Première bataille d'Adobe Walls
La première bataille d'Adobe Walls est l'une des plus importantes batailles opposant des soldats américains et des Amérindiens. Les tribus Kiowas et Comanches, avec leurs alliés, chassèrent du champ de bataille une force expéditionnaire américaine chargée de réagir aux attaques contre les colons blancs s'installant au sud-ouest des États-Unis[1].
Date | |
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Lieu | Adobe Walls, Texas |
Issue | Victoire amérindienne |
États-Unis | Kiowas Kiowas-Apaches Comanches |
Colonel Christopher (Kit) Carson | Dohäsan Satank Satanta |
335 cavaliers 75 éclaireurs indiens |
entre 3 000 et 5 000 guerriers |
6 tués 21 blessés |
entre 50 et 60 tués une centaine de blessés |
Batailles
Coordonnées | 35° 53′ 36″ nord, 101° 09′ 43″ ouest | |
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Contexte
modifierLa bataille d'Adobe Walls s'est déroulée le , à proximité d'Adobe Walls, les ruines du saloon et bureau commercial en adobe de William Bent (en), près de la Canadian River, dans le comté de Hutchinson, au Texas. Il s'agit du plus grand affrontement entre Blancs et Amérindiens sur les Grandes Plaines. Il se produisit lorsque le général James H. Carleton, commandant du district militaire du Nouveau-Mexique, décida de punir sévèrement les tribus des plaines, les Kiowas et les Comanches qu'il tenait pour responsables des attaques contre des convois le long de la piste de Santa Fe. Les Amérindiens voyaient en ces convois des violateurs de leurs terres qui tuaient le bison et d'autres sortes de gibier nécessaires aux Amérindiens pour survivre[1]. Lorsque la guerre civile américaine accapara les troupes disponibles, les attaques sur les Grandes Plaines s'intensifièrent, ce qui, fin 1863, conduisit les colons à réclamer une protection.
Le général Carleton voulait mettre fin aux raids ou au moins envoyer un signal clair aux Amérindiens : la guerre civile ne laissait pas les États-Unis incapables de protéger leur peuple. Il choisit le vétéran le plus expérimenté dans les guerres indiennes dont il disposait, le colonel Christopher (Kit) Carson, pour conduire la force expéditionnaire. Carson prit le commandement du premier régiment de cavalerie, des volontaires du Nouveau-Mexique, avec l'ordre de marcher sur les quartiers d'hiver des Comanches et des Kiowas, censés se trouver quelque part dans le canyon de Palo Dur, dans la région sud du Panhandle du Texas, sur la rive méridionale de la Canadian River[1]. L'expédition Carson était la deuxième invasion en territoire comanche, après l'expédition des Antelope Hills (en).
Prélude
modifierLe , Carson partit de Fort Bascom avec 335 cavaliers, et soixante-quinze éclaireurs Utes et Apaches Jicarillas que Carson avait recrutés au ranch de Lucien Maxwell près de Cimarron, au Nouveau-Mexique. Le , les forces de Carson, accompagnées de deux obusiers de montagnes sous le commandement du lieutenant George H. Pettis, de vingt-sept chariots, d'une ambulance, et de provisions pour quarante-cinq jours, descendirent le long de la Canadian River vers le Texas Panhandle. Carson avait décidé de marcher d'abord jusqu'à Adobe Walls, un endroit qui lui était familier depuis qu'il y avait été employé par Bent plus de vingt ans auparavant[2].
Un temps peu clément, en particulier une tempête de neige précoce, ralentit leur progression et ce n'est que le que le régiment atteignit Mule Springs, dans le comté de Moore, au Texas, à environ 48 km à l'ouest d'Adobe Walls. Les éclaireurs signalèrent la présence d'un large campement amérindien à Adobe Walls, et Carson lança sa cavalerie en avant, suivie des chariots et des obusiers[1].
Bataille
modifierApproximativement deux heures après le lever du jour, le , la cavalerie de Carson attaqua un village kiowa de 150 tipis. Le chef, Dohäsan, et son peuple, s'enfuirent, donnant l'alarme aux villages comanches alliés voisins. Marchant vers Adobe Walls, Carson s'y installa vers 10 heures, utilisant un coin de ruines pour hôpital. Mais il découvrit avec consternation qu'il y avait de nombreux villages dans la région, y compris un très grand village comanche, avec un total de 3 000 à 5 000 guerriers. Carson vit donc des milliers de guerriers se précipiter pour les affronter, une force bien supérieure à celle qu'il avait escomptée[3].
Dohäsan, assisté de Satank et Satanta, conduisit la première attaque des Kiowas. Un combat furieux se développa, les guerriers kiowas, kiowas-apaches, et comanches attaquant à plusieurs reprises les positions occupées par Carson. On raconte que Satanta répliqua au clairon de Carson par ses propres appels de clairon. Carson réussit à repousser les attaques uniquement grâce à une habile utilisation de la couverture offerte par les deux obusiers. Après six à huit heures de combat à peu près continu, Carson se rendit compte qu'il commençait à manquer de munitions, en particulier pour les obusiers, et ordonna une retraite[4]. Les Amérindiens essayèrent de le bloquer en mettant le feu à l'herbe et en le repoussant vers la rivière. Mais Carson mit en place des contre-feux et fit retraite sur un terrain plus élevé d'où les obusiers pouvaient continuer à retenir les Amérindiens. Lorsque vint le crépuscule, Carson ordonna à un groupe de ses éclaireurs de brûler les tipis du premier village, ce qui causa la mort du chef kiowa-apache « Chemise de Fer », qui refusa de quitter son tipi[1].
Épilogue
modifierL’armée américaine déclara que cette bataille était une victoire. Pour rendre justice à Carson, ses troupes étaient sans doute dominées à 10 contre 1 et seule son utilisation astucieuse des contre-feux et des obusiers empêcha ses hommes d'être massacrés, comme ce fut le cas plus tard pour Custer à Little BigHorn. Cependant, l'armée américaine ne peut occulter le fait que les Kiowas, les Comanches et leurs alliés l'ont contrainte à la retraite et que par conséquent, il est difficile de contester sérieusement la victoire aux Amérindiens, au moins sur le plan tactique, Carson déclarant lui-même après la bataille que « les Indiens l'avaient balayé »[5], même s'il reviendra sur cette déclaration dans le rapport officiel qu'il dictera par la suite. Carson eut 6 hommes tués et 25 blessés, alors que les Amérindiens perdirent à peu près 50–60 hommes et eurent environ 100 blessés[1].
Cette bataille est la dernière où Comanches et Kiowas forcèrent les troupes américaines à fuir le champ de bataille[2] et elle marque le début de la fin des tribus des Plaines et de leur mode de vie. Dix ans plus tard, la seconde bataille d'Adobe Walls, le , opposa environ 700 Comanches et un groupe de 28 chasseurs défendant le poste d'Adobe Walls. Après un siège de quatre jours, les Amérindiens se retirèrent. À ce moment, il restait moins de 2 000 guerriers kiowas et comanches, alors que 5 000 étaient encore mobilisables dix ans auparavant. La seconde bataille est historiquement significative parce qu'elle conduisit à la guerre de la rivière Rouge de 1874-75, qui aboutit elle-même au déplacement définitif des Indiens des Plaines méridionales vers des réserves dans ce qui est maintenant l'Oklahoma[6].
Notes et références
modifier- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « First Battle of Adobe Walls » (voir la liste des auteurs).
- Trosser, John (2004), Adobe Walls Texas.
- Fehrenbach 2007.
- Wallace et Hoebel 1986.
- (en) « The Battles of Adobe Walls », sur montyrainey, (consulté le ).
- Pictet 1994, p. 490.
- Richardson 1933.
Annexes
modifierBibliographie
modifier- (en) Theodore Reed Fehrenbach, The Comanches : the History of a People, Londres, Vintage, (1re éd. 1974), 557 p. (ISBN 978-0-09-952055-9, OCLC 163599713, lire en ligne).
- (en) Gregory Michno, « Adobe Walls », dans Encyclopedia of Indian Wars : Western Battles and Skirmishes, 1850-1890, Missoula, Mountain Press Pub. Co., , 439 p. (ISBN 978-0-87842-468-9, OCLC 52216115, lire en ligne), p. 156-157.
- (en) George H. Pettis, Kit Carson's Fight with the Comanche and Kiowa Indians, at the Adobe Walls, on the Canadian River, November 25th, 1864, Providence, Sidney S. Rider, , 44 p. (lire en ligne).
- Jean Pictet, L'Épopée des Peaux-Rouges, Monaco, Éditions du Rocher, , 823 p. (ISBN 978-2-268-01722-8).
- (en) Rupert N. Richardson, The Comanche Barrier to South Plains Settlement : a Century and a Half of Savage Resistance to the Advancing White Frontier, Glendale, CA, Arthur H. Clark Company, .
- (en) Ernest Wallace et E. Adamson Hoebel, The Comanches : Lords of the Southern Plains, Norman, University of Oklahoma Press, , 381 p. (ISBN 978-0-8061-2040-9, OCLC 869183919, lire en ligne).