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Horde d'or

empire turco-mongol, de 1243 à 1502

La Horde d'or[1] (ou ulus de Jochi, Grande Horde, khanat des Qipchak ou Kipchak, Tartarie d’Europe[2]) est un empire mongol gouverné par la dynastie issue de Djötchi, le fils aîné de Gengis Khan. Aux XIIIe et XIVe siècles, il s’étendait sur une grande partie de l’actuelle Russie, de l’Ukraine, de la Bulgarie danubienne (jusqu'aux Portes du Danube), du Kazakhstan, de l’Ouzbékistan, du Turkménistan, voire du Caucase[2].

Horde d'or
(mn) Алтан Орд ou Алтан Ордин Улс
(kk) Алтын Орда
(tt) Алтын Урда
(tr) Altın Ordu

12431502

Drapeau
Drapeau pendant le règne de khan Özbeg, comme indiqué sur la carte de Dulcert de 1339 (d'autres sources affirment que la Horde d'Or a été nommée d'après la bannière jaune du khan).
Description de cette image, également commentée ci-après
Le territoire de la Horde d'or vers 1300
Informations générales
Statut Monarchie (semi-élective, puis héréditaire)
Capitale Saraï Batu puis Sarai Berke
Langue(s) Mongol & langues turques
Religion Bouddhisme tibétain (jusqu'en 1313)
Islam (à partir de 1313)
Monnaie Dang (d), pūl (en) et som (en)
Démographie
Population (en 1264) env. 8 500 000 habitants
• 1310 env. 7 000 000 habitants
• 1500 env. 1 500 000 habitants
Superficie
Superficie (1310) 6 000 000 km2
Histoire et événements
1243 Création
Années 1260 Indépendance
1379 Union de la Horde bleue et de la Horde blanche
1430 Début de morcellement avec le khanat de Crimée
1502 Prise de Saraï par les Russes et les Criméens

Entités précédentes :

Les Djötchides eux-mêmes s'appellent Horde ou Grande Horde. Horde, orda en mongol, est un terme qui existe aussi en chinois et en turc pour décrire des pouvoirs politiques nomades, il ne faut pas comprendre le terme au sens de foule nombreuse et incontrôlable[3],[4]. Horde d'or est une expression utilisée par les Russes[5] depuis le XVIe siècle, après que le mot horde leur a été apporté par les invasions mongoles[3]. Les Arabes et les Persans parlent du royaume des Tatars ou du khanat de Kiptchak. En France et en Italie, on les désignait sous le nom de Tatars de l'Ouest[6].

Histoire

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La dévastation de Souzdal par les troupes mongoles (illustration des annales médiévales russes).

L'invasion de la Rus'

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Les mongols avaient pour but de conquérir l'ensemble des peuples nomades de la steppe, et certain de leurs grands opposants étaient les Coumans (aussi appelés Kipchaks). Ceux-ci, refusant la soumission, demandent l'aide de leurs alliés les princes russes, avant de se réfugier chez eux quand leur territoire est conquis. C'est ainsi que les russes se retrouvent dans le collimateur des mongols[3],[4].

Après un raid de reconnaissance en 1221 par Djebé et Subötaï, la soumission des principautés de la Rus' a lieu sous le règne du Grand Khan Ögedeï entre 1237 et 1242, par une armée mongole dirigée par Batu, fils de Djötchi. Les Mongols poussent leurs incursions jusqu'en Pologne et en Hongrie. Toutes les villes de la Rus', sauf Novgorod, sont ruinées par cette invasion (Kiev, Vladimir, Souzdal, Riazan, Kolomna) et la moitié de la population périt[7]. Les survivants fuient vers le nord-est, dans les régions boisées entre la Volga nordique et l'Oka.

La construction de bâtiments en pierre cesse dans la région pendant deux cents ans. Les princes de la Rus' restent tributaires de leurs khans jusqu'à la fin du XVe siècle.

L'apogée de la Horde

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Le règne de Batu (1243-1255)

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Expansion de l'Empire mongol de 1206 à 1294 et rétrécissement de la Horde d'or entre 1279 et 1294.

Son oulous est divisé en trois parties, dirigées par Batu (partie désignée par l'expression « Horde bleue ») et par ses frères Orda et Chayban. En 1243, Batu établit sa capitale à Saraï sur la basse Volga, dans la région qui lui sert de résidence d'hiver. En été, il s'établit sur le territoire central, dans la région du confluent de la Volga et de la Kama, près de l’ancienne Bolgar. Le frère de Batu, Orda reçoit en apanage la région est de l’Aral jusqu’aux villes de Sugnak et d’Otrar et au nord jusqu’aux montagnes Oulogtag. Cheyban reçoit les territoires du sud et du sud-est de l’Oural méridional.

Au moment de la mort de Batu à Saraï en 1255, Sartaq, son fils et successeur désigné, séjourne chez le grand khan Möngke à Karakorum en qualité d'ambassadeur. Möngke le nomme à la tête de la Horde, mais il meurt brusquement et c’est son fils Ulaqtchi qui est désigné comme khan sous la régence de Boraktchik, veuve de Batu[8].

Le règne de Berké (1257-1267)

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À sa mort en 1257, Berké, frère de Batu, devient khan de la Horde Bleue (jusqu'en 1267). Il doit lutter contre plusieurs révoltes contre l’occupation mongole, visant en particulier les fonctionnaires percevant les tributs (basmaks). Sa conversion à l'islam marque la première étape de la conversion des souverains de la Horde d'or[9].

En 1261, Saraï devient le siège d'un diocèse orthodoxe. La ville est aussi (jusqu’à sa destruction en 1395) un important pôle commercial reliant les routes entre l’Orient et l’Occident. Des commerçants vénitiens et génois viennent y acheter des fourrures du Nord ainsi que des esclaves coumans (kiptchak) qu’ils revendent aux mamelouks d'Égypte.

En 1262, Berké s’allie avec le sultan mamelouk Baybars contre l’empire des Houlagides de Perse. En 1265, Nogaï, le général de la Horde, lance des raids en Thrace contre l'empire byzantin. La même année, Berké perd le Khwarezm, Otrar et les territoires à l’est de l'Aral au profit du khanat de Djaghataï. Il meurt dans le Caucase au cours d'une nouvelle campagne contre la Perse.

L'affaiblissement

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De Mengü Temür (1267-1280) à Toqtaï (1290-1312)

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Divisions de l'Empire mongol vers 1300 :
Jaune : Horde d'or[5]
Gris : Khanat de Djaghataï
Vert : Dynastie Yuan
Violet : Empire ilkhanide

Son successeur est un petit-neveu, Mengü Temür. Il poursuit la politique de ses prédécesseurs et affirme son indépendance vis-à-vis de l'Empire mongol alors dirigé par Kubilai Khan, installé à Khanbalik (actuelle Pékin). Il accorde des immunités au clergé orthodoxe en 1279[10].

À sa mort en 1280, la Horde commence à se disloquer. Les rapports entre les différentes tribus, éloignées les unes des autres, se distendent, favorisant les séparatismes. Les khans dépendent de plus en plus de l’aristocratie militaire et n’ont plus qu’une fonction nominale. Sous les règnes de Tuda Mangu (1280-1287) et de Tula Buqa (1287-1290), le pouvoir est aux mains de Nogaï, qui campe entre le Don et le Donets et fait et défait les khans. Vers 1280, il s'allie avec l'Empire byzantin et exerce un véritable protectorat sur la Bulgarie.

En 1290, Toqtaï, fils de Mengü Temür, est porté au pouvoir par Nogaï, mais il se débarrasse de sa tutelle en le vainquant sur les rives du Dniepr en 1299, avec l'appui de troupes auxiliaires locales. Nogaï est tué dans la bataille. Les femmes et les enfants de sa tribu sont vendus comme esclaves.

En 1307, Toqtaï fait arrêter des commerçants européens qui séjournent à Saraï. Il envoie une armée à Caffa contre les Génois de Crimée responsables d'enlèvements d'enfants tatars vendus dans les pays à domination musulmane et les chasse de la ville en 1308.

Le règne d'Özbeg et de ses successeurs (1312-1360)

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Mosquée Ozbek Han de Staryï Krym fondée par Ozbeg.

À sa mort en août 1312, son neveu Özbeg lui succède et règne jusqu'en 1341. Peu avant sa mort, il autorise les commerçants génois et vénitiens à reconstruire Caffa (en Crimée). Son règne marque la conversion définitive des souverains de la Horde d'or à l'islam. Il en résulte un divorce majeur entre la population conquise, slave et chrétienne, et la minorité régnante, musulmane et turco-mongole[9].

C'est pourquoi lorsque son fils Djanibeg prend le pouvoir, en 1342 (après avoir tué son frère Tinibeg qui règnait depuis le mort de leur père), à la suite de désordres survenus entre chrétiens et musulmans dans les comptoirs de l’embouchure du Don, il chasse de nouveau les commerçants européens. Il assiège Caffa à deux reprises (1343 et 1355). En 1355, Djanibeg conquiert l’Azerbaïdjan qu’il rattache provisoirement à la Horde d'or. Il est assassiné en 1357.

Sous le règne de son fils Berdibeg (1357-1359) et ses successeurs, l’empire se disloque à nouveau.

La rébellion des Russes ; Mamaï et la défaite de Koulikovo (1378)

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La Horde change 14 fois de khan de 1360 à 1380. Un seigneur féodal, Mamaï, détient le pouvoir effectif.

À partir de 1371, les princes de la Rus' refusent de payer le tribut. Mamaï lance alors contre eux une expédition qui est repoussée par le grand duc Dimitri Donskoï à la Voja (), puis dispersée à Koulikovo, au confluent du Don et de la Népriavda le .

 
Tokhtamych devant Moscou en 1382.

La Horde du XIVe au XVIe siècle

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Le redressement : le règne de Tokhtamych (fin du XIVe siècle)

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Tokhtamych, khan de la Horde blanche, qui règne sur les steppes du Syr-Daria, général de Tamerlan, vainc Mamaï sur la Khalkha et se proclame khan de la Horde d'or. Mamaï va s'exiler chez les Génois en Crimée. Cependant, trahi par les commerçants génois, il est exécuté[11].

Tokhtamych rétablit pour un temps l’unité de la Horde d'or. Il exige de nouveau que les princes de la Rus' se rendent à Saraï avec des tributs, mais ceux-ci refusent. Tokhtamych entreprend alors une campagne contre les principautés de la Rus' : il incendie Souzdal, Vladimir, puis pille et brûle Moscou le .

L'intervention de Tamerlan (1392-1395)

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En 1392 et 1395, Tamerlan mène des expéditions contre la Horde d'or. Saraï et Astrakhan sont détruites. Après avoir vaincu Tokhtamych sur le Terek le , il menace Moscou et ravage Riazan. Vassili Ier, prince de Moscou, le repousse le . Tamerlan pille la Crimée à l'automne. Il met La Tana (Azov) à sac et réduit en captivité tous les résidents chrétiens. Le riche comptoir génois de Caffa est désorganisé.

Sous les successeurs de Tokhtamych, le pouvoir appartient au chef de la horde nogaï ou mengit, l’Edigu ou Idi Qu (1400-1412). En 1408, il exige le tribut des Russes, incendie Nijni Novgorod et Gorodets, marche vers Moscou puis se retire sous de vagues promesses d’obéissance.

La fin de la Horde (1430-1516)

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Le grand face-à-face sur l'Ougra de 1480 (illustration d'une chronique russe du XVIe siècle).

Le territoire de la Horde d'or commence à se morceler en 1430, avec la création du Khanat de Crimée par Hadjdjii Girey Ier (1430-1466), descendant de Tuga Timur, fils de Djötchi, entre l’embouchure du Dniestr et du Dniepr, celle du khanat de Kazan en 1438 puis du khanat d'Astrakhan entre la Volga, le Don, le Kouban et le Terek en 1466.

En 1480, Ivan III, prince de Moscou, s’allie au khan de Crimée Mengli Ier Giray et à Ouzoun Hassan, sultan des Aq Qoyunlu, et refuse de payer le tribut à la Horde d'or. Ahmad Khan marche contre lui : leurs armées se rencontrent le sur l’Ougra, chacune d'un côté de la rivière. Mais la Horde doit se retirer le , faute d'avoir reçu des renforts du roi de Pologne Casimir IV Jagellon. Ivan III le Grand libère Moscou du joug mongol et commence l'unification de la Russie.

En 1475, le khanat de Crimée entre dans l'orbite ottomane. La Horde perd son accès à la mer Noire et ses débouchés commerciaux vers l'Europe. À l'est, elle est menacée par la puissance naissante des Chaybanides (descendants de Cheyban) et perd la Transoxiane conquise par Mohammad Chaybani en 1500. À la fin du XVe siècle, son territoire est réduit à la plaine de la Volga (Kazan, Saraï, Astrakhan).

En 1502, le khan de Crimée Mengli Giray, allié des Russes, prend et détruit Saraï. C'est la fin de la Horde, dont le dernier souverain, Sheykh Ahmed, disparait en 1516.

Les héritiers : les Tatars (XVIe-XVIIIe siècle)

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Les Mongols de la Horde d'or se turquisent et se mélangent avec les Coumans/Kiptchaks, formant la nouvelle ethnie tatare[source insuffisante][9],[12]. Les débris des territoires de la Horde d'or constituent les khanats de Kazan, d’Astrakhan, de Sibir (ouest de la Sibérie) et de Crimée.

Sous le règne d'Ivan le Terrible, les Russes prennent Kazan en 1552 et Astrakhan en 1556. La horde Nogai continue de nomadiser entre l'Irtych et la Volga, dans le khanat de Sibir[réf. nécessaire].

Aux XVIe et XVIIe siècles, la frontière entre la Moscovie et le monde nomade passe non loin de Moscou, au sud de Riazan sur la rivière Oka, et d'Elets sur la rivière Sosna, affluent du Don. Les hordes tatares maîtrisent à la perfection la tactique des incursions, en choisissant la voie selon les lignes de partage des eaux[réf. nécessaire][pas clair].

En 1571, le khan de Crimée Devlet Ier Giray à la tête d'une armée de 120 000 cavaliers ravage Moscou et réduit en esclavage une grande partie de la population (sous Ivan le Terrible). Les incursions des Tatars de Crimée et des hordes transvolgiennes se prolongent jusqu'au XVIIIe siècle. Chaque année, les Cosaques et les jeunes nobles partent pour le service de guet et de patrouille, protégeant les territoires russes frontaliers contre les incursions tatares.

La route principale des attaques vers Moscou était Mouravski Chljakh, de la Crimée à Toula, entre les rivières Dniepr et Donets du Nord. Après s'être enfoncés en Russie sur 100 à 200 kilomètres, les nomades reviennent en arrière en déployant à partir du détachement principal de larges ailes de soldats, en pillant et en faisant des prisonniers. Ceux-ci sont vendus comme esclaves à l'Empire ottoman, voire à certains pays européens. Caffa, en Crimée, est un des principaux marchés de la traite des esclaves.

Le khanat de Crimée est rattaché à la Russie en 1783 (sous Catherine II).

Organisation

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La Horde d'or ou Khanat de Kiptchak, du nom des anciens occupants de la région les Kiptchak ou Coumans, se compose de la Horde Bleue à l'ouest, dirigée par les descendants de Batu et de la Horde Blanche à l'est, vers le Kazakhstan, contrôlée par les descendants d'Orda.

 
Le territoire de la Horde d'or en 1389.

Le territoire de la Horde s'étend de la partie méridionale de l'actuelle Russie : la Crimée, les steppes kiptchak, la vallée de la Volga, jusqu'à la Transoxiane. Cet espace est composé de grands déserts et steppes propices au nomadisme et au pastoralisme, ainsi que de régions urbanisés (Crimée, Volga, Transoxiane) qui pratiquent un commerce actif. Le nomadisme se maintient tout au long de la période et les khans eux-mêmes le pratiquent, passant la moitié de l'année dans leurs campements d'été et l'autre moitié dans leurs quartiers d'hiver. Ils favorisent néanmoins l'urbanisation, dans le but de développer le commerce et l'artisanat (métallurgie, céramique, cuir…) et maintiennent les routes commerciales, notamment le long de la Volga et l'axe mer d'Aral-mer Caspienne-mer Noire (la « route de la soie »).

Les peuples qui vivent sur ces terres sont en majorité turcophones (kiptchak, ouïghour…), mais on y parle également le persan, les langues slaves, l'arménien et les langues caucasiennes.

Le khan s'appuie sur une administration efficace et strictement hiérarchisée héritée de l'empire mongol. Son gouvernement le suit dans sa nomadisation, par le biais d'un immense campement[3],[4].

L'administration est fondée sur la distinction entre les villes et les el[réf. nécessaire][13], unités de base des clans nomades. Les grandes villes doivent payer diverses taxes aux khans (sur le commerce, la propriété foncière, les magasins à grain, les semailles, les vignes et l'irrigation). Les el sont redevables d'impôts sur le cheptel. Villes et el doivent un service militaire à l'armée (orda) en cas de besoin. Il existe un service postal officiel, le yam, dont les fonctionnaires ont droit de réquisition pour pouvoir circuler rapidement. Le khan peut exempter par décret (yarlyk) certaines cités ou el de certaines taxes ou réquisitions. La Horde fit frapper une grande quantité de monnaies : des puls en cuivre et des dirhams en argent, sous-multiple du dinar[14].

La démographie de la Horde souffre d'une hémorragie chronique due au trafic d'esclaves qu'opèrent certaines tribus kiptchak en razziant les jeunes garçons turcs pour les vendre dans les comptoirs italiens de Crimée, qui les envoient principalement vers l'Égypte des mamelouks, eux-mêmes descendants d'esclaves turcs et traditionnellement alliés du khanat de Kiptchak. Le gouvernement de la Horde tente de mettre un terme à ce trafic, mais ne peut agir fortement contre les Génois et les Vénitiens dont les comptoirs sont un important débouché pour ses produits agricoles et un terminus de la route de la soie[15].

L'islam sunnite, la religion du khan depuis Özbeg, est la plus représentée mais côtoie le christianisme sous différentes formes (orthodoxe, nestorienne, catholique) et la religion juive. Le chamanisme, hérité des Mongols de la conquête, persiste dans les esprits jusqu'au XVIe siècle[16]. La tolérance religieuse des Mongols, qui respectent et craignent tout ce qui est sacré, permet aux Slaves de préserver leur Église. Le clergé est exempté d'impôts, de réquisitions, de corvées[15].

Sources

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Pendant longtemps, les historiens sont partis du principe que les nomades seraient des peuples sans écriture, donc sans chronique ni histoire ni mémoire. On se basait donc surtout sur des sources issues des peuples sédentaires soumis pour faire l'histoire de cet état[3],[4].

En réalité, il existe de nombreux documents de chancellerie et administratifs produits par les nomades, en langue mongole ou locale, car les mongols utilisaient l'écrit dans leur administration dès l'époque de Genghis Khan. On retrouve également des monnaies, des objets et des tombes d'époque[3],[4].

À ceci s'ajoute le problème que les recherches débutent réellement dans les années 1990, lorsque les restrictions idéologiques imposées par l'Union des républiques socialistes soviétiques cessent. Cette restriction prenait racine dans une résolution adoptée en 1944 qui interdisait les études sur l'histoire de la Horde d'Or et les khanats tatars, la falsification de cette histoire servant de pivot important de la propagande soviétique. Suite à la dissolution de l'URSS en 1991 et l’indépendance de facto de la république du Tatarstan, puis aux accords de 1994 visant le partage des pouvoirs entre Kazan et Moscou, des recherches à grande échelle débutent[17]. L'historiographie moderne doit également déconstruire l'historiographie nationaliste russe qui définit la Horde d'Or uniquement sous le prisme de l'Empire mongol[18].

Points particuliers

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Chronologie des incursions mongoles en Russie

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  • 1223 : première invasion mongole, la Bataille de la Kalka le .
  • 1237 : Principauté de Riazan rasée le par Batu.
  • 1238 : destruction de Souzdal et chute de Vladimir le .
  • 1239 : prise et chute de Pereïaslav et Tchernigov, Mourom sous les flammes.
  • 1240 : prise et chute de Kiev le , fin de la conquête de la Rus'.
  • 1252 : la horde de Nevruy dévaste Pereslavl-Zalesski et Souzdal.
  • 1259 : raids en Lituanie puis en Pologne, pillage de Sandomierz et incendie de Cracovie
  • 1273 : les Mongols attaquent la région limitrophe de la principauté de Novgorod.
  • 1281 : la horde de Kovdygay et Alchiday détruit Mourom et Pereïaslavl, il ruine les alentours de Souzdal, Rostov, Vladimir, Iouriev-Polski, Tver, Torjok.
  • 1282 : les Mongols attaquent Vladimir et Pereslavl-Zalesski.
  • 1283 : les Mongols pillent Rylsk, Lipetsk, Koursk et Vorgol.
  • 1285 : le chef militaire des Mongols Eltoray, le fils de Temir, pillent Riazan et Mourom.
  • 1293 : le chef militaire des Mongols Dyuden vient en Russie et pille quatorze villes, Mourom, Moscou, Kolomna, Vladimir, Souzdal, Iouriev-Polski, Pereslavl-Zalesski, Mojaïsk, Volokolamsk, Dmitrov, Ouglitch. Pendant le même été, le fils du Khan Takhtamir pille la principauté de Tver et capture des esclaves dans la principauté de Vladimir.
  • 1307, 1315, 1317, 1318, 1322 : expéditions de pillage de la Horde d'or dans les principautés de Riazan, de Tver, de Kostroma, de Iaroslavl.
  • 1327 : incursion punitive de la Horde d'or dans la principauté de Tver.
  • 1358, 1365, 1373 : les Tatars attaquent la principauté de Riazan.
  • 1375, 1377, 1378 : les Tatars attaquent la région limitrophe de la principauté de Nijni Novgorod.
  • 1382 : Khan Tokhtamych brûle complètement Moscou, des dizaines de milliers de Moscovites périssent.
  • 1408 : les Tatars pillent Serpoukhov, les alentours de Moscou, Pereïaslavl, Rostov, Iouriev, Dmitrov, Nijni Novgorod, Galitch.
  • 1410 : les Tatars détruisent Vladimir.
  • 1449, 1451, 1455, 1459 : les Tatars pillent les alentours de Moscou
  • 1480 : « Grande halte sur la rivière Ougra », fin du joug tataro-mongol.

Liste des khans de la Horde d'or

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Horde bleue, puis Horde d'or

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  • 1227-1255 : Batu, fils de Djötchi
  • 1255-1256 : Sartaq, fils de Batu
  • 1256-1257 : Ulaqtchi, fils de Batu
  • 1257-1267 : Berké, frère de Batu
  • 1267-1280 : Mengü Temür, petit-fils de Batu
  • 1280-1287 : Tuda Mengü, frère de Mengü Temür
  • 1287-1290 : Tula Buqa, fils de Baita neveu des précédents
  • 1290-1312 : Ghiyas ed-din Toqtaï (ou Toqto’a), fils de Mengü Temür
  • 1312-1341 : Ghiyas ed-din Mohammed Özbeg, fils de Toghrul et petit-fils de Mengü Temür
  • 1341-1342 : Tinibeg, fils de Özbeg
  • 1342-1357 : Djelal ed-din Mahmud Djanibeg, fils de Özbeg
  • 1357-1359 : Mohammed Berdibeg, fils de Djanibeg
  • 1359-1360 : Kulna, frère du précédent
  • 1360-1361 : Mohammed Nuruzbeg, frère du précédent

Familles rivales

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  • 1361-1380 : période de chaos où le pouvoir réel appartient au général Mamaï issu du Khan Nogaï

Horde Blanche

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Pendant la période de 1395 à 1419 la Horde Blanche (Kiptchak oriental) fut entièrement contrôlée par Edigu, khan des Nogaïs, qui joua jusqu'à sa mort exactement le même rôle que son parent Mamaï dans le Kiptchak occidental pendant la période de 1361 à 1378.

Notes et références

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  1. En mongol : ᠠᠯᠲᠠᠨ
    ᠣᠷᠳᠤ ᠶᠢᠨ
    ᠤᠯᠤᠰ
    , mongol cyrillique : Алтан Ордин Улс, translittération latine : Altan Ordin Uls, littéralement : pays de la Horde d'or, également appelé en mongol, ᠠᠯᠲᠠᠨ
    ᠣᠷᠳᠤ
    , en mongol cyrillique : Алтан Орд, Horde d'or, en turc : Altın Ordu.
  2. a et b Marie Favereau, « La horde d’or de 1377 à 1502 », Labyrinthe, no 21,‎ , p. 153–158 (ISSN 1950-6031, DOI 10.4000/labyrinthe.918, lire en ligne, consulté le )
  3. a b c d e et f Marie Favereau (trad. de l'anglais), La Horde : comment les Mongols ont changé le monde, Éditions Perrin, , 432 p. (ISBN 978-2262099558)
  4. a b c d et e (fr-fr) Marie Favereau - La horde : comment les Mongols ont changé le monde, consulté le
  5. a et b Cédric Gras, L'hiver aux trousses : Voyage en Russie d'Extrême-Orient, Paris, Gallimard, coll. « folio », (1re éd. février 2016), 267 p. (ISBN 978-2-07-046794-5), « Premier automne »
  6. Notamment Marco Polo : « Tatars du ponent », Tatars signifiant alors Mongols ; « Tarteri di Ponente » en italien.
  7. Michel Heller : Histoire de la Russie et de son Empire, 2015, Éd. Tempus Perrin, (ISBN 978-2262051631)
  8. Boyle, sans indication de page.
  9. a b et c Dictionnaire de l'Islam, religion et civilisation, Encyclopedia Universalis, p. 360
  10. Pospielovsky, sans indication de page.
  11. Michel Heller, Histoire de la Russie et de son Empire, Paris, Tempus, 1486 p. (ISBN 978-2-262-05163-1), Chapitre : Le joug Mongol
  12. Guillaume de Rubrouck dit que les Mongols n'aimaient pas qu'on les appellent les Tatars, car ceux-ci étaient déjà un peuple turc bien défini.
  13. S'agissant d'un mot manifestement non français, la mise au pluriel ne peut pas se faire en ajoutant un « s ».
  14. (ru) Yu. E. Pyrsov, Catalogue of the Juchid Coins of the Saratov Regional Museum of Local Lore, Kazan, Kazan State University Press, 2002, # 1 et suiv.
  15. a et b « Voyages culturels et historiques de Clio », sur www.clio.fr (consulté le )
  16. George Jehel (dir.), Histoire du monde, Édition du Temps, p.  266
  17. Mirgalyev 2017, p. 3-4.
  18. Mirgalyev 2017, p. 5-6.

Voir aussi

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Sources et bibliographie

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Article connexe

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Liens externes

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