COMPOSITION COMPRENANT UN MATERIAU MESOSTRUCTURE A BASE
DE SILICE OU D'ALUMINE ET EVENTUELLEMENT UN ELEMENT CHOISI
PARMI CEUX DE NUMERO ATOMIQUE 21 A 31 , LE MOLYBDENE ET LE
TUNGSTENE, UTILISABLE COMME CATALYSEUR POUR LE CRAQUAGE
CATALYTIQUE
La présente invention concerne une composition comprenant un matériau mésostructuré à base de silice ou d'alumine utilisable comme catalyseur pour le craquage catalytique, notamment pour le craquage catalytique en lit fluide.
Le procédé de craquage catalytique, notamment le procédé de craquage catalytique en lit fluide (FCC) est un procédé important du raffinage dont l'objectif essentiel est la production d'essence et de gazole à partir de charges lourdes. Plus précisément, ce procédé conduit à des essences ou des gazoles qui contiennent des quantités relativement élevées de soufre. Or, dans le cadre de la protection de l'environnement, les mesures législatives de nombreux pays imposent une diminution importante de la teneur en soufre des carburants pour moteurs d'automobiles. II existe donc un besoin pour un procédé FCC conduisant à des produits à faible teneur en soufre. Diverses voies ont été étudiées comme l'hydrotraitement des charges de FCC, le postraitement de l'essence ou la réduction de la teneur en soufre de l'essence durant le craquage. Dans ce dernier cas, les résultats obtenus jusqu'ici ne sont pas encore pleinement satisfaisants.
Il existe aussi un besoin d'amélioration du rendement de craquage des procédés FCC.
L'objet de l'invention est de répondre à ces besoins et de fournir notamment un système catalytique pour FCC à propriétés améliorées et utilisable durant le craquage.
L'invention concerne tout d'abord une première composition qui est caractérisée en ce qu'elle comprend :
- au moins un composé d'un élément E choisi dans le groupe comprenant les éléments des numéros atomiques 21 à 31 de la classification périodique et le molybdène et le tungstène;
- un matériau mésostructuré comprenant des particules de dimensions nanométriques, au moins partiellement cristallines, à base d'un oxyde de
cérium, lesdites particules étant liées entre elles par une matrice minérale à base de silice ou d'alumine.
L'invention concerne aussi une seconde composition qui est caractérisée en ce qu'elle comprend : - un catalyseur de craquage catalytique en lit fluide;
- un matériau mésostructuré comprenant des particules de dimensions nanométriques, au moins partiellement cristallines, à base d'un oxyde de cérium, lesdites particules étant liées entre elles par une matrice minérale à base de silice ou d'alumine. L'invention concerne aussi une troisième composition qui est caractérisée en ce qu'elle comprend :
- un catalyseur de craquage catalytique en lit fluide ;
- un matériau mésostructuré comprenant des particules de dimensions nanométriques, au moins partiellement cristallines, à base d'un oxyde de cérium, lesdites particules étant liées entre elles par une matrice minérale à base de silice ou d'alumine;
- au moins un composé d'un élément E choisi dans le groupe comprenant les éléments des numéros atomiques 21 à 31 de la classification périodique et le molybdène et le tungstène, en combinaison avec ledit matériau mésostructuré. Les compositions de l'invention sont utilisables notamment dans le procédé de craquage catalytique et elles peuvent offrir un ou plusieurs des avantages suivants. Elles permettent tout d'abord de réduire la teneur en soufre à la fois dans l'essence (C5-221°C) et dans la coupe gazole légère. Elles peuvent permettre aussi le craquage de composés lourds du soufre comme les alkyl-thiofènes à chaînes longues, le benzothiofène et les alkyl- benzothiofènes, les catalyseurs connus étant moins efficaces par rapport à ces composés lourds du soufre. Ces compositions ont aussi l'avantage d'être plus sélectives pour l'obtention d'oléfines en C3 et C4. Enfin, les compositions de l'invention peuvent améliorer aussi le rendement de craquage. D'autres caractéristiques, détails et avantages de l'invention apparaîtront encore plus complètement à la lecture de la description qui va suivre, ainsi que des divers exemples concrets mais non limitatifs destinés à l'illustrer.
Pour la suite de la description, on entend par surface spécifique, la surface spécifique B.E.T. déterminée par adsorption d'azote conformément à la norme ASTM D 3663-78 établie à partir de la méthode BRUNAUER - EMMETT- TELLER décrite dans le périodique "The Journal of the American Chemical Society, 60, 309 (1938)".
Par ailleurs, par terre rare on entend les éléments du groupe constitué par ryttrium et les éléments de la classification périodique de numéro atomique compris inclusivement entre 57 et 71.
Comme on l'a vu plus haut, les compositions de l'invention comprennent toutes un matériau mésostructuré ou mésoporeux ordonné. Ce matériau va être décrit plus précisément ci-dessous dans un premier temps et les compositions de l'invention seront décrites dans un deuxième temps. Le matériau mésostructuré
Au sens strict du terme, les composés dits mésoporeux sont des solides présentant, au sein de leur structure, des pores possédant une taille intermédiaire entre celle des micropores des matériaux de type zéolites et celle des pores macroscopiques.
Plus précisément, l'expression « composés mésoporeux » désigne à l'origine un composé qui comporte spécifiquement des pores de diamètre moyen compris entre 2 et 50 nm, désignés par le terme de "mésopores". Typiquement, ces composés sont des composés de type silices amorphes ou paracristallines dans lesquelles les pores sont généralement distribués de façon aléatoire, avec une distribution très large de la taille des pores.
En ce qui concerne la description de tels composés, on pourra notamment se reporter à Science, vol. 220, pp. 365-371 (1983) ou encore au Journal of Chemical Society, Faraday Transactions, 1, vol. 81, pp. 545-548 (1985).
D'autre part, les composés dits « structurés » sont quant à eux des composés présentant une structure organisée, et caractérisés de façon plus précise par le fait qu'ils présentent au moins un pic de diffusion dans un diagramme de diffusion de rayonnement de type diffusion par des rayons X ou par des neutrons. De tels diagrammes de diffusion ainsi que leur mode d'obtention sont notamment décrits dans Small Angle X-Rays Scattering (Glatter et Kratky - Académie Press London - 1982). Le pic de diffusion observé dans ce type de diagramme peut être associé à une distance de répétition caractéristique du composé considéré, qui sera désignée dans la suite de la présente description par le terme de « période spatiale de répétition » du système structuré.
Sur la base de ces définitions, on entend par « composé mésostructuré » un composé structuré possédant une période spatiale de répétition comprise entre 2 et 50 nm.
Les composés mésoporeux ordonnés constituent quant à eux un cas particulier de composés mésostructurés. Il s'agit en fait de composés
mésoporeux qui présentent un agencement spatial organisé des mésopores présents dans leur structure, et qui de ce fait possèdent effectivement une période spatiale de répétition associée à l'apparition d'un pic dans un diagramme de diffusion. Dans la suite de la description et sauf indication contraire le terme
« mésostructuré » devra être compris comme s'appliquant à la fois aux matériaux mésostructuré et aux matériaux mésoporeux ordonnés.
Le matériau mésostructuré qui rentre dans la composition de l'invention est du type comprenant des particules de dimensions nanométriques, au moins partiellement cristallines, à base d'un oxyde de cérium, lesdites particules étant liées entre elles par une matrice minérale à base de silice ou d'alumine. Des matériaux de ce type sont décrit dans la demande de brevet WO 01/32558 à l'enseignement duquel on pourra se référer. On rappelle ci- dessous les caractéristiques principales de ce matériau. Par « particules de dimensions nanométriques », on entend, au sens de la présente invention, des particules de préférence de morphologie sphérique ou isotrope dont au moins 50% de la population possède un diamètre moyen compris entre 1 et 10 nm, avantageusement inférieur à 6nm, avec une répartition granulométrique de ces particules de préférence monodisperse. De façon particulière, le terme « particules de dimensions nanométriques » peut également désigner selon l'invention des particules anisotropiques, de type bâtonnets, à la condition que, pour au moins 50% de la population de ces particules, le diamètre transversal moyen soit compris entre 1 et 10 nm et la longueur ne dépasse pas 100 nm, avec une répartition granulométrique de ces particules de préférence monodisperse.
Ces particules de dimensions nanométriques qui sont présentes dans le matériau de l'invention sont des particules au moins partiellement cristallines, c'est à dire qu'elles présentent un taux de cristallinité allant de 30 à 100 % en volume. Ce taux de cristallinité peut être calculé par le rapport de l'aire d'un pic de diffraction mesurée par diffraction RX pour un échantillon du matériau selon l'invention à l'aire du même pic de diffraction mesurée pour un échantillon témoin dans lequel l'élément constitutif de la particule est à l'état totalement cristallisé et corrigé des coefficients d'absorption des oxydes correspondants.
La présence de ces particules partiellement cristallisées au sein de la matrice minérale confère aux matériaux mésostructurés de l'invention, en plus d'un agencement ordonné de leur réseau de pores, un taux de cristallinité global généralement au moins égal à 10% en volume, et plus particulièrement d'au moins 30% en volume, ce taux de cristallinité volumique global étant
calculé en multipliant le taux de cristallinité volumique déterminé expérimentalement pour les particules, selon la méthode décrite ci-dessus, par la fraction de volume du matériau qui est occupée par lesdites particules.
Le composé selon la présente invention présente avantageusement un taux de cristallinité global en volume d'au moins 40 %.
Par « taux de cristallinité» au sens de l'invention, on entend le taux de cristallinité propre des parois de la structure, qui prend globalement en compte à la fois la cristallinité éventuelle de la matrice minérale ou matrice liante et la cristallinité des particules de dimensions nanométriques incluses dans cette matrice liante. A ce sujet, il faut donc bien souligner que la « cristallinité » du matériau, au sens de l'invention, correspond à une organisation microscopique détectable notamment par diffraction (par exemple par diffraction de rayons X aux grands angles), qui est à distinguer en particulier de « l'ordre » présenté, à un niveau plus macroscopique, par la mésostructure du matériau. La matrice minérale du matériau mésostructuré de la présente invention intégrant les particules de dimensions nanométriques définies précédemment constitue quant à elle une matrice minérale, amorphe à partiellement cristalline qui, dans le cas de la présente invention, est à base de silice ou d'alumine. Au sens de la présente invention, la matrice peut être à base d'un mélange d'alumine et de silice. On notera que les particules peuvent être dispersées entièrement au sein de la matrice minérale mais que, de préférence, cette matrice minérale n'englobe pas totalement les particules de dimensions nanométriques qu'elle contient. Dans ce cas, la matrice minérale joue un rôle de liant entre les particules dont au moins une partie de la surface est ainsi accessible et dégagée de la matrice minérale. Ainsi, au moins une partie des particules est en contact avec les parties poreuses constituant l'espace interne du matériau accessible par une phase gaz notamment.
La matrice minérale est le plus souvent constituée majoritairement par de la silice et/ou de l'alumine, c'est à dire que la matrice minérale est généralement constituée à au moins 60 % en masse, et de préférence à au moins 70 % en masse par de la silice et/ou de l'alumine.
Le rapport molaire (silice et/ou alumine)/oxyde de cérium est généralement compris entre 20:80 et 99,5:0,5, de préférence entre 40:60 et 95,5: 4,5. De façon encore plus préférée, ce rapport molaire est compris entre 40:60 et 92:8. Il apparaît que la stabilité de la structure peut ne plus être assurée lorsque le rapport molaire matrice minérale/particules se situe en deçà de la proportion de 20:80.
Le matériau qui entre dans la constitution des compositions de l'invention peut avantageusement présenter, au moins à un niveau local, une ou plusieurs mésostructure(s) choisie(s) parmi les mésostructures mésoporeuses de symétrie hexagonale tridimensionnelle P63/mmc, de symétrie hexagonale bidimensionnelle, de symétrie cubique tridimensionnelle Ia3d, Im3m ou Pn3m ; parmi les mésostructures de type vésiculaire ou lamellaire, ou parmi les mésostructures de type vermiculaire.
Concernant toujours la structure du matériau mésostructuré, celui-ci présente des parois minérales qui peuvent être décrites comme constituées de domaines discrets de matrice liante et de particules de dimensions nanométriques. L'épaisseur globale des parois de la structure mésoporeuse, qui intègrent les particules de dimensions nanométriques, est préférentiellement comprise entre 2 et 12 nm, plus particulièrement entre 3 et
10 nm. Le matériau selon l'invention possède avantageusement une structure mésoporeuse comportant des pores de taille comprise entre 2 et 12 nm, de préférence entre 3 et 9 nm. Dans le cas d'une structure mésoporeuse ordonnée, le diamètre des pores est généralement compris entre 2 et 8 nm.
Toutefois, ce diamètre peut être encore augmenté, notamment par l'emploi de solvants, par des techniques connues de l'état de la technique
D'autre part, les matériaux mésostructurés présentent une surface spécifique BET élevée, comprise préférentiellement entre 400 et 2400 m2/cm3.
Les matériaux mésostructuré peuvent présenter une granulométrie comprise entre 0,1 μm et 50μm, de préférence entre 0,1 μm et 10μm, avantageusement entre 0,1 μm et 5μm.
Le matériau mésostructuré selon un première variante de l'invention
Selon une première variante de l'invention, l'oxyde de cérium dont sont à base les particules nanométriques comprend au moins un élément métallique M1 en solution solide au sein du réseau cristallin de cet oxyde. Cet élément M1 est choisi parmi le zirconium et les terres rares autres que le cérium. M1 peut être plus particulièrement le lanthane ou le zirconium.
De façon caractéristique pour cette variante, les particules de dimensions nanométriques intégrées dans la matrice minérale sont à base d'un oxyde de cérium qui comprend au moins un métal M1 à l'état cationique, dit élément "dopant", qui est présent en solution solide, généralement en solution solide d'insertion et/ou de substitution, au sein de la structure cristalline de l'oxyde.
Par "cations présents en solution solide au sein d'un oxyde de cérium", on entend des cations présents, à titre de cations d'insertion et/ou de
substitution, au sein de l'oxyde de cérium cristallin jouant de façon caractéristique le rôle d'un réseau cristallin hôte, lesdits cations représentant généralement strictement moins de 50% en mole de la quantité totale de cations métalliques présents dans l'oxyde, c'est-à-dire que les cations intégrés en solution solide sont préférentiellement des cations minoritaires par rapport aux cations constitutifs de l'oxyde de cérium où ils sont intégrés en solution solide, la teneur en lesdits cations pouvant toutefois atteindre 50% dans certains cas. L'oxyde cristallin de cérium intégrant des cations en solution solide conserve la structure de l'oxyde cristallin de cérium à l'état pur, de légères modifications des paramètres de mailles pouvant cependant être observées, par exemple en accord avec la loi de Vegard. Un oxyde cristallin intégrant des cations en solution solide présente de ce fait généralement un diagramme de diffraction de rayons X similaire à celui de l'oxyde pur, avec un décalage plus ou moins important des pics. De préférence, au sein de l'oxyde de cérium des particules incluses dans les matériaux de l'invention, la quantité de cations de l'élément "dopant" M1 en solution solide (ou de la totalité des cations dopants en solution solide, lorsque plusieurs dopants sont présents) représente au moins 0,2 % en mole de la quantité totale de cations métalliques présents dans l'oxyde, avantageusement au moins 0,5 % en mole, et encore plus avantageusement au moins 1% en mole. De façon générale, on préfère le. plus souvent que la teneur en cations "dopants" soit la plus élevée possible. Ainsi, lorsque cela est envisageable, notamment compte tenu de la nature du ou des élément(s) dopant(s) et de l'oxyde au sein duquel ils sont introduits en solution solide, on préfère que la teneur en cations "dopants" soit au moins égale à 5%, de préférence au moins égale à 20%, et encore plus avantageusement au moins égale à 30%, voire au moins égale à 40%. La quantité de cations du métal M1 qu'on peut intégrer en solution solide peut représenter jusqu'à 50% en mole de la quantité totale de cations métalliques présents dans l'oxyde de cérium dopé, ceci tout particulièrement dans le cas où le métal M1 dopant représente le zirconium.
Le matériau de cette première variante peut être préparé par un procédé qui comprend trois étapes. Dans une première étape (a), on forme un matériau mésostructuré comprenant des particules de dimensions nanométriques, au moins partiellement cristallines, à base d'un oxyde de cérium, lesdites particules étant liées entre elles par une matrice minérale à base de silice ou d'alumine en mettant en œuvre par exemple la méthode de préparation décrite dans la demande de brevet WO 01/32558. Dans une deuxième étape (b), on introduit, au sein de la structure mésoporeuse obtenue, un composé à base
dudit élément M1 (de préférence ledit métal M1 sous forme cationique, éventuellement complexée, ou bien encore un alcoxyde du métal M1), la teneur totale en élément M1 introduit au sein de la structure, rapportée à la surface totale développée par la mésostructure, étant inférieure à 5 micromoles de cation par m2 de surface. Dans une troisième étape (c), on soumet la mésostructure ainsi réalisée à une température au moins égale à 300°C, et non supérieure à 1000°C ce par quoi on intègre au moins une partie de l'élément M1 sous la forme de cations en solution solide au sein de l'oxyde présent dans les particules de dimensions nanométriques introduites lors de l'étape (a), ce qui mène à l'obtention d'un matériau selon cette première variante de l'invention.
La deuxième étape (b) consiste plus précisément à réaliser une imprégnation d'au moins une partie des zones poreuses de la mésostructure réalisée dans l'étape (a) avec un composé de l'élément M1 que l'on souhaite introduire à titre de "dopant" en solution solide au sein des particules d'oxyde de cérium intégrées au sein des parois de la mésostructure. Généralement, cette imprégnation est réalisée en introduisant lesdits cations de l'élément M1 au sein de la mésostructure en les dispersant au sein d'une phase vecteur, liquide ou gazeuse, cette phase vecteur étant de préférence un milieu liquide, en général un milieu aqueux ou hydro-alcoolique, ou bien encore un milieu solvant organique. Ainsi, l'étape (b) consiste le plus souvent à réaliser une imprégnation d'au moins une partie des zones poreuses de la mésostructure réalisée dans l'étape (a) avec une solution, généralement aqueuse, d'un sel d'un cation du métal M1, de préférence d'un nitrate, oxy-nitrate, oxalate, et/ou acétate du métal M1, ou bien avec une solution aqueuse ou hydro-alcoolique comprenant des cations du métal M1 à l'état complexé, ou bien encore avec un solution, généralement en milieu solvant organique anhydre, comprenant un alcoxyde du métal M1.
Toutefois, selon des modes de mise en œuvre particuliers, on peut également envisager dans l'étape (b) l'utilisation de dispersions de clusters à base du métal M1 (notamment des clusters à base d'oxyde et/ou d'hydroxydes du métal M1), ou bien encore une phase gazeuse comprenant un composé du métal (cette phase gaz étant préférentiellement constituée par ledit composé à l'état gazeux). Dans l'étape (b), il est nécessaire que la concentration globale en cation de l'élément M1 introduits au sein des zones poreuse soit relativement faible, notamment de façon à ne pas observer une diminution trop importante de la surface spécifique du matériau, voire un colmatage des pores, suite au traitement thermique de l'étape (c). Cette concentration globale
est telle que la teneur totale en cations dudit élément M1, rapportée à la surface totale développée par la mésostructure, reste, en règle générale, inférieure à 5 micromoles de cation par m2 de surface. De préférence, cette teneur reste au moins égale à 1 micromole de cation par m2 de surface. La "surface totale du matériau mésostructuré" à laquelle il est fait référence ici est calculée en multipliant la surface spécifique BET, mesurée en m2/g pour le matériau mésostructuré obtenu à l'issue de l'étape (a), par la masse dudit matériau. On préfère en général que, lors de l'étape (b), les composés à base du métal M1 soient introduits au sein de la mésostructure sous la forme d'une solution, en milieu aqueux ou hydro-alcoolique, ou bien encore au sein d'un solvant organique. Dans ce cadre, de façon à se placer dans les conditions de concentration précitées, la concentration globale C en cations M1 au sein du milieu qui se retrouve incorporé dans la mésostructure à l'issue de l'étape (b) est en général inférieure à 2 mol/L et elle est de préférence comprise entre 0,1 mol/L et 1 ,5 mol/L, cette concentration étant avantageusement inférieure ou égale à 1 mol/L. Il est à noter que, dans le cadre du présent procédé, il est possible de réaliser une imprégnation avec des solutions relativement concentrées, la concentration C pouvant être supérieure à 0,5 mol/L, voire à 0,7 mol/L dans la plupart des cas. Pour parvenir à l'incorporation d'une solution présentant une telle concentration C au sein du matériau mésostructuré issu de l'étape (a), l'étape (b) peut être conduite selon plusieurs voies possibles. Ainsi, selon une première variante envisageable, l'étape (b) peut être conduite en immergeant le matériau mésostructuré obtenu à l'issu de l'étape (a) au sein d'une solution comprenant l'élément M1 à une concentration de l'ordre de la concentration C (généralement comprise entre 0,1 et 1 ,5 mol/L, et avantageusement entre 0,2 et 1 mol/L), puis en filtrant le milieu obtenu. Le solide imprégné recueilli suite à la filtration comprend alors effectivement au sein de ses zones poreuses une solution comprenant un composé du métal M1, avec la teneur recherchée en métal M1.
Selon une autre variante possible, l'étape (b) peut également être conduite en immergeant le matériau mésostructuré obtenu à l'issu de l'étape (a) au sein d'une solution comprenant l'élément M1 à une concentration proche de la concentration C (en général à une concentration avantageusement comprise entre 0,2 et 1 ,5 mol/L, et de préférence entre 0,4 et 1,2 mol/L), puis en soumettant le milieu obtenu à une centrifugation. Sous réserve de ne pas conduire la centrifugation dans des conditions trop poussées (typiquement, la centrifugation est réalisée, à raison de 2000 à 5000 tours par minutes, pendant
une durée n'excédant généralement pas 30 minutes), le culot de centrifugation obtenu est un solide imprégné qui comprend, au sein de ses zones poreuses, une solution comprenant l'élément M1 à la concentration recherchée.
Selon encore une autre variante envisageable, l'étape (b) peut également être conduite en additionnant au matériau mésostructuré obtenu à l'issu de l'étape (a) un volume V d'une solution comprenant l'élément M1, ledit volume V étant de l'ordre du volume poreux développé par le matériau, ce par quoi on obtient une pâte. Le mélange s'effectue généralement par malaxage. On soumet ensuite la pâte obtenue à une évaporation du solvant, de préférence de façon lente. Dans ce cas, la quasi-totalité de l'élément M1 introduit au départ se retrouve au sein de la mésostructure. Dans ce cadre, on préfère en général conduire l'étape (b) en additionnant au matériau mésostructuré obtenu à l'issu de l'étape (a) un volume de solution représentant entre 0,2 et 3 fois le volume du matériau (et représentant de préférence au plus 2 fois le volume du matériau), ladite solution comprenant l'élément M1 à une concentration généralement comprise entre 0,1 et 2 mol/L, puis en évaporant le solvant dans le mélange obtenu.
Quel que soit le mode exact de mise en œuvre de l'étape (b), le solide imprégné obtenu à l'issu de cette étape est ensuite soumis à une étape (c) de traitement thermique. Cette étape (c) est essentiellement destinée à réaliser une intégration au moins partielle de cations de l'élément M1 en solution solide au sein des particules à base d'oxyde incluses dans les parois de la mésostructure.
A cet effet, elle comprend un traitement du matériau à une température au moins égale à 300°C, cette température étant de préférence au moins égale à 350°C, des températures supérieures n'étant généralement pas requises pour ce qui est de l'intégration des cations de l'élément M1 au sein des particules à base d'oxyde. A ce propos, il faut bien souligner que le procédé décrit ici permet, de façon surprenante, d'intégrer des cations métalliques dopants en solution solide d'insertion et ou de substitution au sein de l'oxyde de cérium des particules de dimensions nanométriques à des températures faibles, ce qui permet notamment d'obtenir des matériaux mésostructurés fonctionnalisés présentant des surfaces spécifiques très importantes. Toutefois, dans certains cas de figure, il peut être avantageux de réaliser le traitement thermique de l'étape (c) à une température au moins égale à 400°C, voire au moins égale à 500°C, notamment de façon à améliorer certaines caractéristiques physiques et/ou chimiques du matériau
(concentrations en sites catalytiques actifs, activités catalytiques spécifiques...), ce qui n'affecte généralement pas de façon excessive la surface spécifique du matériau. Néanmoins, de façon à ne pas remettre en cause le stabilité de la mésostructure, la température du traitement thermique ne doit en général pas dépasser 1000°C, et, de préférence, elle reste inférieure à 950°C, avantageusement inférieure ou égale à 900°C, et encore plus préférentiellement inférieure ou égale à 850°C.
De façon optionnelle, notamment dans le cas où le métal M1 est introduit dans l'étape (b) sous forme d'une solution, l'étape (c) peut comprendre une étape de séchage, préalablement au traitement thermique. Dans ce cas, ce séchage préalable est généralement conduit de la façon la plus lente possible, notamment de façon à favoriser les échanges ioniques. A cet effet, le séchage est le plus souvent conduit à une température comprise entre 15 et 80°C, de préférence à une température inférieure à 50°C, voire à 40°C, et avantageusement à température ambiante. Ce séchage peut être effectué sous atmosphère inerte (azote, argon) ou sous atmosphère oxydante (air, oxygène) en fonction des composés présents dans le matériau. Dans le cas où le métal M1 est introduit au sein du matériau sous forme d'un alcoxyde, le séchage est avantageusement conduit sous atmosphère exempte d'eau. De façon particulièrement avantageuse, l'étape (c) peut être conduite en soumettant le solide à un gradient de température, d'une température initiale comprise entre 15 et 95°C, à une température finale comprise entre 350°C et 1000°C, avantageusement avec une montée en température comprise entre 0,5 °C par minute et 2 °C par minute, et avec un ou plusieurs paliers successifs de maintien à des températures intermédiaires, de préférence comprise entre 350 et 600°C, pendant des durées variables, généralement comprises entre 1 heure et 24 heures.
Selon un mode de réalisation particulièrement avantageux, le procédé de l'invention peut comprendre, suite au processus d'imprégnation/traitement thermique des étapes (b) et (c), un ou plusieurs cycles ultérieurs d'imprégnation/ traitement thermique mettant en oeuvre des étapes de type (b) et (c), conduites sur le solide obtenu à l'issu du cycle précédent. Par mise en œuvre de ce type de procédé à plusieurs cycles d'imprégnation/traitement thermique successifs, on parvient à réaliser une très bonne incorporation de l'élément M1 en solution solide au sein des particules d'oxyde intégrées aux parois lors de l'étape (a). On peut également envisager la mise en œuvre de plusieurs cycles d'imprégnation/traitement thermique mettant en œuvre des éléments dopant de type M1 distincts, ce par quoi on peut obtenir des
matériaux intégrant des particules d'oxyde de cérium dopés par plusieurs éléments métalliques en solution solide.
Il est par ailleurs à noter que le ou les processus d'imprégnation/traitement thermique mis en œuvre peuvent mener, parallèlement à une intégration de l'élément M1 en solution solide au sein des particules d'oxydes, à une intégration de cet élément sous forme cationique ou sous forme de cluster au sein et/ou à la surface de la phase minérale liante de la mésostructure, en particulier lorsque cette phase ou matrice liante est au moins partiellement constituée de silice. De plus, à l'issue d'une étape de traitement thermique de type (c), on observe souvent la formation de cristallites à base d'un composé du métal M1, notamment de type oxyde, hydroxyde, oxy-hydroxyde, carbonate ou hydroxy-carbonate, à la surface de la phase liante, et/ou au moins partiellement intégrées dans celle-ci. On peut également observer la formation des clusters ou cristallites précités à la surface et/ou au sein des particules d'oxyde de cérium.
Le matériau mésostructuré selon un seconde variante de l'invention Selon une seconde variante de l'invention, il est possible d'utiliser comme matériau mésostructuré un matériau du type qui a été décrit ci-dessus dans la partie précédant la description de la première variante avec les caractéristiques mentionnées et dont la matrice est à base de silice, ou constituée majoritairement de silice au sens donné précédemment, et contient des cations d'un métal M2 choisi parmi l'aluminium ou le titane. Ces cations d'un métal M2 peuvent être plus particulièrement en position tétraédrique au sein de la silice. Bien entendu, dans cette variante, le matériau peut comprendre à la fois en combinaison des cations d'aluminium et de titane.
Par "cations d'un métal M2 en position tétraédrique au sein d'une silice", on entend, au sens de la présente invention, des cations du métal M2 en coordinence 4 au sein d'une phase silice, à savoir intégrés dans des tétraèdres de type M2O4, avec des atomes d'oxygène comme plus proches voisins, les tétraèdres M2O4 pouvant schématiquement être considérés comme des analogues des tétraèdres SiO4 présents par ailleurs dans la silice, et où le silicium est substitué par le métal M2. Ces cations métalliques intégrés en position tétraédrique au sein de la silice de la matrice minérale représentent avantageusement au moins 15 %, et de préférence au moins 20 % de la quantité totale d'élément métallique M2 présent dans le matériau. De préférence, cette quantité totale d'élément métallique M2 présent dans un matériau selon cette variante de l'invention est telle que le ratio molaire global
M2/Si au sein du matériau est supérieur ou égal à 10%, ce ratio étant avantageusement au moins égal à 15%.
La présence spécifique des cations aluminium en position tétraédrique au sein de la matrice minérale peut être mise en évidence notamment en soumettant lesdits matériaux à une analyse de résonance magnétique nucléaire (RMN) de l'aluminium (27AI). La présence de cations aluminium en position tétraédrique se traduit alors sur le spectre obtenu par l'apparition d'un pic à un déplacement chimique aux alentours de 50 ppm. Une analyse par RMN de 27AI sur un matériau selon l'invention permet en outre de mettre en évidence la présence éventuelle d'autres types de cations aluminium. Ainsi, sur le spectre RMN 27AI d'un matériau selon cette variante de l'invention présentant des cations aluminium en position tétraédrique au sein de la silice de sa matrice minérale, on observe généralement d'autres pics que le pic à 50 ppm, à savoir, le plus souvent, un pic aux alentours de 25 ppm, correspondant à des cations aluminium dits "à environnement pentaédrique", et un pic aux alentours de 0 ppm, correspondant à des cations aluminium dits "à environnement octaédrique".
En général, l'élément aluminium est présent sous forme de cations répartis dans les trois populations de cations à environnements tétraédrique, pentaédrique ou octaédrique précités. Dans un matériau selon cette varainte de l'invention intégrant des cations aluminium en position tétraédrique, le ratio molaire de la quantité de cations aluminium en position tétraédrique rapporté à la quantité totale de cations aluminium présents au sein du matériau est le plus souvent au moins égal à 20% en mole. De préférence ce ratio est au moins de 25% en mole, et il est avantageusement supérieur ou égal à 30% en mole, ce ratio pouvant atteindre dans certains cas des valeurs supérieures ou égales à 35%. Ce ratio reste le plus souvent inférieur ou égal à 80 %.
Au sein d'un matériau selon cette seconde variante de l'invention comprenant des cations aluminium, notamment en position tétraédrique, au sein de sa matrice minérale, le ratio molaire Ai/Si de la quantité totale d'aluminium présent rapportée à la quantité totale de silicium présent est généralement comprise entre 5% et 50%. De préférence, ce ratio est supérieur à 10 %, et plus avantageusement supérieur à 15 %.
Par ailleurs, la présence, au sein d'un matériau selon cette variante de l'invention, de cations titane en position tétraédrique peut notamment être mise en évidence par une analyse du matériau par spectroabsorption de rayons X (spectrométrie dite EXAFS).
Dans ces matériaux qui comprennent l'élément titane, le titane est en général présent sous forme de cations dont seule une partie se retrouve intégrée sous forme tétraédrique au sein de la silice de la matrice. Le plus souvent, le ratio molaire de la quantité de cations titane en position tétraédrique rapporté à la quantité totale de cations titane présents au sein du matériau est supérieur ou égal à 10% en mole, ce ratio étant de préférence au moins de 15% en mole. Dans un matériau selon cette variante de l'invention, ce ratio reste en règle générale inférieur ou égal à 80 %.
Au sein d'un matériau selon cette variante de l'invention comprenant des cations titane en position tétraédrique au sein de sa matrice minérale, le ratio molaire Ti/Si de la quantité totale de titane présent rapportée à la quantité totale de silicium présent est généralement compris entre 5% et 80 %. De préférence, ce ratio est supérieur à 10 %.
Il est en général avantageux qu'un matériau selon cette variante de l'invention comprenne, en position tétraédrique au sein de la silice de la matrice, à la fois des cations aluminium et des cations titane. En effet, il a été constaté que, dans la plupart des cas, la présence combinée des deux types de cations au sein de la matrice se traduit par une amélioration de la stabilité thermique de la mésostructure. Le matériau selon la variante qui vient d'être décrite peut être obtenu par imprégnation d'un matériau mésostructuré à matrice à base de silice comme décrit précédemment à partir par exemple d'une solution d'un composé de l'aluminium ou de titane.
Par ailleurs, le matériau mésostructuré utilisé pour les compositions de l'invention et comprenant des cations aluminium et/ou titane selon la seconde variante qui vient d'être étudiée peut aussi se présenter selon un mode de réalisation particulier qui va être décrit maintenant.
Le matériau mésostructuré comprenant de l'aluminium et/ou du titane selon un premier mode de réalisation particulier de la seconde variante Ce qui a été dit ci-dessus au sujet du matériau comprenant des cations d'un métal M2 s'applique à ce mode de réalisation particulier, sauf indication contraire dans la description qui va suivre. Plus précisément, ce matériau peut présenter une surface spécifique BET supérieure ou égale à 400 m2/cm3 et il comprend des particules (p) de dimensions nanométriques d'oxyde de cérium, lesdites particules (p) étant liées entre elles par une matrice minérale (m), ladite matrice étant à base d'une silice contenant des cations d'un métal M2, au moins une partie de ces cations étant intégrés en position tétraédrique au sein de ladite silice. Le matériau est caractérisé en ce qu'en outre :
- (i) la quantité de métal M2 présent à l'état de cations en position tétraédrique au sein de la silice représente au moins 10% en mole de la quantité totale de métal M2 présent dans le matériau, avec une quantité totale de métal M2 présent dans le matériau telle que le ratio molaire global M2/Si du matériau est supérieur ou égal à 5%;
- (ii) les cations de métal M2 présents au sein de la silice sont répartis dans la matrice minérale avec un gradient de concentration décroissant de la surface vers le cœur;
- (iii) les particules présentes au sein du matériau possèdent une surface partiellement accessible.
Le matériau mésostructuré selon ce mode de réalisation particulier de l'invention présente de façon caractéristique une surface spécifique BET relativement élevée, à savoir généralement comprise entre 400 et 2300 m2 par cm3 de matériau, cette surface spécifique BET étant de préférence au moins égale à 600 m2 par cm3 de matériau, avantageusement au moins égale à 1000 m2 par cm3 de matériau et encore plus préférentiellement au moins égale à 1500 m2 par cm3 de matériau. Exprimée en unité de surface par unité de masse, cette surface spécifique BET est, en règle générale, comprise entre 100 et 600 m2/g, de préférence au moins égale à 150 m2/g et plus avantageusement au moins égale à 200 m2/g.
De façon caractéristique, dans le matériau mésostructuré selon ce mode de réalisation particulier, les cations de métal M2 qui sont présents au sein de la matrice (m) sont repartis au sein de ladite matrice avec un gradient de concentration décroissant de la surface vers le cœur, et ces cations sont ainsi majoritairement localisés à la surface de la matrice, c'est-à-dire à proximité des zones poreuses de la mésostructure. Dans ce cadre, on préfère qu'au moins 50 %, de préférence au moins 60 %, de cations de métal M2 qui sont intégrés au sein de la matrice (m) soient localisés dans les zones situées à moins de 2 nm sous le niveau de la surface. Les cations spécifiquement présents en position tétraédrique présentent généralement le même type de répartition au sein de la matrice (m), avec un gradient de concentration décroissant de la surface vers le cœur. A ce sujet, il est préférable que ces espèces tétraédriques soient présentes en quantité importante à la surface du matériau. De façon plus générale, il est avantageux qu'au moins 10 % des espèces cations M2 en position tétraédrique au sein de la matrice (m) (de préférence au moins 20 % de ces espèces, avantageusement au moins 30 % de ces espèces, et encore plus avantageusement au moins 40 % de ces espèces, voire au moins 50 % de ces espèces) soit accessible, ce qui confère
au matériau de l'invention un caractère acide effectif et/ou des propriétés redox.
Ce mode de réalisation particulier permet de fournir des matériaux à stabilité en température améliorée. Ce matériau selon ce mode de réalisation particulier peut lui aussi présenter, au moins à un niveau local, la ou les mésostructures décrites plus haut.
Il est à souligner que la matrice minérale (m) présente dans les matériaux selon ce mode de réalisation joue un rôle caractéristique de liant entre les particules de dimensions nanométriques (p). Ainsi, les particules (p) sont spécifiquement localisées au sein de cette phase liante (m), c'est à dire au sein des parois de la structure mésoporeuse. Il est donc à souligner que les matériaux selon l'invention sont en particulier à distinguer de matériaux mésoporeux incluant des particules dans l'espace interne de leurs pores. Par ailleurs, de façon caractéristique, dans les matériaux selon ce mode de réalisation, une partie au moins des particules (p) intégrées dans la phase minérale liante est en contact avec les parties poreuses constituant l'espace interne accessible du matériau. De ce fait, le matériau selon l'invention est notamment un matériau où la phase minérale joue un rôle effectif de liant inter- particulaire, mais où ladite matrice (m) ne recouvre pas totalement les particules de dimensions nanométriques qu'elle contient.
De façon caractéristique, dans un matériau selon ce mode de réalisation, les particules (p) à base d'oxyde de cérium qui sont liées entre elles par la matrice (m) sont des particules dont au moins une partie de la surface est accessible. On entend par là qu'au sein d'un matériau selon ce mode de réalisation, certaines des particules (p) (de préférence au moins 20%, et avantageusement au moins 40%, voire au moins 50% de ces particules) ont une partie de leur surface en contact direct avec l'espace poreux de la mésostructure, de façon à ce que leur oxyde constitutif (oxyde de cérium) puisse réagir avec des espèces chimiques réactives (molécules (notamment sous forme de gaz ou en solution), ions , radicaux ...) de taille suffisamment faible pour pénétrer à l'intérieur de la mésostructure du matériau.
Ainsi, il est notamment à souligner que, dans un matériau selon ce mode de réalisation, les particules (p) ne peuvent pas toutes être continûment recouvertes par une couche d'un ou plusieurs matériaux autres que l'oxyde de cérium. De ce fait, il est en particulier exclu que les particules (p) soient toutes complètement encapsulées par la matrice (m), et il est préférable, de façon générale, que les surfaces libres des particules (p), c'est-à-dire les surfaces
qui ne sont pas en contact avec la matrice (m), ne soient pas recouvertes par une couche d'un ou plusieurs matériaux autres que l'oxyde de cérium ou alors uniquement de façon partielle, et de préférence de façon discontinue le cas échéant. En tout état de cause, une couverture continue des surfaces libres de particules (p) par une couche d'un ou plusieurs matériaux autres que l'oxyde de cérium est proscrite.
Le caractère accessible desdites particules (p) peut notamment être mis en évidence par le fait que les matériaux présentent un caractère réductible, c'est à dire qu'ils présentent une capacité à se réduire en atmosphère réductrice (notamment en présence d'hydrogène) et à se réoxyder en atmosphère oxydante. De façon plus précise, cette "réductibilité" d'un matériau selon ce mode particulier de réalisation peut être mise en évidence en traitant le matériau par de l'hydrogène et en analysant le taux de conversion du cérium à l'état d'oxydation IV initialement présent, en cérium à l'état d'oxydation III dans le matériau obtenu après le traitement, selon la réaction globale ci- dessous :
2CeO2 + H2 → Ce2O3+H2O Le caractère réductible d'un matériau selon ce mode de réalisation intégrant des particules (p) à base d'oxyde de cérium peut ainsi notamment être quantifié par le taux de conversion mesuré à l'issu d'un selon le protocole dit "TPR", exposé ci-dessous :
- Dans un appareil de type AMI-1 Altamira muni d'un réacteur en silice, on place à température ambiante (généralement entre 15°C et 25°C) un échantillon de 100 mg du solide à tester, sous un flux gazeux d'un mélange hydrogène/argon à 10% d'hydrogène en volume, à un débit de 30 mL par minute.
- On effectue une montée en température jusqu'à 900°C à raison d'un gradient constant de montée en température de 10°C par minute. A l'aide d'un détecteur de conductivité thermique à 70mA, on détermine la quantité d'hydrogène captée par le matériau à partir de la surface manquante du signal d'hydrogène de la ligne de base à la température ambiante à la ligne de base à 900°C.
A l'issue d'un tel test, on mesure généralement un taux de conversion des espèces cérium IV initialement présentes qui est au moins de 20%, ce taux de conversion étant avantageusement d'au moins 30%, plus préférentiellement au moins égal à 40%, et encore plus avantageusement de 50% ou plus. En général, ce taux de conversion reste inférieur à 90%.
Selon un second mode de réalisation particulier de la seconde variante qui vient d'être décrite, le matériau intègre, outre les cations du métal M2, des composés d'un élément M3 choisi parmi les terres rares et le zirconium. Ce composé se présente de préférence au moins sous forme de cations, de clusters ou de cristallites à base de l'élément M3, ces formes pouvant coexister. Ce composé M3 peut être présent au sein de la matrice (m), à la surface de cette matrice (m) ou encore au sein des particules d'oxyde de cérium avec formation de solutions solides, étant entendu que l'élément M3 peut être présent simultanément dans deux ou trois de ces endroits. Par "cluster" à base du métal M3, on entend une entité polyatomique de dimension inférieure à 2 nm, de préférence inférieure à 1 nm, comprenant au moins des atomes du métal M3, à l'état d'oxydation 0 ou à un état d'oxydation supérieur (typiquement, il s'agit de clusters à base d'espèces oxydes et/ou hydroxydes du métal M3, par exemple des entités polyatomiques au sein desquels plusieurs atomes du métal M3 sont reliés entre eux par des ponts -O- ou -OH-, chacun des atomes du métal M2 pouvant être relié à un ou plusieurs groupements -O- ou -OH).
L'élément M3 peut être plus particulièrement le lanthane ou le zirconium. Les matériaux de cette variante et tout particulièrement ceux intégrant un élément M3 possèdent souvent une stabilité thermique accrue.
En général, lorsqu'on soumet ce matériau à un traitement thermique de 6 heures à des températures comprises par exemple entre 400°C et 900°C, on observe, en plus de la conservation du caractère mésostructuré, une relativement bon maintien de la surface spécifique, c'est-à-dire que, suite à ce type de traitement thermique, la surface spécifique BET dudit matériau ne varie en général pas d'un facteur excédant 60 %, ce facteur restant de préférence inférieur ou égal à 50 %, avantageusement inférieur ou égal à 40 %, et encore plus préférentiellement inférieur à 30 %. Le facteur de variation de la surface BET auquel il est fait référence est calculé par le ratio (Si-Sf)/(Si), où "Si" désigne la surface spécifique BET mesurée avant traitement thermique et où "Sf" désigne la surface spécifique BET mesurée après le traitement thermique. Un matériau selon ce mode de réalisation est généralement tel que, si on le traite à 400°C pendant 6 heures, puis qu'on le traite à nouveau pendant 6 heures à une température T de 500°C, la surface spécifique S oo mesurée après le traitement thermique à 400°C et la surface spécifique Sτ mesurée après le traitement thermique à 500°C sont telles que le ratio (S oo-Sτ)/S4oo est inférieur ou égal à 60 %, de préférence inférieur ou égale à 50 %, et avantageusement inférieur ou égal à 40 %. De préférence, ce ratio
reste inférieur aux valeurs précitées si on conduit le second traitement thermique à une température T de 600°C, de préférence même lorsque T = 700°C, avantageusement même lorsque T = 800°C, voire lorsque T = 900°C. Le plus souvent, un matériau selon ce second mode de réalisation est tel que, suite à un traitement thermique de 6 heures à 400°C, sa surface spécifique BET reste au moins égale à 900 m2 par cm3 de matériau, cette surface spécifique BET étant typiquement comprise entre 1000 et 2300 m2 par cm3 de matériau (et le plus souvent, entre 200 et 400 m2/g), cette surface spécifique étant avantageusement au moins égale à 1200 m2 par cm3 de matériau.
Par ailleurs, si on soumet un matériau selon ce mode de réalisation à un traitement thermique de 6 heures à 800°C, sa surface spécifique BET reste en général au moins égale à 400 m2 par cm3 de matériau, cette surface spécifique BET restant de préférence au moins égale à 750 m2 par cm3.
Un procédé spécifique va être détaillé ci-dessous pour la préparation due matériau selon le mode de réalisation particulier qui vient d'être décrit, à matrice contenant des cations d'un métal M2 sous forme tétraédrique.
Ce procédé est caractérisé en ce qu'il comprend les étapes successives consistant à :
(a') réaliser une mésostructure minérale intégrant, au sein de ses parois, des particules de dimensions nanométriques à base d'un oxyde de cérium, liées entre elles par une matrice minérale à base de silice, ladite matrice ne recouvrant pas totalement lesdites particules ; (b') introduire au sein de la structure mésoporeuse ainsi obtenue un composé d'un métal M2 (de préférence ledit métal M2 étant sous forme cationique, éventuellement complexée, ou bien encore un alcoxyde du métal M2), la teneur totale en métal M2 introduit au sein de la structure, rapportée à la surface totale développée par la mésostructure, étant inférieure à 5 micromoles de cation par m2 de surface; et
(c') soumettre la mésostructure ainsi réalisée à une température au moins égale à 300°C, et non supérieure à 1000 °C, ce par quoi on intègre au moins une partie du métal M2 sous la forme de cations en position tétraédrique au sein de la phase minérale à base de silice. L'étape (a') du procédé de l'invention peut être conduite selon tout moyen connu de l'homme du métier. Toutefois, cette étape (a') est de préférence réalisée en mettant en œuvre le procédé qui fait l'objet de la demande de
brevet WO 01/32558, c'est à dire en mettant en œuvre les étapes consistant à :
(a'1 ) former un milieu initial, de préférence aqueux ou hydro-alcoolique, avantageusement de pH inférieur à 4, comprenant un agent texturant, à savoir un composé amphiphile de type tensioactif, notamment un copolymère, de préférence non chargé dans les conditions de mise en œuvre du procédé, et susceptible de former des micelles dans le milieu réactionnel (notamment un tensioactif non ionique de type copolymère séquence), et plus préférentiellement un copolymère tribloc poly(oxyde d'éthylène)-poly(oxyde de propylène)-poly(oxyde d'éthylène;
(a'2) ajouter au milieu de l'étape (a'1 ) une dispersion colloïdale de particules de dimensions nanométriques, à base d'un oxyde de cérium, avantageusement à l'état cristallin, avec de préférence un diamètre hydrodynamique d'au moins 50% de la population des particules colloïdales compris entre 1 et 15 nm, et une répartition granulométrique préférentiellement monodisperse de ces particules colloïdales;
(a'3) former, par ajout dans le milieu d'un précurseur minéral de type silicate alcalin (silicate de sodium par exemple) ou bien alcoxyde de silicium, une phase minérale mésostructurée, au moins partiellement (de préférence essentiellement) constituée de silice, ladite phase minérale intégrant alors, au sein de ses parois mésostructurées, au moins une partie des particules de dimensions nanométriques introduites lors de l'étape (a'2) ; et
(a'4) éliminer l'agent texturant, notamment par traitement thermique ou bien entraînement par un solvant, ces étapes étant éventuellement suivies d'une ou plusieurs étapes de lavage, séchage, et/ou calcination, suivies éventuellement d'une attaque chimique partielle contrôlée de la phase minérale (par exemple par NH4OH, NaOH ou HF) en particulier dans le cas où, dans la structure obtenue à l'issue de l'étape (a'4), la matrice liante recouvre totalement les particules d'oxydes. En tout état de cause, on préfère généralement que la structure mésoporeuse obtenue à l'issue de l'étape (a') possède une surface spécifique BET la plus élevée possible, cette surface étant le plus souvent au moins égale à 1500 m2 par cm3 de matériau, de préférence au moins égale à 1600 m2 par cm3 de matériau, et encore plus avantageusement de l'ordre de 2100 m2 par cm3 de matériau, c'est-à-dire, en général, entre 1800 et 2500 m2 par cm3 de matériau. On préfère par ailleurs que cette mésostructure réalisée lors de l'étape (a') possède un volume poreux au moins égal à 0,2 cm3/g pour ses pores de dimensions inférieures ou égales à 20 nm.
De façon caractéristique, dans le matériau obtenu à l'issue de l'étape (a'), il est nécessaire que les particules à base d'oxyde de cérium ne soient pas totalement recouvertes par la matrice liante à base de silice. En d'autres termes ces particules doivent être au moins partiellement en contact avec l'espace interne des pores de la mésostructure. On peut vérifier cette propriété en réalisant pour le matériau mésostructuré une courbe d'évolution du potentiel électrophorétique en fonction du pH (notamment par zétamétrie). Un autre moyen de vérifier le caractère accessible des particules d'oxyde au sein du matériau réalisé dans l'étape (a') consiste à établir le caractère réductible du matériau par un traitement par de l'hydrogène et mesure du taux de conversion du cérium IV en cérium III, notamment selon le mode opératoire "TPR" précité. On préfère que le taux de conversion du cérium IV en cérium III mesuré selon le mode opératoire TPR soit au moins de 25%, de préférence au moins de 35%, ce taux de conversion étant avantageusement au moins égal à 50%.
Dans tous les cas, si on souhaite améliorer l'accessibilité des particules d'oxyde, on peut réaliser une attaque chimique partielle de la phase minérale à base de silice, par exemple par NH4OH, NaOH ou HF. Dans ce cadre, il est naturellement nécessaire de procéder à cette attaque chimique partielle dans des conditions contrôlées, pour ne pas nuire à la stabilité du matériau.
Quel que soit le mode exact de mise en œuvre de l'étape (a'), les particules de dimension nanométriques qui sont immobilisés au sein de la mésostructure minérale sont de préférence des particules d'oxyde de cérium du type de celles décrites notamment dans les demandes de brevets FR 2 416 867, EP 0 206 906 ou EP 208 580.
De façon plus générale, les particules peuvent également être toutes particules à base d'oxyde de cérium obtenues notamment par traitement acide, lavage ou bien par dispersion de poudres ultrafines obtenues par exemple par des procédés de synthèse à haute température du type des combustions de chlorures métalliques dans une flamme connues de l'homme du métier.
L'étape (b') du procédé consiste à réaliser une imprégnation d'au moins une partie des zones poreuses de la mésostructure réalisée dans l'étape (a') avec un composé de l'élément M2. Généralement, cette imprégnation est réalisée en introduisant ledit composé de l'élément M2 au sein de la mésostructure, en le dispersant au sein d'une phase vecteur, liquide ou gazeuse, cette phase vecteur étant de préférence un milieu liquide, en général
un milieu aqueux ou hydro-alcoolique, ou bien encore un milieu solvant organique.
Ainsi, l'étape (b') consiste le plus souvent à réaliser une imprégnation d'au moins une partie des zones poreuses de la mésostructure réalisée dans l'étape (a') avec une solution, généralement aqueuse, d'un sel d'un cation de métal M2, ou bien avec une solution aqueuse ou hydro-alcoolique comprenant des cations de métal M2 à l'état complexé, ou bien encore avec une solution, généralement en milieu solvant organique anhydre, comprenant un alcoxyde de métal M2. Toutefois, selon des modes de mise en œuvre particuliers, on peut également envisager dans l'étape (b') l'utilisation de dispersions de clusters à base de métal M2 (notamment des clusters à base d'oxyde et/ou d'hydroxydes de métal M2), ou bien encore une phase gazeuse comprenant un composé du métal (cette phase gaz étant alors en général constituée par ledit composé à l'état gazeux). De préférence dans le cas où l'élément M2 est l'aluminium, le composé d'aluminium de l'étape (b') est introduit soit :
- sous la forme d'une solution aqueuse (ou éventuellement hydroalcoolique) comprenant au moins un sel d'aluminium, de préférence un sel d'aluminium présentant une tendance à s'hydrater la plus faible possible. Dans ce cadre, l'aluminium peut être introduit sous la forme d'une solution comprenant un nitrate d'aluminium, .un acétate d'aluminium, un sulfate d'aluminium, ou un mélange de ces sels, et avantageusement sous la forme d'une solution comprenant un nitrate ou un acétate d'aluminium, ou un mélange acétate d'aluminium/nitrate d'aluminium; - sous la forme d'une solution, généralement aqueuse ou hydroalcoolique, comprenant des cations aluminium sous forme complexée, par exemple sous forme de complexes polynucléaires d'aluminium, de type Al (OH)x(NO3)3-x (où x va de 1 à 2,5);
- sous la forme d'une dispersion aqueuse comprenant des clusters à base d'un composé d'aluminium, de préférence des clusters d'oxydes et/ou hydroxyde d'aluminium, notamment des clusters de type AI13.
Dans ce cadre, on préfère généralement que l'aluminium soit introduit sous la forme d'espèces présentant une charge globale positive. Ainsi, selon un mode de réalisation particulièrement préféré, l'introduction d'aluminium lors de l'étape (b') s'effectue en imprégnant la structure de l'étape (a') avec une solution aqueuse comprenant un sel d'aluminium (de préférence un nitrate et/ou un acétate) à un pH compris entre 1 et 6, et de préférence inférieur ou égal à 5,5.
L'introduction d'aluminium n'est naturellement pas limitée à l'introduction des solutions et dispersions envisagées ci-dessus, dont la mise en œuvre ne constitue qu'un mode préférentiel de réalisation. Ainsi, cette introduction d'aluminium peut alternativement être réalisée à l'aide d'une solution, généralement en milieu solvant organique, d'un alcoxyde d'aluminium, tel que, par exemple le butylate d'aluminium AI(OBu)3. Selon une autre variante, l'introduction d'aluminium au sein de la mésostructure obtenue à l'issue de l'étape (a') peut également être effectuée en soumettant ladite mésostructure à un flux d'AICI3 en milieu gazeux. Dans le cas spécifique où le métal M2 désigne le titane, le composé à base du métal M2 de l'étape (b') est généralement introduit soit :
- sous la forme d'une solution aqueuse (ou éventuellement hydroalcoolique) comprenant au moins un sel de titane, de préférence choisi parmi l'acétate de titane, ou TiOCI2 ; - sous la forme d'une solution d'un alcoxyde de titane, ledit alcoxyde de titane ayant de préférence la formule générale Ti(OR) , où R désigne un groupement hydrocarboné, linéaire ou ramifié, saturé ou insaturé, et de préférence un groupement alkyle possédant de 1 à 6 atomes de carbone.
Dans ce cadre, on préfère là aussi, en règle générale, que le titane soit introduit sous la forme d'espèces présentant une charge globale positive. Ainsi, selon un mode de réalisation particulièrement préféré, l'introduction de titane lors de l'étape (b') s'effectue en imprégnant la structure de l'étape (a') avec une solution hydroalcoolique, de préférence concentrée, comprenant un alcoxyde de titane en association avec un acide avec un ratio HNTi dans le milieu hydroalcoolique allant généralement de 0,1 à 4.
De façon générale, dans l'étape (b'), que le métal M2 désigne l'aluminium ou le titane, il est nécessaire que la concentration globale en métal M2 introduit au sein des zones poreuses soit relativement faible, notamment de façon à ne pas observer une diminution trop importante de la surface spécifique du matériau, voire un colmatage des pores, suite au traitement thermique de l'étape (c'). Cette concentration globale est telle que la teneur totale en cations du métal M2, rapportée à la surface totale développée par la mésostructure, reste, en règle générale, inférieure à 5 micromoles de cation par m2 de surface. De préférence, cette teneur reste au moins égale à 1 micromole de cation par m2 de surface. La "surface totale du matériau mésostructuré" à laquelle il est fait référence ici est calculée en multipliant la surface spécifique BET, mesurée en m2/g pour le matériau mésostructuré obtenu à l'issue de l'étape (a'), par la masse dudit matériau.
Dans la plupart des cas, on préfère que, lors de l'étape (b'), les composés du métal M2 soient introduits au sein de la mésostructure sous la forme d'une solution, en milieu aqueux ou hydro-alcoolique, ou bien encore au sein d'un solvant organique. Dans ce cadre, de façon à se placer dans les conditions de concentration précitées, la concentration globale C en cations du métal M2 au sein du milieu qui se retrouve incorporé dans la mésostructuré à l'issue de l'étape (b') est en général inférieure à 2 mol/L et elle est de préférence comprise entre 0,1 mol/L et 1 ,5 mol/L, cette concentration étant avantageusement inférieure ou égale à 1 mol/L. Il est à noter que, dans le cadre du présent procédé, il est possible de réaliser une imprégnation avec des solutions relativement concentrées, la concentration C pouvant être supérieure à 0,5 mol/L, voire à 0,7 mol/L dans la plupart des cas. Pour parvenir à l'incorporation d'une solution présentant une telle concentration C au sein du matériau mésostructuré issu de l'étape (a'), l'étape (b') peut être conduite différentes voies possibles.
Ainsi, selon une première variante envisageable, l'étape (b') peut être conduite en immergeant le matériau mésostructuré obtenu à l'issu de l'étape (a') au sein d'une solution comprenant l'élément M2 à une concentration de l'ordre de la concentration C (généralement comprise entre 0,1 et 1 ,5 mol/L, et avantageusement entre 0,2 et 1 mol/L), puis en filtrant le milieu obtenu. Le solide imprégné recueilli suite à la filtration comprend alors effectivement au sein de ses zones poreuses une solution comprenant un composé du métal M2, avec la teneur recherchée en métal M2.
Selon une autre variante possible, l'étape (b') peut également être conduite en immergeant le matériau mésostructuré obtenu à l'issu de l'étape (a') au sein d'une solution comprenant l'élément M2 à une concentration proche de la concentration C (en général à une concentration avantageusement comprise entre 0,2 et 1 ,5 mol/L, et de préférence entre 0,4 et 1 ,2 mol/L), puis en soumettant le milieu obtenu à une centrifugation. Sous réserve de ne pas conduire la centrifugation dans des conditions trop poussées (typiquement, la centrifugation est réalisée, à raison de 2000 à 5000 tours par minutes, pendant une durée n'excédant généralement pas 30 minutes), le culot de centrifugation obtenu est un solide imprégné qui comprend, au sein de ses zones poreuses, une solution comprenant l'élément M2 à la concentration recherchée.
Selon une autre variante envisageable, l'étape (b') peut également être conduite en additionnant au matériau mésostructuré obtenu à l'issu de l'étape (a') un volume V d'une solution comprenant l'élément M2, ledit volume V étant
de l'ordre du volume poreux développé par le matériau, ce par quoi on obtient une pâte. Le mélange s'effectue généralement par malaxage. On soumet ensuite la pâte obtenue à une évaporation du solvant, de préférence de façon lente. Dans ce cas, la quasi-totalité de l'élément M2 introduit au départ se retrouve au sein de la mésostructure. Dans ce cadre, on préfère en général conduire l'étape (b') en additionnant au matériau mésostructuré obtenu à l'issu de l'étape (a') un volume de solution représentant entre 0,2 et 3 fois le volume du matériau (et représentant de préférence au plus 2 fois le volume du matériau), ladite solution comprenant l'élément M2 à une concentration généralement comprise entre 0,1 et 2 mol/L, puis en évaporant le solvant dans le mélange obtenu.
Quel que soit le mode exact de mise en œuvre de l'étape (b'), le solide imprégné obtenu à l'issu de cette étape est ensuite soumis à une étape (c') de traitement thermique. Cette étape (c') comprend en général un traitement du matériau à une température au moins égale à 300°C, cette température étant de préférence au moins égale à 350 °C, des températures supérieures n'étant généralement pas requises pour ce qui est de l'intégration des cations de l'élément M2 sous forme tétraédrique au sein de la silice de la matrice minérale de la mésostructure réalisée dans l'étape (a'). Toutefois, dans certains cas de figure, il peut être avantageux de réaliser le traitement thermique de l'étape (c') à une température au moins égale à 400°C, voire au moins égale à 500°C, notamment de façon à améliorer certaines caractéristiques physiques et/ou chimiques du matériau (concentrations en sites catalytiques actifs, activités catalytiques spécifiques...), ce qui n'affecte généralement pas de façon excessive la surface spécifique du matériau. Néanmoins, de façon à ne pas remettre en cause la stabilité de la mésostructure, la température du traitement thermique ne doit en général pas dépasser 1000°C, et, de préférence, elle reste inférieure à 950°C, avantageusement inférieure ou égale à 900°C, et encore plus préférentiellement inférieure ou égale à 850°C.
De façon optionnelle, notamment dans le cas où l'élément M2 est introduit dans l'étape (b') sous forme d'une solution, l'étape (c') peut comprendre une étape de séchage, préalablement au traitement thermique. Dans ce cas, ce séchage préalable est généralement conduit de la façon la plus lente possible, notamment de façon à favoriser les échanges ioniques. A cet effet, le séchage est le plus souvent conduit à une température comprise entre 15 et 80°C, de préférence à une température inférieure à 50°C, voire à 40°C, et avantageusement à température ambiante. Ce séchage peut être
effectué sous atmosphère inerte (azote, argon) ou sous atmosphère oxydante
(air, oxygène) en fonction des composés présents dans le matériau. Dans le cas où l'élément M2 est introduit au sein du matériau sous forme d'un alcoxyde, le séchage est avantageusement conduit sous atmosphère exempte d'eau.
De façon particulièrement avantageuse, l'étape (c') peut être conduite en soumettant le solide à un gradient de température, d'une température initiale comprise entre 15 et 95°C, à une température finale comprise entre 350°C et 1000°C, avantageusement avec une montée en température comprise entre 0,5 °C par minute et 2 °C par minute, et avec un ou plusieurs paliers successifs de maintien à des températures intermédiaires, de préférence comprise entre 350 et 600°C, pendant des durées variables, généralement comprises entre 1 heure et 24 heures.
Selon un mode de réalisation particulièrement avantageux, le procédé de l'invention peut comprendre, suite au processus d'imprégnation/traitement thermique des étapes (b') et (c'), un ou plusieurs cycles ultérieurs d'imprégnation/ traitement thermique mettant en œuvre des étapes de type (b') et (c'), conduites sur le solide obtenu à l'issu du cycle précédent. Par mise en œuvre de ce type de procédé à plusieurs cycles d'imprégnation/traitement thermique successifs, on parvient à réaliser une très bonne incorporation de l'élément M2 au sein de la silice de la matrice liante de la mésostructure réalisée dans l'étape (a').
Il est à noter que le ou les processus d'imprégnation/traitement thermique mis en œuvre peuvent mener, parallèlement à une intégration de l'élément M2 en position tétraédrique au sein de la matrice, à la formation de cristallites à base d'un composé du métal M2, notamment de type oxyde, hydroxyde, oxy- hydroxyde, carbonate ou hydroxy-carbonate, à la surface de la phase liante, et/ou au moins partiellement intégrées dans celle-ci. On peut également observer dans certains cas la formation des clusters ou cristallites à la surface et/ou au sein des particules d'oxydes de cérium.
Selon un mode de réalisation encore plus spécifique, le matériau obtenu à l'issu du ou des cycle(s) d'imprégnation/ traitement thermique mettant en œuvre des étapes de type (b') et (c'), peut encore être modifié. Dans ce cadre, le procédé de préparation peut ainsi comprendre, de façon additionnelle, un ou plusieurs cycles ultérieurs d'imprégnation/ traitement thermique analogues aux étapes de type (b') et (c') précédemment décrites, mais mettant en œuvre une imprégnation par un composé d'un autre métal que le métal M2. Le procédé comporte alors en général, des étapes (b") et (c"), postérieures aux étapes (b')
et (c'), et consistant à : (b") introduire, au sein d'au moins une partie des zones poreuses du matériau, un composé d'un métal M3 tel que défini plus haut (généralement ledit métal M3 sous forme cationique, éventuellement complexée, ou un alcoxyde dudit métal M3), la teneur en ledit élément M3 introduit au sein de la structure, rapportée à la surface totale développée par la mésostructure, étant inférieure à 5 micromole de cation par m2 de surface ; et (c")soumettre le matériau ainsi imprégné à une température au moins égale à 300 °C, et non supérieure à 1000°C.
Dans le cas le plus général, les étapes (b") et (c") peuvent avantageusement être conduites dans les conditions décrites précédemment pour les étapes (b') et (c'), sous réserve d'adaptations éventuelles qui s'imposeraient, notamment si le composé à base du métal M3 mis en œuvre dans l'étape (b") présentait une nature physico-chimique spécifique. Dans la plupart des cas, les différents modes d'imprégnation envisagés pour les composés du métal aluminium sont en général transposables à l'imprégnation d'un composé d'un métal M3, notamment en ce qui concerne les concentrations à mettre en œuvre. Les conditions du traitement thermique à mettre en œuvre pour l'étape (c") sont, en règle générale, les mêmes que celles utilisées dans l'étape (c') définie précédemment. Selon un mode de réalisation particulièrement avantageux, le cycle d'imprégnation/traitement thermique des étapes (b") et (c") peut être mis en œuvre lorsqu'on souhaite intégrer des composés de l'élément M3 au sein du matériau, notamment sous forme de cations et/ou de clusters à base de l'élément M3 au sein de sa matrice et/ou à la surface de cette matrice, ce qui conduit en particulier à une augmentation de la stabilité thermique du matériau obtenu. En règle générale, le composé de l'élément M3 mis en œuvre dans l'étape (b") est de préférence un sel de l'élément M3, par exemple le nitrate ou l'acétate de l'élément M3, et l'étape (b") peut typiquement consister à réaliser une imprégnation du matériau par une solution du sel l'élément M3, le pH de ladite solution étant de préférence inférieur à 8 et avantageusement inférieur à 7. On peut en outre observer en général, en plus d'une intégration de l'élément M3 sous forme de cations et/ou de clusters à base de cet élément au sein de sa matrice et/ou à la surface de celle-ci, la formation de cristallites à base de l'élément M3, qui se localisent généralement à la surface du matériau. Le plus souvent, une partie de l'élément M3 se retrouve également intégrée au sein des particules d'oxydes de cérium.
Il est de plus à souligner que, de façon surprenante, en dépit des étapes d'imprégnation/traitement thermique imposées au cours du procédé décrit, les
solides obtenus dans le cas le plus général présentent une surface spécifique BET qui reste relativement élevée, et qui représente généralement au moins 50 %, avantageusement au moins 60 %, et encore plus préférentiellement au moins 75 % de la surface spécifique BET du matériau mésostructuré obtenu à l'issue de l'étape (a').
Il est par ailleurs à noter que les différentes étapes d'imprégnation/traitement thermique imposées au cours du procédé décrit n'induisent pas une diminution conséquente de l'accessibilité aux particules par rapport à l'accessibilité aux particules présentée dans la mésostructure réalisée dans l'étape (a'). Ainsi, la réductibilite du matériau obtenu suite aux différentes étapes d'imprégnation/traitement thermique est généralement similaire à celle de la mésostructure obtenue à l'issue de l'étape (a'). Ainsi, si on désigne par ta le taux de conversion du cérium IV en cérium III mesuré selon le mode opératoire "TPR" précité pour la mésostructure réalisée dans l'étape (a'), et par tf le taux de conversion du cérium IV en cérium III mesuré selon le mode opératoire "TPR" précité pour le matériau obtenu à l'issu des différentes étapes d'imprégnation/traitement thermique imposées au cours du procédé le rapport tf/ta reste généralement supérieur ou égal à 40%, ce rapport étant le plus souvent au moins égal à 50%, avantageusement au moins égal à 70%, et préférentiellement au moins égal à 80%.
Le matériau mésostructuré ayant été décrit, les compositions de l'invention vont maintenant être étudiées.
Les compositions de l'invention
Les compositions de l'invention peuvent se présenter selon différents modes de réalisation.
A- Première composition selon l'invention
L'invention concerne tout d'abord une première composition à base d'au moins un composé d'un élément E choisi dans le groupe comprenant les éléments des numéros atomiques 21 à 31 inclus de la classification périodique et le molybdène et le tungstène et d'un matériau mésostructuré du type décrit ci-dessus.
On comprendra que, bien entendu, l'invention couvre le cas où la composition comprend plusieurs éléments E en combinaison, les proportions respectives de ces différents éléments E pouvant être quelconques. Cette remarque s'applique bien sûr non seulement à la première composition de l'invention mais à toutes les autres compositions selon l'invention contenant l'élément E.
L'élément E est donc un métal choisi dans le groupe constitué par les éléments qui vont du scandium au gallium dans la quatrième période du tableau de la classification périodique des éléments, groupe auquel s'ajoutent le molybdène et le tungstène. L'élément E peut être plus particulièrement le zinc ou le vanadium.
Les proportions en élément E de cette composition peuvent varier dans une large gamme. Elles peuvent ainsi être comprises par exemple entre 0,5% et 50%, proportions exprimées en poids de métal E par rapport au matériau mésostructuré. Toutefois, pour le zinc, ces proportions sont de préférence comprises entre 2% et 50%, plus particulièrement entre 5% et 25% et encore plus particulièrement entre 10% et 15%, proportions exprimées comme précédemment. .
La proportion en vanadium est de préférence comprise entre 0,5% et 7%, plus particulièrement entre 0,5% et 5% et encore plus particulièrement entre 0,5% et 2, 5%, proportions exprimées comme précédemment.
Les composés des éléments E, notamment de Zn et V, peuvent être de nature diverse. Ce peut être des hydroxydes ou des oxydes (ZnO, V2O5 par exemple). Dans le cas du vanadium, ce composé peut être aussi un oxyde mixte ( CeVO3), dans ce cas le cérium pouvant être présent à la valence III. Ces hydroxydes ou oxydes peuvent être amorphes ou cristallisés .
La composition de l'invention à base de l'élément E et du matériau mésostructuré peut être obtenue à partir de cet élément et du matériau par tout moyen convenable de mise en contact de cet élément et du matériau. La mise en contact peut se faire en immergeant le matériau mésostructuré de départ au sein d'une solution comprenant l'élément E puis en soumettant le milieu obtenu à une centrifugation. La solution de l'élément E utilisée dans le cas du procédé selon l'invention est habituellement une solution aqueuse à base de sels de cet élément. On peut choisir les sels d'acides inorganiques comme les nitrates, les sulfates ou les chlorures. On peut aussi utiliser les sels d'acides organiques et notamment les sels d'acides carboxyliques aliphatiques saturés ou les sels d'acides hydroxycarboxyliques. Comme sels de vanadium on peut utiliser de préférence VO(SO ), Na3(Vθ4), NH4VO3. Selon un mode de réalisation particulier, la mise en contact se fait par une imprégnation à sec. L'imprégnation à sec consiste à ajouter au produit à imprégner un volume d'une solution aqueuse de l'élément E qui est égal au volume poreux du matériau à imprégner.
Après la mise en contact, le matériau obtenu est séché, puis calciné de manière à obtenir une composition dans laquelle l'élément E, par exemple le zinc et/ou le vanadium, est présent à l'état d'oxyde. Cette calcination peut se faire par exemple à une température de 600°C. II est aussi possible de préparer cette première composition par voie solide en mélangeant un précurseur d'oxyde de l'élément E de taille ultra-fine (taille nanométrique) avec le matériau mésostructuré puis en calcinant le mélange à une température suffisante pour obtenir le composé de l'élément E sous la forme souhaitée par exemple sous la forme oxyde. B- Seconde composition selon l'invention
L'invention concerne aussi une seconde composition qui comprend un catalyseur de craquage catalytique en lit fluide et un matériau mésostructuré du type qui vient d'être décrit ci-dessus.
Les catalyseurs de craquage catalytique en lit fluide sont bien connus. On sait qu'ils comprennent généralement une ou plusieurs zéolites et une ou plusieurs matrices. La zéolite peut être par exemple du type Y de structure faujasite, X , bêta, ZSM-5 ; ce peut être aussi un produit obtenu à partir d'un traitement thermique de ces zéolites ou par échange total ou partiel avec des terres rares de celles-ci. Les zéolites utilisées possèdent des surfaces spécifiques généralement comprises entre 100 et 300m2/g , de préférence entre 120 et 200m2/g. La matrice, dans laquelle est dispersée la ou les zéolites, peut être par exemple à base de silice, d'alumine ou d'un gel de silice alumine et elle comprend habituellement en outre un composé inerte comme le kaolin. La teneur en zéolite peut varier notamment entre 10% et 80% en poids et celle de la matrice peut être comprise entre 20% et 90% en poids.
D'une manière connue, le catalyseur de craquage catalytique peut comprendre en outre des additifs comme ceux destinés par exemple à augmenter la production d'oléfines, à piéger le vanadium ou à éliminer les NOx ou les SOx . Comme autre type d'additifs, on peut mentionner aussi ceux à base de ZnO, supporté sur de l'alumine AI2O3, ou sur des hydrotalcites, des additifs à base de nickel et de vanadium supportés sur de l'alumine AI2O3 ou sur une zéolite, ou encore à base de zinc sur un support à base d'alumine et de titane ou sur un support d'hydrotalcite. Les additifs peuvent être aussi à base de zinc et de cobalt sur un support en hydrotalcite, ou encore à base de zinc, de manganèse et de zirconium sur un support en alumine.
Ces additifs peuvent être présents dans une quantité comprise par exemple entre 1 % et 30% en poids, plus particulièrement entre 5% et 20% en poids par rapport au catalyseur de craquage.
C- Troisième composition selon l'invention
La troisième composition de l'invention est proche de la seconde dans la mesure où elle comprend aussi un catalyseur de craquage catalytique en lit fluide avec un matériau mésostructuré mais avec en plus au moins un élément E en combinaison avec ledit matériau mésostructuré. Cette troisième composition est en fait la combinaison d'un catalyseur de craquage catalytique en lit fluide avec la première composition de l'invention.
Les quantités du matériau mésostructuré dans la seconde composition de l'invention varient généralement entre 3% et 40% en poids, de préférence entre 5% et 30% en poids par rapport au catalyseur de craquage. Ces proportions sont identiques pour la troisième composition mais elles s'appliquent cette fois à l'ensemble matériau mésostructuré + élément E.
Selon un mode de réalisation particulier de l'invention, la seconde ou la troisième composition de l'invention peut comprendre un catalyseur de craquage catalytique du type qui vient d'être décrit et qui comprend en outre comme additif spécifique un acide de Lewis supporté sur une alumine. Un tel type de catalyseur est décrit dans la demande de brevet EP-A- 609971 à la description de laquelle on pourra se référer. L'acide de Lewis peut être choisi dans le groupe comprenant les éléments, ou des composés de ceux-ci, Ni, Cu , Zn, Ag, Cd, In, Sn, Hg, Tl, Pb, Bi, B, Al (autre qu'AI2O3) et Ga. On peut mentionner tout particulièrement le zinc ou un composé du zinc. On utilise de préférence une alumine présentant une grande surface spécifique, la surface de cette alumine peut ainsi être stabilisée par un additif comme un oxyde de lanthane ou de baryum par exemple. Le dépôt de l'acide de Lewis sur l'alumine peut se faire par tout moyen convenable par exemple par imprégnation. La quantité d'acide de Lewis est généralement comprise entre 1 et 50% en poids, plus particulièrement entre 10 et 40% en poids de l'ensemble acide de Lewis et alumine. La quantité d'acide de Lewis et d'alumine peut quant à elle être comprise entre 1 et 50% en poids par rapport à l'ensemble du catalyseur de craquage catalytique.
Les seconde et troisième compositions peuvent être formées par mélange physique des constituants. Par « constituant » on entend l'ensemble des éléments et/ou composés qui constituent les compositions, c'est à dire notamment le catalyseur du type FCC tel que décrit plus haut, le composé mésostructuré avec éventuellement l'élément E. Elles peuvent aussi être préparées par atomisation d'une suspension aqueuse avec les divers constituants de la composition.
Les compositions de l'invention peuvent éventuellement être mises en forme pour se présenter sous forme de granulés, billes, cylindres ou nids d'abeille de dimensions variables. Pour les seconde et troisième compositions qui contiennent en outre un catalyseur de craquage, les constituants de ces compositions peuvent être présents soit sous forme juxtaposée, par exemple sous forme de granulés, de billes ou de cylindres mélangés et disposés les uns à coté des autres et constitués chacun d'un constituant soit en mélange plus intime, c'est à dire sous forme par exemple de granulés, de billes ou cylindres, chacun de ces granulés, billes ou cylindres étant constitué d'un mélange desdits constituants.
Les compositions de l'invention, notamment celles comprenant un catalyseur FCC, et qui ont été décrites plus haut sont particulièrement utilisables comme catalyseurs dans des procédés de craquage catalytique fonctionnant sans ajout d'hydrogène et notamment dans un procédé classique de type FCC.
En conséquence l'invention concerne aussi un procédé de craquage catalytique fonctionnant sans ajout d'hydrogène et notamment un procédé FCC utilisant comme système catalytique ces compositions.
Ces compositions de l'invention peuvent être ajoutées à l'ensemble des particules catalytiques circulant dans le procédé de craquage, au démarrage du procédé ou durant celui-ci. Ces .compositions peuvent être ajoutées directement dans la zone de craquage, dans la zone de régénération du réacteur de craquage ou à tout endroit convenable pour obtenir la réduction souhaitée du niveau de soufre. Dans le cas d'un procédé FCC, le procédé de craquage catalytique est mis en œuvre dans une installation de FCC conventionnelle dans laquelle on utilise des températures de réaction qui peuvent varier entre 400°C et 700°C et des températures de régénération comprises entre 500°C et 850°C notamment. Le temps de séjour dans le riser est habituellement de 2s à 10s et le temps de séjour du catalyseur dans le régénérateur varie de 5mn à 15mn environ.
Le procédé peut être utilisé pour diverses charges lourdes de craquage catalytique en lit fluide. On peut citer, à titre d'exemple, des distillats sous vide bouillants entre 350°C et 550°C (ou 380°C-550°C). Ces distillats sous vide peuvent être mélangés à des distillats légers atmosphériques (380°C-410°C), des distillats de coking ou des résidus sous vide dé-asphaltés. Le procédé de l'invention s'applique tout particulièrement bien aux charges à teneur élevée en composés soufrés, par exemple de 0,1 jusqu'à 4% en poids de soufre. Il
peut notamment être mis en œuvre pour récupérer des produits liquides, notamment des fractions essence et gazole, à teneur en soufre réduite.
Par ailleurs, la quantité de catalyseur par rapport à la quantité de charge peut varier habituellement entre 4 g/g et 14 g/g de préférence entre 6 et 12 g/g. Le rendement MAT est compris entre 40 et 80 %, de préférence entre 50 et 75%.
On entend par rendement MAT le taux de conversion en % en poids de l'ensemble essence + coke + gaz et par rendement total TOT le taux de conversion en % en poids de l'ensemble gaz+essence+gazole+coke. Dans la mise en œuvre du procédé de craquage catalytique, les compositions de l'invention présentent des avantages qui vont être décrits plus précisément ci-dessous.
Ainsi, la seconde composition de l'invention permet d'obtenir pour des rendements MAT variant de 50 % à 80%, plus particulièrement entre 60% et 75% et des rendements TOT variant de 60% à 98%, plus particulièrement entre 80% et 95%, une meilleure désulfuration des essences et des gazoles légers. Un avantage de l'utilisation de la seconde composition de l'invention est la diminution au sein des essences et des gazoles légers des composés soufrés lourds de type alkyl-thiofènes, notamment les alkyl-thiofènes en Cn pour lesquels n est égal ou supérieur à 3, de type benzo-thiofènes et alkyl- benzo-thiofènes.
Par composé alkyl thiofène, on entend notamment les méthyl-thiofène ethyl-thiofène, butyl-thiofène, pentyl-thiofène. Par composé alkyl-benzo- thiofènes, on entend notamment les méthyl-benzo-thiofène, ethyl-benzo- thiofène, propyl-benzo-thiofène et butyl-benzo-thiofène.
La diminution dans les essences et gazoles légers de la teneur en benzothiofènes est supérieure à 15%, plus particulièrement supérieure à 20% et avantageusement supérieure à 25 % comparativement à la teneur observée pour un fonctionnement avec un catalyseur FCC de base sans addition de composé mésostructuré.
La troisième composition de l'invention procure les mêmes avantages que ceux qui viennent d'être décrits pour la seconde. En outre, cette composition procure une diminution au sein des essences et des gazoles légers d'un gamme encore plus large de composés soufrés et notamment des mercaptans. Pour des rendements MAT variant de 50 à 80%, elle procure une diminution dans les essences et gazoles légers d'une part de la teneur en mercaptans supérieure à 40%, de préférence supérieure à 50% et avantageusement supérieures à 60% et d'autre part, de la teneur en benzo-
thiofènes supérieure à 15%, de préférence supérieure à 20%, avantageusement supérieure à 25 % comparativement à la teneur observée pour un fonctionnement avec un catalyseur de base sans addition de composé mésostructuré. La troisième composition selon le mode de réalisation particulier décrit plus haut, c'est à dire celle dont le catalyseur FCC comprend un additif du type de celui décrit dans EP-A-609971 présente les mêmes avantages que ceux qui viennent d'être décrits ci-dessus pour les deux compositions précédentes notamment en ce qui concerne la diminution des composés soufrés. Elle offre en outre l'avantage supplémentaire de minimiser les quantités de composé mésostructuré, en combinaison avec des composés d'un élément E, notamment du zinc ou du vanadium, à utiliser lorsque ce composé mésostructuré est en association avec un autre additif de catalyseur de FCC.
Une autre caractéristique des diverses compositions de l'invention est l'amélioration du rendement global de conversion des charges de FCC. Ainsi, la deuxième et la troisième composition de l'invention, pour des teneurs en composés mésostructurés, éventuellement à base de composés d'un élément E, notamment de zinc et de vanadium, allant de 5 à 40% se caractérisent par une amélioration d'au moins 2,5% de préférence d'au moins 4% et avantageusement supérieures à 5%, les rendements MAT variant de 60 à 80% et les rendements TOT variant de 80 à 95% pour des conditions opératoires MAT correspondant à des quantités de catalyseur allant de 2,5 à 4g par g de charge de FCC. Pour les compositions de l'invention avec l'additif à base d'un acide de Lewis du type décrit plus haut et pour des teneurs en composés mésostructurés, éventuellement à base de composé d'un élément E, notamment de Zn et de V, variant de 2% à 20%, on note une amélioration d'au moins 2,5 % de préférence d'au moins 4 % et avantageusement supérieure à 5 %, les rendements MAT variant de 60 à 75% et les rendements TOT variant de 80 à 95 % pour des conditions opératoires MAT correspondant à des quantités de catalyseur allant de 2,5 à 4g par g de charge de FCC.
Une autre caractéristique des compositions de l'invention est leur bon comportement au vieillissement. Ce bon comportement au vieillissement peut être mis en évidence par les caractéristiques de désulfuration sensiblement identiques obtenues après un test de vieillissement accéléré. Le test de vieillissement accéléré mis en œuvre est un traitement hydrothermal des compositions de l'invention effectué à 750°C pendant 5 heures sous une atmosphère 100% de vapeur d'eau.
Une autre caractéristique des compositions de l'invention est une meilleure sélectivité de la conversion en oléfines. Ainsi, la deuxième et la troisième composition de l'invention, par exemple avec des % en composés mésostructurés variant de 10 à 35% en poids, se caractérisent, dans des conditions opératoires correspondant à des rendements MAT variant de 50 à 80%, par des gains en % d'oléfines C3 et C exprimés par des ratios molaires "composé oléf inique/composé saturé à nombre de carbone identique" dans les gaz supérieures à 3%, de préférence supérieure à 5%.
Des exemples vont maintenant être donnés.
EXEMPLES
On va donner, ci-dessous, (1 ) les compositions utilisées, (2) le test mis en œuvre pour mesurer l'activité catalytique de ces compositions et (3) les résultats obtenus.
1 Compositions utilisées
1-1 Exemple 1 (composition 1 ) Cette composition correspond à un catalyseur FCC appelé par la suite
« catalyseur de base ». Le catalyseur employé est un catalyseur FCC commercial Millenium de la société Engelhard qui contient 1 % de poids de terre rare (TR), avec une surface spécifique BETde 170 m2/g et une zéolite dont la dimension de la maille est de 2,435 nm. Le catalyseur commercial avait subi un hydrotraitement à 816°C de 11 h dans une atmosphère à 90% de vapeur d'eau. De plus il a été soumis à un autre hydrotraitement à 750°C de 5 h dans une atmosphère à 100% de vapeur d'eau dans un deuxième temps. Ce second traitement n'a pas modifié la surface spécifique ni la dimension de la maille.
1-2 Exemple 2 (composition 2)
Cette composition correspond à un matériau mésostructuré du type de celui de l'exemple 3 de la demande de brevet WO 01/32558. Il s'agit donc d'un composé mésostructuré dont la matrice est en silice et présentant un rapport molaire silice/oxyde de cérium de 50/50.
1-3 Exemple 3 (composition 3 selon l'invention)
Le matériau de l'exemple 2, après calcination à 500°C a été imprégnée avec 10% de poids de Zn en utilisant une solution aqueuse de Zn(NO3)2- On a utilisé la technique d'imprégnation à sec. Le matériau imprégné a été séché à 100°C pendant 6 heures et calciné ensuite pendant 3 heures à 600°C.
1-4 Exemple 4 (composition 4 selon l'invention)
Le matériau de l'exemple 2, après calcination à 500°C a été imprégné à différentes teneurs de V en utilisant une solution aqueuse de VO(SO4). On a utilisé la technique d'imprégnation à sec. Les quantités de V imprégnées ont été de 0,5, 0,75 et 1 ,5 % de poids de V. Le matériau a été séché à 100°C pendant 6 heures et calciné ensuite pendant 3 heures à 600°C.
1-5 Exemple 5 (composition 5)
Une composition à base de zinc supporté sur une alumine (Zn/AI2θ3) a été préparée selon l'enseignement de EP-A-0609971. Le produit a été granulé, broyé et tamisé à une taille de particules de 0,25-0,42mm. Il a subi un traitement hydrothermal à 750°C pendant 5 heures dans une atmosphère à 100% de vapeur d'eau. La teneur en zinc est de 8% en poids de la composition. Celle-ci présente une surface BET de 110m2/g.
1-6 Exemple 6 (composition 6 selon l'invention)
Le matériau de l'exemple 2 a été granulé, broyé et tamisé à une taille de particule de 0,25-0,42mm. 30 % en poids de ce matériau a été mélangé avec le catalyseur de base décrit dans l'exemple 1.
1-7 Exemple 7 (composition 7 selon l'invention)
Le matériau de l'exemple 3 a été granulé, broyé et tamisé à une taille de particule de 0,25-0,42mm. 30 % en poids de ce matériau a été mélangé avec le catalyseur de base décrit dans l'exemple 1.
1-8 Exemple 8 (composition 8 selon l'invention)
Le matériau de l'exemple 4 à 0,75% en poids de vanadium a été granulé, broyé et tamisé à une taille de particule de 0,25-0,42mm. Il a subi ensuite un traitement hydrothermal à 750°C pendant 5 heures dans une atmosphère à
100 % de vapeur d'eau. 30 % en poids de ce matériau a été mélangé avec le catalyseur de base décrit dans l'exemple 1.
1-9 Exemple 9 (composition 9 selon l'invention)
Le matériau de l'exemple 5 et celui du matériau de l'exemple 4 ont été mélangés avec le catalyseur de base de l'exemple 1 dans une proportion en poids de 10% chacun par rapport à la quantité de catalyseur de base. Avant le mélange les matériaux ont été hydrotraités à 750°C pendant 5 heures dans une atmosphère à 100% de vapeur d'eau.
2 Test
2-1 Charge
La charge employée pour le test catalytique est un gas-oil Arabe léger de distillât sous vide, dont on donne des caractéristiques dans le tableau 1 suivant :
Tableau 1
2-2 Conditions
Pour les tests on a utilisé une unité de test de micro activité (MAT) automatisée de conception en accord avec la norme ASTM D-3907. Cette unité peut être programmée pour exécuter des expériences cycliques (réaction, strippage et régénération) en faisant varier les conditions expérimentales. Les conditions de réaction employées ont été :
Réaction : T=510°C, Temps de séjour : 30s, rapport catalyseur/charge : 2-5 g/g;
Strippage : 15 minute dans un courant d'azote; Régénération : T=540°C, 3 h dans colonne d'air.
2-3 Analyses
Les composés du soufre dans l'essence et la coupe diesel légère (jusqu'à un point d'ébullition de 286, 8°C) sont analysés par chromatographie gazeuse en utilisant un détecteur de soufre spécifique (PFPD, Détecteur Photométrique à Flamme Puisée).
3 Résultats
Les résultats des tests sont donnés dans les tableaux qui suivent.
La quantité de soufre dans l'essence, donnée en ppm en poids de soufre dans l'essence, inclut le benzothiofène (Tb=221°C). Les benzothiofènes alkylés (C1-, C2- et C3-benzothiofènes) sont les composés du soufre présents dans la coupe diesel légère. Pour présenter les résultats de ces benzothiofènes alkylés, on donne aussi la concentration de soufre provenant des différents composés dans la coupe liquide C5-286,8 ° C
Dans les tableaux :
CB désigne le catalyseur de base, Cat/charge désigne le rapport de la quantité de catalyseur à la quantité de charge, ces quantités étant exprimées en gramme,
GPL signifie gaz liquéfié,
O désigne les oléfines,
P désigne les parafines
Tableau 2 Test réalisé avec un taux de conversion MAT de 60% en poids Les valeurs données dans le tableau sont les teneurs en soufre en ppm
Tableau 3 Test réalisé avec un taux de conversion MAT de 70% en poids Les valeurs données dans le tableau sont les teneurs en soufre en ppm
Tableau 4 Test réalisé avec un taux de conversion MAT de 60% en poids Les valeurs données dans le tableau sont les teneurs en soufre en ppm
Répartition du soufre dans l'essence (ppm)
Tableau 5 Test réalisé avec un taux de conversion MAT de 70% en poids Les valeurs données dans le tableau sont les teneurs en soufre en ppm