FEUILLES DE PAPIER SUPPORT POUR L'APPLICATION DE PRODUITS COSMETIQUES ET PROCEDE DE FABRICATION DE
TELLES FEUILLES
La présente invention concerne les papiers imprégnés ou recouverts de substances ou de poudres. Elle concerne en particulier les papiers poudrés à usage cosmétique.
Le papier est couramment utilisé comme support pour l'application sur la peau de produits cosmétiques tels que des poudres, des parfums ou des agents de traitement.
Le brevet JP 2-036114 déposé par NAKAMURA KENJI décrit des feuilles recouvertes d'une couche d'un produit cosmétique comprenant un mélange de poudre et d'agents de traitement permettant par exemple l'absorption de la sueur, l'absorption des UV ou remplissant une fonction déodorante.
Ces feuilles de papier étant essentiellement destinées à un usage « nomade », elles sont généralement présentées dans un étui ou une boîte permettant de faciliter leur transport et leur utilisation. Ces feuilles présentent l'avantage de permettre à l'utilisateur d'appliquer un produit cosmétique lorsqu'il se trouve dans des situations ou des endroits dans lesquels il ne pourrait utiliser ce produit sous sa forme traditionnelle. C'est le cas par exemple dans les transports ou sur un lieu de travail.
L'inconvénient de ces papiers est que pour être efficaces, les produits dont ils sont recouverts sont généralement adaptés pour être transférés facilement du papier vers la peau. Ces produits ont par conséquent tendance à adhérer aux doigts de l'utilisateur lorsque celui-ci manipule l'un de ces papiers. Cet inconvénient est d'autant plus gênant que les produits déposés sur ces papiers peuvent par exemple être des poudres colorées et que l'utilisateur ne peut pas toujours se nettoyer les mains après utilisation du papier.
Le brevet JP 1-143811 déposé par SHISEIDO K. K. décrit un papier sur lequel sont déposées des microcapsules. Ces microcapsules sont des capsules microscopiques fermées constituées par exemple de résine
souple et qui renferment une préparation cosmétique. Elles se brisent par compression et libèrent sur la peau les substances qu'elles contiennent. Cette caractéristique permet de limiter le contact des substances avec les doigts de l'utilisateur mais elle ne permet pas de l'éliminer totalement. Un but de l'invention est de fournir une feuille de papier imprégnée ou recouverte de substances ou de poudres permettant d'éviter le transfert de substances ou de poudres sur les doigts de l'utilisateur.
Un autre but de l'invention est de proposer un procédé de fabrication de telles feuilles. A cet effet, l'invention propose une feuille de papier support pour l'application de produits cosmétiques imprégnée ou recouverte de substance(s) ou de poudre(s) caractérisé en ce qu'elle présente au moins une marge dépourvue de substance ou de poudre.
La marge permet avantageusement à l'utilisateur de prendre la feuille en évitant tout contact des substances ou des produits déposés sur le papier avec ses doigts.
A cet effet, la marge doit présenter une largeur suffisante pour que l'utilisateur puisse y poser ses doigts.
La feuille de l'invention présente en outre l'avantage de limiter une contamination de la ou des substance(s) ou poudre(s) par les doigts de l'utilisateur.
La feuille peut présenter les caractéristiques suivantes:
- elle présente un grammage compris entre 10 et 100 g/m2, préférentiellement entre 10 et 35 g/m2, - la largeur de la marge est comprise entre 10 et 100 mm
- elle est recouverte d'une poudre cosmétique à raison de 1 à 50 g/m2, préférentiellement de 1 à 30 g/m2.
Dans le cas où les feuilles sont rangées dans un étui ou une boîte, la marge de chaque feuille est positionnée de manière à se présenter à l'utilisateur pour que celui-ci puisse extraire la feuille en la tirant par la marge.
Pour obtenir des feuilles de papier imprégées ou recouvertes de substances ou de poudre présentant au moins une marge dépourvue de
substance ou de poudre, on souhaite fabriquer des laizes de papier présentant des zones vierges, c'est à dire non recouvertes de substance ou de poudre.
Une solution consisterait à déposer de la poudre sur toute la surface de la laize puis d'éliminer ensuite le dépôt sur certaines zones. Or on ne connaît pas actuellement de techniques permettant de traiter une surface poudrée permettant d'éliminer la totalité de la poudre déposée sans altérer la surface du papier.
Une autre solution consisterait à déposer un mélange de poudre et de liant sur toute la surface de la laize puis d'inhiber la couche de poudre sur certaines zones. Par exemple, on peut déposer des couches de vernis sur la laize sous forme de bandes. Les bandes de vernis constituent ainsi des zones de préhension où la poudre n'est pas en contact avec les doigts de l'utilisateur. L'inconvénient de cette solution est que dans le cas des poudres cosmétiques par exemple, le vernis n'adhère pas suffisamment à la couche de poudre.
Une autre solution encore consisterait à réaliser un traitement préliminaire du papier en déposant par exemple une couche spéciale par zone empêchant ensuite la substance ou la poudre d'adhérer dans les zones ainsi pré-traitées. L'inconvénient de cette solution est que ces zones sont légèrement maculées de poudre le plus souvent colorée, ce qui n'est pas valorisant pour une application cosmétique.
On connaît des techniques classiques de couchage du papier permettant de ne pas reporter le produit ou la substance déposée sur certaines zones du papier. .
Notamment, la technique « héliogravure » consiste à transférer un mélange de poudre et de liant d'un cylindre gravé en creux vers un support. Le motif à imprimer est gravé à la surface du cylindre. Ce motif gravé constitue le cliché de report du cylindre sur le support. Il est constitué de minuscules cavités dont la profondeur et la forme varient en fonction de la dépose de couche recherchée. Le mélange de poudre et de liant doit être très liquide pour venir remplir les cavités du cliché qui se videront ensuite
sur le support. L'inconvénient de cette technique est qu'elle ne permet pas d'obtenir la dépose recherchée (de 2 à 20 g/m2).
La technique « flexographique » consiste à transférer une image en relief sur une plaque en caoutchouc encrée puis pressée sur le papier .Là encore, ce procédé ne permet pas le transfert de quantité sèche supérieure à 2 ou 3 g/m2 avec un aspect uniforme.
D'autres techniques peuvent également être envisagées, par exemple l'injection sous pression le mélange liquide à déposer dans des buses de dimension calibrée. Ces buses déposent lors du défilement de la laize le mélange sur certaines zones. L'inconvénient de cette technique est qu'elle s'applique mal au dépôt de ce type de mélange à cause de sa viscosité. En effet, le mélange déposé obstrue les buses, endommageant l'aspect de la dépose . En outre, on ne sait pas réguler le débit du mélange, ce qui ne permet pas de réaliser des déposes de grammage et d'épaisseur à la demande.
Il est donc souhaitable de fournir un procédé adapté à la fabrication de feuilles de papier imprégnées ou recouvertes de substance ou de poudre.
L'invention propose à cet effet un procédé de fabrication de feuilles de papier support pour l'application de produits cosmétiques, selon lequel un mélange contenant un produit cosmétique est déposé par un rouleau preneur sur une laize de papier, caractérisé en ce que l'on positionne entre le rouleau et la laize au moins une bande de matériau présentant une faible adhérence embarrant le rouleau, évitant ainsi le contact entre le rouleau et la laize sur au moins une zone de ladite laize.
Grâce à l'utilisation de bandes de matériaux de faible adhérence, le procédé permet d'obtenir un dépôt de poudre suffisamment épais et uniquement sur les zones du papier en contact avec le rouleau preneur.
Ce procédé garantit donc le non-report de la poudre sur les doigts de l'utilisateur des feuilles poudrées.
Il permet en outre un gain de matière première puisqu'il évite le dépôt de poudre sur certaines zones du papier.
Enfin, ce procédé permet de réaliser un papier poudré présentant des zones non poudrées en modifiant facilement des installations de couchage existantes.
Dans une mise en œuvre de l'invention, la bande de matériau de faible adhérence présente une largeur variable de sorte qu'il est possible d'augmenter ou de diminuer la largeur de zone vierge de la laize par simple déplacement longitudinal de la bande.
La bande est en un matériau choisi de préférence parmi les matériaux suivant : le polytétrafluoroéthylène, le polypropylène, le polyethylène ou une composition à base de cuivre, de nickel et de chrome.
D'autres caractéristiques et avantages ressortiront encore de la description qui suit, laquelle est purement illustrative et non limitative et doit être lue en regard des dessins annexés parmi lesquels:
- la figure 1 est une représentation schématique d'un exemple de feuille de papier poudré conforme à un mode de réalisation de l'invention,
- les figures 2A et 2B sont des représentations schématiques d'exemples d'empilement de feuilles dans un étui permettant à l'utilisateur de prélever le papier par sa marge,
- la figure 3 est une représentation schématique d'un poste d'enduction permettant de mettre en œuvre le procédé de l'invention,
- la figure 4 est une représentation schématique d'une installation de couchage,
- la figure 5 est une représentation schématique d'une laize de papier poudrée destinée à être découpée pour la réalisation de feuilles de papier poudré.
La figure 1 représente une feuille de papier poudrée 1 de dimensions 100x100 mm, constituée d'un support papier classique présentant un grammage compris entre 15 et 20 g/m2. La feuille 1 est divisée en deux zones: une zone d'application 2 et une zone formant une marge de préhension 3. La zone d'application 2 de la feuille est destinée à être mise en contact avec la peau pour y appliquer une poudre cosmétique. Cette zone d'application 2 présente une largeur de 75 mm et est recouverte d'une couche de poudre à raison d'environ 10 g/m2. La marge de
préhension 3 est destinée à permettre à l'utilisateur d'y placer ses doigts. A cet effet, elle présente une largeur de 25 mm dépourvue de poudre afin d'assurer une bonne prise en main de la feuille.
La figure 2A représente un exemple d'empilement de feuilles similaires à la feuille représentée à la figure 1. Les feuilles forment un tas 11 placé dans un distributeur ou étui 12. Le distributeur 12 présente une fente 13 permettant à l'utilisateur de prélever une feuille de papier 15 située sur le dessus du tas 11 sans poser ses doigts 14 sur la zone poudrée de la feuille 15 (représentée en trait épais). A cet effet, la marge de la feuille 15 (représentée en trait blanc) dépasse par la fente 13 du distributeur 12. Les feuilles constituant le tas 11 sont classiquement pliées et enchevêtrées en zigzag de manière à ce que lorsque l'utilisateur prélève la feuille supérieure 15, celle-ci entraîne la feuille 16 située immédiatement en dessous et à ce que celle-ci dépasse à son tour par la fente 13 du distributeur 12. On oriente la feuille 16 de manière à ce que, après prélèvement de la feuille 15, sa zone margée dépasse par la fente 13.
D'autres types d'empilement sont possibles. Par exemple les feuilles ne sont pas nécessairement enchevêtrées mais peuvent être empilées en carnet comme illustré sur la figure 2B. Dans ce cas, elles sont superposées les unes aux autres et réunies par leur bord adjacent. L'un des bords libres des feuilles présentera de préférence une marge de préhension.
On va maintenant décrire la fabrication de telles feuilles de papier poudré. La figure 3 représente un poste d'enduction 21 comprenant un bac
23 contenant un mélange 24 à déposer sur une laize 25 de papier et un rouleau preneur 22 dont la surface est en contact avec le mélange 24. Ce mélange 24 se compose d'une poudre à maquillage, d'un agent liant, d'un agent dispersant, d'eau, ainsi que d'additifs tels qu'un régulateur de rhéologie, un agent anti-mousse, des principes actifs, etc. La laize de papier 25 destinée à être enduite de ce mélange est tendue et positionnée de sorte que l'une de ses surfaces soit tangente au rouleau preneur 22, celui-ci s'étendant dans la largeur de la laize 25.
Tandis que la laize 25 défile dans le sens indiqué par les flèches, le rouleau preneur 22 est entraîné en rotation dans le sens opposé au défilement de la laize. En tournant, le rouleau est enduit en permanence de mélange 24 sur toute sa largeur. Un racle de prédosage 29 permet de limiter l'épaisseur de mélange sur le rouleau preneur 22. Au contact entre le rouleau 22 et la laize 25, le mélange est transféré du rouleau 22 vers la laize défilante 25.
Deux bandes rectangulaires de polytétrafluoroéthylène (PTFE) 26 et 27 ont été positionnées entre le rouleau preneur 22 et la laize 25. Ces deux bandes 26 et 27 embarrent le rouleau 22 sur environ la moitié de sa circonférence (embarrage de 180 degrés), empêchant ainsi le contact entre le rouleau 22 et la laize 25 sur deux zones correspondant à la largeur des deux bandes 26 et 27.
Il en résulte qu'à mesure de son défilement, la laize de papier 25 est enduite sur toute sa largeur de mélange 24, excepté sur deux zones formant des bandes longitudinales dépourvues de mélange, ces deux zones étant adjacentes aux deux bandes de PTFE 26 et 27.
Le racle de prédosage 29, en limitant l'épaisseur de mélange sur le rouleau 22 évite les bavures de mélange dans les zones dépourvues de poudre. Il permet ainsi d'obtenir des lignes de démarcation nettes entre les zones enduites de mélange et les zones vierges de la laize 25.
Les deux bandes de PTFE 26 et 27 sont fixées par l'une de leurs extrémités à une barre 28 permettant de maintenir leur écartement. Des lests non représentés sur cette figure ont été suspendus à l'extrémité libre des bandes 26 et 27. Le défilement de la laize 25 d'une part, le poids des lests et la rotation du rouleau 22 d'autre part, permettent de maintenir les deux bandes 26 et 27 de PTFE en équilibre permanent entre la laize 25 et le rouleau 22.
Dans une variante de mise en œuvre de cette étape d'enduction, les bandes de PTFE 26 et 27 présentent avantageusement une largeur variable.
Par exemple, elles peuvent présenter une forme triangulaire (ainsi que représenté en pointillés sur la figure 3) de sorte qu'il est possible
d'augmenter ou de diminuer la largeur des zones dépourvues de mélange par simple déplacement longitudinal des bandes de PTFE 26 et 27.
Ces bandes peuvent également présenter de multiples formes telles que des formes ovales, arrondies, trapézoïdales, etc. En outre, l'embarrage des bandes sur le rouleau 22 peut être compris entre quelques degrés et 180 degrés, néanmoins il est de préférence compris entre 60 à 130 degrés.
La figure 4 représente schématiquement une installation de couchage. On retrouve sur cette figure le poste d'enduction 21 de la figure 3 avec le rouleau 22, le bac 23 contenant le mélange 24, la bande de PTFE 27, le racle de prédosage 29. L'une des extrémités de la bande 27 est fixée à la barre de maintien 28, un lest est suspendu à l'autre extrémité de la bande 27. La laize 25 est une laize de papier de faible grammage (environ 20 g/m2) de largeur 720 mm. Le sens de défilement du papier a été symbolisé par des flèches. Au moment de son passage sur le rouleau preneur 22, la laize 25 est enduite d'environ 20 g/m2 du mélange poudré 24. Elle est enduite sur toute sa largeur, excepté sur deux zones formant des bandes longitudinales correspondant au passage de la laize 25 sur les bandes de PTFE 26 et 27.
Après l'étape d'enduction, l'épaisseur de la couche de mélange poudré déposée est ensuite égalisée par une barre de dosage 34 ou barre de Meyer dont le système d'entraînement permet de choisir le sens de rotation de la barre.
La laize 25 est maintenue sous une tension d'environ 3,5 kg sur des cylindres successifs 30, 31 , 32 et 33. Ces cylindres 30, 31 , 32 et 33 sont des cylindres chauffant, ils sont maintenus à des températures respectives de 64°C, 74°C, 84°C et 84°C. Le chauffage de la laize 25 sur les cylindres 30, 31 , 32 et 33 entraîne l'évaporation progressive et maîtrisée de 10 g/m2 d'eau contenue dans le mélange déposé.
Ce séchage par contact peut être complété par un séchage sans contact du type à infra-rouge ou air puisé par exemple.
En outre, les températures des différents cylindres peuvent être modifiées selon le type de mélange d'enduction en présence.
Les installations de couchage comprennent en outre des déplisseurs de bande dont le rôle est d'éviter que la laize 25 ne se contracte au cours de son séchage. Un cylindre en caoutchouc de forme courbe type banane 36 permet de maintenir la laize 25 à plat et d'éviter les plis.
La laize 25 enduite et séchée est finalement enroulée en bobine 37. Bien entendu, en fonction du nombre de bandes dépourvues de poudre que l'on souhaite former sur la laize et en fonction de leur largeur, on pourra faire varier le nombre de bandes de PTFE positionnées sur le rouleau preneur et leur largeur.
La figure 5 représente un exemple de section 100 de laize de papier 25 pouvant être obtenue par le procédé décrit précédemment.
Cette laize 25 présente une largeur de 720 mm. Elle présente des zones recouvertes de couches poudrées sous forme de quatre bandes 103,
105, 107 et 109 (représentées en zones hachurées) de largeurs respectives
150, 150, 150 et 75 mm. Ces quatre bandes poudrées sont espacées par des bandes vierges 102, 104, 106 et 108 de 50 mm de largeur. La laize 25 est destinée à être découpée (selon les lignes représentées en pointillés sur la figure) pour la réalisation de feuilles de papier poudré de dimensions
100x100 mm. Chaque feuille découpée est conforme à la feuille représentée à la figure 1 , elle présente une zone d'application sur une largeur de 75 mm formée dans une portion de laize enduite et une marge de préhension sur une largeur de 25 mm formée dans une portion de laize vierge.
La description qui précède porte sur des feuilles de papier poudré présentant des dimensions spécifiques. Il est bien entendu possible grâce au procédé de l'invention de réaliser des feuilles de papier poudré présentant des dimensions différentes et/ou des dimensions de zones poudrées et de marges différentes.
Par ailleurs la composition du mélange d'enduction peut être variée en fonction du produit que l'on souhaite déposer sur le papier.