettant en œuvre la composition cosmétique filable.
D'autres objets, caractéristiques, aspects et avantages de l'invention apparaîtront encore plus clairement à la lecture, de la description et des divers exemples qui suivent.
La présente invention concerne un matériau filable comportant, à température ambiante,
1) au moins une phase mésomorphe de type lamellaire fluide ou hexagonal direct, et
2) au moins une phase solide cristalline, solide amorphe et/ou une phase mésomorphe de type lamellaire gel ou cubique.
Par phase lamellaire fluide (phase D selon Ek all, Advances in Liquid Crystals, vol. 1, pages 1-143, Acad. Press, 1975, Ed. G. H.
Brown), on entend une phase cristal liquide à symétrie plane, comprenant plusieurs bicouches de composés amphiphiles disposées en parallèle et séparées par un milieu liquide qui est généralement de l'eau. Par phase hexagonale directe (phase F selon Ek all, Advances in Liquid Crystals, vol. 1, pages 1-143, Acad. Press, 1975, Ed. G. H. Brown), on entend une phase cristal liquide à arrangement hexagonal de cylindres parallèles constitués d'un composé amphiphile et séparés par un milieu liquide qui est généralement de l'eau. Par phase cubique, on entend une phase organisée de manière bipolaire en domaines hydrophile et lipophile distincts, en contact étroit et formant un réseau tridimensionnel à symétrie cubique. Une telle organisation a été notamment décrite dans "La Recherche", Vol. 23, pages 306-315, mars 1992 et dans "Lipid Technology", Vol. 2, n° 2, pages 42-45, avril 1990. Selon l'arrangement des domaines hydrophile et lipophile, la phase cubique est dite de type normal ou inverse. Le terme de phase cubique utilisé selon la présente invention regroupe les différents types de phase cubique.
Par phase lamellaire gel ou phase Lβ, on entend une phase dans laquelle les molécules de tensioactifs et/ou plus généralement de composés amphiphiles s'organisent sous forme de couches bimoléculaires espacées par des feuillets aqueux. Au sein des couches bimoléculaires, les molécules sont réparties selon une géométrie hexagonale et leurs chaînes hydrocarbonées sont dans un état cristallin, elles sont orientées perpendiculairement au plan des couches bimoléculaires mais n'ont pas d'orientation spécifique les unes par rapport aux autres dans le plan de ces couches (Handbook of lipid research 4, the physical chemistry of lipids from alkanes to phospholipids, D. M. Small Editor, 1986, Plénum Press, p. 51-56). Les phases lamellaires gels sont par exemple connues dans le domaine des savons hydratés.
Les matériaux filables selon l'invention sont caractérisés par des propriétés rhéologiques particulières en mode oscillations dans leur domaine viscoélastique linéaire. Ils présentent un module
complexe G* compris entre 102 et 106 Pa, de préférence entre 103 et 105 Pa, un angle de perte δ compris entre 0° et 45°, de préférence entre 10° et 40°, à température ambiante et pour des fréquences allant de 10"2 Hz à 1 Hz. On entend par domaine viscoélastique linéaire, la plage d'amplitude de contrainte (τ0) définie par 0 < τ0 ≤τ0 dans laquelle les valeurs de G* et δ mesurées à une fréquence fixe, sont indépendantes de τ0.
En outre, ces matériaux sont caractérisés par le fait qu'en dehors du domaine viscoélastique linéaire, pour lequel τ > τoc, pour une fréquence de 1 Hz, la valeur du module complexe diminue au plus d'un facteur 10 lorsque l'amplitude de la contrainte passe de τoe à 10 τ00,xoc étant déterminé à la fréquence de 1 Hz.
G* et δ sont les paramètres viscoélastiques utilisés pour mesurer les propriétés physiques des fluides viscoélastiques. Ils ont été mesurés au moyen d'un rhéomètre Haake RS 150 à 25 °C avec des corps de géométrie cône-plan (diamètre du cône et dimension du plan de 35 mm, angle du cône de 2°, et entrefer entre le cône et le plan de 0, 1 mm). Le matériau filable selon l'invention comprend de préférence au moins de l'eau, au moins un tensioactif hydrosoluble et au moins un tensioactif insoluble dans l'eau, les tensioactifs étant choisis parmi les tensioactifs anioniques, amphotères ou zwittérioniques, cationiques, non ioniques, et leurs mélanges. Par tensioactif hydrosoluble, on entend un tensioactif qui, à une concentration de 20 g/1 dans l'eau permutée à une température de 25 °C, donne une solution isotrope transparente, fluide et ne contenant pas de particules détectables en microscopie optique.
Les tensioactifs hydrosolubles constituent tout ou partie de la ou des phases mésomorphes du type lamellaire fluide et/ou hexagonal direct du matériau.
Les tensioactifs hydrosolubles convenant dans la présente invention sont ceux bien connus dans la technique et sont choisis
parmi les tensioactifs anioniques, amphotères ou zwittérioniques, cationiques, non ioniques, et leurs mélanges.
Comme tensioactifs anioniques hydrosolubles, on peut utiliser les sels d'acides carboxyliques à chaîne alkyle linéaire ou ramifiée, saturée ou insaturée, comportant de 6 à 14 atomes de carbone, de préférence de 10 à 14 atomes de carbone, comme les sels d'acide laurique et d'acide myristique ; et leurs mélanges. Les sels sont, par exemple, les sels de métal alcalin ou alcalino-terreux, les sels d'ammoniaque, d'aminoalcool, ou d'aminoacide, tels que les sels de sodium, de potassium, de magnésium, de triéthanolamine, de N- méthylglucamine, de lysine ou d'arginine.
Comme sel d'acide carboxylique utilisables dans la présente invention, on peut notamment citer le sel de N-méthylglucamine de l'acide laurique et le sel de N-méthylglucamine de l'acide myristique. Comme autres tensioactifs anioniques hydrosolubles convenant dans la présente invention, on peut notamment citer les sels d'acides carboxyliques éthoxylés ; les galacturonates, les sarcosinates et acylsarcosinates tels que le laurylsarcosinate de sodium ; les taurates et méthyltaurates ; les iséthionates et acyliséthionates tels que l'iséthionate de sodium et le cocoyliséthionate de sodium ; les sulfosuccinates ; les alkylsulfates et alkyléthersulfates comme le laurylsulfate de sodium ou de triéthanolamine, le lauryléthersulfate de sodium ou de potassium ; les esters monoalkyliques ou dialkyliques d'acide phosphorique tels que, par exemple, le monolauryl- ou dilaurylphosphate de sodium, de potassium ou de triéthanolamine, le myristylphosphate de sodium, de potassium ou de diéthanolamine ; les alcane-sulfonates ; les sels biliaires tels que les cholates, déoxycholates, taurocholates, taurodéoxycholates ; les lipoaminoacides et leurs sels tels que les acylglutamates mono- ou disodiques ; les acylalginates, les acylaspartates, les tensioactifs géminés, bipolaires tels que ceux décrits dans Surfactant Science Séries, Vol. 74, édité par Krister Homberg. Les groupes alkyle et acyle des composés ci-dessus comportent notamment 1 à 14 atomes de carbone.
A titre de tensioactifs hydrosolubles amphotères ou zwitterioniques, on peut citer, comme exemples, les betaïnes telles que la diméthylbétaïne ; les sulfobétaïnes telles que la cocoamidopropyl- hydroxysultaïne ; les (alkyl en Cj.14)amphoacétates tels que le cocoamphodiacétate ; et leurs mélanges.
Comme tensioactifs cationiques hydrosolubles, on peut utiliser dans la présente invention, des sels de (alkyl en C,.^)- triméthylammonium tels que, par exemple, les chlorures, les bromures et acétates de décyltriméthylammonium, dodécyltriméthylammonium, tétradécyltriméthylammonium et hexadécyltriméthylammonium.
Comme tensioactifs non ioniques hydrosolubles, on peut utiliser, par exemple, les éthers de polyols tels que les éthers de sorbitol ou de glycéryle oxyéthylénés ; les éthers et esters de polyglycerol ; les éthers polyoxyethylénés d'alcools gras comportant au moins une chaîne d'alcools gras ayant de 10 à 22 atomes de carbone et dont la solubilité dépend du nombre de motifs oxyéthylène et de la longueur de la chaîne grasse. Par exemple, pour une chaîne grasse comportant 12 atomes de carbone, le nombre de motifs oxyéthylène doit être supérieur à 7. A titre d'exemples, on peut notamment citer les éthers d'alcool laurylique comportant plus de 7 motifs oxyéthylène ; les alkylpolyglucosides dont le groupe alkyle comporte de 1 à 14 atomes de carbone, tels que le décylglucoside, le laurylglucoside et le cocoylglucoside ; les (alkyl en C!.14)glucopyranosides et les (alkyl en C1-14)thioglucopyranosides ; les (alkyl en C1.14)maltosides ; les (alkyl en C1-ι4)-N-méthylglucamides ; les esters de sorbitan polyoxyethylénés qui comportent généralement de 1 à 100 motifs oxyéthylène et de préférence de 2 à 40 motifs oxyéthylène ; les esters d'aminoalcool et leurs mélanges.
De préférence, on utilise comme tensioactifs hydrosolubles les sels d'acides carboxyliques en C6.14.
Le matériau filable selon l'invention comprend de préférence les tensioactifs hydrosolubles en une quantité de 5 à 75 % en poids, mieux encore 10 à 50 % en poids par rapport au poids total du matériau filable.
Par tensioactif insoluble dans l'eau, on entend un tensioactif qui, à une concentration de 20 g/1 dans l'eau permutée à une température ambiante, donne une solution trouble indiquant la non solubilisation du tensioactif dans l'eau. Les tensioactifs insolubles dans l'eau contribuent à apporter la texture, c'est-à-dire la consistance du matériau final. Ils constituent tout ou partie de la phase mésomorphe lamellaire gel et/ou des phases solides cristallines ou amorphes du matériau.
Les tensioactifs insolubles dans l'eau convenant dans la présente invention sont ceux bien connus dans la technique et sont choisis parmi les tensioactifs anioniques, amphotères ou zwitterioniques, cationiques, non ioniques, et leurs mélanges.
Comme tensioactifs anioniques insolubles dans l'eau, on peut notamment citer les sels d'acides carboxyliques comportant une chaîne alkyle linéaire ou ramifiée, saturée ou insaturée, comportant de 15 à
34 atomes de carbone, de préférence de 16 à 22 atomes de carbone, comme les sels d'acide palmitique ou stéarique ; et leurs mélanges. Les sels d'acide carboxylique comportant une chaîne grasse comportent de préférence 15 à 32 atomes de carbone, mieux encore de 16 à 22 atomes de carbone, tandis que les sels comportant une chaîne grasse mono- insaturée ou polyinsaturée ou ramifiée, comportent de préférence de 16 à 34 atomes de carbone, et mieux encore de 18 à 24 atomes de carbone. Le sels sont, par exemple, les sels de métal alcalin ou alcalino-terreux, les sels d'ammoniaque, d'aminoalcool, ou d'aminoacide, tels que les sels de sodium, de potassium, de magnésium, de triéthanolamine, de N-méthylglucamine, de lysine ou d'arginine.
Comme sel d'acide carboxylique convenant particulièrement dans la présente invention, on peut notamment citer les sels de sodium des acides gras en C16-C22, le sel de potassium des acides gras en C16-
C22, les sels de N-méthylglucamine des acides gras en Cι6-C22, par exemple, le sel de N-méthylglucamine de l'acide palmitique et le sel de N-méthylglucamine de l'acide stéarique.
Comme autres tensioactifs anioniques insolubles dans l'eau et utilisables dans la présente invention, on peut notamment citer les sels comportant des chaînes alkyle en C16-C30 tels que les alkylsulfates, les alkyléthersulfates, les dialkylphosphates, par exemple, les sels de métal alcalin ou d'aminoalcool, et en particulier les sels de sodium, de potassium ou de N-métylglucamine, du dicetylphosphate ou du dimyristylphosphate ; les alcane-sulfonates, les lipoaminoacides et leurs sels ; les sels de métal alcalin et d'aminoalcool du cholestérol- sulfate ou du cholestérol-phosphate. A titre de tensioactifs amphotères ou zwitterioniques insolubles dans l'eau, on peut citer comme exemples les (alkyl C16.30)bétaïnes et les (alkyl C16-30)sulfobétaïnes ; les lécithines et les sphingomyélines.
Comme tensioactifs cationiques insolubles dans l'eau utilisables dans la présente invention, on peut notamment citer les sels de (alkyl en C17-C30)triméthylammonium tels que les chlorures, les bromures et acétates d'octadécyltriméthylammonium, et les sels de di(alkyl en C12-C22)diméthylammonium tels que les chlorures, les bromures et acétates de didodécyldiméthylammonium, de ditétradécyl- diméthylammonium, de dihexadécyldiméthylammonium et de dioctadécyldiméthylammonium.
Comme tensioactifs non ioniques insolubles dans l'eau utilisables dans la présente invention, on peut citer les éthers de glycéryle ; les esters de glycéryle et d'acides gras en C14-C30, tels que le stéarate de glycéryle ; les éthers polyoxyethylénés d'alcools gras comportant en particulier moins de 10 motifs oxyéthylène ; les alkylpolyglucosides dont le groupe alkyle comporte de 16 à 30 atomes de carbone ; les (alkyl en C,6.30)glucopyranosides et les (alkyl en C16_30)thioglucopyranosides ; les (alkyl en C16.30)maltosides ; les (alkyl en C16.30)méthylglucamides ; les esters de sorbitan polyoxyethylénés ; les esters d'aminoalcool ; les stérols et phytostérols éventuellement oxyéthylénés ; les céramides ; les alcools gras comportant de 8 à 30 atomes de carbone ; les éthers et esters d'alcools gras en Cι6.30 ; et leurs mélanges.
Le matériau filable selon l'invention comprend de préférence les tensioactifs insolubles dans l'eau en une quantité allant de 5 à 90 % en poids, mieux encore de 10 à 60 % en poids, par rapport au poids total du matériau filable. Le matériau filable selon l'invention peut comprendre en outre des additifs en une quantité allant jusqu'à 75 % en poids, de préférence en une quantité de 0 à 50 % par rapport au poids total du matériau filable.
Les additifs sont destinés à constituer tout ou partie des phases solides cristallines ou amorphes éventuellement présentes dans le matériau. On peut utiliser tout additif bien connu dans la technique telle que des charges minérales ou organiques comme les argiles, par exemple, les smectites, les hectorites modifiées ou non, par exemple celles vendues sous les noms commerciaux BENTONE® par la société RHEOX, LAPONITE® par la société SOUTHERN CLAY PRODUCTS,
VEEGUM® HS par la société RT VANDERBILT ; des pigments, des nacres, des colorants, des poudres de silice, du talc, de l'amidon, du polyéthylène, des poudres ou fibres de rayonne, de nylon ou de polyamide. Le matériau filable peut comprendre des solvants choisis parmi les alcools inférieurs comportant de 1 à 6 atomes de carbone tels que l'éthanol ; les polyols tels que la glycérine ; les glycols tels que le butylèneglycol, l'isoprèneglycol, le propylèneglycol, les polyéthylèneglycols tels que le PEG-8 ; le sorbitol ; les sucres tels que le glucose, le fructose, le maltose, le lactose ou le saccharose ; et leurs mélanges.
Ces solvants sont de préférence contenus dans le matériau filable selon l'invention en une quantité de 0,5 à 90 % en poids, de préférence de 1 % à 30 % en poids par rapport au poids total du matériau filable.
Pour obtenir des matériaux plus ou moins fluides, on peut également introduire dans le matériau un ou plusieurs agents épaississants en une quantité allant de préférence de 0,05 à 5 % en poids par rapport au poids total du matériau filable.
Comme agents épaississants, on peut notamment citer les biopolymères polysaccharidiques comme la gomme de xanthane, la gomme de guar, les alginates et les celluloses modifiées ; les polymères synthétiques tels que les polymères acryliques comme le CARBOPOL® 980 commercialisé par la société GOODRICH, les copolymères acrylate/acrylonitrile tels que le HYPAN® SS201 commercialisé par la société KINGSTON, et leurs mélanges.
La présente invention concerne aussi une composition cosmétique filable comprenant un matériau filable tel que décrit ci- dessus.
La composition cosmétique peut comprendre en outre des adjuvants habituellement utilisés dans le domaine cosmétique, tels que les huiles hydrocarbonées, fluorées, siliconées, volatiles ou non, les parfums, les conservateurs, les séquestrants (par exemple, les sels de métal alcalin de l'acide éthylène-diamine-tétraacétique (EDTA)), les filtres solaires, les agents de stabilisation du pH, les conservateurs et leurs mélanges.
L'homme de métier veillera à choisir les éventuels adjuvants et leur quantité de manière à ce qu'ils ne nuisent pas aux propriétés des compositions de la présente invention.
Ces adjuvants sont présents dans la composition selon l'invention en une quantité allant de 0 à 20 % en poids par rapport au poids total de la composition.
Les compositions cosmétiques selon l'invention peuvent être utilisées comme produits de maquillage des matières kératiniques telles que la peau, les cheveux, le cuir chevelu, les ongles, les cils et sourcils, les lèvres et toute autre zone du corps et du visage, notamment pour le maquillage de la peau (corps ou visage, y compris les paupières), du cuir chevelu, des cheveux, des cils ou des sourcils, par exemple comme mascara.
La présente invention concerne aussi une composition de maquillage de la peau, du cuir chevelu, des cheveux, des cils ou des sourcils comprenant la composition cosmétique filable telle que
décrite ci-dessus. Cette composition de maquillage peut se présenter, par exemple, sous la forme d'un mascara.
La présente invention a également pour objet un procédé cosmétique de maquillage des matières kératiniques, qui consiste à appliquer la composition cosmétique filable telle que définie ci- dessus, sur les matières kératiniques et à étirer la composition déposée à l'aide de ses doigts ou d'un instrument approprié tel qu'un peigne ou une brosse.
Les exemples suivants illustrent la présente invention et ne doivent être considérés en aucune manière comme limitant l'invention.
EXEMPLES
Les quantités indiquées en % sont en % en poids sauf indication contraire.
Exemple 1
On a préparé une composition à partir des ingrédients suivants:
Acide laurique 3 %
Acide myristique 6 %
Acide palmitique 10 %
Acide isostéarique 10 %
Stéarate de glycéryle 5 %
N-méthylglucamine 14,9 %
Cocoamphodiacétate disodique 2 %
PEG-8 3 %
Glycérine 7 %
EDTA tétrasodique 0,2 %
Conservateurs 0,4 %
Eau qsp 100 %
Dans un premier temps, on a mélangé les conservateurs, l'EDTA, la glycérine, le PEG-8 et l'eau, et on a porté le mélange à 80 °C.
Dans un deuxième temps, on a chauffé le mélange contenant les acides gras et le stéarate de glycéryle, et on a ajouté le mélange à la phase aqueuse sous agitation. On a ensuite ajouté le cocoamphodiacétate disodique, puis la N-méthylglucamine solubilisée dans de l'eau. On a maintenu l'agitation pendant 10 minutes à 80 °C et on a refroidi l'ensemble sous agitation.
On a obtenu une composition homogène, opaque, légèrement jaunâtre et consistante.
On a ensuite déterminé la nature des phases cristallines en présence à 25 °C, par des observations par microscopie optique et par une analyse par diffraction des rayons X. On a alors trouvé que la composition de l'exemple 1 présente une phase cristalline et une phase mésomorphe de type lamellaire fluide.
Exemple 2
On a préparé une composition à partir des ingrédients suivants:
Acide laurique 6 %
Acide myristique 6 %
Acide palmitique 6,5 %
Acide isostéarique 6,5 %
Stéarate de glycéryle 2,75 %
N-méthylglucamine 16,3 %
Cocoamphodiacétate disodique 4 %
PEG-8 4 %
Glycérine 4 %
EDTA tétrasodique 0,2 %
Conservateurs 0,4 %
Eau qsp 100 %
On a suivi le même mode opératoire que celui de l'exemple 1. On a obtenu une composition homogène, opaque, blanche et consistante. On a ensuite déterminé la nature des phases cristallines en présence à 25 °C, par des observations par microscopie optique et par une analyse par diffraction des rayons X. On a alors trouvé que la composition de l'exemple 2 présente une phase mésomorphe de type lamellaire gel et une phase mésomorphe de type lamellaire fluide.
Comportement rhéologique des compositions des exemples 1 et 2
On a réalisé des mesures du module complexe et de l'angle de perte pour des fréquences de 10"2 Hz et de 1 Hz. Les mesures ont été réalisées au moyen d'un rhéomètre Haake RS 150 à 25 °C avec des corps de géométrie cône-plan (diamètre du cône et dimension du plan
de 35 mm, angle du cône de 2°, et entrefer entre le cône et le plan de 0, 1 mm). Les résultats sont indiqués dans le tableau 1 suivant :
Tableau 1
Test de maquillage des cils
Des éprouvettes de cheveux ont été maquillées à l'aide d'un peigne à cils. Chaque éprouvette de cheveux est constituée d'un segment de
44 cheveux noués côte à côte sur une cordelette sur une longueur totale de 5 mm. La longueur individuelle de chaque cheveu est de 20 mm et le diamètre moyen est de 75 μm.
Le peigne à cils est du type de ceux utilisés dans les articles de conditionnement de mascara en matière plastique. Il comprend 27 dents réparties sur une longueur de 23 mm, chaque dent mesurant 2 mm.
Les éprouvettes ont été maquillées par 5 passages successifs du peigne préalablement trempé dans les compositions des exemples 1 et 2.
Les résultats sont regroupés dans le tableau 2 suivant.
Tableau 2