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Tawhid

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Inscription en style coufique « Il n'y a de divinité digne d'adoration qu'Allah » gravée sur le fût d'une colonne de la Grande Mosquée de Kairouan.

Le tawḥīd (arabe : تَوْحِيدُ [tawḥīd], monothéisme, unicité) est l'expression du dogme le plus important de l’islam, le monothéisme, compris comme la croyance en un Dieu unique, inaccessible à l'imagination, sans associé et sans égal[1]. Il en constitue le fondement (Asl ad Dîn) avec le rejet du Tâghoût.

Le Tawhid est considéré comme le premier pilier de la Foi musulmane Îmâne (arabe : إِيمَانٌ), tandis que la chahada, est l'expression du Tawhid, représentant ainsi le premier des cinq piliers de la pratique religieuse, en fonction des différentes interprétations de l'islam. Le concept qui s'oppose au tawhid est désigné par le terme de shirk (arabe : شِرْكْ) (ou association) et peut couvrir divers concepts contraires à l'islam comme l'association de Dieu à des idoles par exemple.

Définition

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Étymologie

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Le mot vient du verbe wahhada (arabe : وَحَّدَ), qui signifie « rendre unique », et par extension « déclarer qu’Allah (Dieu) est le seul à posséder cette spécificité » dans un sens plus figuré[2]. La lutte de l'islam à ses origines contre les autres divinités s'observe dans le procédé de passer d'un nom propre divin à un nom unique et transcendant, Allah[3].

Définition et traduction

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Le Tawhid peut être défini comme « Unicité divine », « Dogme fondamental de l’islam, dont le refus entraîne la condamnation pour associationnisme ou shirk[4] ». Dans un recueil de textes publiés par l'Institut catholique, le tawhid est décrit comme notion d'unité-unicité de Dieu[5].

D'après La Grande encyclopédie Larousse de 1971, le terme Tawhid, traduit par « unitarisme », évoque la doctrine d'ibn Tūmart (XIIe siècle), qui comme Al-Ghazâlî (XIe – XIIe siècle), prône une lecture non littérale du Coran pour défendre une unicité divine. De cette doctrine dérive le nom almohades, à comprendre comme « ceux qui proclament l'unicité de Dieu[6]» . Dans le même ouvrage, en 1972, le tawhid est associé au mutazilisme, mouvement qui place l'unité divine comme l'un de ces cinq piliers fondamentaux[7]. Ce mouvement s'oppose à une conception littérale des attributs de Dieu (alors compris comme une forme de polythéisme)[8].

D'après la Revue de l'Institut catholique de Paris, 1986, les musulmans rejetteraient tout ce qui pourrait risquer de mettre en péril le tawhid sous le concept de polythéisme ou d'« associationisme »[9]. Le tawhid pourrait ainsi couvrir la notion de rejet de tout médiateur et de toute médiation dans la pratique de la religion.

Le tawhid dans le soufisme

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Les gens du goût spirituel ont dit "Seul Dieu peut témoigner de son unicité", Ibn Arabi a dit en ce sens : "Le Tawhid consiste en ce que ce soit Lui (Dieu) qui contemple et qui est contemplé". Selon les soufis le tawhid n'est pas quelque chose sur lequel l'être humain puisse réfléchir, car ce support de réflexion limiterait la réalité de Celui qui est visé (Dieu), celui qui réfléchi intellectuellement sur le tawhid ne ferait que de associationnisme (shirk) subtil. Seul l'initiation menant à l'ouverture spirituelle (fath) permettrait de se débarrasser des illusions du soi par la disparition de tout autre que Lui (fana), afin que comme l'on dit Junayd et d'autres : apparaisse Celui qui n'a jamais cessé d'être (Allah)[10],[11].

Récupération politique

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Durant la guerre civile syrienne, de nombreux groupes terroristes d'inspiration takfiri, ont pris le nom d'Al-Tawhid comme Ansar al-Tawhid ou Liwa al-Tawhid, une des anciennes brigades de l'Armée syrienne libre[12].

Histoire du monothéisme musulman

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Le monothéisme est une pratique ancienne, qui a été pratiquée ou influencée sous la forme de la religion juive; du mazdéisme; du zoroastrisme, ou du parsisme. L'élaboration de la doctrine juive monothéiste se fait dans un contexte propice à une telle idée : le roi babylonien Nabonide tente de faire du dieu lunaire Sîn le dieu unique de son empire, en Grèce, les présocratiques défendent l'unicité de la divinité contre le panthéon et les successeurs achéménides de Cyrus II le Grand, considéré lui-même comme un messie de Yahvé, influencent le monothéisme judéen en faisant d'Ahoura Mazda le dieu officiel de l'empire[13].

Les « nazaréens »

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Le Coran affirme que le message original de tous les prophètes a été axé fondamentalement sur l’adoration exclusive d’Allah, le Dieu et Créateur unique. Initialement, toutes les communautés qui ont cru en leurs prophètes et ont voué un culte exclusif à Allah ont été Mouahidounes, des adeptes du Tawhid (monothéistes).[réf. nécessaire]

Ainsi, le Coran reprend l’appellation de Nasara « nazaréens » donné par la communauté juive à Jésus et aux premiers chrétiens[14].

Histoire du concept de Tawhid

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Au XVIIIe siècle, Mohammed ibn Abdelwahhab écrit le Kitâb ut-Tawhîd (en français : Livre de l’unicité, Livre du monothéisme ou L’unicité de Dieu). Bien que critiqué pour sa sécheresse ou ses erreurs, il est un ouvrage critiqué négativement par le soufi Abdelwahab Meddeb qui estime qu'il serait « une de référence dont le radicalisme comble les attentes des djihadistes » (La Maladie de l'islam).

Au XVIIIe siècle, Muhammad Ibn Abd al-Wahhab a élaboré un manifeste du tawhid en se basant sur les écrits d'Ibn Hanbal et d’Ibn Taymiyya[15].

En 1925, est traduit en français un livre dont le titre contient le mot Tawhid : le mot Tawhid apparaît notamment dans le titre du livre Rissolai al-Tawhid (ISBN 2 7053 0083 X) (Traité de l'Unité de Dieu[16]), dont le titre de la traduction française est Exposé de la religion musulmane[17], livre écrit par Mohamed Abduh[18] et traduit en 1925[19],[20] puis en 1965[21].

En 1985, le livre Chemin de Dieu : Trois Traités Spirituels traduit du persan et de l'arabe présente le tawhid comme le 69e de 100 traités spirituels[22].

Bibliographie

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Bibliographie scientifique

Bibliographie religieuse

  • Safiyyu Ar Rahman Al Mubarakfuri, Le nectar estampillé, in Dar al koutoub al ilmiyah, , p. 58-59
  • Mohammed Abed al-Jabri, Introduction au Coran. Les éditions maghrébines, 2010

Articles connexes

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Liens externes

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Notes et références

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  1. From the article on Tawhid in Oxford Islamic Studies Online
  2. « Allah », dans Encyclopædia Britannica Online (lire en ligne) (consulté le )
  3. "Unité" dans Dictionnaire du Coran, 2007, Paris, p.885 et suiv.
  4. Dominique Sourdel et Janine Sourdel-Thomine, Vocabulaire de l'islam Paris, PUF, coll. « Que sais-je? », 2013, "Tawhid"
  5. [Nouvelles de l'Institut catholique de Paris] Éditeur : Institut catholique (Paris) Date d'édition : 1979 gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6504385s/f197.item
  6. La Grande encyclopédie. 1, Aalto-amidon / Larousse Auteur : Larousse Éditeur : Larousse (Paris) Date d'édition : 1971 gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1200512k/f452.image
  7. La Grande encyclopédie. 2, Amiens-Austen / Larousse Auteur : Larousse Éditeur : Larousse (Paris) Date d'édition : 1972 gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k12005130/f249.image
  8. Transversalités : revue de l'Institut catholique de Paris / [dir. publ. Joseph Doré] Auteur : Institut catholique de Paris. Auteur du texte Éditeur : Institut catholique (Paris) Date d'édition : 2000-07 gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6513602h/f65.item Une lecture rationnelle du Coran au IXe siècle:Les Mu'tazilites, F. JOURDAN
  9. Revue de l'Institut catholique de Paris / [dir. publ. Père Anthime Caron] Auteur : Institut catholique de Paris. Auteur du texte Éditeur : Institut catholique (Paris) Date d'édition : 1986-07 gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k65084698/f8.item
  10. Éric Geoffroy, « L'apophatisme chez les mystiques de l'Islam », Revue des sciences religieuses, vol. 72, no 4,‎ , p. 394–402 (DOI 10.3406/rscir.1998.3458, lire en ligne, consulté le )
  11. Rachida Chih, « Sainteté, maîtrise spirituelle et patronage : les fondements de l’autorité dans le soufisme », Archives de sciences sociales des religions, no 125,‎ , p. 79–98 (ISSN 0335-5985, DOI 10.4000/assr.1034, lire en ligne, consulté le )
  12. « brigade Al Tawhid | Études Géostratégiques » (consulté le )
  13. Thomas Römer, « Exil à Babylone, creuset du monothéisme », in Enquête sur le Dieu unique, éd. Bayard, 2010, p.111
  14. « Eusèbe, Onomasticon 138, Jérôme, De situ 14 et Épiphane, Panarion 29, 6, 5 ont tous les trois compris le titre de « nazoréen » donné à Jésus et aux premiers chrétiens en relation avec Nazareth », Xavier Levieils, Contra Christianos : La critique sociale et religieuse du christianisme des origines au concile de Nicée (45-325), Berlin, Walter de Gruyter, , 548 p. (ISBN 978-3-11-093489-2, lire en ligne), p. 140-141
  15. Les 5 piliers du salafisme — 4 avr. 2016 — Hocine kerzazi — Blog : Le blog de Hocine kerzazi — blogs.mediapart.fr/hocine-kerzazi/blog/040416/les-icones-venerees-du-salafisme
  16. Le Phœnix : revue de la renaissance orientale / direction : V. de Saint-Point Éditeur : [s.n.] (Le Caire) Date d'édition : 1926-05-07 Contributeur : Saint-Point, Valentine de (1875-1953). Directeur de publication gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k55295164/f66.item
  17. « Recueil des cours / Académie de droit international de La Haye (p. 503) », sur Gallica, (consulté le )
  18. L'Echo d'Alger : journal républicain du matin Éditeur : [s.n.] (Alger) Date d'édition : 1926-12-24 gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k75830549/f3.item
  19. Revue algérienne, tunisienne et marocaine de législation et de jurisprudence / publiée par la Faculté de droit d'Alger Auteur : Université d'Alger. Faculté de droit Éditeur : Typographie A. Jourdan (Alger) Éditeur : Librairie Ferraris (Alger) Date d'édition : 1929 gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k442528k/f74.item
  20. L'islam : croyances et institutions (3e éd. rev. et augm.) / H. Lammens Auteur : Lammens, Henri (1862-1937) Éditeur : Imp. catholique (Beyrouth) Date d'édition : 1943 gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k22369n/f331.image
  21. Hérodote : stratégies, géographies, idéologies / dir.-gérant Yves Lacoste Éditeur : F. Maspero (Paris) Éditeur : Ed. La Découverte (Paris) Date d'édition : 1984-10 gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5623993p/f38.item
  22. Études, revue fondée en 1856 par des Pères de la Compagnie de Jésus Auteur : Compagnie de Jésus. Éditeur : [s.n.] (Paris) Date d'édition : 1986-12 gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k442031q/f138.item