Circuit microfluidique
La présente invention concerne un circuit microfluidique comprenant au moins un microcanal dans lequel s'écoule un premier fluide servant au déplacement de gouttes ou de bulles d'au moins un deuxième fluide.
Un circuit microfluidique est décrit dans le document WO 2006/018490 au nom des demandeurs. Celui-ci est réalisé dans un matériau approprié tel par exemple que du PDMS (poly-dimethylsiloxane) comportant des microcanaux ayant typiquement une largeur d'environ Ι ΟΟμιτι et une profondeur d'environ δθμιτι, dans lesquels on peut faire passer des débits très faibles d'un fluide tel que de l'air, de l'eau, de l'huile, des réactifs, etc.
Un faisceau laser dont la longueur d'onde n'est pas absorbée par le matériau constitutif du circuit, est focalisé sur l'interface d'un premier fluide s'écoulant dans un microcanal et d'un second fluide présent au moins localement dans ce microcanal, pour forcer ou arrêter l'écoulement du premier fluide dans le microcanal, pour le fractionner en gouttes, pour le mélanger au second fluide, etc., la focalisation du faisceau laser sur l'interface des fluides créant un gradient de température le long de cette interface et provoquant un mouvement des fluides par convection thermocapillaire.
Comme cela est connu du document WO 2007/138178, également au nom des demandeurs, cette technologie a été utilisée afin de traiter des gouttes dans un circuit microfluidique comprenant au moins un microcanal parcouru par les gouttes. Le procédé utilisé consiste à faire agir un faisceau laser sur l'interface de ces gouttes dans un fluide porteur ou sur l'interface des gouttes en contact, pour faire des tris de gouttes, former des nano- gouttes à partir d'une goutte de taille supérieure ou pour fusionner des gouttes en contact et provoquer des réactions entre les fluides contenus dans ces gouttes.
L'invention a pour objet un autre procédé de traitement des gouttes dans un circuit microfluidique, pouvant éventuellement être utilisé en combinaison avec les techniques de traitement antérieures décrites ci- dessus.
A cet effet, l'invention propose un circuit microfluidique comprenant au moins un microcanal d'écoulement d'un premier fluide transportant des gouttes ou de bulles d'au moins un deuxième fluide, caractérisé en ce que la hauteur du microcanal est dimensionnée pour écraser les gouttes ou les bulles lors de leur déplacement, et en ce que le microcanal comporte au moins un chenal, s'étendant au moins en partie dans la direction d'écoulement du premier fluide ou une zone de piégeage de gouttes ou de bulles, cette zone ou le chenal ayant une hauteur supérieure à celle du microcanal, de façon à ce qu'au moins certaines des gouttes ou des bulles du deuxième fluide dans le microcanal soient attirées et guidées dans le chenal ou dans la zone de piégeage.
Dans le cas d'une goutte plongée dans un fluide, l'énergie de surface de la goutte est d'autant plus faible que sa surface externe est petite. L'énergie minimale est donc obtenue par une goutte de forme sphérique et augmente de façon continue au fur et à mesure que la goutte s'éloigne de cette forme. L'énergie de surface peut être calculée pour une goutte d'un volume connu, pour n'importe quelle position dans le microcanal. Ainsi, on peut prédire si la goutte sera ou non guidée par un chenal donné en comparant les forces en jeu.
Une goutte placée dans le microcanal et écrasée présente une surface externe importante. Cette goutte cherche ainsi naturellement à réduire sa surface externe, ce qui l'amène à migrer vers le chenal de plus grande hauteur lorsqu'elle arrive à un embranchement entre le microcanal et le chenal.
Les gouttes sont ainsi attirées par le chenal et sont déplacées le long de celui-ci par le premier fluide.
Dans le cas où la direction du chenal n'est pas parallèle à la direction de l'écoulement du premier fluide (fluide porteur) dans le microcanal, la goutte reste prisonnière du chenal tant que la force d'entraînement visqueuse, dans la direction normale à la direction locale du chenal et exercée par le premier fluide sur la goutte, est inférieure à celle nécessaire pour déformer la goutte et lui redonner sa forme écrasée.
Ce phénomène est ainsi influencé par plusieurs paramètres, tels que la viscosité du fluide porteur et celle du fluide des gouttes, la taille de la goutte, la vitesse du fluide porteur, la tension interfaciale, la géométrie du chenal, l'épaisseur du microcanal, etc.
Bien entendu, il est possible d'utiliser indifféremment des gouttes ou des bulles, sans modification sur le fonctionnement de l'invention.
Selon une caractéristique de l'invention, le microcanal est délimité par deux parois parallèles, et le chenal est formé par une rainure d'au moins l'une des parois du microcanal, ou entre deux nervures parallèles d'une des parois du microcanal.
Avantageusement, des bulles ou des gouttes d'au moins deux types différents sont transportées par le premier fluide et le chenal constitue un moyen de séparation ou de tri des bulles ou des gouttes, seules celles d'un premier type étant guidées dans le chenal.
Comme décrit précédemment, les gouttes qui sont attirés par le chenal sont celles pour lesquelles la force visqueuse exercée par le premier fluide sur chaque goutte est inférieure à celle nécessaire pour déformer la goutte et lui redonner sa forme écrasée.
A l'inverse, les gouttes qui s'écoulent dans la direction du fluide porteur sans suivre le chenal sont celles pour lesquelles la force visqueuse exercée par le premier fluide sur la goutte est supérieure à celle nécessaire pour déformer la goutte et lui redonner sa forme écrasée.
En conséquence, des gouttes de grande taille ou très visqueuses seront moins enclines à suivre la trajectoire du chenal que des gouttes de faible taille ou peu visqueuses.
Selon une possibilité de l'invention, les bulles ou les gouttes de types différents ont des tailles, des viscosités, ou des tensions de surface différentes, ce qui permet de les séparer les unes des autres.
Dans un mode de réalisation, le chenal comporte au moins deux parties successives de hauteur et/ou de largeur différente, une partie de largeur et/ou de hauteur plus grande étant suivie d'une partie de largeur et/ou de hauteur plus faible, dans le sens de l'écoulement du premier fluide.
Ce type de chenal permet de séparer facilement deux types de bulles ou de gouttes. A titre d'exemple, des bulles à forte viscosité ou de grande taille vont s'écouler uniquement le long de la partie de forte hauteur du chenal avant d'être chassées hors du chenal par le fluide porteur, alors que des bulles à plus faible viscosité ou de plus faible taille s'écouleront non seulement le long de la partie de forte hauteur du chenal mais également le long de sa partie de faible hauteur.
Selon une autre caractéristique de l'invention, le circuit comprend des chenaux de largeur différente et/ou d'inclinaison différente par rapport à l'écoulement du premier fluide, ce qui permet également de pouvoir discriminer différents types de bulles ou de gouttes.
Avantageusement, le circuit comprend des zones de piégeage de gouttes ou de bulles, formées par un agrandissement de la section de passage des gouttes ou des bulles dans le microcanal ou dans un chenal précité, ou encore par une modification locale de l'énergie de surface du microcanal et/ou du chenal.
Le circuit peut comprendre des zones de piégeage dans le microcanal, même en l'absence du chenal. Les gouttes ou les bulles transportées par le fluide porteur sont alors piégées dans les zones de piégeage placées sur leur trajectoire.
Par ailleurs, ces zones de piégeage peuvent être plus petites que la taille des gouttes ou des bulles à piéger.
Ces zones de piégeage peuvent être adaptées à un seul type de bulles et/ou ne peuvent contenir qu'un nombre défini de bulles, par exemple une ou deux bulles.
Les zones de piégeage permettent d'immobiliser une ou plusieurs gouttes, ce qui permet par exemple de les examiner à l'aide d'un microscope et/ou de suivre le déroulement d'une réaction au sein d'une zone pendant une période de temps importante.
Au moins certaines des zones de piégeage peuvent être indépendantes les unes des autres.
Alternativement, au moins certaines des zones de piégeage sont reliées en série ou en parallèle par le microcanal ou par des chenaux précités.
Le piège peut être fabriqué de façon à ce que la présence d'une goutte dans celui-ci force les gouttes suivantes à continuer leur cheminement, afin de remplir les pièges situés en aval.
Une goutte piégée est stationnaire mais son contenu continue d'être mis en mouvement par l'écoulement du fluide porteur. De cette façon, le contenu de la goutte peut être mélangé même lorsque celle-ci est stationnaire. Un tel phénomène peut notamment jouer un rôle important dans le domaine de l'incubation biologique ou pour la mise en place d'une réaction chimique.
Il est ainsi possible d'apporter des gouttes à proximité l'une de l'autre ou en contact l'une avec l'autre, afin de les fusionner et initier une réaction chimique, ou de comparer leur contenu.
Dans le cas de zones de piégeage reliées en série les unes aux autres, le saut d'une ou plusieurs gouttes d'une zone de piégeage à une autre peut entraîner, par effet de cascade, le mouvement des gouttes piégées dans les zones situées en aval.
Selon une autre caractéristique de l'invention, des obstacles sont formés en aval de certaines zones de piégeage pour retenir dans ces zones les bulles ou les gouttes qui y ont été attirées.
Avantageusement, au moins un chenal comprend des moyens de ralentissement ou d'accélération des bulles ou gouttes présentes dans le chenal, ces moyens de ralentissement ou d'accélération étant formés par des variations de largeur ou de hauteur du chenal, ou par des rails ou des nervures des parois du microcanal correspondant, formés le long des zones de ralentissement ou d'accélération souhaitées.
Selon une autre caractéristique de l'invention, le circuit comprend des moyens de formation de trains parallèles de gouttes ou de bulles de nature différente dans un microcanal comprenant des moyens parallèles d'introduction des gouttes ou des bulles de nature différente dans le microcanal, et des chenaux formés dans ce microcanal à partir des moyens d'introduction pour guider les gouttes ou les bulles sortant de chaque moyen d'introduction jusqu'à une zone prédéterminée du microcanal.
Chaque type de goutte est ainsi amené à un endroit prédéfini du microcanal. Il est alors possible de disposer des séries de gouttes de nature connue à différents niveaux du microcanal.
L'invention sera mieux comprise et d'autres détails, caractéristiques et autres avantages de l'invention apparaîtront à la lecture de la description suivante faite à titre d'exemple non limitatif en référence aux dessins annexés dans lesquels :
la figure 1 est une vue schématique représentant la section du microcanal ;
les figures 2 et 3 sont des vues correspondant à la figure 1 , représentant deux autres formes de réalisation de l'invention ;
la figure 4 représente, en vue de dessus, un microcanal équipé d'un chenal ;
la figure 5 représente, en vue de dessus, un microcanal équipé d'un réseau de chenaux ;
les figures 6 à 9 sont des vues de dessus d'un microcanal selon différentes formes de réalisation de l'invention visant à séparer des gouttes de natures différentes ;
la figure 10 est une vue de dessus d'un microcanal équipé d'un chenal comportant des moyens de ralentissement des gouttes ;
la figure 1 1 est une vue de dessus d'un microcanal équipé d'un chenal comportant des moyens d'accélération des gouttes ;
la figure 12 est une vue de dessus d'un microcanal équipé d'un chenal principal et de chenaux annexes visant à ralentir les gouttes du chenal principal ;
la figure 13 est vue de dessus d'un microcanal équipé d'une zone de piégeage de bulles, en l'absence de chenal ;
les figures 14 et 15 sont des vues de dessus d'un chenal équipé de zones de piégeage de bulles ;
la figure 16 est une vue de dessus d'un réseau de chenaux comportant des obstacles ;
la figure 17 est une vue de dessus d'un réseau de chenaux comportant des zones mouillantes ;
la figure 18 est une vue de dessus de chenaux formant des microréacteurs ;
la figure 19 est une vue de dessus d'un microcanal comportant un chenal équipé de zones de piégeage disposées en série ;
la figure 20 est une vue de dessus d'un réseau matriciel de zones de piégeage.
la figure 21 montre un microcanal comportant des moyens d'alimentation de trains parallèles de gouttes de nature différente.
La figure 1 représente schématiquement une première forme de réalisation d'un microcircuit 1 selon l'invention.
Le microcircuit 1 est formé dans une plaque d'un matériau approprié tel par exemple que du PDMS (poly-dimethylsiloxane) par utilisation d'une technique courante de lithographie souple, comme cela est connu de l'art antérieur précité.
Un ou plusieurs microcanaux 2 peuvent être formés à la surface de la plaque, sur laquelle est collée une lame de microscope en verre, par exemple.
Comme cela est visible à la figure 1 , le microcanal 2 présente une section rectangulaire, dont la largeur L est définie par sa dimension transversale horizontale, c'est-à-dire dans le plan du microcircuit 1 , et dont la hauteur h est définie par sa dimension dans le sens vertical, c'est-à-dire suivant une direction perpendiculaire au plan du microcircuit 1 .
Bien entendu, les termes qui précèdent ne sont utilisés que par référence aux dessins, et restent valables quelle que soit l'orientation du microcircuit.
Une rainure 3 à section rectangulaire ou carrée est ménagée dans l'une des deux parois horizontales 4 qui délimitent le microcanal 2. Selon une variante de réalisation de l'invention, une seconde rainure pourrait être ménagée dans la paroi horizontale opposée, en regard de la première 4.
La rainure 3 forme ainsi un chenal de plus grande section que le reste du microcanal 2.
Un premier fluide, dit fluide porteur, circule dans le microcanal 2, dans le sens indiqué par la flèche F, en entraînant avec lui des gouttes 5 d'un second fluide, de nature différente du premier fluide.
Dans ce qui suit, le second fluide peut être sous forme de gouttes ou de bulles, sans modification du fonctionnement de l'invention.
Les gouttes 5 s'écoulant dans la zone étroite du microcanal sont écrasées. Lorsqu'elles rencontrent un chenal 3, elles y prennent une forme moins écrasée, par exemple une forme sphérique ou quasi-sphérique,
nécessitant moins d'énergie de surface que la forme écrasée. Il est à noter que les gouttes peuvent demeurer écrasées tout en étant guidées par le chenal . Le critère déterminant est que l'énergie de surface de la goutte dans le chenal soit plus petite que celle hors du chenal, la sphère correspondant au minimum de cette énergie.
Les gouttes 5 qui rencontrent le chenal 3 circulent alors le long de celui-ci, en étant emportées par le fluide porteur.
Les gouttes peuvent être plus grandes ou plus petites que le chenal
3.
La figure 2 illustre une variante de réalisation de l'invention dans laquelle la rainure définissant le chenal 3 présente une forme concave ou arrondie.
Une autre variante de réalisation est représentée à la figure 3, dans laquelle l'une des parois horizontales 4 est pourvue de deux nervures parallèles 6, espacées l'une de l'autre, dirigées vers l'intérieur du microcanal 2 et délimitant entre elles un chenal 3.
De cette manière, les gouttes 5 écrasées entre le sommet des nervures 6 et la paroi opposée 8, sont dirigées soit vers le chenal 3, soit dans les autres zones du microcanal 2 situées de part et d'autre des nervures 6. Dans ces zones, les gouttes 5 peuvent retrouver une forme sphérique ou quasi-sphérique et donc une énergie de surface plus faible. De cette façon, les nervures forment des barrières permettant de séparer certaines gouttes des autres.
La figure 4 représente, en vue de dessus, la forme d'un chenal 3. Dans cet exemple, le chenal 3 comprend au moins une partie 9 s'étendant selon l'axe A du microcanal et donc suivant l'axe F d'écoulement du fluide porteur, au moins une partie 10 s'étendant obliquement par rapport à l'axe A précité, et/ou au moins une partie 1 1 de forme sinusoïdale.
Dans chacune des parties précitées, la trajectoire des gouttes 5 circulant le long du chenal 3 présente une composante suivant le sens d'écoulement du fluide porteur, de sorte que les gouttes 5 sont toujours
entraînées par le fluide porteur, de l'amont vers l'aval du chenal 3 et du microcanal 2.
Dans le cas d'une partie oblique 10 ou d'une partie sinusoïdale 1 1 notamment, le temps de parcours des gouttes 5 dans le microcanal 2 est plus important. De cette manière, on peut observer à l'aide d'un microscope le contenu des gouttes 5 pendant une plus longue période, sans avoir besoin de modifier la zone d'observation au cours du temps.
La figure 5 illustre un réseau de chenaux comportant un chenal central 12 s'étendant dans la direction du microcanal 2, de part et d'autre duquel s'étendent plusieurs chenaux auxiliaires 13. Chaque chenal auxiliaire 13 s'étend depuis le chenal central 12 et débouche à nouveau dans ce dernier, à la manière de chenaux de dérivation.
Dans le cas de la figure 5, les gouttes 5 contiennent par exemple de l'eau et le fluide porteur est de l'huile de paraffine, la largeur du microcanal 2 est de 3 mm, celle des chenaux 12, 13 est de 70 μιτι, les hauteurs du microcanal et des chenaux sont respectivement de 50 μιτι et 35 μιτι, et les gouttes 5 s'écoulent de la gauche vers la droite dans le sens de la flèche F.
La figure 6 représente un microcanal 2 dans lequel circule un premier fluide formant un fluide porteur pour des gouttes d'un premier et d'un second types. Les gouttes du premier type 14 présentent une taille plus importante que les gouttes du second type 15.
Le microcanal 2 est équipé d'un chenal 3 s'étendant obliquement de l'amont vers l'aval par rapport au sens de circulation du fluide porteur, représenté par la flèche F. La hauteur et/ou la largeur du chenal 3 sont ajustées de façon à ce que les gouttes les plus grandes 14 soient emportées avec le fluide porteur dans le sens de la flèche F et que les gouttes les plus petites 15 soient attirées dans le chenal 3, puis progressent le long de celui-ci, de l'amont vers l'aval, en étant entraînées par le fluide porteur.
L'extrémité aval 16 du chenal 3 est pourvue d'une diminution de sa hauteur ou de sa largeur de façon à ce que la force visqueuse exercée par
le fluide porteur soit plus importante que celle nécessaire pour écraser les gouttes 15, afin que le fluide porteur les entraîne à nouveau dans le microcanal 2. Les gouttes 14 et 15 circulent ainsi, en aval du chenal 3, respectivement selon deux axes B et C parallèles à l'écoulement du fluide porteur et écartés l'un de l'autre.
Un tel microcanal permet ainsi de trier deux types de gouttes de nature différente.
La figure 7 illustre un microcanal 2 similaire à celui de la figure 6, dans lequel les gouttes du premier type 14 sont relativement très visqueuses et les gouttes du second type 15 sont relativement peu visqueuses.
La hauteur et/ou la largeur du chenal 3 sont ajustées de façon à ce que les gouttes plus visqueuses 14 soient emportées avec le fluide porteur et que seules les gouttes moins visqueuses 15 soient attirées dans le chenal, puis progressent le long de celui-ci, de l'amont vers l'aval, en étant entraînées par le fluide porteur et sortent du chenal 3 à l'extrémité aval de celui-ci.
On rappelle que plus la goutte est visqueuse, plus l'effort exercé par le fluide porteur sur la goutte est important, cet effort permettant l'extraction de la goutte hors du chenal.
Un tel microcanal 2 peut également servir à trier des gouttes présentant des tensions de surface différentes.
La figure 8 représente un microcanal de type de ceux des figures 6 et 7, dans lequel le chenal présente successivement, de l'amont vers l'aval, des zones de hauteur et/ou de largeur décroissantes 17 à 20.
Chaque zone est dimensionnée de façon à pouvoir discriminer un type de goutte particulier.
Dans le cas représenté à la figure 8, le fluide porteur entraîne quatre types de gouttes de tailles ou de viscosités différentes en regard de la première zone 17, c'est-à-dire la zone la plus large et/ou la plus profonde.
Les gouttes du premier type 21 , c'est-à-dire les plus grosses ou les plus visqueuses sont entraînées au travers cette zone 17 par le fluide porteur, la trajectoire de ces gouttes 21 n'étant quasiment pas influencée par la présence du chenal 3.
Les gouttes du deuxième, du troisième et du quatrième types 22, 23,
24, plus petites ou moins visqueuses que les premières 21 , sont attirées par la première zone 17 du chenal 3 et suivent celle-ci de l'amont vers l'aval en étant emportées par le fluide porteur, jusqu'à arriver à la deuxième zone 18, de largeur et/ou de hauteur plus faible.
La deuxième zone 18 est dimensionnée de façon à ce que les gouttes du deuxième type 22 ne puissent pas y pénétrer. Ces gouttes 22 sont donc extraites du chenal 3 et circulent ensuite dans le microcanal 2, selon un axe parallèle à l'écoulement du fluide porteur et écarté de leur axe de circulation d'origine.
De la même manière que précédemment, les autres zones 19 et 20 du chenal 3 sont dimensionnées de façon à ce que les gouttes du troisième type 23 circulent successivement dans les premières, deuxième et troisième zones 17, 18, 19 avant de s'échapper hors du chenal 3, et que les gouttes du quatrième type 24 circulent dans chacune des zones 17 à 20 du chenal 3 avant de s'échapper à l'extrémité aval 16 du chenal 3.
De cette manière, les gouttes de chaque type 21 à 24 circulent, en aval du chenal 3, respectivement suivant des axes de circulation parallèles et écartés les uns des autres.
Un tel microcanal permet donc de trier quatre types de gouttes de nature différente.
Bien entendu, le nombre de zones différentes du chenal peut être ajusté en fonction des besoins.
Il est également possible de séparer plusieurs types de gouttes en ménageant différents chenaux 3 de dimensions et/ou d'inclinaisons différentes dans le microcanal par rapport au sens d'écoulement F du fluide porteur, comme cela est représenté à la figure 9.
Dans cette figure, le microcanal 2 est formé avec quatre chenaux successifs 3, dont les inclinaisons par rapport à l'écoulement du premier fluide sont de plus en plus faible, Le premier chenal 3a, le plus incliné, sépare les plus petites gouttes 24, le deuxième canal 3b sépare les gouttes un peu plus grandes 23, le troisième canal 3c sépare les gouttes encore un peu plus grandes 22, et le quatrième canal 3d sépare les gouttes les plus grandes 21 .
Le microcanal 2 peut également être équipé d'un chenal 3, s'étendant par exemple suivant l'axe de circulation du fluide porteur, et pourvu d'une diminution de sa largeur 25 et/ou de sa hauteur. Cette diminution peut présenter la forme d'un gradin ou d'une marche discontinue, ou encore une forme progressive telle que celle visible en figure 10.
De cette façon, une goutte 5 s'écoulant dans le chenal en étant entraînée par le fluide porteur sera freinée lors du passage du rétrécissement 25.
Dans le cas où la vitesse du fluide porteur est nulle, la géométrie des chenaux peut être utilisée comme moteur pour transporter les gouttes. De cette façon, l'invention permet de déplacer les gouttes dans un champ bidimensionnel, même en l'absence d'un écoulement d'un fluide porteur. L'invention peut même être utilisée afin de déplacer des gouttes à contre- courant par rapport à l'écoulement du fluide porteur.
A l'inverse, comme représenté en figure 1 1 , le chenal 3 peut être équipé d'une zone d'élargissement 26 en gradin ou progressive, de façon à ce que la goutte 5 circulant dans le chenal 3 soit accélérée lors du passage de cette zone.
Le freinage des gouttes 5 peut également être obtenu (figure 12) en disposant de part et d'autre du chenal 3 dans lequel elles circulent, des chenaux secondaires 27 ayant pour fonction d'augmenter localement la section du microcanal 2. Ceci a pour effet de diminuer localement la vitesse
de circulation du fluide porteur, et, par voie de conséquence, la vitesse de circulation des gouttes 5.
Bien entendu, le nombre, la forme et la position des chenaux secondaires 27 peuvent être modifiés en fonction des besoins, l'important étant l'augmentation locale de la section du microcanal. On peut obtenir l'effet inverse en remplaçant les chenaux 27 par des nervures formant une diminution locale de la section du microcanal 2.
La figure 13 représente un microcanal 2 comportant une zone de piégeage 28 des gouttes, formée par une poche ou une cavité 29 réalisée dans la paroi du microcanal 2. Dans cette forme de réalisation, le microcanal n'est pas équipé d'un chenal, les gouttes transportées par le flux de fluide porteur F étant piégées dans la ou les zones de piégeage si ces dernières se trouvent sur la trajectoire des gouttes. Les zones de piégeage peuvent être plus petites ou plus grandes que les gouttes ou les bulles à piéger, en fonction des applications et de la nature des gouttes ou des bulles.
La figure 14 représente un chenal 3 équipé d'une zone de piégeage 28 des gouttes, formée par une poche ou cavité formée sur un côté du chenal 3, dans une paroi 4 du microcanal 2.
La poche 29 est raccordée au chenal 3 par une embouchure 30 et est apte à piéger un nombre prédéfini de gouttes. Dans le cas de la figure 13, cette zone ne permet de contenir qu'une seule goutte 5.
La section de l'embouchure 30 peut être adaptée en fonction des applications. Dans le cas où l'embouchure 30 présente une section plus importante que celle du chenal 3, la ou les gouttes 5 peuvent être automatiquement attirées dans les zones de piégeage 28.
Dans le cas où l'embouchure 30 présente une section plus faible ou sensiblement égale à celle du chenal 3, il peut être nécessaire de forcer les gouttes 5 à entrer dans la zone de piégeage 28. Ceci peut être réalisé par tout moyen approprié, en particulier à l'aide de la méthode décrite dans les documents WO 2006/018490 et WO 2007/138178 et qui utilise un faisceau
laser dirigé sur l'interface entre une goutte et le fluide porteur ou entre deux gouttes, afin d'influer sur le déplacement des gouttes.
Les gouttes 5 peuvent être retirées des zones de piégeage 28 en augmentant le débit du fluide porteur, ou en forçant les gouttes 5 à sortir à l'aide de la méthode précitée.
La figure 15 représente un chenal 3 de part et d'autre duquel sont formées plusieurs zones de piégeage 28, 29, écartées les unes des autres et agencées en quinconce. Chaque zone de piégeage 28, 29 peut être dimensionnée pour piéger un nombre prédéfini de gouttes 5, une goutte pour le cas des zones 28 et deux gouttes pour le cas de la zone 31 , et/ou pour piéger des gouttes d'une nature particulière.
Le microcanal 2 peut également être équipé d'un réseau de chenaux formés d'un chenal principal 3, par lequel arrivent les gouttes, à partir duquel s'étendent un ou plusieurs chenaux dérivés 31 dans lesquels sont disposés des obstacles 32 permettant de retenir, au moins temporairement, les gouttes 5 dans le chenal dérivé correspondant 31 , comme on le voit à la figure 16. Ceux-ci forment alors des zones de piégeage. Les chenaux dérivés 31 peuvent ou non s'étendrent en aval de l'obstacle 32.
Selon une autre variante de réalisation de l'invention, visible en figure 17, les chenaux annexes 31 peuvent être équipés de zones mouillantes 33. Une zone mouillante est formée par une zone dont les propriétés de mouillage de la paroi 4 ont été modifiées.
Ceci peut être réalisé par exemple à l'aide d'une goutte d'eau qui est arrêtée ou ralentie dans une zone rendue hydrophile. La modification des propriétés de mouillage peut également être obtenue à l'aide de méthodes chimiques, telles que la silanisation ou l'attaque par plasma, ou encore à l'aide de méthodes physiques, par exemple en introduisant des plots hydrophiles auxquelles la goutte vient s'accrocher (effet fakir).
Les zones de piégeage peuvent également comporter des éléments destinés à réagir avec le contenu des gouttes, de façon à former des microréacteurs ou en vue de détecter la présence de molécules chimiques
et/ou biochimiques dans la ou les gouttes concernées. A titre d'exemple, une séquence d'ADN peut être détectée si la séquence complémentaire est greffée localement sur la paroi de la zone de piégeage correspondante.
Plusieurs gouttes peuvent également être amenées à proximité ou au contact l'une de l'autre comme cela est représenté à la figure 18. Pour cela, le microcanal comporte par exemple deux chenaux parallèles 34, 35, destinés chacun à la circulation d'un type particulier de gouttes 36, 37, à partir desquels s'étendent des chenaux dérivés 31 dont les extrémités aval forment des zones de piégeage 28.
Les zones de piégeage 28 sont disposées à proximité ou de manière adjacente l'une par rapport à l'autre de façon à ce qu'une goutte d'un premier type 36 soit à proximité ou au contact d'une goutte d'un second type 37.
Il est alors possible de fusionner les deux gouttes 36, 37 et faire réagir leur contenu, ou de comparer leur contenu.
La figure 19 représente un microcanal 2 présentant un chenal 3 équipé de plusieurs zones de piégeage successives 28, agencées en série.
Lorsqu'une goutte 5 est piégée dans chacune des zones de piégeage 28 et qu'une goutte supplémentaire arrive par le chenal 3, celle-ci déloge la goutte du piège amont qui, elle-même, vient déloger la goutte du piège située directement en aval du précédent. Ceci entraîne, par effet de cascade, le mouvement de toutes les gouttes 5, d'une zone de piégeage 28 à une autre.
Les zones de piégeage 28 forment une zone tampon T définie par un élargissement du microcanal et dans laquelle les gouttes 5 passent une durée déterminée nécessaire par exemple pour incuber une réaction chimique ou biochimique et/ou pour permettre leur observation.
Les zones de piégeage 28 peuvent également être à disposition matricielle comme représenté en figure 20, par l'intermédiaire d'un chenal principal 3 et de chenaux dérivés 31 parallèles, reliés chacun à un nombre déterminé de zones de piégeage 28.
La figure 21 montre un microcanal 2 comportant des moyens d'alimentation 38 de trains parallèles de gouttes de nature différente 21 à 24, des moyens parallèles d'introduction 39 des gouttes de nature différente dans le microcanal 2, et des chenaux 3 formés dans le microcanal 2 à partir des moyens d'introduction 39 pour guider les gouttes 21 à 24 sortant de chaque moyen d'introduction jusqu'à une zone prédéterminée du microcanal 2. On forme ainsi des trains parallèles de gouttes différentes dans le microcanal.
Les microcanaux présentés ci-dessus pour le traitement de gouttes dans un fluide porteur sont également utilisables pour le traitement de bulles.
L'invention permet notamment d'intégrer la préparation des échantillons dans une puce microfluidique et d'apporter les échantillons vers les points d'observation de façon simple et robuste.
Un circuit microfluidique selon l'invention peut être appliqué dans le domaine de la biotechnologie ou de la « chimietech », mais également dans le domaine de l'affichage fluide et de l'observation de réactions dans des microgouttes.
Un tel circuit microfluidique pourrait se présenter sous un format aujourd'hui devenu standard, tel que les « Micro-Arrays » ou biopuces, par exemple les puces à ADN ou à protéines, ou encore les puces de culture cellulaire.
Ces biopuces sont constituées d'une matrice de zones où la surface est fonctionnalisée avec des biomolécules, la taille et la distance entre ces zones étant d'environ la même taille que les gouttes microfluidiques et les chenaux. L'invention permet d'amener des gouttes particulières, dont le contenu est connu, vers les sites fonctionnalisés et de les amener en contact avec la surface afin de produire l'hybridation qui permettra la mesure biologique. De cette manière, l'invention permet d'interfacer la technologie des biopuces avec les avantages de la manipulation des fluides en microfluidique.
Comme indiqué précédemment, la trajectoire des gouttes peut être modifiée de façon active, à l'aide d'un laser, afin d'amener les gouttes dans un piège ou dans une zone déterminée d'un microcanal.
Dans le cas d'un microcanal comportant plusieurs chenaux, une telle méthode peut également être utilisée pour diriger une goutte d'un chenal à un autre, par exemple pour choisir entre différentes trajectoires que pourrait suivre la goutte.
Pour cela, lorsque les fluides présentent un écoulement thermocapillaire normal, il convient de choisir la longueur d'onde du laser afin qu'elle soit absorbée par le fluide porteur. Le fluide porteur peut, si nécessaire, contenir un colorant (encre noire par exemple) absorbant la longueur d'onde du laser. Dans ce cas, le chauffage local du fluide porteur à l'aide du laser, dans un chenal ou à proximité de celui-ci, attire la goutte dans ce chenal. Le chauffage peut aussi être effectué à l'interface entre la goutte et le fluide porteur afin d'attirer la goutte dans un chenal déterminé.
Lorsque les fluides présentent un écoulement thermocapillaire anormal, le laser peut être positionné afin de bloquer l'avancée d'une goutte et la dévier dans un autre chenal.
Le chauffage peut également être appliqué localement ou globalement à l'aide d'éléments de chauffage électriques.
En outre, dans le cas où les fluides utilisés n'absorbent pas le laser, une telle absorption peut être faite soit directement par le matériau constitutif du microcanal, soit en déposant dans le microcanal ou dans le chenal une couche ou une particule d'un matériau absorbant la radiation laser.
Les forces de diélectrophorèse peuvent également être utilisées afin d'influencer la trajectoire des gouttes, ou encore pour piéger des gouttes.