. PROCEDE ET INSTALLATION D ' EPURATION D ' UN GAZ PAR LAVAGE AVEC UNE COLONNE VENTURI
La présente invention a pour objet un procédé d'épuration d'un gaz par lavage et un dispositif pour sa mise en oeuvre : une colonne venturi à axe vertical. La présente invention constitue en fait un perfectionnement aux procédés d'épuration de gaz pollués par des particules liquides et/ou solides
(aérosols) ; procédés d'épuration par lavage, selon lesquels un liquide de lavage est pulvérisé à co-courant dans le gaz pollué. Les vésicules dudit liquide de lavage interceptent les particules polluantes dudit gaz. De tels procédés ont notamment été mis en oeuvre dans des dispositifs tels que des laveurs venturi, ou des colonnes venturi à axe vertical et à section circulaire. Ledit liquide de lavage est injecté dans le gaz à épurer en amont ou à l'entrée du col du (ou des) venturi(s).
On a notamment décrit et mis en oeuvre, selon l'art antérieur, des procédés d'épuration dans une colonne venturi à axe vertical de gaz pollués par des particules liquides et/ou solides ; lesdits procédés comprenant :
- la pulvérisation pneumatique, au col d'un venturi à section circulaire, d'un liquide de lavage dans un courant ascendant du gaz à épurer ; ledit liquide de lavage étant injecté dans une direction sensiblement perpendiculaire à celle dudit courant ; - et le dévésiculage en aval du col du venturi des vésicules de liquide de lavage entraînées par ledit courant gazeux et chargées en éléments polluants.
Par dévésiculage, on entend toutes les opérations du génie chimique visant à éliminer d'un gaz au moins une partie des particules ici vésicules en suspension au sein dudit gaz. On décrit plus en détail, plus en avant dans le présent texte, en référence à la figure 1, de tels procédés d'épuration par lavage de gaz dans une colonne venturi à axe vertical, munie d'un venturi présentant une section circulaire.
Comme indiqué ci-dessus, la présente invention constitue un perfectionnement à de tels procédés. On a, par ailleurs, selon l'art antérieur, proposé, pour l'épuration de gaz pollués par des particules solides et/ou liquides des procédés acoustiques. Les déplacements des particules polluantes, dus au champ acoustique, provoquent deux phénomènes qui contribuent à l'épuration du gaz :
- la disparition desdites particules par précipitation sur les parois qui limitent le volume d'agglomération,
- la disparition des particules les plus fines par collision avec des particules plus grosses, dans le cas d'un aérosol polydispersé. La variation de la distribution en dimension de l'aérosol qui en résulte permet de réduire de façon significative la composante, vis-à-vis de laquelle les procédés classiques de séparation sont les plus transparents.
Le nombre d'appareils industriels mettant en oeuvre une telle agglomération acoustique est très réduit. On peut citer quelques applications, principalement à l'échelle pilote dans le monde, et quelques réalisations à l'échelle du laboratoire en France ; notamment celle décrite par C.A. Stokes, Sonic agglomération of carbon black aérosol, Chem. Eng. Progr. 46(8) : pages 423-432 (1950).
Les agglomérateurs acoustiques sont principalement constitués d'une chambre de coagulation de grande dimension (hauteur de 6 à 9 m) dans laquelle les gaz traités, circulant à faible vitesse (2 à 5 m/s) sont soumis à l'action d'une onde acoustique émise par un générateur sonique, qui est généralement une sirène dans les applications industrielles et un haut-parleur électrique dans les installations pilotes. (Il convient que le temps de séjour des gaz à l'intérieur de ladite chambre soit suffisant.)
A la sortie de la chambre d'agglomération, dans laquelle s'effectue le conditionnement acoustique qui augmente le diamètre médian des particules polluantes pour faciliter leur capture ultérieure, les gaz traversent un dispositif de dépoussiérage ou dévésiculage du type cyclone, multicyclones, colonne à remplissage ou médium filtrant.
Les phénomènes de précipitation acoustique sur les parois, par un champ à haute intensité de l'ordre du W/cm^, contribuent largement à l'épuration des gaz dans ce type d'appareil, principalement dans le cas d'un dévésiculage par lit de remplissage, tamis ou médium filtrant.
A l'intérieur d'une chambre d'agglomération acoustique, on peut mettre en oeuvre un arrosage à contre-courant du gaz à traiter. Dans une telle hypothèse, les gouttes de liquide d'arrosage entraînent les particules polluantes qui ont été pré-grossies par agglomération acoustique.
On décrit plus en détail, plus en avant dans le présent texte, en référence à la figure 2, de tels procédés d'épuration de gaz par agglomération acoustique des particules polluantes qu'ils renferment.
De tels procédés acoustiques présentent les inconvénients suivants :
- ils impliquent une consommation d'énergie supérieure à celle d'un électrofiltre ;
- leur efficacité est négligeable dans le cas d'une pollution par un aérosol monodispersé ou dont l'écart-type de la distribution granulométrique est faible ;
- l'intensité acoustique requise est élevée ;
- l'encombrement du dispositif est important vu la faible vitesse de circulation des gaz ; - une isolation acoustique, pour éviter la pollution sonore est parfois indispensable.
Selon l'invention, on utilise avantageusement les phénomènes d'agglomération acoustique dans un procédé d'épuration par lavage au sein d'une colonne venturi à axe vertical. On met en oeuvre l'agglomération acoustique en synergie avec les phénomènes de coagulation turbulente ou bro nienne qui interviennent dans les laveurs du type venturi, où le liquide de lavage est pulvérisé dans le gaz pollué, avantageusement sous forme d'un aérosol monodispersé à forte concentration numérique (renfermant un grand nombre de vésicules par unité de volume). Le procédé de l'invention associe donc au lavage d'un gaz au sein d'une colonne venturi, par pulvérisation pneumatique de vésicules du liquide de lavage au col du venturi, l'agglomération acoustique. Une telle association n'était nullement évidente, dans la mesure où il était établi que les phénomènes de coagulation soniques ne se révélaient intéressants qu'avec des temps de séjour élevés (≥ 1 s) et une intensité acoustique mise en oeuvre relativement élevée elle aussi (environ 1 W/cm^).
Or, le procédé de l'invention, par agglomération acoustique, améliore un procédé classique d'épuration par lavage au sein d'une colonne venturi, avec des temps de séjour de l'ordre de quelques dizièmes de seconde et en mettant en oeuvre une intensité acoustique relativement faible (de 0,1 à 0,5 W/crn*^).
Ledit procédé d'épuration de gaz pollués par des particules liquides et/ou solides, selon l'invention est donc mis en oeuvre au sein d'une colonne venturi à axe vertical et il comprend :
- la pulvérisation pneumatique au col d'un venturi d'un liquide de lavage dans le courant ascendant de gaz à épurer ; ledit liquide étant injecté dans une direction sensiblement perpendiculaire à celle dudit courant ;
- et le dévésiculage en aval dudit col du venturi des vésicules de lavage entraînées par ledit courant gazeux et chargées en éléments polluants.
Il se caractérise en ce qu'un champ sonique (ou acoustique) est généré au niveau dudit col du venturi pour provoquer le déplacement relatif des particules polluantes - liquides et/ou solides - par rapport aux vésicules du liquide de lavage.
On met donc en oeuvre dans le procédé de l'invention la technique classique de génération, avantageusement à haute concentration, de vésicules de liquide de lavage par pulvérisation pneumatique dans le col d'un venturi. On combine cette technique à celle de l'agglomération acoustique : les vésicules de liquide de lavage d'un diamètre relativement conséquent ne sont pas déplacées par le champ acoustique et servent de centres d'agglomération pour les particules polluantes, d'un diamètre très inférieur.
Le procédé de l'invention convient particulièrement pour l'épuration de gaz pollués par des particules dont le diamètre est compris entre 0,2 et 20 μm (aérosols mono- ou poly-dispersés) ; l'agglomération acoustique améliorant la capture des particules de faible diamètre (diamètre inférieur à 5 m).
On pulvérise avantageusement selon celui-ci le liquide de lavage sous la forme d'un aérosol monodispersé, dont les vésicules ont un diamètre compris entre 10 et 1000 μm, avantageusement de l'ordre de 100 μm. Ledit diamètre est optimisé en fonction des caractéristiques de l'aérosol traité. En ce qui concerne la concentration desdites vésicules de liquide de lavage, on peut préciser ici, à titre indicatif, que des vésicules dont le diamètre est compris entre 40 et 80 μm sont, avantageusement selon l'invention, générées à raison d'environ 5 000 par cm^.
L'homme du métier est à même d'ajuster les caractéristiques de la pulvérisation pour que la distance moyenne entre les vésicules générées soit de l'ordre de grandeur de l'amplitude des mouvements de vibration des particules polluantes, vibrations dues au champ acoustique ; ajustement nécessaire à l'optimisation du procédé de l'invention.
Le champ acoustique ou sonique, généré, selon l'invention, au niveau du col du venturi peut être généré en amont ou en aval de la pulvérisation pneumatique du liquide de lavage.
Comme précisé ci-dessus, les vésicules de lavage, chargées en éléments polluants, sont entraînées par le courant gazeux ascendant et sont dévésiculées en aval du col du venturi, généralement en aval du venturi lui-même, qui est avantageusement prolongé par une chambre d'agglomération, ce qui permet
d'augmenter le temps de séjour de l'aérosol (gaz + vésicules de lavage + particules polluantes) dans le champ sonore.
Le dévésiculage ne doit pas entraîner la remise en suspension dans le courant gazeux des particules polluantes piégées dans les vésicules du liquide de lavage. A cette fin, on optimise la vitesse du courant gazeux et/ou les formes des impacteurs.
On veille avantageusement à ce que, au niveau desdits impacteurs, le liquide résultant du dévésiculage ne goutte pas mais ruisselle.
La technologie de l'invention - pulvérisation d'un liquide de lavage au col d'un venturi + génération d'un champ acoustique audit col - présente les avantages suivants :
- la contribution de l'agglomération acoustique au pouvoir d'arrêt (ou rendement) sur la pollution incidente globale est faible, mais agit essentiellement sur la fraction des particules dont le diamètre est le plus petit, vis-à-vis desquelles le laveur serait "transparent" en l'absence du champ acoustique. Ainsi, cette action spécifique majore considérablement l'efficacité globale de l'appareil ;
- elle permet l'agglomération d'aérosols monodispersés ou à faible dispersion, ce qui était impossible avec les agglomérateurs acoustiques de l'art antérieur ; - les centres d'agglomération constitués par les vésicules générées par injection au col du venturi - injection dans une direction quasi perpendiculaire à celle du courant gazeux à épurer - présentent, pendant leur temps de relaxation, généralement de l'ordre de 0,01 s, une vitesse relative vis-à-vis du gaz à épurer. Il en résulte un flux de particules important à travers leur volume d'agglomération, qui assure une efficacité de collision élevée pendant une fraction du temps de séjour dans l'appareil (début dudit temps de séjour) ;
- la maîtrise du débit de liquide injecté au col entraîne celle de la concentration en nombre des grosses particules jouant le rôle de centres de coagulation, dont est directement fonction la probabilité de collision, donc la vitesse d'agglomération acoustique. La possibilité de générer une forte concentration numérique de centres d'agglomération permet d'une part de réduire le temps de séjour et d'autre part de diminuer l'intensité acoustique mise en jeu ;
- la compacité des appareils et leurs dimensions inférieures à celles des agglomérateurs acoustiques de l'art antérieur, autorisent l'utilisation de fréquences élevées, sans atténuation notable de l'intensité en fonction de la distance à la source.
Le procédé de l'invention, dont l'homme du métier aura déjà compris l'intérêt, convient à l'épuration de gaz pollués par des particules liquides et/ou solides ; gaz pouvant être générés dans les industries nucléaires, chimiques, automobiles, sidérurgiques... On insistera tout particulièrement ici sur l'intérêt du procédé de l'invention dans l'industrie nucléaire. Dans cette industrie, on rencontre en effet fréquemment le problème de la séparation d'aérosols liquides, qui constituent le principal vecteur de la contamination active de gaz à épurer. Cette séparation doit être effectuée avec une efficacité telle qu'elle permette d'atteindre les facteurs de décontamination les plus élevés possibles, tout en respectant les contraintes particulières propres aux matériels travaillant en milieu actif. Le procédé de l'invention est particulièrement adapté au traitement des gaz radio-pollués tels que :
- les gaz de procédé, - les vapeurs résultant de la concentration des effluents liquides,
- les fumées d'incinération de déchets actifs (graphite).
Comme indiqué ci-dessus, il peut également avantageusement être mis en oeuvre dans l'industrie chimique (pour, notamment, l'épuration des brouillards acides pollués par H2SO4 ou H3PO4 ou des effluents gazeux de l'industrie des colorants pollués par Tiθ2, TiSθ4, ΗCI4...), en sidérurgie (pour, notamment, l'épuration des fumées des fours électriques ou des fumées rousses des convertisseurs), dans l'industrie automobile (pour, notament, l'épuration des brouillards d'huile ou de l'air pollué par des aérosols de peinture)...
On citera encore, à titre illustratif, l'intérêt du procédé de l'invention dans la protection de l'environnement vis-à-vis des nuisances urbaines. Il est avantageusement mis en oeuvre pour le traitement des fumées résultant de l'incinération des ordures ménagères ou pour l'épuration de l'air de ventilation des tunnels urbains.
La présente invention a également pour objet un dispositif spécialement conçu pour la mise en oeuvre du procédé décrit ci-dessus.
Ledit dispositif est une colonne venturi à axe vertical du type de celles de l'art antérieur. Elle comporte notamment, dans sa partie basse, au col d'un venturi, des moyens pour la pulvérisation pneumatique du liquide de lavage dans le courant ascendant du gaz à épurer ; lesdits moyens injectant ledit liquide de lavage dans une direction sensiblement perpendiculaire à celle dudit courant gazeux et dans sa partie haute, en aval dudit col, et généralement en aval du venturi
lui-même, des moyens pour le dévésiculage des vésicules de liquide de lavage entraînées par ledit courant gazeux et chargées en éléments polluants.
De façon caractéristique, elle comporte, en outre, des moyens pour générer un champ sonique ou acoustique au niveau dudit col du venturi. Ledit champ sonique ou acoustique est destiné, comme indiqué ci-dessus, à provoquer le déplacement relatif des particules polluantes - liquides ou solides, de faible diamètre - par rapport aux vésicules du liquide de lavage - de plus gros diamètre - et à permettre ainsi la capture desdites particules polluantes par lesdites vésicules. Les moyens pour générer le champ sonique sont disposés en amont ou en aval des moyens de pulvérisation du liquide de lavage.
Les moyens pour le dévésiculage des vésicules de liquide de lavage chargées en éléments polluants consistent avantageusement en des impacteurs dont la géométrie provoque le ruissellement des vésicules impactées le long de parois. On cherche ainsi à éviter, au niveau dudit dévésiculage, la libération des particules polluantes "piégées" dans les vésicules de liquide de lavage.
Selon une première variante, le dispositif de l'invention comporte un venturi cylindrique. Plus précisément, la section plane, perpendiculaire à l'écoulement du courant gazeux, dudit venturi est circulaire.
A un tel venturi, on associe donc, selon l'invention, des moyens pour générer un champ sonique. Lesdits moyens consistent en un générateur acoustique, avantageusement du type sifflet de Galton (ou "Kurking schok jet") monté dans un tuyau résonateur et alimenté en air comprimé. Ledit tuyau résonateur joue le rôle de- tuyère utilisant ledit air comprimé, ayant fait fonctionner le sifflet, comme gaz moteur injecté dans le col du venturi. Une telle disposition permet de diminuer les pertes de charge de la colonne venturi selon l'invention en utilisant le venturi comme un injecteur. Par ailleurs, la détente de l'air comprimé provoque, par mélange avec les gaz pollués, un refroidissement de ces derniers, favorable au grossissement des particules polluantes par condensation.
Selon une seconde variante de l'invention - variante préférée - le dispositif comporte un venturi non cylindrique. Ledit dispositif est une colonne venturi plan à agglomération acoustique. Plus précisément, la section plane, perpendiculaire à l'écoulement du courant gazeux, du venturi est rectangulaire. Sa longueur ou envergure est limitée par des contraintes acoustiques relatives à la longueur d'onde utilisée (ou à la forme du générateur sonique utilisé). Cest pourquoi, la colonne venturi de l'invention peut comporter, suivant le débit de gaz à traiter, un ou plusieurs venturis plans, identiques, montés en parallèle.
Une telle géométrie confère à la colonne de l'invention des caractéristiques supérieures à celles de la colonne venturi avec venturi à section circulaire relativement à l'encombrement de l'appareil, à la qualité de la pulvérisation, et à la puissance du générateur sonique. Les avantages conférés, en ce qui concerne l'encombrement et la qualité de la pulvérisation sont dus au rapport de l'aire de la section au diamètre (ou diamètre équivalent) qui, constant dans le cas du cercle, est par contre une fonction croissante du rapport longueur/largeur dans le cas du rectangle.
A un tel ou de tels venturis plans, on associe donc selon l'invention des moyens pour générer un champ sonique. Lesdits moyens peuvent consister en des générateurs acoustiques de différents types.
On peut associer à chacun desdits venturis une série de générateurs acoustiques du type précisé ci-dessus : sifflet de Galton ou Kurking schock jet.
On peut également, selon une variante de l'invention, équiper chaque venturi de deux sifflets à jet vibrant dont les orifices des volumes de résonance sont ou non en regard.
Selon cette variante, le col du venturi plan peut être muni en amont ou en aval des buses d'injection du liquide de lavage, de cavités de volume égal disposées symétriquement par rapport au plan axial du jet de gaz à épurer (cavités symétriques en vis-à-vis) et fonctionnant comme des résonateurs de HELMHOLTZ. Lesdites cavités sont munies d'un couteau qui leur permet de fonctionner comme celle d'un sifflet à jet vibrant.
Les cavités symétriques et le col du venturi dans la zone du générateur sonique doivent être séparés par des cloisonnements qui limitent la longueur des couteaux à une dimension, au plus égale à la longueur d'onde du son émis par les cavités. En effet, au-delà de cette longueur, il y a diminution du rendement par défaut de simultanéité du déferlement du courant gazeux sur l'arête du couteau.
Dans le cas d'un sifflet classique, dont le jet gazeux plan est très mince, une faible déviation angulaire provoque de sensibles variations de pression dans la cavité de résonance. Par contre, pour le générateur sonique considéré où le jet d'air est relativement plus épais, la région "sensible" du jet voisine du couteau se trouve dans la zone laminaire de l'écoulement dans laquelle la vitesse est inférieure à la vitesse débitante moyenne. De ce fait, la vitesse du gaz circulant devant l'orifice de la cavité peut être insuffisante pour assurer l'amorçage de la résonance. Pour pallier cet inconvénient, on ajoute avantageusement en amont desdites cavités un dispositif d'excitation constitué de deux tiges parallèles à
section circulaire, dont le diamètre (environ 4 mm) est calculé pour générer des tourbillons de Karman avec une fréquence égale à celle de la cavité des résonateurs lorsque la vitesse au col est légèrement inférieure à la vitesse nominale de fonctionnement. Ce dispositif d'excitation majore l'intensité acoustique qui serait due aux cavités résonantes si elles étaient utilisées seules.
Le fait que les orifices des cavités de résonance se font vis-à-vis et sont à faible distance l'un de l'autre dans la veine gazeuse entraîne, par influence mutuelle, le synchronisme de leur fréquence. Dans ces conditions, les variations de perte de charge dans le col du venturi au droit de ces orifices, dues au turbulences provoquées par les pénétrations ou sorties d'air synchronisées des deux orifices génèrent en aval du générateur un débit puisé comparable à celui d'une sirène. Ce débit puisé permet aux buses de fonctionner suivant le même principe que celles des pulvérisateurs à buse vibrée et de générer des vésicules de liquide de lavage d'un diamètre mieux contrôlés que celles obtenues par simple pulvérisation pneumatique.
Selon cette même variante de l'invention, le générateur acoustique peut être constitué de deux sifflets à jet vibrant, de fréquence propre différente, dont les orifices des volumes de résonance ne sont pas en regard (cavités de volume différent). En multipliant ainsi les fréquences émises, du fait des harmoniques, on élargit le pouvoir d'action du procédé.
La propagation des ondes sonores en amont du générateur permet de pré-conditionner les particules polluantes. Ledit champ sonore provoque une coagulation, donc une augmentation du diamètre moyen desdites particules avant leur passage à travers le "médium filtrant" que constitue en aval le réseau de vésicules de lavage en suspension dans le gaz.
De tels générateurs soniques absorbent leur énergie dans le courant gazeux à épurer. Leur fonctionnement engendre des pertes de charge. Ces pertes de charge s'ajoutent à celles dues à la pulvérisation du liquide de lavage, à sa mise en vitesse et à son élévation du niveau de la pulvérisation à celui des impacteurs. Pour compenser, au moins en partie, de telles pertes de charge, on peut équiper la colonne venturi selon l'invention, en amont des deux sifflets en vis-à- vis ou non, de moyens d'injection d'un gaz moteur. Il s'agit avantageusement d'un gaz sous pression (air ou vapeur sous pression) éjecté à vitesse supersonique. On introduit ainsi un faible débit de gaz à une grande vitesse. Le débit de gaz moteur nécessaire est avantageusement asservi à la perte de charge de l'appareil.
Ledit gaz moteur intervient également pour maintenir une vitesse au col compatible avec le fonctionnement du générateur sonique.
L'intervention de venturi(s) à section rectangulaire dans les colonnes venturi de l'invention présente un autre avantage. La géométrie du divergent de tels venturis peut être optimisée pour qu'ils assurent la fonction de pavillons acoustiques (on optimise ainsi la répartition du champ sonique dans la chambre de coagulation). A cette fin, la section dudit divergent varie exponentiellement avec la distance à son origine.
L'invention va maintenant être décrite en référence aux figures annexées.
En référence auxdites figures, on précise de façon nullement limitative les caractéristiques des procédé et dispositif de l'invention.
La figure 1 représente une colonne venturi selon l'art antérieur.
La figure 2 schématise un agglomérateur acoustique selon l'art antérieur.
La figure 3 représente une colonne venturi équipée selon l'invention d'un agglomérateur acoustique ou générateur sonique (1ère variante).
La figure 4 est une vue en coupe de l'agglomérateur acoustique équipant la colonne venturi de la figure 3. La figure 5 représente une colonne venturi équipée selon l'invention d'un agglomérateur acoustique ou générateur sonique (2ème variante).
La figure 6 est une vue en coupe suivant A-A de la figure 5.
La figure 7 est une vue agrandie d'un détail de la figure 6 : le générateur sonique. La figure 8 représente en coupe - coupe suivant C-C de la figure 7 - ledit générateur.
On décrit ci-après en référence à la figure 1 le fonctionnement d'une colonne venturi selon l'art antérieur, colonne venturi utile au lavage de gaz pollués G. Lesdits gaz pollués G pénètrent par la tubulure (1) dans le réservoir
(2) ; ils pénètrent ensuite dans le col (3) du venturi où ils circulent généralement à une vitesse débitante de l'ordre de 80 m/s. Cette vitesse leur permet la pulvérisation du liquide de lavage injecté à l'entrée du col par les buses d'injection (19).
Ces buses sont alimentées en "charge" par la tubulure (13) à partir du liquide contenu dans la partie inférieure du réservoir (8) dont le niveau est maintenu constant par le déversoir (10). Ce liquide, recyclé vers les buses
d'injection (19), provient du dévésiculage des gaz par l'impacteur de section annulaire (7).
Pour limiter la concentration en polluant du liquide recyclé un débit d'appoint de liquide de lavage, dont la valeur dépend de la concentration en polluant des gaz traités, est mélangé au débit de recyclage en amont des buses (19) ; ce débit est introduit dans la tubulure (13) par (15). L'excès de liquide pollué provenant de la surverse (10) s'écoule dans le réservoir (2) par la tubulure plongeante (14).
Le niveau du liquide dans le réservoir inférieur (2) est maintenu constant par le pot de surverse (16) dont la pression est équilibrée avec celle du "ciel" du réservoir supérieur (8) par la tubulure (17) ; le liquide pollué provenant du pot de surverse (16) est évacué par la tubulure (18).
Dans le divergent (4) la diminution de la vitesse des gaz transforme en pression statique une fraction de leur pression dynamique. Ce divergent (4) est prolongé par le volume cylindrique (5) qui augmente le temps de contact du gaz pollué avec les vésicules du liquide de lavage et favorise l'agglomération par sédimentation différentielle.
A la partie supérieure du volume (5) le convergent de section annulaire (6) remet les gaz en vitesse. Leur projection sur l'impacteur (7) provoque la capture des vésicules, produites par la pulvérisation du liquide de lavage, qui se sont agglomérées avec la majeure partie des particules polluantes.
Le gaz épuré par dévésiculage dans les impacteurs s'échappe dans le réservoir (8) et sort de l'appareil par la tubulure (11). Le liquide de dévésiculage s'écoule dans le fond inférieur de (8) qui est relié à la cuvette de récupération (9) par la tubulure (12).
La figure 2 schématise un agglomérateur acoustique selon l'art antérieur. Il fonctionne comme précisé ci-après. Les gaz pollués G pénètrent par la tubulure (101) dans un réservoir cylindrique vertical (102). Ledit réservoir constitue la chambre d'agglomérisation des particules polluantes. Les gaz sont soumis à l'intérieur dudit réservoir (102) à l'action d'une onde acoustique émise par la sirène (103), alimentée en air comprimé par la tubulure (104). Après condition¬ nement acoustique dans ledit réservoir (102), les gaz traversent un dépoussiéreur consistant ici en un multicyclone comprenant n cyclones (105) identiques.
Les gaz épurés sortant desdits cyclones (105) s'échappent par la tubulure (106), alors que les poussières (ou le liquide de dévésiculage) sont évacuées par les tubulures (107).
Les figures 3 et 4 illustrent la première variante de l'invention : une colonne venturi avec générateur sonique ; ledit venturi présentant une section plane (perpendiculaire à l'écoulement du courant gazeux) circulaire.
Ladite colonne venturi est du type de celles connues selon l'art antérieur. La description de l'appareil et du circuit des fluides est identique à celle faite ci-dessus en référence à la figure 1.
On a porté sur lesdites figures 1 et 3 les mêmes références pour les mêmes éléments.
De façon caractéristique, la colonne de l'invention comporte, en amont des buses d'injection (19) du liquide de lavage, un générateur sonique (20) alimenté en air comprimé par la tubulure (21).
Ledit générateur sonique (20) (ou générateur acoustique (20)) est montré en détail sur la figure 4. Il consiste en un sifflet (210) du type Kurking schok jet monté dans un tuyau résonateur (211). De l'air comprimé est injecté en (212) pour faire fonctionner ledit sifflet (210). Il est éjecté en (213) dans le col (3) du venturi. Il intervient à titre de gaz moteur.
Les figures 5 à 8 illustrent la seconde variante de l'invention : une colonne venturi avec générateur sonique, ledit venturi présentant une section plane (perpendiculaire à l'écoulement du courant gazeux) rectangulaire. On parle de colonne venturi plan avec agglomérateur sonique.
L'appareil schématisé comporte deux venturis d'envergure L en parallèle.
Les gaz pollués G pénètrent par la tubulure (31) dans le réservoir inférieur à axe horizontal (32) qui répartit uniformément leur débit dans le col des venturis plans, dont la partie inférieure (35) joue le rôle de mélangeur pour la fonction d'injecteur assurée par les venturis.
Le gaz moteur (air comprimé) est injecté dans le mélangeur par les tuyères (34) qui sont réparties de façon équidistante sur une rampe d'alimentation (33). L'apport d'énergie cinétique par mélange du gaz moteur éjecté à vitesse supersonique avec le gaz pollué sert à compenser les pertes de charges dues au générateur sonique, à la pulvérisation, à la mise en vitesse et à l'élévation du liquide de lavage.
Après mélange avec le gaz moteur, les gaz pollués traversent le segment du col du venturi occupé par le générateur sonique (39). Ce générateur est décrit plus en détail, un peu plus loin, en référence aux figures 7 et 8.
Les gaz sortent à une vitesse "débitante" de l'ordre de 80 m/s du segment du col occupé par le générateur sonique (39) et pulvérisent le liquide de lavage injecté par les buses (40) générant des vésicules dont le diamètre est avantageusement de l'ordre de 60 μm. Le segment du col du venturi situé après les buses (40) sert au mélange de l'aérosol produit par la pulvérisation du liquide de lavage avec les gaz pollués soumis aux ondes sonores. Les buses (40) sont alimentées en "charge", par l'inter¬ médiaire des rampes (51) et des tubulures (50), à partir du liquide contenu dans la partie inférieure du réservoir (48) dont le niveau est maintenu constant par la surveree (47). Ce liquide recyclé provient du dévésiculage des gaz par les impacteurs (44).
Pour limiter l'élévation de la concentration en polluant du liquide recyclé, un faible débit d'appoint de liquide de lavage (dont la valeur dépend de la concentration en polluant des gaz traités) est mélangé au liquide de recyclage en amont des surverses (47) ; ce débit est introduit dans le réservoir supérieur (48) par la tubulure plongeante (45).
L'excès de liquide pollué provenant des surverses (47) s'écoule dans le réservoir inférieur (32) par la tubulure plongeante (52). Le niveau du liquide dans le réservoir inférieur est maintenu constant par le pot de surverse (54) dont la pression est équilibrée avec celle du "ciel" du réservoir supérieur (48) par la tubulure (53) ; le liquide pollué provenant du pot de surverse (54) est évacué par la tubulure (55).
Dans le divergent (41), qui peut éventuellement jouer le rôle de pavillon acoustique dont la section varie exponentiellement avec la distance à l'origine du divergent, la diminution de la vitesse transforme en pression statique une partie de la pression dynamique du mélange des gaz pollués et d'air moteur. Le divergent est prolongé par une chambre d'agglomération (42) à section constante, qui augmente le temps de séjour de l'aérosol dans le champ sonore.
A la sortie de la chambre d'agglomération (42) les gaz sont mis en vitesse par les convergents à section plane rectangulaire (43), la projection des jets de gaz sortant de ces derniers sur les impacteurs (44) provoque la capture des vésicules produites par la pulvérisation du liquide de lavage.
La vitesse d'impaction et le dimensionnement de l'impacteur sont calculés pour assurer, avec la perte de charge minimale, une efficacité de 100 % vis-à-vis des vésicules du liquide de lavage qui se sont agglomérées avec les particules polluantes.
Le gaz épuré par le dévésiculage s'échappe dans le "ciel" du réservoir (48) par les ouvertures latérales des flancs (46) des plaques d'impaction (44) et sort de l'appareil par la tubulure (49).
Le liquide de dévésiculage s'écoule, par ruissellement sur la face interne des flancs (46) des impacteurs, dans la partie inférieure du réservoir (48) limitée par les quatre surverses (47).
La propagation des ondes sonores dans le réservoir (32) en amont du générateur, permet d'utiliser ce dernier comme volume de préconditionnement de l'aérosol polluant. En effet, le champ sonore régnant dans le réservoir (32) provoque une coagulation, donc une augmentation du diamètre moyen des particules polluantes avant leur passage dans le médium "filtrant" aval que constitue le réseau de vésicules de lavage en suspension.
L'énergie absorbée par le générateur sonique (39) est compensée par celle qui est fournie par les injecteurs constitués par des tuyères de Laval (34), uniformément réparties sous le col du venturi plan.
Ledit générateur sonique (39) est constitué par les deux cavités résonantes (37), de volume égal, disposées symétriquement par rapport au plan axial du jet de gaz et fonctionnant comme des résonateurs de HELMHOLTZ. Lesdites cavités (37) sont chacune munies d'un couteau (38). En amont desdites cavités (37), on trouve deux tiges parallèles (36) à section circulaire. Ces tiges (36) sont génératrices de tourbillons de Karman. Leur diamètre est calculé pour générer de tels tourbillons avec une fréquence égale à celle de la cavité des résonateurs lorsque la vitesse au col est légèrement inférieure à la vitesse nominale de fonctionnement. Un tel dispositif majore l'intensité acoustique qui serait due aux cavités résonantes si elles étaient utilisées seules.
On a montré, sur les figures 3-4 et 5-7 deux variantes de colonne venturi selon l'invention; variantes selon lesquelles les moyens (20 et 39) pour générer le champ sonique sont disposés en amont des moyens (19 et 40) de pulvérisation du liquide de lavage. On n'exclut nullement comme indiqué dans la présente description que lesdits moyens pour générer le champ sonique soient disposés en aval desdits moyens de pulvérisation du liquide de lavage. On peut ainsi obtenir une pulvérisation plus fine qui se révèle notamment avantageuse pour traiter des aérosols à faible concentration numérique et/ou pour atteindre des taux d'épuration très élevés.
L'invention est illustrée par l'exemple ci-après. A) On s'est intéressé à l'épuration d'une vapeur issue d'un bouilleur. Ledit bouilleur renferme une solution aqueuse d'un sel de strontium. Le strontium est utilisé à titre de traceur. La solution en contient 20g/l . Le bouilleur, réglé à un taux d'ébullition de 400 kg/h-m^ produit une vapeur chargée en particules liquides dont le diamètre est compris entre 0,2 et 20 μm. La concentration en masse des particules liquides en suspension dans la vapeur est d'environ 2.10-3 g/m3.
On se propose d'épurer ladite vapeur et de quantifier l'épuration par la mesure du facteur de décontamination (F.D.) : masse polluante dans le gaz incident F.D. = ; masse polluante dans le gaz émergent masse polluante dans le gaz incident = masse de strontium dans la vapeur (G) à l'entrée de la colonne venturi (pied), masse polluante dans le gaz émergent = masse de strontium dans la vapeur à la sortie de la colonne venturi (tête).
Les facteurs maxima de décontamination (F.D), détectables par spectrophotométrie d'absorption atomique, avec les moyens de mesure utilisés sont, pour le strontium, de 2.10-5.
La vapeur à épurer présente les caractéristiques suivantes : débit (nominal) Q 0,173 kg/s (#1000 m3/h) masse volumique Pg 0,598 kg/m3 viscosité dynamique η 1,21.10-5 Pa.s température Θ 100 •c pression P 105 Pa
B) Ladite vapeur est traitée dans une colonne venturi équipée d'un venturi cylindrique, telle qu'illustrée sur la Figure 1. Les caractéristiques de ladite colonne sont les suivantes :
Diamètre au col du venturi Dc = 0,08 m
Diamètre de la chambre d'agglomération DA = 0,40 m Hauteur de la chambre d'agglomération HA= 1 m
Hauteur hors tout de l'appareil H-,. = 3,6 m La longueur au col est de 5Dc
De l'eau (liquide de lavage) est injectée au col du venturi à raison de 0,5kg/m3 de vapeur traitée. Les vésicules de lavage générées ont un diamètre d'environ 350 μm.
Le facteur de décontamination de la vapeur, dans une colonne venturi selon l'art antérieur est F.D. = 300.
On a pu mettre en évidence le fait que le procédé d'épuration ainsi mis en oeuvre est transparent vis-à-vis des particules polluantes dont le diamètre est inférieur ou égal à 1,5 μm. Ladite vapeur est traitée dans les mêmes conditions (même colonne venturi, mêmes paramètres quant à l'intervention du liquide de lavage) mais avec agglomération acoustique selon l'invention (Figure 3).
L'agglomérateur acoustique utilisé est un sifflet du type Kurking schok jet de puissance acoustique théorique : 126 (qui consomme 840 W). Ledit sifflet est monté en amont des buses de pulvérisation du liquide de lavage. Il est alimenté par de l'air comprimé (2 bars) à raison de 0,01 kg/s.
La fréquence de l'onde générée est de 3500Hz.
L'intensité acoustique dans la chambre d'agglomération est de lOOO /m^ (0,l /cm2).
Le facteur de décontamination de la vapeur dans une colonne venturi selon l'invention est : F.D. = 1000.