PROCEDE DE POST-TRAITEMENT REDUCTEUR DES LAITIERS
METTALLURGIQUES
Introduction
La présente invention concerne un procédé de post-traitement de laitiers métallurgiques contenant des oxydes métalliques difficilement réductibles
État de la technique
Il est connu depuis longtemps de valoriser les laitiers de hauts fourneaux en tant que matières premières, par exemple dans la construction de routes, dans la fabrication du ciment ou dans la production d'engrais Cependant, en ce qui concerne la valorisation de laitiers d'aciéries électriques, on ne dispose aujourd'hui pas encore de solutions satisfaisantes Une raison est notamment la présence d'importantes quantités d'impuretés dans ces laitiers, notamment des oxydes métalliques. Les laitiers d'aciéries élaborant des aciers inox sont particulièrement problématiques En effet, ces laitiers contiennent d'importantes quantités d'oxydes de chrome, dont on sait qu'ils sont à la fois lixiviables et toxiques II en résulte que les laitiers d'aciéries inox ne peuvent pas être valorisés directement et constituent en outre un danger de pollution lorsqu'ils sont mis en crassier Afin de pouvoir valoriser les laitiers d'aciéries électriques, il a été proposé de soumettre ces laitiers à un post-traitement métallurgique, dans lequel les oxydes métalliques contenus dans les laitiers sont soumis à une réaction de réduction dans le laitier en fusion Une fois la réaction de réduction terminée, la fraction métallique est séparée de la fraction minérale par décantation en fusion La fraction minérale purifiée en fusion est ensuite granulée pour être utilisée comme alternative au laitier de haut fourneau La fraction métallique peut elle aussi être avantageusement valorisée
Dans les procédés connus de post-traitement métallurgique du laitier, le laitier en fusion est versé dans un four métallurgique (par exemple un four à arc
électrique), éventuellement ensemble avec d'autres déchets de production riches en oxydes métalliques (poussières, boues, ) Le laitier est ensuite chauffé en lui ajoutant simultanément du carbone, pour réduire dans une première étape les oxydes métalliques facilement réductibles, notamment les oxydes de fer Pour des laitiers riches en oxydes de métaux difficilement réductibles, tels que les laitiers d'aciéries inox riches en oxydes de chrome, de manganèse, de tungstène, de vanadium et de molybdène, il a été proposé de soumettre le laitier, après réduction des oxydes de fer par le carbone, à une deuxième étape de réduction Lors de cette deuxième étape, on ajoute des réducteurs plus puissants que le carbone au laitier, tout en continuant à le chauffer Or, des réducteurs puissants qui conviennent pour cette deuxième étape de réduction, tels que par exemple le silicium sous forme de ferro-silicium (FeSi) ou le calcium sous forme de carbure (CaC2), sont beaucoup plus chers que le carbone, ce qui rend la rentabilité du procédé douteuse , surtout si en présence d'importantes quantités d'oxydes difficilement réductibles dans le laitier, la consommation de ces réducteurs devient importante
Objet de l'invention
L'objet de la présente invention est d'améliorer l'efficacité d'un procédé de post-traitement de laitiers métallurgiques contenant des oxydes métalliques difficilement réductibles, dans lequel l'on soumet le laitier en fusion à un traitement réducteur pour réduire les oxydes métalliques, et l'on décante les produits métalliques dudit traitement réducteur
Résumé de l'invention.
Conformément à l'invention, cet objectif est atteint par un procédé dans lequel on effectue le traitement réducteur sur un pied de bain métallique carburé, contenant généralement au moins 2,5% de carbone et préférentielle- ment plus de 4% de carbone II sera apprécié que ce pied de bain métallique carburé constitue un milieu réducteur et une réserve d'énergie thermique qui
favorisent une réduction des oxydes métalliques, tel que les oxydes de chrome, qui sont considérés comme difficilement réductibles par le carbone. Ceci permet notamment de réduire la consommation de réducteurs plus chers que le carbone. La carburation du pied de bain métallique est préférentiellement effectuée par injection de fines de carbone dans le métal à l'aide d'une lance immergée. Ceci permet d'éviter un moussage important du laitier, qui gênerait le déroulement des étapes de réduction et de décantation.
La masse du pied de bain métallique carburé est au moins égale à la masse du laitier à traiter sur ce pied de bain. Sa température est d'au moins 1450°C lors du traitement réducteur. Le pied de bain métallique constitue dès lors une importante source de chaleur, qui permet de garantir le déroulement de l'opération de réduction à température élevée, favorisant ainsi une réduction par le carbone des oxydes métalliques considérés comme difficilement réductibles. On effectue de préférence une surchauffe par arc(s) électrique(s) du laitier sur le pied de bain métallique carburé, dont la masse importante a par ailleurs un effet stabilisant sur les arcs. Pour augmenter le rendement de ce chauffage sans perturber le déroulement du procédé, on peut faire mousser le laitier localement dans la zone du ou des arcs, par exemple par injection ciblée d'oxygène et de carbone dans la zone du ou des arcs.
Il est avantageux d'arrêter la surchauffe par arc(s) électrique(s), respectivement de sensiblement réduire sa puissance, lorsqu'on atteint une température supérieure à 1500°C dans le laitier. On commence ensuite un brassage de l'interface métal/laitier, de sorte à avoir une réduction des oxydes métalliques du laitier surchauffé en contact avec le pied de bain métallique carburé. Le brassage de l'interface métal/laitier peut par exemple comprendre un bullage de gaz neutre.
Une décantation des produits métalliques réduits est avantageusement activée par un brassage doux de l'interface métal/laitier. II sera apprécié qu'on peut ajouter des poussières ou des boues riches en
oxydes métalliques au laitier à traiter, qui est par exemple un laitier riche en Cr2O3
Un procédé selon l'invention se déroule normalement comme suit a) chargement du laitier liquide à traiter dans un four à arc dans lequel on a un important pied de bain métallique , b) surchauffe du laitier et du pied de bain métallique par arc(s) électrique^) , c) lors de ladite surchauffe, carburation du pied de bain métallique par injection d'un produit carboné , et d) après ladite surchauffe, brassage de l'interface métal/laitier, de sorte à avoir une réduction des oxydes métalliques du laitier surchauffé au contact du bain métallique carburé , e) décantation des produits métalliques réduits , et f) coulée du laitier purifié
Exemple
D'autres particularités et caractéristiques de l'invention ressortiront de la description détaillée d'un exemple d'application du procédé, qui est fourni ci- dessous à titre d'illustration
Pour la mise en œuvre du procédé on utilise de préférence un four électrique à arc submergé, généralement appelé four SAF (submerged arc furnace) Il s'agit d'un four à cuve fixe de conception assez simple, dont la coulée s'effectue à travers un trou de coulée, qui est fermé à l'aide d'une boucheuse et ouvert à l'aide d'une foreuse On pourrait cependant aussi utiliser un four à arc libre, tel qu'il est par exemple utilisé pour fondre les ferrailles
Le produit à traiter est un mélange de laitier d'aciérie inox et de poussiè- res, ayant grossièrement la composition suivante 6% CR2O3, 8% (FeO +
MnO), 84% (CaO + SιO2 +AI2O3) Il a une basicité CaO/SιO2 d'environ 1 ,5
(éventuellement ajustée par ajout de chaux) Reste à noter que dans la suite on utilisera également le terme « laitier » pour désigner le mélange « laitier- poussières » à traiter
Un batch d'environ 15t de ce laitier, qui a une température d'environ 1200°C, est chargé dans le four à arc sur un pied de bain métallique ayant une masse au moins égale à la masse du laitier à traiter (la masse du pied de bain métallique augmentera progressivement avec le nombre de traitements qui sont effectués sur le pied de bain métallique) Le pied de bain métallique est à une température d'environ 1450°C Sa composition est approximativement la suivante 2,5-3% de carbone, 0-30% de chrome (le contenu en chrome du pied de bain métallique augmentera progressivement avec le nombre de traitements qui sont effectués sur le pied de bain métallique), le restant étant principalement du fer Reste à noter que le pied de bain métallique est normalement déjà recouvert d'une couche initiale de laitier d'une hauteur d'environ 20 cm En effet, lors d'une coulée de laitier on a laisse flotter une couche de laitier sur le pied de bain métallique, afin d'éviter de couler du métal avec le laitier Sur cette couche de laitier résiduelle on déverse le batch de laitier à traiter
Dans l'étape suivante, le laitier à traiter et le pied de bain métallique sur lequel il flotte sont chauffés par arc électrique La puissance de chauffage est d'environ 10 à 12 MW , l'énergie électrique consommée est de 600 à 800 kWh La masse appréciable du pied de bain métallique garantit une excellente stabilité d'arc
Il est à noter que dans un four SAF, l'énergie thermique est générée par conduction du courant dans le laitier liquide II n'y par conséquent pas d'arc plasma (ou arc libre) proprement dit, qui s'établit en les électrodes et le bain métallique Afin d'accroître le rendement de l'opération de chauffage, on fait mousser la couche de laitier localement autour de l'électrode, de manière à créer autour de celle-ci une couche locale de laitier moussant dans laquelle la densité du laitier est au moins 50% plus faible que dans le reste du four Si le four comporte plusieurs électrodes, on fera de préférence mousser la couche
de laitier localement autour de toutes les électrodes du four II sera apprécié que la création d'une couche locale de laitier moussant change la forme du passage de l'énergie électrique dans le bain On passe, au moins partiellement, d'une conduction du courant électrique dans du laitier liquide résistif, à un arc « plasma » formé dans un milieu gazeux, même si ce milieu comprend également une certaine proportion de laitier liquide De cette façon on peut accroître les caractéristiques d'arc, c'est-à-dire la tension d'arc et la longueur d'arc Le champ électrique en mode plasma immergé dans un laitier moussant est au moins deux à quatre fois plus important qu'en mode résistif (conduction dans le laitier liquide) Il en résulte une augmentation appréciable de la puissance du four SAF D'un autre côté, il sera noté que la majorité du laitier reste dans un état liquide (c'est-à-dire non-moussant), ce qui aura une influence favorable sur la conduction de chaleur dans le laitier et la cinétique des réactions de réduction et de décantation décrites plus loin Reste à noter que la couche locale de laitier moussant entourant les électrodes est avantageusement formée par injection ciblée d'oxygène et de carbone dans la zone du ou des arcs La réaction du carbone avec l'oxygène produit du CO qui fait mousser le laitier
Simultanément au chauffage, on effectue une carburation du bain métallique pour élever la teneur en carbone du bain métallique de 2,5% à environ 6,5% Cette carburation est avantageusement effectuée en utilisant une ou plusieurs lances immergées dans le métal en fusion pour injecter du carbone sous forme de fines ou de granules par voie pneumatique dans le métal en fusion II sera apprécié que l'injection du carbone dans le bain métallique à l'aide de lances immergées évite de produire un laitier trop moussant, qui aurait une influence défavorable sur le déroulement ultérieur du procédé
Dans le cadre de l'exemple décrit ICI, on injecte 600 à 800 kg de carbone sous forme de fines avec un débit d'environ 20 kg/min, ce qui correspond à une durée d'environ 30 à 40 mm pour l'opération de carburation Pendant ce temps, le chauffage par arc électrique fait monter la température du laitier de 1200°C a une température d'environ 1550 à 1600°C II reste à noter qu'au début de l'étape de chauffage/carburation, il peut être intéressant d'introduire du carbone
également dans le laitier, à condition toutefois de veiller à ne pas produire un laitier qui est encore moussant à la fin de cette étape
Dès qu'on a atteint une température de laitier supérieure à 1550°C et une concentration de carbone d'environ 6,5% dans le bain métallique, on interrompt l'opération locale de moussage, on coupe les arcs électriques et on arrête l'opération de carburation du bain métallique L'étape suivante est un traitement de réduction dans lequel les oxydes réductibles du laitier surchauffé réagissent avec le carbone en solution dans le bain métallique Cette réaction nécessite par conséquent un échange intense laitier-métal, qui est activé par un brassage de l'interface métal-laitier Ce brassage s'effectue de façon connue par bullage de gaz neutre (azote ou argon) injecté dans le métal, soit par brique poreuse dans la sole, soit par lance immergée, soit par une combinaison des deux II sera apprécié que cette réaction entre le métal liquide hautement carburé et le laitier liquide surchauffé ne permet pas seulement de réduire les oxydes métalliques facilement réductibles, tels que les oxydes de fer et de manganèse, mais également les oxydes métalliques difficilement réductibles, en particulier les oxydes de chrome Le débit de gaz de brassage pendant cette étape de réduction est d'environ 100 à 200 l/min pendant une durée d'environ 15 min II sera noté qu'en fin d'étape de réduction on peut ajouter éventuellement une faible quantité d'un réducteur puissant au laitier Dans l'exemple décrit on ajoute par exemple 15 kg de FeSi au laitier
Après cette étape de brassage intense de l'interface métal-laitier, suit une étape de 10 à 15 mm de brassage plus doux, dans laquelle le débit de gaz de brassage est d'environ 50 l/min Ce brassage doux favorise la décantation des produits métalliques obtenus par réduction des oxydes métalliques du laitier, qui passent dans le pied de bain métallique
Le laitier purifié est ensuite coulé à une température de 1500°C à travers le trou de coulée du four Comme mentionné plus haut, on laisse lors de cette coulée une couche de laitier d'environ 20 cm sur le pied de bain métallique, ceci afin d'éviter de couler du métal avec le laitier Après 8 à 10 coulées de laitier, on
devra aussi effectuer une coulée de métal, pour libérer de la place dans le four
Le laitier purifié contient moins de 0,5% de Cr2O3 et moins de 0,3% de FeO, c'est-à-dire que le procédé a permis d'extraire du laitier plus de 90% du chrome et plus de 97% du fer On a consommé environ 700 kg de C et 15 kg de FeSi (ajouté en fin de réduction), ainsi qu'environ 5500 kWh d'électricité Avec un procédé conventionnel on aurait consommé environ 500 kg de C et 500 kg de FeSi pour obtenir le même résultat Vu que le FeSi est environ cinq fois plus cher que le carbone en fine, il sera compris que le procédé proposé présente un avantage économique important II reste a noter que dans le procédé décrit plus haut on a commencé le brassage de l'interface métal-laitier après avoir atteint la température et la teneur en carbone finales souhaitées (à savoir environ 1550°C et environ 6,5% de C) Il peut cependant être intéressant de commencer déjà le brassage de l'interface métal-laitier avant d'avoir atteint ces valeurs finales souhaitées (par exemple après avoir atteint une température d'environ 1450°C dans le laitier et une teneur en carbone de 3 à 4% de C dans le pied de bain métallique) Dans ce cas il peut aussi être avantageux de baisser la puissance de chauffe lorsqu'on atteint par exemple 1500°C et de garder juste une puissance de maintien