SUSPENSION D'OXYDE DE CERIUM
Domaine technique
La présente invention est relative à une suspension de particules d'oxyde de cérium dans un mélange de solvants polaires. L'invention est aussi relative au procédé de préparation de cette suspension ainsi qu'à l'utilisation de celle-ci pour disperser des particules d'oxyde de cérium dans au moins un polymère.
Problème technique
Les particules d'oxyde de cérium ont des propriétés anti-UV. Leur incorporation dans un polymère peut être réalisée par extrusion mais pour certains polymères difficiles à extruder, l'incorporation peut consister à dissoudre le polymère dans un solvant ou un mélange de solvants, à ajouter une suspension comprenant des particules d'oxyde de cérium dans un solvant polaire, puis à évaporer le solvant. Pour certains polymères polaires comme le polyimide, il est nécessaire que le solvant soit suffisamment polaire pour dissoudre le polymère. La N-méthyl pyrrolidone (NMP ou 1 -méthyl-2-pyrrolidone) est un solvant très polaire qui peut dissoudre le polyimide mais ce solvant est également toxique. II est également nécessaire que la suspension des particules d'oxyde de cérium soit stable dans le temps.
Le problème technique à résoudre est donc de mettre au point une suspension stable de particules d'oxyde de cérium dans un solvant polaire.
Arrière plan technique
US 2016/0053203 et WO 16014763 décrivent des mélanges de solvants polaires pour enlever des traces de peinture. Aucune mention n'est faite d'une suspension de particules d'oxyde de cérium.
US 8,703,085 décrit des particules d'oxyde de cérium cristallisé
US 9,193,850 décrit un composite sous forme d'une matrice en polyimide dans laquelle sont dispersées des particules d'un oxyde dont la surface a été modifiée.
Description détaillée
S'agissant de la suspension selon l'invention, celle-ci comprend des particules d'oxyde de cérium dans un mélange de DMSO et d'au moins un composé Si de formule (I) :
dans laquelle
■ A désigne un groupe (C2-C5)-alkylène ;
■ Ri est un groupe (d-C4)-alkyle ;
■ R2 et R3 sont deux groupes (CrC4)-alkyles, identiques ou différents.
Les particules sont avantageusement des particules nanométriques. Elles présentent une taille moyenne inférieure ou égale à 200 nm. Elles peuvent présenter au moins l'une des caractéristiques suivantes :
■ une taille moyenne ÔDR déterminée par la technique de diffraction des rayons X inférieure ou égale à 100 nm ;
■ une taille moyenne dMET déterminée à l'aide de la microscopie électronique par transmission (MET) inférieure ou égale à 200 nm ;
■ une taille moyenne deET déterminée à partir de la mesure de la surface spécifique BET inférieure ou égale à 100 nm ;
■ une taille moyenne d5o déterminée à partir d'une distribution en volume des diamètres des particules obtenue à l'aide de la technique de diffusion dynamique de la lumière inférieure ou égale à 200 nm. dDRx correspond à la taille t du domaine cohérent calculé à partir de la largeur d'une ou de plusieurs raies de diffraction les plus intenses et en utilisant le modèle de Scherrer. Selon ce modèle, on utilise la formule suivante :
k - A
ί ^
y M ····· $~ ■ cost)
t : taille à l'angle 2Θ (thêta) ;
k : facteur de forme valant 0,9 ;
λ (lambda) : longueur d'onde du faisceau incident 1 ,54 Angstrom ;
H : largeur à mi-hauteur du pic ;
s : largeur due au défaut de l'optique instrumentale qui dépend de l'instrument utilisé et de l'angle Θ (thêta) ;
Θ : angle de Bragg.
Lorsqu'on utilise plusieurs raies de diffraction, on retient la moyenne arithmétique des tailles t correspondant à ces raies. Dans le cas de l'oxyde de cérium, ÔDRX
correspond à la moyenne arithmétique de trois tailles ti, t
2 et t
3 déterminées à partir de la formule de Scherrer ci-dessus sur les trois pics aux angles 2Θ (2 thêta) suivants : 28,6° ; 47,5° et 56,4° ou aux angles suivants : 28,6°±0,1 ; 47,5°±0,1 et 56,4°±0,1 . dûRx peut varier dans une large gamme allant de 0,1 à 200 nm, voire de 0,1 à 100 nm, de préférence de 0,5 à 100 nm. Plus particulièrement, ÔDRX peut être compris entre 80 et 100 nm ; ou entre 45 et 65 nm ; ou entre 25 et 45 nm ; ou entre 15 et 30 nm ; ou entre 6 et 15 nm ; ou entre 2 et 4 nm. di iET est calculé à partir d'une distribution des diamètres des particules déterminés à l'aide de la microscopie électronique par transmission (MET). Les particules présentent un dMET inférieur ou égal à 200 nm, dMET étant calculé à partir d'une distribution de diamètres des particules déterminés à l'aide de la microscopie électronique par transmission (MET). Il est également possible de caractériser les particules à l'aide de l'écart-type SMET qui est inférieur à 35% dudit diamètre moyen, SMET étant calculé à partir d'une distribution de diamètres des particules déterminés à l'aide de la microscopie électronique par transmission (MET). La méthode pour obtenir la distribution consiste à mesurer le diamètre d'au moins 300 particules sur un ou plusieurs cliché(s) de microscopie électronique. L'agrandissement du microscope qui est retenu doit permettre de distinguer nettement les images des particules sur un cliché. L'agrandissement peut être par exemple compris entre 50 000 et 500 000. Le diamètre d'une particule qui est retenu est celui du cercle minimum permettant de circonscrire l'intégralité de l'image de la particule telle qu'elle est visible sur un cliché MET. Le terme "cercle minimum" (en Anglais, "minimal enclosing circle") a le sens qui lui est donné en mathématique et représente le cercle de diamètre minimum permettant de contenir un ensemble de points d'un plan. Ne sont retenues que les particules dont au moins la moitié du périmètre est définie. On peut utiliser le logiciel ImageJ pour réaliser plus simplement le traitement ; ce logiciel en libre accès a été développé initialement par l'institut américain NIH et est disponible à l'adresse suivante : http://rsb.info.nih.gov ou http://rsb.info.nih.gov/ij/dovvnload.html . Après avoir déterminé les diamètres des particules retenus par la méthode ci- dessus, on regroupe lesdits diamètres en plusieurs classes granulométriques allant de 0 à 500 nm, la largeur de chaque classe étant de 1 nm. Le nombre de
particules dans chaque classe est la donnée de base pour représenter la distribution en nombre (cumulée). A partir de la distribution, on détermine le diamètre moyen dMET qui correspond au diamètre médian tel qu'il est entendu classiquement en statistique. dMET est tel que 50% des particules (en nombre) prises en compte sur le ou les cliché(s) MET ont un diamètre plus petit que cette valeur. A partir de cette distribution, il est également possible de déterminer l'écart-type SMET qui a le sens habituel utilisé en mathématique et qui peut être défini comme la racine carrée de la variance :

n est le nombre de particules (dites primaires) prises en compte sur le ou les clichés MEB ;
X, est le diamètre d'une particule i sur le ou les clichés MEB ;
est le diamètre moyen des n particules, calculé selon la formule 1/n∑ =1
Plus particulièrement, dMET peut être compris entre 150 et 200 nm ; ou entre 70 et 1 10 nm ; ou entre 35 et 70 nm ; ou entre 15 et 35 nm ; ou entre 6 et 15 nm ; ou entre 2 et 5 nm. d5o correspond au diamètre médian tel qu'il est entendu classiquement en statistique, déterminé à partir d'une distribution en volume des diamètres des particules obtenue à l'aide de la technique de diffusion dynamique de la lumière (appelée aussi DLS pour dynamic light scattering). Cette technique est particulièrement adaptée à des particules submicroniques. Il s'agit donc de la valeur pour laquelle sur la courbe cumulative en volume de la distribution, 50% des particules ont un diamètre supérieur à d5o et 50% des particules ont un diamètre inférieur à d5o. On peut utiliser le Zetasizer Nano ZS de la société Malvern Instruments en suivant les recommandations et en utilisant le logiciel du constructeur pour obtenir une telle distribution. On notera que d5o est généralement supérieur à dMET car les particules peuvent s'agglomérer.
La surface spécifique est déterminée quant à elle par adsorption d'azote sur une poudre séchée à 100°C une nuit et placée dans une étude à 200°C pendant 2 heures juste avant la mesure, en application de la méthode Brunauer-Emmet- Teller qui a été décrite dans J. Am. Chem. Soc. 1938, 60, p.309. Le principe de
cette méthode est décrite aussi dans ASTM D3663-03. On peut utiliser l'appareil Flowsorb II 2300 de Shimadzu pour déterminer de façon automatisée la surface spécifique BET en suivant les recommandations du constructeur. Il est possible à partir de la surface spécifique BET de la poudre ainsi mesurée de déterminer un diamètre équivalent noté dBET calculé à partir de la formule suivante :
dBET = 6 / (surface spécifique x masse volumique).
On retient une masse volumique de 7200 kg/m3 pour les particules de l'invention. Par exemple, dans le cas d'une poudre d'oxyde de cérium présentant une surface spécifique de 14 m2/g, on a d BET - 59,5 nm.
Plus particulièrement, les particules se caractérisent par une taille moyenne dMET inférieure ou égale à 200 nm et une taille moyenne ÔDRX inférieure ou égale à 1 00 nm. Plus particulièrement encore, les particules peuvent présenter les caractéristiques suivantes :
dMET entre 1 50 et 200 nm et dDRx entre 80 et 1 00 nm ;
dMET entre 70 et 1 1 0 nm et ÔDRX entre 45 et 65 nm ;
dMET entre 35 et 70 nm et ÔDRX entre 25 et 45 nm ;
dMET entre 1 5 et 35 nm et ÔDRX entre 1 5 et 30 nm ;
dMET entre 6 et 1 5 nm et ÔDRX entre 6 et 1 5 nm ;
dMET entre 2 et 5 nm et ÔDRX entre 2 et 4 nm.
Les particules peuvent aussi présenter un écart-type SMET d'au plus 30% (SMET < 30% x dMET)- Il peut être de préférence inférieur à 25%, plus particulièrement inférieur à 20%, dudit diamètre dMET-
Par ailleurs, les particules peuvent présenter une distribution en volume obtenue à l'aide de la technique de diffusion dynamique de la lumière qui est étroite et qui se caractérise par un indice de dispersion d'au plus 0,5. Cet indice peut être plus particulièrement d'au plus 0,4 et encore plus particulièrement d'au plus 0,3. On entend par indice de dispersion le rapport :
σ/m = (d84 - d i 6)/2 d5o
pour lequel :
- ds4 est le diamètre des particules pour lequel 84% des particules ont un diamètre inférieur à ds4 ;
- d i6 est le diamètre des particules pour lequel 1 6% des particules ont un diamètre inférieur à d i6-
Si est un composé choisi parmi les composés de formule (I) suivante :
dans laquelle
■ A désigne un groupe (C2-C5)-alkylène ;
■ Ri est un groupe (d-C4)-alkyle ;
■ R2 et R3 sont deux groupes (d-C4)-alkyles, identiques ou différents.
Le procédé de préparation des composés de formule (I) est décrit dans la demande WO 2009/092795.
A peut être par exemple choisi dans le groupe suivant : -CHMe-CH2CH2- ; - CH2CH2-CHMe- ; -CHEt-CH2CH2- ou -CH2CH2-CHEt-. Ri peut être par exemple choisi dans le groupe suivant : méthyle, éthyle, propyle, isopropyle, n-butyle, isobutyle. R2 et R3 peuvent par exemple choisi dans le groupe suivant : méthyle, éthyle, propyle, isopropyle, n-butyle, isobutyle. Plus particulièrement, Ri=R2=R3= Me.
Si peut être plus particulièrement choisi parmi les composés de formule :
■ MeOOC-CH2CH2-CONMe2 ;
■ MeOOC-CH2CH2CH2-CONMe2 ;
■ MeOOC-CH2CH2CH2CH2-CONMe2 ;
■ MeOOC-Ai-CONMe2 pour lequel Ai désigne le groupe alkylène de formule -CHMe-CH2CH2- ou bien -CH2CH2-CHMe- ;
■ MeOOC-A2-CONMe2 pour lequel A2 désigne le groupe alkylène de formule -CHEt-CH2CH2- ou bien -CH2CH2-CHEt-.
Si peut aussi désigner un mélange de deux composés ou plus de formule (I), notamment dans le cas où le groupe (C2-C5)-alkylène n'est pas symétrique. Par exemple, Si peut être sous forme d'un mélange des deux composés suivants : MeOOC-CHMe-CH2CH2-CONMe2 et MeOOC-CH2CH2-CHMe-CONMe2.
La proportion massique S1/DMSO peut varier de 1/99 à 60/40, plus particulièrement entre 40/60 et 60/40. En variant la nature de Si et la proportion de Si et de DMSO, il est possible de modifier les propriétés physicochimiques du mélange afin de les adapter à l'utilisation finale. Ainsi, par exemple, il est possible de modifier la polarité du mélange et de la suspension et de l'adapter au polymère. La nature et la proportion de Si sont avantageusement adaptées de
sorte que Si et le DMSO soient compatibles et forme une phase liquide homogène à la température ambiante (15-25°C).
Par ailleurs, le mélange de la suspension permet de maintenir en suspension les particules. Il a été constaté que d'autres mélanges associant un composé Si et un autre solvant polaire que le DMSO tel que le PGMEA ou l'acétate de propylène glycol monométhyl éther ne permettent pas d'obtenir une telle stabilité. Ainsi, avantageusement, la suspension ne comprend donc pas de composé chimique qui déstabiliserait la suspension et entraînerait une précipitation des particules. L'invention est aussi relative à une suspension consistant en :
• des particules d'oxyde de cérium telles que précédemment décrites ;
• un mélange de DMSO et d'au moins un composé Si dans lequelles elles sont dispersées, le composé Si étant de formule (I) :
dans laquelle
■ A désigne un groupe (C2-C5)-alkylène ;
■ Ri est un groupe (d-C4)-alkyle ;
■ R2 et R3 sont deux groupes (d-C4)-alkyles, identiques ou différents. La proportion en poids de l'oxyde de cérium dans la suspension est généralement d'au plus 25% en poids, de préférence d'au plus 10% en poids et encore plus préférentiellement d'au plus 3% en poids par rapport à l'ensemble de la suspension. La suspension peut avantageusement comprendre également au moins un tensioactif anionique afin d'améliorer la stabilité de la suspension, notamment au contact d'un polymère à dissoudre. Le tensioactif anionique comprend avantageusement au moins un groupe anionique Z de formule -COOM, -SO3M ou -P(=O)2(OM), -P(=O)(OM2) dans laquelle M désigne un contre-cation, notamment issu d'un métal alcalin comme par exemple Na+ ou K+. Le tensioactif pourra être plus particulièrement choisi parmi ceux de formule générale (II) :
A-O-B-Z (II)
dans laquelle :
■ A désigne un groupe (d-C2o)-alkyle, linéaire ou branché ;
■ B désigne un groupe de formule -(CH2CH2O)n- ;
■ n désigne un nombre entier compris entre 2 et 60.
Par exemple, le tensioactif anionique pourra être celui de formule
o
, R— OM
O'
n OH
Le tensioactif anionique pourra être par exemple choisi parmi le Rhodafac RS 960, le Rhodafac RS 710 E, le Rhodafac ASI 100, le Rhodasurf TR 4070, le Rhodasurf CET 55, l'Abex 18 S ou le Geropon ACR-4.
Le tensioactif anionique pourra également être plus particulièrement choisi parmi ceux de formule générale (III) :
R4-O-C(=O)-CH2CH(SO3M)-C(=O)-O-R4 (III)
■ M : contre-cation tel que décrit précédemment ;
■ R4 désigné un groupe (C4-Ci7)-alkyle, linéaire ou branché; un groupe - (CH2CH2O)n-X ou un contre-cation M tel que décrit précédemment ;
■ n désigne un nombre entier compris entre 2 et 20 ;
" X désigne un groupe (C4-Ci7)-alkyle linéaire ou branché.
Le tensioactif anionique est en quantité suffisante pour obtenir la stabilité souhaitée. La proportion en poids du tensioactif est généralement d'au plus 10% par rapport à l'ensemble de la suspension et peut être comprise entre 1 et 7%.
La suspension selon l'invention présente les avantages suivants :
■ le DMSO et le composé Si ne présentent pas une toxicité aussi élevée que la NMP ;
■ le mélange du DMSO et du composé Si présente cependant une polarité élevée, ce qui le rend notamment apte à dissoudre et/ou gonfler certains polymères ;
■ de par la présence du composé Si, le mélange présente une volatilité inférieure à celle du DMSO, ce qui permet une manipulation plus aisée ;
■ de par la présence du composé Si, le mélange ne se solidifie pas à la température de solidification du DMSO (19°C), température qui peut être atteinte dans certains ateliers industriels ;
■ la suspension est stable, ce qui signifie que les particules d'oxyde de cérium restent en suspension dans le mélange. Visuellement, il n'est pas observé de décantation des particules au fond d'un flacon contenant la suspension pendant une durée d'au moins 1 journée. Cette durée peut aller jusqu'à au moins 1 semaine.
On notera que dans l'invention, les particules sont des particules d'oxyde de cérium mais il est également possible qu'il s'agisse d'oxyde hydraté (hydroxyde). La composition des particules peut ainsi correspondre à un oxyde et/ou un hydroxyde et/ou un oxyhydroxyde de cérium. Les particules peuvent aussi être composées d'un oxyde mixte de cérium et d'au moins un autre élément E choisi parmi La, Pr, Nd, Sr, Y, Al, Ti ou Zr. L'invention telle qu'elle a été décrite précédemment dans tous les modes de réalisation et variantes concerne donc aussi des particules d'oxyde de cérium hydraté ou un oxyde mixte de cérium et d'au moins un autre élément E. La proportion en poids de l'oxyde de l'élément E est d'au plus 10%, plus particulièrement entre 1 % et 10%, cette proportion étant déterminée par rapport à l'oxyde mixte.
S'agissant du procédé de préparation de la suspension selon l'invention, il peut être mise en œuvre selon plusieurs modes de réalisation.
Dans un 1 er mode de réalisation (désigné dans la suite par procédé "voie sèche") dans lequel on utilise un tensioactif anionique, le procédé consiste à mettre en contact une suspension aqueuse d'oxyde de cérium et le tensioactif anionique, à évaporer l'eau par chauffage de façon à obtenir une poudre, à agiter ensemble la poudre et les solvants, DMSO et Si, puis à chauffer le mélange obtenu à une température comprise entre 50°C et 150°C, de préférence entre 50°C et 100°C. La mise en contact de la poudre et des solvants peut être conduite selon différents modes de réalisation. Ainsi, il est possible d'ajouter la poudre au mélange des deux solvants ou d'ajouter à la poudre le mélange des deux solvants. Il est également possible de mettre d'abord en contact la poudre et l'un des solvants, puis à ajouter l'autre solvant. Le mode de réalisation retenu dépend de la nature du tensioactif anionique, du rapport S1/DMSO et des particules d'oxyde de cérium (taille, état de la surface) et doit veiller à obtenir une suspension stable et sans précipitation des particules. Le chauffage de la dernière étape du procédé permet de désaglomérer les particules éventuellement agrégées. Cette étape peut être conduite en augmentant la température soit par paliers soit de façon progressive. Selon un 2nd mode de réalisation (désigné par procédé "distillation"), le procédé consiste à mettre en contact une suspension aqueuse d'oxyde de cérium, les deux solvants, DMSO et Si, et le cas échéant, le tensioactif anionique, puis à éliminer l'eau par une distillation sous vide. Le tensioactif peut être
avantageusement prémélangé à l'un des deux solvants ou au mélange des deux solvants. Dans le cas où la suspension n'est pas mise en contact du mélange des deux solvants, il peut être avantageux de mettre d'abord en contact la suspension avec le DMSO.
Pour les deux modes de réalisation ainsi décrits, les mélanges sont de préférence constamment agités pour éviter une décantation des particules pouvant conduire à une agglomération de celles-ci. L'agitation retenue dépend là aussi des variables déjà décrites à savoir de la nature du tensioactif anionique, du rapport S1/DMSO et des particules d'oxyde de cérium (taille, état de la surface). A l'échelle du laboratoire, il a été possible d'obtenir des suspensions selon l'invention en utilisant une agitation par barreau aimanté.
Ce procédé de préparation de la suspension est mis en œuvre de façon identique dans ses deux modes de réalisation pour un oxyde hydraté (hydroxyde) ou pour un oxyde mixte de cérium et d'au moins un autre élément E. Il s'applique aussi au cas d'une composition correspondant à un oxyde et/ou un hydroxyde et/ou un oxyhydroxyde de cérium. La suspension aqueuse d'oxyde de cérium peut quant à elle être préparée par un procédé de précipitation par mise en contact d'une solution aqueuse d'un sel de cérium et d'une solution basique. Le sel de cérium peut être notamment un nitrate. La solution basique peut être notamment une solution d'ammoniaque. On pourra se référer par exemple au mode opératoire décrit dans "Precipitation- Redispersion of Cerium Oxide Nanoparticles with Poly(Acrylic Acid) : Towards Stable Dispersions" de Sehgal et al.
Un exemple de procédé de préparation d'une suspension aqueuse d'oxyde de cérium est celui décrit dans EP 208580. Ce procédé consiste à mettre en contact une solution aqueuse d'un sel de Celv avec une base afin d'obtenir la suspension aqueuse. La solution aqueuse de sel de Celv peut être une solution aqueuse de nitrate cérique ou une solution aqueuse de nitrate céri-ammoniacal. La solution aqueuse de sel de Celv peut comprendre également du Ce'" mais il est souhaitable que la proportion molaire de Celv soit d'au moins 85% (Celv/Cetotai)- La solution aqueuse ne contient préférentiellement pas ou peu d'impuretés sous forme d'anions covalents comme des ions sulfates. La concentration de la solution de sel de Celv n'est pas critique. Elle peut varier
entre 0,1 et 2 mol/L. Cette solution présente généralement une certaine acidité initiale. La concentration en ions H+ n'est pas critique. Avantageusement, elle est comprise entre 0,1 N et 4 N. On pourra utiliser avantageusement une solution de nitrate cérique obtenue par le procédé d'oxydation électrolytique décrit dans la demande FR 2570087.
La solution basique peut être une solution aqueuse d'ammoniaque, de soude ou de potasse. Cette solution basique peut présenter une concentration comprise entre 0,1 et 1 1 N, voire entre 0,1 et 5 N.
La proportion entre la solution basique et la solution de sel de Celv peut être tel que le taux de neutralisation T est supérieur ou égale à 0,01 et inférieur ou égal à 3,0. T est défini par la formule (n3-n2)/ni dans laquelle :
■ ni représente le nombre de moles de Celv présente dans la suspension colloïdale finale ;
■ n2 représente le nombre de moles OH" nécessaires pour neutraliser l'acidité apportée par la solution aqueuse de sel de Celv ;
■ n3 représente le nombre de moles OH" apportées par la solution basique. La réaction entre la solution aqueuse de Celv et la solution basique est effectuée à un température comprise entre 10°C et 60°C, voire entre 15°C et 25°C. On peut réaliser le mélange des deux solutions selon plusieurs variantes. Par exemple, on peut faire un mélange simultané, sous agitation, des deux solutions ou bien introduire en continu la solution basique dans la solution aqueude de Celv ou inversement.
La suspension aqueuse d'oxyde de cérium peut être préparée par le procédé décrit dans la demande WO 2008/043703 à partir d'un mélange de Ce'" et de Celv. Ce procédé comprend les étapes suivantes :
- (a) on met en contact sous atmosphère inerte une solution aqueuse d'un sel de Ce'" qui comprend en outre du Celv, avec une base, ce par quoi on obtient un précipité;
- (b) on chauffe le milieu obtenu à l'étape précédente sous atmosphère inerte à une température comprise entre 60 et 95°C, au moins une des étapes (a) ou (b) étant conduite en présence d'ions nitrates;
- (c) on effectue successivement mais dans un ordre quelconque une acidification et un lavage du milieu ainsi obtenu, ce par quoi on obtient la suspension. A la première étape (a), on prépare une solution de départ qui est une solution d'un sel de Ce'" comprenant en outre du Celv. Comme sels de Ce'", on peut utiliser plus particulièrement le nitrate, le chlorure, le sulfate ou le carbonate de Ce'" ainsi que des mélanges de ces sels comme des mixtes nitrate/chlorure. D'une manière connue cette solution de départ doit présenter l'acidité convenable pour que le cérium soit bien entièrement présent en solution. Le Celv est apporté par un sel qui peut être par exemple le nitrate de cérium IV. La quantité de Celv est telle que le rapport molaire Celv/Cetotai dans la solution de départ peut être compris entre 1/100 et 1/50. Il peut être compris entre 1/70 et 1/50, plus particulièrement entre 1/65 et 1/50. Le rapport Celv/Cetotai est adapté, et modifié si nécessaire, pour atteindre la taille de particules dûRx voulue.
La solution de départ peut être préalablement dégazée par mise en contact avec un gaz inerte. Par "gaz inerte" ou "atmosphère inerte", on entend pour la présente description une atmosphère ou un gaz exempt d'oxygène, le gaz pouvant être par exemple de l'azote ou de l'argon. La mise en contact peut être un bullage du gaz inerte dans la solution.
On fait réagir la solution de départ avec une base. Comme base, on peut utiliser notamment les produits du type hydroxyde. On peut citer les hydroxydes d'alcalins ou d'alcalino-terreux et l'ammoniaque. On peut aussi utiliser les aminés secondaires, tertiaires ou quaternaires. Toutefois, les aminés et l'ammoniaque sont préférées dans la mesure où cela permet de diminuer les risques de pollution par les cations alcalins ou alcalino-terreux. La base peut aussi être préalablement dégazée par mise en contact avec un gaz inerte. La quantité de base utilisée est en excès par rapport aux cations présents dans la solution de départ, de façon à faire précipiter l'ensemble du cérium présent. On peut utiliser une quantité de base pouvant être telle que le rapport molaire base/cations présents dans la solution de départ soit supérieur à 1 ,30. Pour conduire la réaction, la mise en contact peut se faire dans un ordre quelconque d'introduction des réactifs. Toutefois, il est préférable d'introduire la solution de départ dans un milieu contenant la base. Cette étape (a) doit être
conduite sous atmosphère inerte. Elle peut être conduite soit dans un réacteur fermé soit dans un réacteur semi-fermé avec balayage par le gaz inerte. La mise en contact se fait généralement dans un réacteur agité. Cette étape est généralement effectuée à température ambiante (20-25°C) ou à une température d'au plus 50°C.
La 2eme étape (b) du procédé est un traitement thermique du mélange réactionnel obtenu à l'issue de l'étape précédente. Ce traitement consiste à chauffer le mélange et à le maintenir à une température qui est généralement d'au plus 95°C et plus particulièrement comprise entre 60°C et 95°C. La durée de ce traitement peut être comprise entre quelques minutes et quelques heures. Ce traitement est effectué aussi sous atmosphère inerte, ce qui a été décrit au sujet de cette atmosphère pour l'étape (a) s'appliquant de même ici. Selon une caractéristique du procédé, au moins une des étapes (a) ou (b) doit être conduite en présence d'ions nitrates. Généralement, les ions nitrates sont apportés par l'addition d'acide nitrique, plus particulièrement à l'étape (a), lors de la préparation de la solution de Ce'". La quantité d'ions nitrates, exprimée par le rapport molaire NOsVCe'" est généralement comprise entre 1/6 et 5/1 , plutôt entre 1/3 et 5/1 .
L'étape (c) comprend en fait deux opérations successives qui peuvent être effectuées dans un ordre quelconque. Ces opérations sont d'une part une acidification et d'autre part un lavage. On va décrire ci-dessous plus précisément ces opérations dans le cas d'un enchaînement acidification, puis lavage. L'acidification a lieu généralement après refroidissement du milieu obtenu à l'issue de l'étape (b) par addition d'un acide. On peut utiliser tout acide minéral ou organique. On utilise plus particulièrement l'acide nitrique. La quantité d'acide ajoutée est telle que le pH du milieu après acidification soit compris entre 1 et 5. Cette opération peut être conduite à l'air, il n'est plus nécessaire d'opérer sous atmosphère inerte à ce stade du procédé.
L'acidification est suivie d'un lavage qui a pour but d'éliminer de la suspension les espèces solubles, essentiellement des sels. Le lavage peut se faire de différentes manières avec ou sans séparation solide/liquide. On peut ainsi l'effectuer en séparant les particules solides de la phase liquide par exemple par filtration frontale, décantation ou centrifugation. Le solide obtenu est remis
ensuite en suspension dans une phase aqueuse. On peut aussi procéder par filtration tangentielle. Ce lavage peut être éventuellement renouvelé si nécessaire par exemple jusqu'à l'obtention d'une conductivité donnée de la suspension, la conductivité mesurant le taux d'impuretés présentes dans cette suspension. Comme indiqué plus haut, l'ordre des opérations peut être inversé par rapport à ce qui vient d'être décrit. Ainsi, à l'issue de l'étape (c) et, là aussi, généralement après refroidissement du milieu obtenu, on peut alors procéder à un lavage de la manière décrite ci-dessus. A l'issue du lavage, on effectue ensuite l'acidification du milieu obtenu. L'avantage de ce procédé est d'obtenir une suspension d'oxyde de cérium sans étape de calcination à haute température.
On obtient ainsi à l'issue de l'étape (c) la suspension d'oxyde de cérium non- fonctionnalisé. L'oxyde de cérium peut être décrit ici comme non-fonctionnalisé car il n'est pas nécessaire que la suspension comprenne un stabilisant organique, notamment un stabilisant comprenant au moins une fonction acide carboxylique ou carboxylate. La suspension reste néanmoins stable, la stabilité étant susceptible d'être assurée par les quantités résiduelles d'ions inorganiques présents dans la suspension, tels que des ions nitrates ou ammoniums.
Une variante du procédé va maintenant être décrite. Celle-ci diffère uniquement par le fait qu'on utilise comme solution de départ, une solution d'un sel de Ce'" comprenant en outre de l'eau oxygénée. Ce qui a été décrit plus haut sur la nature du sel de Ce'" s'applique de même ici. La quantité de solution de H2O2 est telle que le rapport molaire H2O2 Ce'" dans la solution de sel de cérium soit compris entre 1/10000 et 1/100. La suite du procédé selon cette variante se déroule comme décrit plus haut.
Les étapes (a), (b) et (c) peuvent être plus particulièrement les suivantes :
- (a) on met en contact sous atmosphère inerte une solution acide formée à partir de nitrate de Ce'", de nitrate de Celv, avec une solution d'ammoniaque, ce par quoi on obtient un précipité;
- (b) on chauffe le milieu obtenu à l'étape précédente sous atmosphère inerte à une température comprise entre 60 et 95°C;
- (c) on effectue successivement mais dans un ordre quelconque une acidification et un lavage du milieu ainsi obtenu, ce par quoi on obtient la suspension selon l'invention.
Les solutions utilisées à l'étape (a) sont de préférence dégazées par un gaz neutre, tel que par exemple l'azote. La solution acide peut être une solution des nitrates de Ce'" et de Celv et d'acide nitrique. La quantité d'ammoniaque utilisée est en excès par rapport aux cations présents dans la solution de départ et de façon à faire précipiter l'ensemble du cérium présent. On peut utiliser une quantité d'ammoniaque pouvant être telle que le rapport molaire NH OH/cations présents dans la solution de départ soit supérieur à 1 ,30. Le rapport Celv/Cetotai est adapté, et modifié si nécessaire, pour atteindre la taille de particules dDRx voulue. Il peut être compris entre 1/100 et 1/50, plus particulièrement entre 1/70 et 1/50, encore plus particulièrement entre 1/65 et 1/50. Selon un mode de réalisation, la solution de Ce'" et Celv est ajoutée à la solution d'ammoniaque. La durée de l'ajout peut être compris entre 20 min et 1 h. A l'étape (c), on effectue successivement mais dans un ordre quelconque une acidification et un lavage du milieu ainsi obtenu, ce par quoi on obtient la suspension selon l'invention.
Dans le cas de l'oxyde mixte, on utilise une solution aqueuse comprenant un sel de cérium et un sel de l'élément E. On peut utiliser le procédé décrit dans WO 2015/197656 ou dans WO 2015/091495 pour obtenir les particules de l'oxyde mixte. En particulier, le procédé peut consister à mettre en contact une solution aqueuse comprenant des anions nitrate, un sel de cérium (III), un sel de cérium (IV) et un sel de l'élément E et à faire précipiter les particules à l'aide d'une solution basique sous atmosphère inerte et à soumettre le mélange obtenu à un chauffage sous atmosphère inerte. Il s'agit par exemple d'une solution aqueuse des nitrates.
S'agissant de de la suspension selon l'invention, celle-ci peut être utilisée pour disperser des particules d'oxyde de cérium dans au moins un polymère.
Le procédé de dispersion des particules d'oxyde de cérium dans au moins un polymère comprend une 1 ere étape au cours de laquelle on met en contact sous agitation la suspension selon l'invention avec au moins un polymère et éventuellement au moins un solvant organique (Sp0i) du polymère afin de disperser les particules d'oxyde de cérium dans le polymère, puis une 2nde étape
au cours de laquelle on élimine totalement ou partiellement, le DMSO, le composé Si et éventuellement Sp0i.
Le solvant Sp0i a pour fonction de dissoudre partiellement ou totalement et/ou de gonfler le polymère. Sp0i désigne donc un solvant organique qui peut effectivement dissoudre partiellement ou totalement le polymère mais il est possible aussi d'utiliser un solvant organique qui sans dissoudre le polymère, permet de le gonfler. Sp0i a pour fonction de réduire la viscosité du mélange et d'améliorer la dispersion des particules d'oxyde de cérium. Sp0i est choisi en fonction de la nature du polymère. Par exemple, dans le cas d'un polyéthylène, le solvant peut être la décaline. Dans le cas d'un précurseur de polyimide, Sp0i peut être un solvant polaire comme la NMP.
La 1 ere étape peut être conduite selon plusieurs variantes. Selon une variante, on mélange ensemble la suspension selon l'invention, le polymère et éventuellement le solvant Sp0i. Selon une autre variante, on mélange ensemble la suspension selon l'invention et le polymère qui aura été préalablement dissous totalement ou partiellement dans le solvant Sp0i et/ou gonflé par le solvant Sp0i. La 1 ere étape est conduite à une température qui dépend de la nature du polymère. Le mélange formé de la suspension selon l'invention, du polymère et du solvant Sp0i éventuel est de préférence porté à une température à laquelle la viscosité du mélange n'est pas trop importante et compatible avec les composés liquides présents dans le mélange. Elle est généralement comprise entre la température ambiante et 250°C, voire entre la température ambiante et 200°C. Le mélange peut être réalisée dans une enceinte fermée éventuellement sous pression pour maintenir certains des composés liquides.
La 2nde étape consiste à éliminer totalement ou partiellement, le DMSO, le composé Si et éventuellement Sp0i. Pour ce faire, on peut soumettre le mélange issu de la 1 ere étape à une pression inférieure à la pression atmosphérique. De façon particulière, il est également possible de mettre sous la forme d'un film le mélange issu de la 1 ere étape de façon à favoriser l'élimination des composés volatils. Les techniques industrielles applicables dans ce cas sont le revêtement centrifuge ("spin-coating") ou le "slot die coating". Par ces techniques, le polymère est appliqué sur support en déplacement et le solvant est évaporé
dans une chambre sous vide. On pourra se reposer à Progr Colloid Polym Sci 2005, 130, 1 -14 qui décrit des techniques de préparation de films de polymère.
Au cours de la 2nde étape, l'élimination des composés DMSO, le composé Si et éventuellement Sp0i peut être plus ou moins poussée selon les besoins. Ils peuvent être éliminés totalement sous l'effet d'un vide très poussé. Selon un mode de réalisation, il est possible d'appliquer d'abord un vide léger pour éliminer une partie des composés volatifs, puis un vide plus poussé pour terminer l'élimination des composés volatils. Ce mode de réalisation peut notamment permettre d'éviter la formation de trous dans un film de polymère par éclatement des bulles de gaz qui se seraient formées sous l'effet d'un vide poussé. Les composés volatils peuvent aussi être éliminés partiellement de façon à permettre la manipulation du polymère, par exemple sous forme d'un film, puis à laisser s'éliminer le reliquat des composés volatils.
Les conditions opératoires (par ex. la présence de Sp0i ou du polymère), utilisées pour l'une des étapes du procédé de dispersion pourraient théoriquement déstabiliser la suspension selon l'invention. Cependant, en présence d'une agitation adaptée à la 1 ere étape, les particules se dispersent dans le polymère et l'agrégation des particules est limitée, voire empêchée.
Le polymère peut être un polymère thermoplastique, tel que par exemple une polyoléfine, un polyamide, un polymère acrylique, un polyester, un polymère fluoré tel que le PVDF, un polymère chloré tel que par exemple le PVC. La proportion d'oxyde de cérium dans le polymère peut être comprise entre 1 % et 10%, voire entre 1 % et 7%, cette proportion étant exprimée en poids d'oxyde de cérium par rapport au poids total du polymère et de l'oxyde de cérium.
Les techniques de préparation d'un film de polymère conviennent particulièrement bien pour le cas où la technique d'extrusion à l'état fondue n'est pas adaptée au polymère ou à l'un des polymères, ce qui est le cas pour un polyimide, c'est-à-dire un polymère dont les chaînes de polymère comprennent des fonctions imides. Le polyimide peut être obtenu par la polymérisation d'au moins un dianhydride aromatique et d'au moins une diamine aromatique. Un exemple de polyimide est celui obtenu par la polymérisation du dianhydride
pyroméllitique et de la 4,4'-oxydianiline. Ce polyimide comprend des motifs de
formule :
Le dianhydride aromatique peut correspondre à un produit de formule générale (IV) :
dans laquelle R5 désigne un groupe organique tétravalent contenant au moins un noyau aromatique et ayant de préférence au plus 25 atomes de carbone. R5 peut être par exemple choisi dans la liste suivante :
L peut être une liaison chimique, -O-, -S-, -C(=O)-, -CHOH-, -SO2-, -(CH2)P- ou - (CF2)P-, p désignant un nombre entier compris entre 1 et 10; -CAB- dans lequel
A et B désignent indépendamment l'un de l'autre un groupe (Ci-Cio)-alkyle, linéaire ou branché, -C(CF3)2-, -C(CF3)(C6H5)- ou -C(=O)NH-.
R5 peut être plus particulièrement choisi dans la liste suivante
Le dianhydride aromatique peut être choisi parmi les composés suivants : dianhydride pyroméllitique ; dianhydride 3,3',4,4'-biphényl-tétraacarboxylique ; dianhydride 3,3',4,4'-benzophénone tétracarboxylique ; dianhydride 4,4'- oxydiphtalique ; dianhydride 3,3',4,4'-diphényl sulfone tétracarboxylique ; 2,2- bis(3,4-dicarboxyphényl) hexafluoropropane ; dianhydride bisphénol A.
La diamine aromatique peut correspondre à un produit de formule générale (V)
H2N-R6-NH2
dans laquelle ί¾ est un groupe organique divalent contenant au moins un noyau aromatique et ayant de préférence au plus 25 atomes de carbone. ί¾ peut être par exemple choisi dans la liste suivante :
R eut être lus articulièrement choisi dans la liste suivante :
La diamine aromatique peut être choisie parmi les composés suivants : 3,4'- oxydianiline ; 1 ,3-bis-(4-aminophénoxy) benzène ; 4,4'-oxydianiline ; 1 ,4- diaminobenzène ; 1 ,3-diaminobenzène ; 2,2'-bis(trifluorométhyl)benzidène ; 4,4'- diaminobiphényl ; 4,4'-diaminodiphényl sulfure ; 9,9'-bis(4-amino)fluorine.
La réaction de polycondensation conduisant au polyimide consiste à faire réagir les groupes anhydride présents sur le dianhydride aromatique de formule (IV) et les groupes aminés présents sur la diamine aromatique de formule (V). La réaction peut être incomplète de sorte que certains des groupes anhydrides s'ouvrent sans former les fonctions imide, ce qui conduit alors à un polymère comprenant les motifs de formule générale (VI) :
On notera que dans la formule (VI) :
■ R5 est un groupe organique tétravalent contenant au moins un noyau aromatique et ayant de préférence au plus 25 atomes de carbone ;
■ chaque groupe carboxylique -COOH présent sur R5 est attaché à un atome de carbone de R5 adjacent à un autre atome de carbone de R5 sur lequel est attaché le groupe amide ;
■ R6 est un groupe organique divalent contenant au moins un noyau aromatique et ayant de préférence au plus 25 atomes de carbone ;
- le groupe aminé -NH- est attaché à un atome de carbone du groupe aromatique de R6.
Pour reprendre l'exemple particulier ci-dessus, la réaction incomplète entre le dianhydride pyroméllitique et la 4,4'-oxydianiline conduit à un polymère désigné couramment sous le terme d'acide polyamique selon la réaction suivante :
Le polymère de cet exemple est donc tel que : R5 = noyau Ph tétravalent ; R6 = - Ph-O-Ph-. Cette réaction incomplète présente l'avantage que le polymère qui en résulte peut être plus facilement dissous dans un solvant organique qu'un polyimide qui résulterait de la réaction complète. Le polymère de formule (VI) constitue donc un précurseur de polyimide. Une fois mis en forme par exemple sous forme de film, le précurseur de polyimide peut alors être converti chimiquement en polyimide par une réaction d'imidization. Au cours de cette étape de transformation, les fonctions imide du polyimide se forment. Cette conversion a lieu généralement en appliquant un chauffage du polymère précurseur à une température généralement comprise entre 90°C et 500°C. Un catalyseur tel que par exemple l'acide benzoïque peut être avantageusement ajouté pour favoriser la réaction d'imidization. La demande EP 0984030 décrit des exemples de
préparation de précurseur de polyimide et de conversion du précurseur en polyimide.
Le polymère peut être aussi réticulable. Il s'agit par exemple d'un copolymère de type éthylène-acétate de vinyle (EVA) auquel on a ajouté un agent réticulant, par exemple de type amorceur radicalaire.
L'invention est aussi relative à l'utilisation d'une suspension selon l'invention pour disperser les particules d'oxyde de cérium, d'oxyde hydraté de cérium ou d'un oxyde mixte de cérium et d'au moins un autre élément E choisi parmi La, Pr, Nd, Sr, Y, Al, Ti ou Zr dans au moins un polymère, notamment un précurseur de polyimide ou un polyimide. Le polymère peut être sous la forme d'un film, notamment un film transparent. Les particules étant de petite taille, elles permettent d'obtenir une protection du film sans dégrader les propriétés optiques du film.
Le film peut présenter une épaisseur moyenne d'au plus 800 μιτι. Cette épaisseur peut être comprise entre 25 μιτι et 800 μιτι, particulièrement entre 100 μιτι à 500 μιτι. L'épaisseur moyenne est mesurée à 25°C sur le film à l'aide d'un micromètre à partir de 20 mesures prises au hasard sur toute la surface du film.
L'invention est aussi relative à un procédé de dispersion dans lequel on met en contact sous agitation la suspension selon l'invention avec au moins un polymère (Pi) et éventuellement au moins un solvant organique (Sp0i) du polymère afin de disperser les particules d'oxyde de cérium dans le polymère (Pi), puis on élimine totalement ou partiellement, le DMSO, le composé Si et éventuellement Sp0i, et le polymère (Pi) est modifié chimiquement pour être converti en polymère (P2). L'élimination des composés volatils et la modification chimique peuvent être réalisées en deux étapes distinctes. Il est également possible d'envisager qu'elles soient réalisées en même temps. Il est également possible d'envisager que le polymère (Pi) dans lequel sont dispersées les particules soient soumis à une élévation progressive de la température au cours de laquelle l'élimination des composés volatils et la conversion de (Pi) à (P2) ont lieu progressivement.
Pi peut être un polymère de formule (VI) et P2 est un polyimide. Pi peut aussi être un EVA non réticulé auquel on a mélangé un agent réticulant et P2 est un EVA réticulé.
Exemples
Techniques d'analyse utilisées
Le d5o a été déterminé à l'aide d'un Zetasizer Nano ZS de la société Malvern en suivant les recommandations du constructeur. Dans une cellule en quartz, on prélève une petite quantité de la suspension à la micropipette que l'on dilue dans le même milieu liquide que celui de la suspension. Pour le calcul automatisé de d5o, l'indice optique pour l'oxyde de cérium retenu est égal à 2,1 . L'indice optique et la viscosité du milieu liquide sont également introduits dans le logiciel de l'appareil. dlVlET, d[3ET et d DRX ont été déterminées en utilisant les méthodes décrites précédemment.
Produits utilisés
Dans ces exemples, on a utilisé du RhodiaSolv Polarclean qui est un composé Si de formule MeOOC-ArCONMe2 dans laquelle Ai désigne un mélange des deux groupes alkylènes-CHMe-CH2CH2- et -CH2CH2-CHMe-.
On a utilisé deux suspensions aqueuses notées SA1 et SA2 pour lesquelles les particules ont des tailles caractéristiques différentes (voir Tableau I). La suspension SA1 a été préparée en faisant réagir du nitrate de cérium et de l'ammoniaque selon le procédé qui est décrit à l'exemple 1 de EP 208580. La suspension SA2 a été préparée par le procédé décrit dans WO 2008/043703. Tableau I
* voir formule précédente donnant dBET
Exemple 1 : suspension dans un mélange de Polarclean et de DMSO (Polarclean/DMSO : 50/50) en présence de Rhodafac ASI 100 préparée selon le procédé dit "voie sèche" (selon l'invention)
On ajoute 0,19 g de Rhodafac ASI 100 à 10% en poids à une suspension dans l'eau d'oxyde de cérium à 2% en poids, puis on agite pendant 15 min. Les particules d'oxyde de cérium décantent. On sèche le mélange dans une étuve maintenue à 100°C pendant 1 h30 de façon à obtenir une poudre sèche.
On ajoute ensuite à la poudre 36,2 g du mélange de solvant Polarclean/DMSO 50/50 afin d'obtenir une suspension d'oxyde de cérium à 1 % en poids. La suspension ainsi obtenue est laissée agiter (agitation par barreau aimanté) de façon à homogénéiser l'ensemble, puis la suspension est chauffée sous agitation à 60°C pendant 2 heures. Exemple 2 : suspension dans un mélange de Si (Polarclean) et de DMSO (S1/DMSO : 50/50) en présence de Rhodasurf 4070 préparée selon le procédé dit "par distillation" (selon l'invention)
On sèche dans une étuve à 100°C, 0,16 g de Rhodasurf 40/70 (à 10% massique) pendant 30 min. On récupère 0,016 g d'une poudre que l'on dissout dans 31 ,0 g d'un mélange des deux solvants. On ajoute 1 ,55 g de la suspension aqueuse d'oxyde de cérium SA1 (proportion en poids d'oxyde de cérium 20,7% ; soit 0,32 g de dioxyde de cérium). Après agitation magnétique (300 tr/min pendant 15 min), le mélange présente une apparence homogène et aucune décantation n'est observée.
Le mélange est ensuite chauffé sous vide à 100°C pendant 120 min (dans le ballon, 22-33°C en tête de colonne ; vide de 50 mbar) pour éliminer l'eau par distillation sous vide. On récupère alors une suspension selon l'invention à 1 % en poids d'oxyde de cérium.
Le Tableau II résume les différents essais réalisés en présence des deux suspensions SA1 et SA2. On s'aperçoit qu'il est possible d'obtenir une suspension selon l'invention à partir de ces deux suspensions aqueuses selon l'un des deux procédés décrits précédemment. En revanche, en présence d'un autre solvant polaire, le PGMEA ou l'acétate de propylène glycol monométhyl
éther de formule
j j| n'a pas été possible de stabiliser la suspension.
Exemple 3 :
Les figures 1 et 2 représentent les courbes de distribution en volume de la taille de particules d'oxyde de cérium obtenues à l'aide du Zetasizer (abscisse : taille en nm ; ordonnée %) en suspension dans l'eau ou dans un mélange polaire. Ces figures montrent que le transfert des particules de l'eau vers le mélange conduit à des distributions similaires, ce qui est le signe qu'il n'y a pas d'agglomération.
Suspension de la figure 1 :
d(0,1 ) = 0,1
d(0,16) = 5,08
d(0,50) = 6,38
d(0,84) = 8,28
d(0,90) = 8,85
Suspension de la figure 2 :
d(0,1 ) = 7,18
d(0,16) = 7,87
d(0,50) = 1 1 ,4
d(0,84) = 18,1
d(0,90) = 21 ,0