Procédé de contrôle d'un dispositif de dépollution d'eaux résiduaires et dispositif correspondant
La présente invention est relative à un procédé de contrôle d'un dispositif de dépollution d'eaux résiduaires et à un dispositif correspondant.
On utilise fréquemment en tant que procédé de dépollution efficace des techniques anaérobies, telles que la fermentation méthanique ou la dénitrification. Les cultures anaérobies sont en effet un système de traitement très bien adapté à l'élimination de pollutions carbonées ou à base de nitrates issues d'effluents industriels, correspondant respectivement à la digestion anaérobie et à la dénitrification.
La digestion anaérobie permet de traiter des charges atteignant facilement 15 à 30 kg de demande chimique en oxygène (DCO) par m3 de réacteur et par jour, avec des rendements d'épuration traditionnellement de 90-95 %. Elle est appliquée en particulier au traitement d'effluents agro- alimentaires.
La digestion anaérobie est souvent considérée comme un prétraitement d'eaux résiduaires, suivi d'une finition aérobie. Il est ainsi possible d'atteindre des niveaux très bas en concentration d'éléments polluants, et de permettre ainsi un rejet d'eaux traitées dans le milieu naturel.
Les procédés d'épuration par digestion anaérobie mettent en oeuvre des réacteurs de plus en plus intensifs, qui permettent de confiner d'importantes concentrations en biomasse dans des volumes très compacts. De tels réacteurs travaillant à très fortes charges ont une avancée technologique importante concourant à plus de performance. Cependant, les écosystèmes présents dans les réacteurs sont en permanence fortement sollicités en vue de travailler dans des conditions limites compatibles avec un bon équilibre microbien. Un contrôle manuel de tels dispositifs de dépollution s'avère ainsi difficile et peu fiable, et conduit
souvent à utiliser les réacteurs en deçà de leurs possibilités par crainte de surcharge organique.
Pour remédier aux inconvénients des procédures manuelles, il a été proposé dans le document FR-2.672.583 un procédé de régulation et de conduite automatique d'un dispositif de dépollution d'eaux résiduaires par fermentation méthanique. Ce procédé consiste à mesurer simultanément dans la phase gazeuse des digesteurs d'un réacteur de fermentation les trois paramètres suivants: le débit de gaz issu de la transformation de la matière organique lors de la fermentation, le rapport des pourcentages de méthane et de gaz carbonique, et la teneur en hydrogène gazeux, puis à traiter en temps réel les informations ainsi recueillies afin d'obtenir des signaux traduisant l'état instantané de l'écosystème du dispositif de dépollution.
Le procédé décrit dans le document FR-2.672.583 est applicable exclusivement à une digestion anaérobie par fermentation méthanique. D'autre part, il nécessite la mesure simultanée de trois paramètres, et utiliser leurs variations nécessite un calibrage de leurs réponses.
Le brevet américain US-A-4.349.435 concerne un système réacteur anaérobie dans lequel on mesure les taux d'alimentation en DCO et de génération de méthane, on estime à partir de ces mesures la DCO de l'effluent et on commande le taux d'alimentation en rapport avec cette estimation.
Le brevet américain US-A-4.986.916 décrit une méthode de contrôle d'une réaction catalysée biologiquement. Selon cette méthode, on identifie un gaz de repérage (trace gas) qui est un intermédiaire métabolique ou s'équilibre avec un tel intermédiaire. On mesure sa concentration et on en obtient une évaluation de l'état métabolique de la réaction par une relation déterministe.
L'invention a pour but un procédé de contrôle d'un dispositif de dépollution de matière organique, soluble ou
non, par culture anaérobie, fiable, facile à mettre en oeuvre, et permettant un fonctionnement stable et optimal.
L'invention a ainsi pour objectif de pouvoir traiter des charges polluées bien plus élevées que celles usuellement obtenues dans l'industrie.
L'invention a notamment pour but un procédé de régulation automatique d'un dispositif de dépollution d'eaux résiduaires ayant les avantages précédents.
L'invention vise également un dispositif de dépollution d'eaux résiduaires par culture anaérobie fiable et performant, et permettant une conduite automatique.
La présente invention a ainsi pour objet un procédé de contrôle d'un dispositif de dépollution d'eaux résiduaires par culture anaérobie. Dans ce procédé, on alimente au moins un réacteur en eaux résiduaires à un débit d'alimentation , on décompose les eaux résiduaires en un liquide épuré et en un gaz de décomposition , et on extrait du digesteur le liquide épuré et le gaz de décomposition.
L'orig inalité du procédé selon l'invention tient en ce qu'on superpose à une alimentation régulière du réacteur des impulsions d'alimentation, et en ce qu'on mesure au moins un paramètre de réponse aux impulsions.
L'application d'impulsions superposées à l'alimentation régulière fonde un procédé original de contrôle, reposant sur une association de perturbations et d'analyses.
Les impulsions appliquées peuvent être positives ou négatives, selon qu'elles augmentent ou diminuent le débit d'alimentation régulière. Elles permettent ainsi d'évaluer si le système biologique peut admettre une charge supplémentaire, ou si il est au contraire nécessaire de réduire les charges traitées.
Les impulsions d'alimentation peuvent avoir une amplitude sensiblement plus élevée que des variations pratiquées dans le débit d'alimentation régulière. Le procédé
selon l'invention permet ainsi d'obtenir une capacité de détection accrue, et de se contenter de mesurer un unique paramètre de réponse tout en obtenant une très bonne fiabilité. Le procédé selon l'invention est adapté à tout type de réacteur et à n'importe quel effluent à traiter. En effet, les perturbations sont directement appliquées à l'alimentation, et les analyses ne sont pas liées à un type de fermentation particulière. Préférentiellement, on ajuste automatiquement le débit d'alimentation régulière en fonction du résultat des analyses.
Cette conduite automatique est simple en terme mathématique et robuste en terme pratique, car fondée sur des notions de fonctionnement biologique réel.
L'ajustement automatique pratiqué dans le procédé selon l'invention rend ainsi possible un fonctionnement optimal du dispositif de dépollution vis-à-vis du traitement biologique, en le poussant à travailler au maximum de ses capacités. De plus, le procédé selon l'invention est également applicable à des charges moins élevées.
Les impulsions d'alimentation consistent avantageusement en des échelons positifs d'alimentation.
Il est judicieux que les paramètres de réponse appartiennent à un ensemble comprenant le débit du gaz de décomposition et le pH du liquide épuré.
Les impulsions d'alimentation sont de préférence appliquées périodiquement.
Elles ont avantageusement des hauteurs comprises entre 1 /2 fois et 10 fois la hauteur du débit d'alimentation régulière, et ont des durées avantageusement comprises entre 5 mn et 2 h.
Dans un mode de mise en oeuvre préféré du procédé selon l'invention, les paramètres de réponse sont le débit du
gaz de décomposition et le pH du liquide épuré, et les analyses comprennent les étapes suivantes:
- on pratique un lissage en fonction du temps du débit gazeux, - on calcule par intégration temporelle du débit gazeux lissé, un volume mesuré du gaz de décomposition produit en réponse à au moins une impulsion positive,
- lorsque le volume mesuré est négatif ou nul, on compare le pH à une valeur de seuil d'intervention , de sorte que lorsque le pH est supérieur à la valeur de seuil, on laisse le débit d'alimentation régulière inchangé, et lorsque le pH est inférieur ou égal à la valeur de seuil, on diminue le débit d'alimentation régulière,
- lorsque le volume mesuré est positif, on le compare à un volume théorique obtenu sous l'effet de ces impulsions dans des cond itions nominales de culture anaérobie, et on augmente le débit d'alimentation régulière en fonction du résultat de la comparaison.
Une valeur négative ou nulle du volume mesuré correspond à une diminution ou à une stagnation de la culture anaérobie sous l'effet d'une surcharge d'eaux résiduaires.
L'invention concerne également un dispositif de dépollution d'eaux résiduaires par culture anaérobie capable de décomposer des eaux résiduaires en un liquide épuré et en un gaz de décomposition. Ce dispositif comprend :
- au moins un réacteur,
- au moins un conduit d'alimentation en eaux résiduaires débouchant dans le réacteur, - au moins un premier conduit d'extraction du liquide épuré et au moins un second conduit d'extraction du gaz de décomposition,
- au moins un capteur disposé sur l'un au moins des premier et second conduits d'extraction,
- au moins une pompe principale équipant le conduit d'alimentation,
- au moins une unité de traitement électronique reliée aux capteurs et à la pompe principale, pouvant agir sur la pompe principale.
Selon l'invention, l'unité de traitement électronique est capable de produire dans le conduit d'alimentation des impulsions d'alimentation superposées à une alimentation régulière, d'analyser des paramètres mesurés par les capteurs, de déterminer un débit d'alimentation régulière ajusté aux analyses et de produire ce débit d'alimentation régulière ajusté.
Dans un mode de réalisation préféré du dispositif selon l'invention, celui-ci comprend au moins une pompe secondaire équipant le conduit d'alimentation et reliée à l'unité de traitement électronique, cette unité produisant des impulsions d'alimentation au moyen de la pompe secondaire.
L'invention sera mieux comprise à l'aide de la description qui suit d'un exemple de réalisation et de mise en oeuvre, en regard des dessins annexés sur lesquels:
La Figure 1 est une représentation schématique d'un dispositif de dépollution d'eaux résiduaires selon l'invention. La Figure 2 représente l'évolution en fonction du temps, exprimé en heures, d'un premier débit d'alimentation régulière, exprimé en litres/heure, du dispositif de la Figure
1 .
La Figure 3 représente l'évolution en fonction du temps, exprimé en heures, du débit de gaz de décomposition, exprimé en litres/heure, produit par le dispositif de la Figure 1 alimenté au débit d'alimentation de la Figure 2.
La Figure 4 représente l'évolution en fonction du temps, exprimé en heures, d'un second débit d'alimentation
régulière, exprimé en litres/heure, du dispositif de la Figure 1 .
La Figure 5 représente l'évolution en fonction du temps, exprimé en heures, du débit de gaz de décomposition, exprimé en litres/heure, produit par le dispositif de la Figure 1 alimenté au débit d'alimentation de la Figure 4.
Un dispositif de dépollution d'eaux résiduaires, tel que représenté sur la Figure 1 , comprend un digesteur 1 ou réacteur capable de décomposer des eaux résiduaires en un liquide épuré et un gaz de décomposition .
Le digesteur 1 peut par exemple consister en un dispositif de type lit fluidisé, permettant des performances élevées.
Un conduit d'alimentation 2 approvisionne le digesteur 1 en eaux résiduaires. Ce conduit d'alimentation 2 est équipé d'une pompe principale 5 permettant de doser un débit d'alimentation régulière, et d'une pompe secondaire 6 en parallèle de la pompe principale 5, permettant d'appliquer des perturbations à ce débit d'alimentation régulière. Le digesteur 1 est également relié à un premier conduit d'extraction 3 du liquide épuré et à un second conduit d'extraction 4 du gaz de décomposition. Un conduit de recyclage 7 monté sur le premier conduit d'extraction 3 rend possible un recyclage dans le digesteur 1 d'une portion du liquide traité. Un pH-mètre 13 positionné sur le conduit de recyclage
3 et un débitmètre 14 placé sur le second conduit d'extraction
4 permettent de mesurer respectivement le pH du liquide épuré et le débit de gaz formé dans le digesteur 1 .
Le dispositif de dépollution selon l'invention comporte également une unité de traitement électronique 10 apte à recevoir des signaux en provenance des capteurs 13 et 14. L'unité de traitement électronique 10 est capable d'agir sur la pompe principale 5 par l'intermédiaire d'un premier système de commande 15, et sur la pompe secondaire 6 par l'intermédiaire d'un second système de commande 16.
En fonctionnement, le digesteur 1 reçoit au préalable un écosystème constitué d'une population microbienne pouvant décomposer des eaux résiduaires. Cette population est constituée d'organismes anaérobies, capables de réaliser par exemple une fermentation méthanique ou une dénitrification. L'écosystème forme une biomasse incluse dans une phase liquide 20 avec, au-dessus, une phase gazeuse 21 .
Un flux d'alimentation 22 en eaux résiduaires est conduit dans la phase liquide 20 du digesteur 1 à un débit d'alimentation régulière, ajusté au moyen de la pompe principale 5. Les eaux résiduaires parvenant dans la phase liquide 20 du digesteur 1 sont alors décomposées par la population microbienne, et produisent un flux de liquide épuré 23 et un flux gazeux 24 respectivement extraits du digesteur
1 par les conduits 3 et 4. Les mesures effectuées par le pH- mètre 1 3 sur le liquide épuré et par le débitmètre 14 sur le gaz de décomposition sont transmises à l'unité de traitement électronique 10 Dans un exemple d'application représenté sur la
Figure 2. le flux d'alimentation 22 a un débit d'alimentation régulière 37 de l'ordre de 0,35 l/h
L'unité de traitement électronique 10 applique au flux d'alimentation 22 des impulsions de débit au moyen du second système de commande 16 L'unité de traitement électronique 10 est préférentiellement programmée pour appliquer périodiquement ces impulsions. Elle peut aussi appliquer les impulsions de façon irrégulière au cours du temps, y compris lors d'une intervention manuelle. Ces deux dernières possibilités peuvent être en particulier judicieuses en présence de variations pouvant intervenir sur site industriel, concernant par exemple le débit d'alimentation régulière 37, la concentration de l'effluent à traiter, ou la nature de la pollution organique.
Le pH du liquide épuré et le débit du flux gazeux 24 sont de préférence mesurés de façon continue par respectivement le pH-mètre 13 et le débitmètre 14.
Dans un premier exemple de mise en oeuvre du procédé selon l'invention , représenté aux Figures 2 et 3, on impose au débit du flux d'alimentation 22 d'évoluer dans le temps selon une courbe 32 (Figure 2) L'évolution du débit d'alimentation rapporté à un axe de débit d'alimentation 31 par rapport à un axe de temps 30 correspond pendant huit premières heures à un débit d'alimentation régulière 37 de hauteur HO = 0,35 l/h Ce débit d'alimentation régulière 37 est contrôlé par l'unité de traitement électronique 1 0 agissant sur le premier système de commande 1 5
Pendant une durée D 1 d'environ une heure, on superpose au débit d'alimentation régulière un échelon 33 positif d'une hauteur H 1 environ égale à 0, 35 l/h Cet échelon 33 d'alimentation est impose par l'unité de traitement électronique 10 au moyen du second système de commande 16 agissant sur la pompe secondaire 6 Le flux d'alimentation 22 est ensuite restreint au débit d'alimentation régulière de hauteur H0.
Le débit d'alimentation schématisé par la courbe 32 conduit à une évolution du débit du flux gazeux 24 représentée par la courbe 36 (Figure 3), rapportée à un axe de débit gazeux 35 par rapport à l'axe temporel 30
De 0 à 8 heures , la courbe 36 subit des fluctuations autour d'une valeur moyenne G0 sensiblement égale à 3,85 l/h . Pendant toute cette durée, le débit du flux gazeux 24 mesuré reste inférieur à 4 l/h, subissant par moment des chutes de débit pouvant atteindre 0,7 l/h. A partir de la 8ème heure, on observe sous l'effet de l'échelon 33 une augmentation du débit gazeux de l'ordre de 0,8 l/h par rapport à la valeur moyenne G0. Le débit du flux gazeux 24 reste nettement supérieur à la valeur moyenne G0 pendant une durée D4 légèrement inférieure à 2 h. En intégrant
pendant la durée D4 l'augmentation du débit gazeux provoqué par l'échelon 33, on obtient un volume V1 de gaz dû au supplément de charge traité en réponse à l'échelon 33. La durée D4 d'intégration peut par exemple débuter à l'instant d'application de l'échelon 33, et s'achever au moment où l'augmentation du débit gazeux devient inférieure à une moyenne évolutive de cette augmentation.
L'augmentation de la charge traitée sous l'effet de l'échelon 33 d'alimentation montre que le système biologique est capable d'admettre une surcharge organique. L'unité de traitement électronique 10 analyse la courbe 36 du débit gazeux en fonction de la courbe 32 du débit d'alimentation, et compare le volume V1 à un volume théorique qu'on obtiendrait sous l'effet de la courbe 32 du débit d'alimentation dans des conditions nominales de culture anaérobie. Ce volume théorique est calculé en supposant que le digesteur 1 fonctionne avec une capacité de traitement identique lors du débit d'alimentation régulière 37 et de l'échelon 33. L'augmentation maximale du débit d'alimentation régulière 37 est fixée à 20% de l'alimentation régulière.
Etant donné que le volume V1 obtenu est inférieur au volume théorique correspondant, l'unité de traitement électronique 10 calcule une augmentation du débit d'alimentation régulière inférieure à 20% . Dans une forme simplifiée, cette augmentation est proportionnelle au rapport du volume mesuré V1 , au volume théorique.
L'unité de traitement électronique 10 impose l'augmentation du flux d'alimentation 22 en agissant sur le premier système de commande 15 actionnant la pompe principale 5. L'augmentation peut être imposée par une méthode classique d'automatique, telle qu'une régulation de type proportionnelle intégrale et dérivée (PID). Cette méthode peut être complétée par une technique telle que
de la logique floue ayant une applicabilité industrielle reconnue.
Lorsque le digesteur 1 n'est pas capable de supporter une charge supplémentaire introduite sous la forme d'un échelon positif d'alimentation, le débit du flux gazeux 24 reste stable ou même décroît au heu d'augmenter Ce comportement est révélateur d'une limite de capacité de traitement ou d'une charge excessive Une diminution du débit d'alimentation régulière 37 peut alors s'avérer nécessaire Une telle décision est prise en fonction du pH du liquide épure En effet, le pH est révélateur d'une insuffisance d'épuration En particulier, le dispositif présenté fonctionnant par fermentation méthanique, la matière organique présente dans la phase liquide 20 du digesteur 1 est dans une première étape transformée en acides gras volatils par l'action de bactéries acidogenes Dans une seconde étape, les acides g ras volatils ainsi obtenus sont dégradés en méthane et en gaz carbonique, et n'influencent donc plus le pH du milieu si ce dernier a un pouvoir tampon suffisant Par contre, en cas de surcharge organique par exemple, les acides gras volatils peuvent s'accumuler et faire baisser le PH
Dans le cas ou l'application d'échelons positifs ne provoque pas une augmentation du débit gazeux, on compare le pH à une valeur de seuil d'intervention Lorsque le pH est supérieur a cette valeur de seuil, on laisse le débit d'alimentation régulière inchange Lorsqu'au contraire, le pH est inférieur ou égal a cette valeur de seuil, on diminue le débit d'alimentation régulière 37 L'unité de traitement électronique 10 calcule cette diminution en fonction de la réponse du système en terme de débit gazeux et du pH , et l'impose au flux d'alimentation 22 par l'intermédiaire du premier système de commande 15 agissant sur la pompe principale 5.
Le système décrit permet ainsi d'ajuster en continu le débit d'alimentation régulière 37 à la capacité maximale de traitement du digesteur 1 . Il peut faire face à des contraintes d'exploitation du traitement d'eaux résiduaires, se manifestant par diverses variations pouvant intervenir sur site industriel.
Grâce au dispositif et au procédé selon l'invention, la charge appliquée et le temps de séjour hydraulique utilisés peuvent être choisis de façon optimale. L'unité de traitement électronique 10, combinée avec les capteurs 13 et 14 et les systèmes de commande 15 et 16, assurent une supervision globale du système et choisissent les actions locales les plus appropriées.
Le dispositif selon l'invention est adapté aussi bien pour fonctionner au maximum de ses capacités, qu'à des charges moins élevées, ce choix étant décidé par l'utilisateur.
La nature de l'effluent n'intervenant pas directement, le système de conduite est généralisable à toutes dépollutions d'eaux résiduaires par culture anaérobie.
De façon générale, les échelons d'alimentation positifs appliqués ont des durées typiquement comprises entre 5 mn et 2 h . Ils sont avantageusement séparés par des durées au moins égales à 2 h , et typiquement comprises entre 2 h et 6 h dans le cas d'une application périodique. Les hauteurs des échelons positifs appliqués ont de préférence des valeurs sensiblement supérieures à l'augmentation maximale envisagée pour le débit d'alimentation régulière 37. Elles permettent ainsi de surmonter des problèmes de détectabilité dus aux fluctuations des courbes mesurées, telles que celles de la courbe 36. Ces hauteurs sont avantageusement comprises entre 1 /2 fois et 10 fois la hauteur H0 du débit d'alimentation régulière 37. Elles ne doivent cependant pas dépasser des valeurs critiques risquant de perturber le système biologique.
Il est également possible d'appliquer des échelons négatifs au lieu d'échelons positifs tels que celui 33 présenté à titre d'exemple, ou en alternance. Leur utilisation est particulièrement pertinente quand les capacités du système biologique s'avèrent saturées, par exemple à la suite d'une augmentation de concentration de polluants ou d'un changement de nature de l'effluent à traiter. L'analyse de la courbe de réponse du débit gazeux permet alors à l'unité de traitement électronique 10 de déterminer une diminution souhaitable du débit d'alimentation régulière 37, en combinaison avec l'analyse du pH du liquide épuré. Les échelons négatifs ont des hauteurs typiquement comprises entre 20% et 100% de la hauteur H0 d u débit d'alimentation régulière 37. L'unité de traitement électronique 10 peut mener une analyse des signaux mesurés et procéder éventuellement à une variation du débit d'alimentation régulière 37 lors de chaque impulsion . Elle peut aussi effectuer chacune des analyses pour plusieurs impulsions, afin d'augmenter la fiabilité des décisions prises.
Ainsi, dans un second exemple de mise en oeuvre du procédé selon l'invention, représenté aux Figures 4 et 5. on impose au débit du flux d'alimentation 22 d'évoluer dans le temps selon une courbe 38 (Figure 4) . L'évolution de la courbe 38 pendant douze premières heures est identique à celle de la courbe 32. On applique ensuite en plus d u premier échelon 33, un second échelon 34. Ce dernier a une durée D2 environ égale à 12 mn et une hauteur H2 d'environ 2,35 l/h, et les deux échelons 33 et 34 sont séparés par une durée D3 légèrement supérieure à 3 h. Après le second échelon 34, on revient au débit d'alimentation régulière.
Le débit d'alimentation schématisé par la courbe 38 conduit à une évolution du débit du flux gazeux 24 représentée sur la courbe 39 (Figure 5). La courbe 39 est identique à la courbe 36 du premier exemple de mise en
oeuvre pendant les douze premières heures. Elle montre ensuite une augmentation sensible du débit gazeux pendant une durée D5 environ égale à 2 h. En intégrant pendant la durée D5 l'augmentation du débit gazeux, on obtient un second volume V2 de gaz dû au supplément de charge traité en réponse au second échelon 34.
Les volumes V1 et V2 sont ensuite comparés conjointement aux volumes théoriques qu'on obtiendrait sous l'effet de la courbe 38 du débit d'alimentation dans des conditions nominales de culture anaérobie. L'unité de traitement électronique 10 calcule une augmentation du débit d'alimentation régulière en prenant en compte les deux volumes V1 et V2 à la fois, par exemple par une méthode de moyenne. Le choix de deux impulsions très différentes en durée et en hauteur permet de valider plus sûrement les résultats obtenus. Puis, l'unité de traitement électronique 10 impose l'augmentation calculée du flux d'alimentation 22, au moyen du premier système de commande 15. Dans l'exemple de mise en oeuvre présenté, la prise de décision est ainsi effectuée par l'unité de traitement électronique 10 après analyse de la réponse aux deux échelons 33 et 34. Le choix du nombre d'échelons traités conjointement résulte d'un compromis entre la rapidité d'exécution et la fiabilité du système. En général, l'analyse d'un unique échelon suffit.
Bien que les impuisions appliquées soient avantageusement constituées par des échelons, elles peuvent également adopter d'autres formes, telles que parabolique, ou triangulaire par exemple.
Par ailleurs, la mesure du pH du liquide épuré 23 peut être supprimée, la seule connaissance du débit du gaz de décomposition 24 suffisant à contrôler et à réguler automatiquement le dispositif de dépollution. Cette mesure du pH offre cependant une fiabilité accrue.
Il est envisageable d'utiliser tout autre paramètre que le débit gazeux pour analyser la réponse du système biologique à une impulsion d'alimentation. Le pH et la DCO mesurés, ou la concentration résiduelle en pollution, dans le liquide épuré peuvent par exemple jouer ce rôle, mais leurs mesures traduisent des faits accomplis et sont souvent effectuées trop tard pour réagir correctement à des situations critiques. Dans le cas particulier de la fermentation méthanique, le rapport des pourcentages de méthane et de gaz carbonique ou la teneur en hydrogène gazeux dans le gaz de décomposition peuvent être utilisés.
Qui plus est, l'analyse de la réponse à des impulsions peut être menée avec plusieurs paramètres au lieu d'un seul. La qualité des résultats obtenus avec le procédé selon l'invention ne semble cependant pas nécessiter cette augmentation de complexité.
Il est clair que la pompe principale 5 et la pompe secondaire 6 peuvent être regroupées en une seule et même pompe commandée par l'unité de traitement électronique 10 au moins d'un unique système de commande. La dissociation des pompes 5 et 6 permet cependant plus de souplesse.
Au lieu de servir à une régulation et à une conduite automatique, le dispositif selon l'invention peut être utilisé pour un simple contrôle. Dans ce cas, l'unité de traitement électronique 10 est reliée à un moyen d'alarme, qui se déclenche lorsque le digesteur 1 est surchargé et n'est plus à même de filtrer convenablement les eaux résiduaires. Un second signal peut être prévu pour indiquer que le digesteur 1 fonctionne en deçà de ses capacités. Il est cependant judicieux d'automatiser la régulation, afin d'éviter les taches fastidieuses risquant d'être réalisées de façon imprécise, et de réduire ainsi les risques d'erreur.
Bien que la régulation de type PID soit totalement maîtrisée et très largement utilisée sur site industriel, toute autre méthode de régulation peut être employée.
Les deux exemples suivants réalisés sur des eaux résiduelles d'une distillerie vinicole illustrent encore l'invention en détail:
Dans le premier, le réacteur à lit fluidisé a un volume de travail de 15 litres, comprend une colonne surmontée d'une zone d'apaisement (calming zone) et un séparateur gaz-liquide. Le réacteur est équipé d'une chemise d'eau (water jacket) maintenant la température à environ 35°C , et comporte un dispositif de clarification (settling device) séparant les bioparticules de la phase liquide et permettant un recyclage de cette phase liquide au moyen d'une pompe péristaltique. Le réacteur utilise des particules support provenant d'un matériau granulaire fin ayant une gravité spécifique de 2, et l'expansion est produite par un flux de recyclage.
On introduit un effluent de DCO égale à 18 g/l pendant 60 premières heures et 35 g/l pendant 60 heures suivantes. L'alimentation régulière initiale valant 30 kg DCO/m3j (par m3 et par jour), on lui superpose des impulsions positives d'environ 15 kg DCO/m3j approximativement toutes les 9 heures. La commande automatique du débit d'alimentation fait alors passer ce dernier de 30 kg DCO/m3j à 40 kg DCO/m3j pendant les 60 premières heures, le débit se stabilisant à cette dernière valeur. Puis, la commande automatique fait passer le débit de 40 kg DCO/m3j à plus de 90 kg DCO/m3j durant les 60 heures suivantes, après l'augmentation de DCO dans l'effluent d'entrée.
Dans le second, le réacteur a un volume de travail de 120 I, et sa température est maintenue voisine de 35°C au moyen d'un échangeur de chaleur à puissance variable. La phase liquide est recyclée dans le réacteur au moyen d'une
pompe du type vortex. Les autres spécificités sont les mêmes que pour le réacteur de la première série d'applications.
On remplit les 120 I du réacteur et on le laisse stabiliser pendant un mois. Puis, on applique la stratégie de commande avec un débit d'alimentation initial presque nul, la DCO étant voisine de 30 g/l. On obtient alors une croissance du débit d'alimentation qui, après des oscillations, se stabilise à environ 40 kg DCO/m3j au bout d'une trentaine de jours. Les signes de référence insérés après les caractéris¬ tiques techniques mentionnées dans les revendications, ont pour seul but de faciliter la compréhension de ces dernières, et n'en limitent aucunement la portée.